Sicile,Catane,Palerme (co-patronne),Saint-Marin,Zamarramala(es) en Espagne ; fondeurs de cloche,nourrices,bijoutiers, martyrs, victimes de viol et de torture, invoquée contre les incendies, les tremblements de terre, les éruptions de l'Etna, les catastrophes naturelles et la stérilité, les personnes atteintes d'un cancer du sein
Née auIIIe siècle àCatane enSicile, dans une famillenoble, Agathe était d'une très grande beauté et honoraitDieu avec ferveur et lui avait ainsi consacré savirginité. Quintien,proconsul de Sicile mais homme de basse extraction, souhaitait par-dessus tout l'épouser, pensant qu'il pourrait ainsi gagner en respect mais aussi jouir de la beauté et de la fortune d'une telle épouse.
Agathe ayant refusé ses avances, Quintien l'envoya dans unlupanar tenu par une certaine Aphrodisie qu'il chargea de lui faire accepter ce mariage et de renoncer à son Dieu. La tenancière ayant échoué, Quintien fit jeter Agathe en prison et la fit torturer. Parmi lestortures qu'elle endura, on lui arracha les seins à l'aide de tenailles mais l'apôtrePierre lui apparut en prison et la guérit de ses blessures. D'autres tortures finirent par lui faire perdre la vie et son décès fut accompagné d'untremblement de terre qui ébranla toute la ville.
Un an après sa mort, l'Etna entra enéruption, déversant un flot de lave en direction deCatane. Selon la légende, les habitants s'emparèrent du voile qui recouvrait la sépulture d'Agathe et le placèrent devant le feu qui s'arrêta aussitôt, épargnant ainsi la ville.
Depuis, on invoque son nom pour se protéger des tremblements de terre, des éruptions volcaniques ou des incendies.
Elle est l'une des trois grandes saintes de Sicile, elle à Catane, Lucie àSyracuse, etRosalie àPalerme.
Sainte Agathe est la patronne des nourrices, des bijoutiers, des fondeurs de cloche, des villes de Catane et dePalerme, ainsi que de l'île deMalte. Ses reliques, qui auraient été transférées àConstantinople en 1050, reposeraient maintenant depuis 1126 dans la chapelle qui lui est dédiée dans lacathédrale de Catane qui lui est consacrée.
Une pâtisserie populaire en forme de sein est réalisée lors de la fête de la sainte, les « Minne di Sant'Agata » ou les « Minuzzo », qui sont servis par paire en Sicile dans la ville de Catania. Ce sont des petits dômes de pâte fourrés de fromage frais, de fruits candis et de pistache. Recouverts d'un glaçage blanc et surmontés d'une cerise confite, ils symbolisent la poitrine de la martyre.
En France, c'est par la brioche qu'on fera référence à la poitrine d'Agathe de Sicile, à travers legâteau de Saint-Genix, ou gâteau Labully, qui fut inventé en 1880 par le pâtissier Pierre Labully dans le village deSaint-Genix-sur-Guiers enSavoie. L'apparition dans cette région du culte de sainte Agathe ainsi que de la tradition des brioches en forme de seins coupés remonte à l'annexion de la Sicile au duché de Savoie, en 1713.
Lafête de la Sainte-Agathe(it) qui a lieu chaque année du 3 au est la plus importante fête religieuse de Catane. Le buste de la sainte qui abrite ses reliques est installé sur un monumental char reliquaire, le « fercolo », qui est porté en procession dans la ville. Même les mafieux de Catane obligent le reliquaire à effectuer un arrêt sous le balcon de leur maison[3].
En 2002, la fête de Sainte-Agathe de Catane a été classée au patrimoine mondial de l'UNESCO comme « valeur de l’humanité »[4].
Dans saChronique des derniers païens[5],Pierre Chuvin relate comment la déesseIsis, protectrice deCatane, considérée comme la « bonne déesse » (Agathè Daimôn), fut remplacée par sainte Agathe[6] dès que lechristianisme devint la religion dominante.
Pierre Sauzeau, qui professa à l'université Paul Valéry –Montpellier III, explique comment Agathe devint l'héritière d’Isis àCatane. La déesse Isis, venue d'Égypte, y assumait les fonctions de protectrice de la navigation ; elle portait l’épithète d’Euploia, engrec ancienΕὔπλοια,qui donne une heureuse navigation, ouPloiaphèsa. Elle était fêtée au cours d'une procession carnavalesque qui perdura jusqu'auVIe siècle et au cours de laquelle on lui offrait du lait dans des seaux en forme de sein. Quand Agathe la détrôna, ce furent désormais ses seins mutilés qui furent mis à l'honneur[7].
Ses principaux attributs sont la palme du martyre, un plateau sur lequel sont posés deux seins (d'où son nom de « sainte mastophore ») suggérant selonDidier Anzieu unecastration symbolique[8], des tenailles et parfois un édifice en flammes.
Agathe est « très peu représentée, le clergépudibond estimant qu'il serait difficile pour ce thème de faire l'impasse sur lanudité de la malheureuse vierge »[9].
Cette iconographie a probablement inspiré lesaquarelles chinoises d'exportation, destinées aux marchésfo cho facher occidentaux, dont certaines représentaient des « supplices chinois »[10].
↑Dans son livre, Pierre Chuvin fait le choix de raconter le triomphe du christianisme dans l'Empire romain en se plaçant du côté des vaincus, les « païens », sans complaisance à leur égard et sans dénigrement des vainqueurs.Chronique des derniers païens : la disparition du paganisme dans l'Empire romain, du règne de Constantin à celui de Justinien ;(ISBN978-2251380032).
↑Pierre Chuvin,Chronique des derniers païens. La disparition du paganisme dans l'Empire romain, du règne de Constantin à celui de Justinien, Éd. Fayard, Paris,p. 270-271.