L’aqueduc de Ségovie, enEspagne, a été édifié dans la deuxième moitié duIer ou au début du IIe siècle, du règne deClaude à celui deTrajan, selon les avis.
Sa section surélevée, avec ses 167 arches, est l'un des ponts-aqueducs romains les mieux conservés et le symbole le plus important de Ségovie, comme en témoigne sa présence sur les armoiries de la ville. La vieille ville de Ségovie et l'aqueduc ont été inscrits aupatrimoine mondial de l'UNESCO en 1985.
En 1974, les 2 000 ans du monument ont été célébrés : à cette occasion, une plaque commémorative offerte par la ville de Rome a été posée sur le monument.
Le cours souterrain du canal principal est matérialisé dans la ville par des dallages spéciaux sur les trottoirs[2].
Pour rejoindre la vieille ville, l'eau était acheminée par le pont-aqueduc. Sur la Plaza de Díaz Sanz, la structure fait un virage abrupt et se dirige vers la Plaza Azoguejo. C'est là que l’aqueduc déploie son caractère monumental, sur une longueur de 813 mètres. La partie monumentale de l’aqueduc de Ségovie atteint une hauteur de 28,5 mètres. Il compte 75 arches simples et 44 arches doubles, soit en tout 166 arcs. Les 20 400 blocs degranite ne sont liés que par leur poids, sans aucun liant ni mortier. Les pierres présentent de petites cavités latérales, nécessaires à l'utilisation de lalouve (pince auto-serrante) pour le levage des blocs.
Une grande base de pierre de taille est visible au-dessus des trois plus hautes arches : elle affichait probablement une inscription en l'honneur du constructeur, surmontée d'un édicule formant deux niches (une sur chaque face du monument) qui devaient jadis abriter des statues d'Hercule, fondateur légendaire de la ville. Aujourd'hui, on y voit des statues de la Mère de Dieu (Virgen de la Fuencisla) et de saint Sébastien, mentionnées dès leXVIe siècle.
La date de construction de l'aqueduc a longtemps été un mystère, même si on pensait qu'elle se situait auIer siècleapr. J.-C., probablement sous les règnes des empereurs Domitien, Nerva ou Trajan. En effet, l'aqueduc ne porte aucune inscription commémorative directement lisible, mais seulement les traces d’uneinscription latine monumentale, autrefois bien en vue au-dessus du premier étage des arcades, mais aujourd'hui et depuis longtemps illisible pour les passants, car réduite aux profondes perforations qui maintenaient les tenons scellés des lettres de bronze qui formaient l'inscription. Il a fallu attendre la seconde moitié duXXe siècle pour que les épigraphistes proposent des interprétations fondées sur l'étude scientifique de cet ensemble de perforations.
En 1975, A. Ramirez Gallardo a proposé la lecture suivante[3] :
« Ti(berius) Claudius, pont(ifex) max(imus) VIII, co(n)s(ul) III tribunicia potestate VIIII, imp(erator), p(ater) p(atriae) omnium fecit. »
La construction de l'ouvrage, si l'on acceptait cette lecture, pourrait remonter au règne deClaude, c'est-à-dire aux environs de l'an 50.
En 1992, l'épigraphisteGéza Alföldy étudie à nouveau les points d'ancrage des lettres disparues et propose la lecture suivante :
« Imp(eratoris) Nervae Traiani Caes(aris) Aug(usti), p(ontificis) m(aximi), tr(ibunicia) p(otestate) II, co(n)s(ulis) II, patris patriae jussu
P(ublius) Mummius Mummianus et P(ublius) Fabius Taurus II viri munic(ipii) Fl(avii) Segoviensium aquam restituerunt. »