Pour les articles homonymes, voirAker (homonymie).
Aker ouAkerbeltz est un génie ou unIrelu, une divinité maléfique et souterraine dans lamythologie basque ressemblant à unbouc, capable de commander une foule de génies et de déclencher des tempêtes[1].
Aker signifie « bouc » en basque. Le suffixera désigne l'article : akerra.
On note la consonance des dieux égyptienAker et basque Aker, sans certitude. Les deux divinités sont cependantchtoniennes, et commandent à des phénomènes célestes. Il y aurait eu voyage depuis l’Égypte jusque dans lesPyrénées, à traversCarthage et lesIbères.
Au bouc étaient associées des notions de pouvoir et de protection sur les animaux d'élevage. Dans de nombreuses maisons, on conservait un bouc noir (Akerbeltz) afin d'assurer une protection de l'ensemble du bétail. C'est ainsi qu'Aker est devenu une divinité souterraine, capable de commander une foule de génies et de déclencher des tempêtes. Avec lechristianisme, Aker est devenu une représentation dudiable[2].
Outre ses traits généraux, communs à ceux deMari, il possède des pouvoirs de guérison et une influence bénéfique sur les animaux confiés à sa protection et à sa garde. Chaque bouc noire est considéré comme un symbole mortel. C'est pourquoi dans de nombreuses maisons, voulant éviter que leur bétail ne soit attaqué par quelque maladie, ils élèvent dans l'étable un bouc mâle, qui doit être noir. La sorcellerie, qui eut tant de résonance enVasconie auxXVIe et XVIIe siècles, donna une notoriété particulière à cette ancienne représentation dunumen d'Akerbeltz. Il était vénéré (ou était censé l'être) à l'Akelarre par dessorciers et des sorcières les lundi, mercredi et vendredi soir. Les personnes rassemblées ont dansé et offert du pain, des œufs et de l'argent à leurnumen. A en juger par la description de leurs rencontres, ils répondaient à un mouvement clandestin, ancré dans des croyances anciennes, dans l'opposition contre la religion chrétienne et peut-être, plus subrepticement, contre l'état social[3].
Plus d'une quinzaine de lieux de ce culte sont signalés en terres basques : son nom le plus connu est Akelarre. Celui de Zugarramurdi est une plaine située devant l'entrée d'une grotte. Selon la tradition et les documents du XVIIe siècle, en ce lieu et danscette grotte les sorciers se rencontraient[3]. Akelarre ou Akerlanda (lande du bouc) est le lieu où se déroule lesabbat. Aker était le maître de cérémonie dans ces soirées orgiaques avec les sorcières (sorginak). Il est associé au diable[4]. Lesgrands procès de sorcellerie qui eurent lieu auxXVIe et XVIIe siècles enLabourd, et àZugarramurdi, ont permis de définir (et dans une certaine mesure, de créer) les conditions du culte réel ou supposé d'Akerbeltz[5].