D'usage extrêmement courant dans le pourtour méditerranéen, on la trouve parfois réutilisée, soit broyée afin d'entrer dans la composition dumortier autuileau romain, soit telle quelle comme canalisation ou pour ménager unvide sanitaire. Parfois, elle sert de cercueil pour une sépulture d'enfant. Enfin, on la jette souvent dès que son contenu est consommé : c'est ainsi que lemont Testaccio s'est formé de l'accumulation de débris d'amphores àRome.
Il existait un grand nombre de types d'amphores, plus ou moins grandes ou très petites.
Le mot françaisamphore est un emprunt augrec ancienἀμφορεύς /amphoreús, tiré parhaplologie du motἀμφιφορεύς /amphiphoreús, composé du préfixeἀμφί- /amphí-, « des deux côtés » et du radicalφορ- /phor- dérivé du verbeφέρω /phérô, « porter ».
L'amphore apparait auIIIe millénaire av. J.-C. auProche-Orient, où le manque de bois favorise la fabrication de récipients enterre cuite, qui offrent l'avantage de se conserver indéfiniment dans la terre ou dans l'eau. LesPhéniciens découvrent et utilisent l'amphore vers Les inconvénients des amphores (poids, fragilité, difficulté à manipuler et à empiler) en font un récipient peu pratique, mais qui a pourtant connu un succès sans pareil durant toute l'Antiquité dans le monde méditerranéen, en raison de sa production de masse et bon marché. La substitution progressive dutonneau aux amphores, à partir duIIIe siècle de notre ère, a fait s'évanouir une trace précieuse de l'histoire économique à la fin de l'Antiquité[1].
De nombreuses amphores de l'Antiquité romaine ont été découvertes dans le comblement de plusieurs « puits funéraires »[2],[3]. La consommation de vin se démocratise lors de l'élévation du niveau de vie des classes moyennes romaines à la suite desconquêtes. D'immenses domaines vinicoles sont créés (comme laferme esclavagiste de Settefinestre en Toscane) et l'enrichissement de la classe sénatoriale est tel qu'est votée laLex Claudia qui interdit l'affrètement « de navires excédant une capacité de 300 amphores », afin que des familles aristocratiques ne deviennent trop dominantes[4]. Le vin était exporté en amphores dans de grands navires[5] ou de petits navires équipés dedolia[n 1], à poste fixe dans la cale[6].
Dans le domaine de l'archéologie, l'amphorologie est une spécialité très développée. L'existence d'un grand nombre de types répertoriés d'amphores, leur évolution sur une longue durée et une vaste zone dans l'Antiquité constituent un élément important de datation établie par la chrono-typologie.
Lajarre actuelle[Quand ?] est une amphore de terre cuite, de forme ovoïde et de différentes dimensions, où l'on conserve l'eau, l'huile, les olives.
Lekvevri (engéorgien : ქვევრი) (également orthographiéqvevri) est une grande jarre / amphore de terre cuite, d'une contenance de 800 à 3 500 litres, originaire de laGéorgie. Il ressemble à une amphore sans poignées ; l'intérieur est tapissé d'une couche decire d'abeille assurant l'étanchéité. Souvent enfoui sous le niveau du sol, il est utilisé pour la fermentation et le stockage du vin. Les plus anciens datent d'environ 6 000 ans avant notre ère.
L'amphorisque est une amphore d'origine grecque de petite taille destinée à contenir principalement desonguents etparfums. Pourvue de deux anses (voirci-dessous l'étymologie du mot amphore) latérales, reposant sur un petit pied ou dépourvue de pied, elle est proche du modèle panathénaïque avec un corps qui s'évase vers le haut tandis que le col est étroit.
Les amphores ne sont pas le seul contenant utilisé dans l'Antiquité, mais comme il n'est pas périssable, c'est l'un de ceux qui fournissent le plus d'informations aux archéologues[9]. C'est le caractère jetable des amphores qui fait leur valeur archéologique pour l'amphorologie : sauf réemploi dans unemaçonnerie ou exception, une amphore n'était pas réutilisée à une période différente de celle de sa fabrication et de sa consommation. Objets decéramique, les tessons d'amphores sont quasiment indestructibles. Par des analyses chimiques, il est possible de retrouver leur lieu de fabrication. La reconstitution de l'histoire de l'évolution des formes d'amphores a débouché sur des classements typologiques qui correspondent aussi à unechronologie. À la forme des amphores, il faut ajouter d'autres éléments de typologie : dessceaux, appeléstimbres amphoriques, gravés dans l'argile ou des gravures ou encore des marques peintes. Ainsi les amphores portant la marque Sestius furent produites vers Cosa enÉtrurie romaine et exportées vers laGaule du Sud à l'époque deCicéron.
Amphores romaines à Pompéi. Leur fond aminci voire pointu a pour avantage de pouvoir les stocker par empilement vertical dans les bateaux et de manipuler plus facilement ces lourds récipients pour les basculer et en verser le contenu[10].
À partir d'un tesson d'amphore un archéologue peut dater, à quelques décennies près souvent mais parfois bien plus précisément, la couchestratigraphique où le tesson a été retrouvé, ou encore l'épave du navire qui les contenait. La typologie décrivant les amphores d'époque romaine donne des noms et une numérotation, avec une description qui permet aux archéologues de situer leurs échantillons dans la typologie et de les dater[11],[12]. Ces noms renvoient souvent aux savants qui ont établi la chronologie (Heinrich Dressel, Pascual) où à l'origine de l'amphore (Gauloise). Les amphores Dressel 1a et 1b[13] sont typiques des amphoresvinaires de la fin de larépublique romaine. La Gauloise 4 est une amphore à fond plat qui correspond à l'essor du commerce du vingaulois. Les amphores Dressel 20 correspondent à des amphores àhuile. Reporter les trouvailles du même type d'amphore sur une carte peut alors permettre de retracer des flux commerciaux - si les trouvailles sont assez nombreuses[14].
L'étude de ces amphores est relativement récente et s'est construite à partir des travaux de John Riley qui a défini, au début des années 1980, sept types d'amphores romaines tardives :Late Roman Amphoras (LRA1 à 7). Ces amphores tardives ont servi, dans leur grande majorité, à contenir du vin, leur étude attestant du dynamisme de ce commerce à cette époque et de son organisation autour deConstantinople et du commerce maritime. Si les zones de production sont de mieux en mieux identifiées et si la recherche a mis en évidence des phénomènes d'imitation, l'étude des amphores tardives en est encore largement à ses débuts[15].
L'amphore est fabriquée à partir d'argile épurée. Il faut de l'eau pour délayer l'argile et du bois ou un autre combustible pour la cuisson. Le plus fréquemment, c'est le tournage qui est utilisé pour la façonner.
Afin de la fabriquer, le potier façonne d'abord un fût, puis y ajoute col, pointe, anses[16].
Une fois mise en forme, elle est mise à sécher au soleil, ou à défaut dans un lieu ventilé. Elle est ensuite mise à cuire pendant plusieurs heures.
Le poissage ou le cirage est parfois utilisé pour la rendre plus étanche : on verse à l'intérieur de lapoix liquide ou de la cire, de manière à former un film imperméable. L'amphore conservant le vin est bouchée par une bourre de paille, recouverte d'une épaisse couche d'argile ou dès l'Antiquité par un bouchon de liège.
Sur la surface de certaines amphores sont peints destituli picti(en), inscriptions peintes qui donnent des informations sur leur origine, leur destination, le type de produit qu'elles transportent[17].
Amphore avec sestituli picti.
Une opinion répandue veut que le pied, ou « pilon », soit fabriqué en forme de cône pointu pour offrir à l'amphore une meilleure stabilité (on raconte ainsi à tort qu'elle est fichée dans le sable tapissant le fond des bateaux), en réalité ce pied est une poignée permettant une troisième prise au creux de la main pour verser son contenu[7].
Depuis quelques années, de nombreux vignerons s’intéressent à nouveau à l’amphore en terre cuite pourélaborer des cuvées plus complexes. Son utilisation présente en effet de nombreux avantages[18].
Utilisée le plus souvent pour l’élevage, l'amphore facilite le déclenchement de lafermentation alcoolique naturelle. Les jarres ont donc l’avantage premier de limiter les intrants et les corrections œnologiques[18].
L'inertie thermique de l'amphore est recherchée pour favoriser la fraîcheur du vin, et ne nécessite aucune infrastructure coûteuse de maintien de température comme la chauffe ou le refroidissement du moût[18].
Contrairement à labarrique de chêne, l’amphore n’apporte ni goût, ni odeur, ni boisé d’aucune sorte, permettant de produire des vins avec une plus grande pureté aromatique[18].
Par sa forme, la jarre en terre cuite, tout comme l’œuf en béton, permet au liquide de circuler plus facilement. Ces mouvements apportent desqualités organoleptiques intéressantes au vin, et offrent en conséquence plus de complexité et de gras[18].
↑Fanette Laubenheimer,Le temps des amphores en Gaule: vins, huiles et sauces, Errance,,p. 6
↑Matthieu Poux, « Étude d’un « puits à amphores » d’époque gauloise à Paris (6e) »,Bulletin - Association française pour l'étude de l'âge du Fer,no 16,,p. 60.
↑Matthieu Poux,Puits funéraire d'époque gauloise à Paris (Sénat): Une tombe d'auxiliaire républicain dans les sous-sols de Lutèce,vol. 4, Monique Mergoil,.
↑Antoine Pérez,La société romaine : des origines à la fin du Haut-Empire,Ellipses,,p. 68.
↑Joëlle Burnouf et Fanette Laubenheimer,« Les vides sanitaires, place Bellecour, à Lyon », dans F. Laubenheimer (dir.),Les amphores en Gaule, vol. II,p. 175-192,,p. 175.
↑Françoise Mayet, « Quelques apports de l'archéologie sous-marine à l'étude du commerce romain »,Nordic Underwater Archaeology,(lire en ligne, consulté le).
(es)Carmen Aranegui Gascó, Rosa Enguix Alemany et Juan Alonso Pascual,Taller de anforas romanas de Oliva (Valencia), Valence, Publicaciones del Ayuntamiento de Oliva,, 48 p.(ISBN84-500-1987-7).
« Amphorae ex Hispania »,catalogue d'amphores assez complet avec fiches descriptives individuelles par ordre alphabétique, suramphorae.icac.cat(consulté le).