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Accusation de profanation d'hosties contre les Juifs

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Paolo Uccello, deuxième panneau de laprédelle duMiracle de l'hostie profanée, 1465-1469.
Le prêteur sur gages et son épouse enceinte, accompagnés de leurs deux enfants, ont profané une hostie consacrée en la brûlant dans la cheminée. Le sang qui coule de l'hostie se répand sous la porte de la maison et alerte la population.
Ucello a réalisé une œuvre de commande pour la confrérie du Corpus Domini àUrbino, où vivait l’une des plus anciennes et populeuses communautés juives d’Italie.

L'accusation de profanation d'hosties contre les Juifs est l’un des thèmes de la propagandeantisémite depuis leMoyen Âge. Elle a été proférée par les branches historiques duchristianisme du monde occidental, en particulier à partir duquatrième concile du Latran (1215), qui officialise le dogme de latranssubstantiation. Pour l’Église catholique, l’hostie consacrée est le corps duChrist et sa profanation est un crime proche dudéicide.

Des profanations d’hostie eurent peut-être lieu lorsque le christianisme s’implanta dans l’empire romain d’Occident et que des païens voulurent humilier les missionnaires de la nouvelle religion[1],[2]. Cependant, elles n’existèrent dans la plupart des cas que dans l’imagination des accusateurs qui visaient à discréditer divers groupes dont les Juifs mais aussi les « sorcières » au Moyen Âge[3] ou, à partir duXIXe siècle, lesfrancs-maçons. C'est toutefois contre lesJuifs que cette accusation fut portée de la manière la plus constante et qu’elle eut les conséquences les plus meurtrières, servant à justifier desexpulsions et desmassacres pendant des siècles[4].

L'accusation s'est trouvée relayée aussi bien par dessermons, par des ouvrages présentés comme religieux ou historiques que par des œuvres de fiction[5] ou même des représentations picturales.

Premiers signes dans l'antiquité et le début du Moyen Âge

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CertainsPères de l'Église ont élaboré la théorie dudéicide selon laquelle ils reprochaient à tous les Juifs d'avoir tué Jésus-Christ par méchanceté, si bien queDieu aurait maudit à jamais leur descendance. On se référait pour cela à des passages duNouveau Testament, commeMatthieu 27:25.

À partir duIVe siècle, des légendes chrétiennes affirmaient que les Juifs essayaient de profaner et d'endommager les images du Christ. C'est ainsi que vers 380, on attribuait àAthanase d'Alexandrie († 373) un sermon selon lequel des Juifs de Berytos (Beyrouth) auraient répété sur une image du Christ le martyre et lacrucifixion de Jésus. L'image s'était mise à saigner, et le miracle aurait persuadé les témoins juifs de se faire baptiser.

À l'origine, ce crime supposé était moins destiné à rabaisser lejudaïsme qu'à renforcer la foi desChrétiens dans le pouvoir guérisseur de leursicônes et de leurs autres objets sacrés[réf. nécessaire]. Il arrivait à l'occasion qu'on le répétât en mettant en scène d'autres personnes qualifiées d'ennemis de la foi, ou même de « mauvais chrétiens ». Le rôle des Juifs qui finissaient parse convertir était d'illustrer le pouvoir du Christ qui agissait à travers son image.

Juifs deSternberg portant larouelle et profanant des hosties en 1492, représentation de 1517

On les soupçonnait de maltraiter des images et des symboles chrétiens mais cela ne reposait pas sur une connaissance religieuse concrète, mais sur la foi dans la supériorité du christianisme, surtout après que cette religion fut devenue celle de l'État romain auIVe siècle. C'est ainsi qu'en 408, l'empereurThéodose II interdit aux Juifs – outre les entraves considérables qu'il mettait à l'exercice de leur religion – de brûler uncrucifix pendant la fête dePourim, coutume juive qu'on ne trouve d'ailleurs attestée nulle part[réf. nécessaire].

Grégoire de Tours († 594) parle d'un Juif qui aurait endommagé une image du Christ dans une église et l'aurait emportée chez lui ; la blessure du Christ sur son image se serait mise à saigner, les traces de sang auraient trahi l'auteur, si bien qu'il avait dû payer son crime de sa vie. Dans cet exemple, l'accent n'est plus mis comme auparavant sur laconversion mais sur le châtiment du « sacrilège » .

C'est au cours duHaut Moyen Âge qu'apparaissent les premiers rapports sur des profanations d'hosties par les Juifs :Paschasius Radbertus († vers 860) parlait d'un Juif qui avait participé au sacrifice de la messe célébrée parsaint Syrus et avait reçu l'hostie consacrée. Il avait ressenti immédiatement des douleurs horribles auxquelles seul le saint avait pu mettre fin, à la suite de quoi le Juif s'était fait baptiser. Vers la fin duXe siècle, l'abbé Gezone da Tortona a modifié cette histoire : cette fois c'était Syrus qui avait repris le corps du Seigneur dans la bouche du Juif, et l'avait ainsi guéri. Des légendes semblables se multiplièrent auXIe siècle avec lacontroverse sur l'eucharistie. Cependant, là encore ce n'étaient pas les Juifs qui jouaient un rôle de premier plan : le plus souvent, ils ne servaient qu'à confirmer le miracle de laprésence réelle de Jésus dans le sacrement de l'autel.

Formation et importance au Moyen Âge classique

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Représentation d'une scène de profanation d'hostie par des Juifs,Cathédrale Sainte Gudule,Bruxelles

C'est seulement au cours duMoyen Âge classique que la légende attribuée à Athanase s'est diffusée largement et a fait souvent l'objet d'illustrations. LaChronica deSigebert de Gembloux († 1112), a déplacé l'histoire en l'an 765. Après un coup de javelot (cf.Jean 19,34) le sang aurait coulé de l'image que les Juifs avaient prise et portée dans lasynagogue. Elle aurait manifesté à cette occasion ses pouvoirs de guérison, si bien que les coupables se seraient fait baptiser. Dans ce récit, les Juifs apparaissaient en tant que groupe, et on donnait une représentation de leur service religieux.

A Paris

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Miracle de l'hostie volée, Giovanni B. Lucini, 1685

Le « cas » le plus ancien d'une prétendue profanation d'hostie, enregistré par un grand nombre de chroniques de cette époque, a été signalé àParis en 1290. Jan van Tielrode († 1298), par exemple, écrivait dans sonChronicon qu'un Juif parisien du nom de Jonathas Ben Haym,prêteur sur gages, fut accusé par une servante chrétienne du nom de Marie la Hautière, d'avoir gagé une hostie consacrée en échange de vêtements d'une valeur de 10 livres d'argent. La communauté juive rassemblée aurait ensuite tenté de la lacérer avec des couteaux, des stylets et des clous, mais sans arriver à la détruire. Seul le plus grand couteau aurait été en mesure de partager l'hostie en trois morceaux. Du sang aurait alors coulé. Finalement, on aurait jeté les morceaux dans de l'eau bouillante qui se serait transformée en sang, et les morceaux d'hostie en une pièce de chair tout entière.

Cet événement, appelé « miracle des Billettes », est commémoré par un vitrail de l'église Saint-Étienne-du-Mont, différentes représentations picturales et par unepièce de théâtre médiévale,Le Mistère de la Saincte Hostie[6]. Ce « miracle » aurait converti auchristianisme de nombreux témoins, y compris l'auteur du rapport.

En Allemagne

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Gravure allemande sur bois du XVe siècle sur la profanation supposée d'hosties par les Juifs de Passau en 1477. Les hosties sont volées puis percées par des Juifs ; sont récupérées et sacralisées ; des Juifs sont torturés avec des pinces brûlantes et décapités ; toute la communauté juive est chassée les pieds liés et brûlés ; les chrétiens s'agenouillent et prient.

Cependant, ce n'est pas en France mais dans l'espace linguistique allemand que cette légende s'est rapidement répandue et maintes fois modifiée. Selon une version, l'hostie, qu'on ne serait pas arrivé à déchirer, serait restée suspendue dans les airs tandis qu'apparaissait l'image d'un crucifié. Dans d'autres versions, elle aurait été brûlée, et alors seraient apparus des anges ou l'Enfant-Jésus. Toutes les versions ultérieures ressemblaient dans leur structure à leur modèle : elles accusaient presque uniquement des Juifs d'avoir torturé une hostie secrètement volée ou achetée et d'avoir essayé de la détruire.

On voulait d'abord, grâce à ces conversions imaginaires de Juifs, raffermir lafoi qui s'affaiblissait chez les chrétiens dans la puissance de bénédiction et de guérison de l'hostie. On renforçait indirectement la croyance en laprésence réelle du Christ dans l'hostie. En même temps, les chrétiens supposaient que les Juifs avaient une tendance naturelle à « assassiner Dieu » : les instruments prétendument utilisés pour torturer l'hostie reproduisaient lacrucifixion de Jésus. La tentative manquée de la déchirer représentait les attaques des Juifs contre ladoctrine chrétienne de la Trinité. On reprenait le reproche depuis longtemps enraciné d'êtreresponsables de la mort du Christ et on reportait sur la totalité de la génération d'alors des Juifs le désir de continuer saPassion et de répéter son meurtre. À présent, tous les Juifs étaient considérés comme des criminels religieux en puissance ; la seule solution qui leur restait était la conversion au christianisme.

XIIIe siècle

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Dès 1298, de telles légendes ne servaient plus qu'à justifier despogroms contre les Juifs. À cette époque, Rintfleisch, un chevalier ruiné, prétendit qu'il y avait eu profanation d'hostie àRöttingen enFranconie, ce qui provoqua desallégations identiques, entre autres àIphofen, Lauda,Weikersheim,Möckmühl etWurzbourg. Rintfleisch se vit par un message personnel du ciel, désigné pour exterminer tous les Juifs et pendant six mois, à la tête d'une bande de plus de 140 meurtriers, parcourut les villages de Franconie et deSouabe, violant, torturant et brûlant par milliers des Juifs et des Juives et massacrant leurs enfants. Seuls les villes d'Augsbourg et deRatisbonne protégèrent leurs habitants juifs. Une partie des malheureux pourchassés réussit à s'enfuir enPologne et enLituanie.

XIVe siècle

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Une autre vague de persécution se produisit entre 1336 à 1338. À ce moment-là, des paysans ruinés et des bandes de voleurs errants, se réunirent sous la direction d'un chevalier pillard, « le roi Armleder ». Ils se nommaient eux-mêmes « les tueurs de Juifs » et ils exterminèrent de nombreuses communautés juives enAlsace, en Souabe, enHesse, sur les bords de laMoselle, enBohême et enBasse-Autriche, y compris celle deDeggendorf, enBasse-Bavière. Là, les Juifs avaient, disait-on, torturé des hosties et les avaient jetées dans un puits. Là-dessus, un moine anonyme écrivit en 1390 :

Profanation d'hosties àDeggendorf enBavière, 1776

« Cette année [1337] on retrouva àDeggendorf le corps du Seigneur, que les Juifs avaient martyrisé, et ils furent pour cette raison brûlés en 1338 »

À Deggendorf, l'endettement élevé (garanties, hypothèques...) des habitants auprès des Juifs fut effacé, selon un certificat duduc Henri IV de Bavière, par le biais de ces pogroms. L'endroit devint alors un lieu depèlerinage enrichi d'indulgences sur plusieurs jours, pendant des siècles. L'Église du Saint-Sépulcre de Deggendorf, consacrée en 1360, porte l'inscription : « Do bart Gotes Laichenam funden[7] ». Desretables de 1725 portent l'inscription :Les hosties consacrées ont été frottées avec des épines jusqu'à ce que jaillît le Saint-Sang, et au milieu d'un tel martyre, il apparut un petit enfant[8]. Le pèlerinage à Deggendorf se maintient pendant des centaines d'années. En 1766 à Deggendorf, plus de 60 000 pèlerins affluent. Encore en 1800 àRegen, dans la forêtbavaroise, on jouait des pièces de théâtre où l'on montrait la profanation d'hosties.

Juifs périssant sur le bûcher pour avoir profané des hosties,P. Uccello, 1467

Soigneusement transmises, ceslégendes se maintinrent longtemps et restèrent profondément enracinées dans la pensée chrétienne, et parfois encore aujourd'hui. En 1776 àDeggendorf, parut un livre de prières et de dévotions avec le titre : « Le miracle de la foi triomphante dans le pays entièrement chrétien de Chur enBavière. C'est-à-dire : La relation merveilleuse... de la présence du Divin Fils... incarné en 10 petites hosties... qui... en 1337 dans la ville de Deggendorf, furent victimes de... violence dues aux... Juifs... »[9].

Toutes les légendes ultérieures sur des vols d'hosties suivaient le modèle de la légende de Deggendorf. Dans leurs descriptions détaillées se reflètent les méthodes de tortures des autorités ecclésiastiques et laïques, et surtout de l'Inquisition. Là où l'on racontait qu'on avait essayé de brûler une hostie, l'idée de brûler les Juifs venait d'elle-même. Tous ces reproches imaginaires visaient souvent à effacer les dettes contractées chez les Juifs en effaçant toute leur communauté ou d'exproprier les communautés juives de l'endroit pour établir un culte de l'hostie martyrisée et enrichir la localité grâce aux revenus du pèlerinage. À cette fin, là où le méfait était censé avoir eu lieu, on construisait deschapelles ou des églises, souvent à l'emplacement même des synagogues, que l'on brûlait d'abord entièrement, et on y exposait les « hosties sanglantes ».

Culte

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Vitrail deJean-Baptiste Capronnier dans la Cathédrale Sainte-Gudule-Saint-Michel de Bruxelles

ÀKlosterneuburg, en 1298 - l'année de la première légende de Paris - un prêtre avait montré une hostie en train de saigner comme « preuve » d'une profanation d'hosties par les Juifs. Lepape envoya une commission d'évêques mener l'enquête et elle lui donna raison. ÀPulkau également enAutriche, une hostie sanglante devait être exposée en 1338, sur le modèle de celle de Deggendorf ; cette fois, le papeBenoît XIII mit en garde le roiAlbert d'Autriche contre ce culte. Une autre accusation fausse nous est rapportée en 1345 par laChronique de Jean de Winterthur, le reste du temps fort peu critique : en 1330, une chrétienne deEhingen (en Souabe) avait volé des hosties consacrées afin de s'en servir pour faire de la magie. Immédiatement, les Juifs de l'endroit avaient été soupçonnés de ce vol, et 80 d'entre eux, bien qu'innocents, avaient été exécutés.

En 1450, lelégat du papeNicolas de Cues essaya pendant sa mission en Allemagne d'éradiquer ce culte des hosties. Et pourtant, c'est justement dans la seconde moitié duXVe siècle que les accusations de crimes contre les hosties s'enflèrent démesurément : en 1477 àPassau, on accusa un chrétien, Christoph Eysengreißheimer, d'avoir vendu aux Juifs, « ennemis du Sauveur », huit hosties qu'il avait volées, et les Juifs les auraient ensuite torturées. Les accusés furent jetés en prison et torturés ; après leurs « aveux », ondécapita ceux qui avaient accepté de se faire baptiser, les autres furent torturés avec des tenailles rougies au feu et brûlés. Avec le matériel de lasynagogue, le prince-évêqueUlrich von Nußdorf fit construire l'église expiatoire du Saint-Sauveur (Sankt Salvator). Pourtant la tentative d'établir un culte trouva ici peu de succès car Deggendorf était trop proche et avait les préférences des pèlerins.

Autres accusations de profanation d'hosties

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  • Peinture montrant une profanation d'hostie par des Juifs dePassau(Allemagne) en 1477
    Bruxelles : En 1370, six membres de la communauté juive de Bruxelles sont accusés de profanation du Saint-Sacrement[10]. Levendredi saint 1370 à la synagogue, des Juifs auraient transpercé de poignards des hosties dérobées dans une chapelle. Du sang aurait coulé de ces hosties. Les Juifs seront jugés, tenaillés en public et brûlés sur le bûcher. Leduc de Brabant confisque les biens des accusés (Sacrement du Miracle).
  • Enns (avant 1420) : Cet incident servit de prétexte pour laGesera de Vienne, la destruction des communautés juives dans leduché d'Autriche.
  • Breslau en 1453 : Après que les Juifs de Breslau eurent été accusés de profonation d'hosties par le moinefranciscainJean de Capistran, 41 Juifs furent brûlés sur le bûcher en 1453, et le reste expulsé de la ville. Le privilège impérial de 1455 accordé à Breslaude non tolerandis Judaeis (privilège de ne pas tolérer les Juifs) restade jure en vigueur judsqu'en 1744.
  • Sternberg (Mecklembourg) en 1492 : On arrêta tous les Juifs de la région, et 27 d'entre eux furent brûlés à la suite d'aveux arrachés sous la torture ; le reste fut chassé du duché. Un pèlerinage commença et procura d'importants revenus supplémentaires au doyen de lacathédrale de Schwerin.
  • Juifs brûlés vifs et présentation à droite de l'allégation de profanation d'hosties de Deggendorf (1338) etSternberg,Mecklenburg (1492),Chronique de Nuremberg, 1493.
    Village de Knoblauch près deBrandebourg-sur-la-Havel en 1510 : En juillet, 38 Juifs furent brûlés àBerlin, à la suite de quoi furent expulsés tous les Juifs de laMarche de Brandebourg. Ils n'étaient pas seulement accusés de profanation d'hosties, mais d'infanticide. Ils auraient également tenté de se servir pour leursmazot (pain azyme) de fragments de l'hostie consacrée : Après leur « découverte » les « preuves » furent exposées à lacathédrale de Brandebourg, mais avec beaucoup moins de résonance dans le simple peuple que leclergé n'avait espéré.

Ces pogroms ne venaient pas de la population, mais étaient le résultat d'intrigues précises de certains groupes d'intérêt religieux locaux. De nombreuses publications donnaient des précisions sur les hosties miraculeuses bien au-delà duMecklembourg et de ce qui était alors lediocèse de Brandebourg.

  • Przemysl enPologne en 1630 : Une femme chrétienne, alors interrogée sous la torture, accuse les Juifs de l'avoir persuadée de voler une hostie consacrée (elle finit par mourir sur le bûcher). En conséquence, Moïse (Moszko) Szmuklerz est emprisonné par les autorités municipales, torturé et brûlé sur le bûcher. Cet événement est commémoré chaque année dans l'une dessynagogues de Przemysl[11].

On accusait aussi des « sorcières » de pratiquesoccultes ousataniques qu'elles auraient faites avec des hosties volées. Presque toujours, les conséquences étaient terriblement désastreuses pour les accusées, et le résultat était leur expulsion ou leur exécution.

Déclin depuis le début des temps modernes

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Depuis laRéformation duXVIe siècle, même dans lespays catholiques où l'on croyait à latranssubstantiation, les accusations de profanation d'hosties diminuèrent : la façon réformée de comprendre laSainte-Cène avait eu pour résultat de modérer lapiété populaire. On crut cependant toujours aux meurtres rituels et à la vérité des anciennes profanations d'hosties rapportées par des légendes : leVatican, sous les papesPie IX etLéon XIII, soutenait encore cesstéréotypesantijuifs.

Dans certaines parties de l'Europe, ils ont subsisté auXIXe siècle, notamment enRoumanie[12].

Situation actuelle

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Plaque reconnaissant la profanation d'hosties comme une légende et l'injustice faite aux Juifs de Deggendorf, apposée à l'extérieur de l'église en 1993

Dans les églises de pèlerinage de Lauda et d’Iphofen, on voit encore aujourd'hui des images destinées à rappeler la profanation d'hosties par les Juifs au moment des pogroms de Rintfleisch.

L'église du Saint-Sépulcre à Deggendorf a été jusqu'en 1992 un grand lieu de pèlerinage sur plusieurs jours. Les accusations de profanation d'hosties de 1390 ont été renouvelées dans de nombreux traités, de poèmes, de chansons destinés au peuple. En 1960, le père bénédictin B. Braunmüller écrivait encore dans ses récits historiques sur les saintes hosties dans l'église du Saint-Sépulcre de Deggendorf[13] :

« Si l'on regarde les faits tels qu'ils sont présentés, et comment sans interruption, grands et petits, pauvres et riches, prêtres et laïcs sont venus témoigner dans cette église du Saint-Sépulcre, de loin et de près et de manière diverse, de l'adoration et de la vénération qu'ils rendaient au corps du Christ, on a du mal à comprendre la folie de ceux qui, dans les temps présents, tournent en dérision le saint miracle comme une absurdité et une supercherie et voient dans cette dévotion et ce pèlerinage une apologie du meurtre des juifs. »

La légende de la profanation d'hosties n'en est pas moins devenue de plus en plus insoutenable, mais c'est seulement à la suite de lathèse de doctorat du théologien catholiqueManfred Eder, soutenue par des cercles religieux savants, que le pèlerinage de 1338 à Deggendorf a été supprimé en 1992 ; l'évêqueManfred Müller a publiquement pris des distances sans équivoque avec les falsifications chrétiennes antisémites de l'histoire et fait apposer en 1993, une plaque qualifiant expressément la profanation d'hosties de légende créée pour justifier un crime, et a demandé pardon aux juifs pour les torts qui leur avaient été causés.

À Bruxelles, en 1870, la procession commémorative des 500 ans du Sacrement du Miracle aurait dû avoir un éclat exceptionnel, comparé aux autres années, mais une opposition vive dans la presse obligea l'archevêque de l'annuler. En 1977, une plaquette en bronze fut inaugurée dans la cathédrale, attirant l'attention sur le caractère « tendancieux des accusations ».

Notes

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Profanation d'hostie par Jansz Claes,musée de Bruxelles,XVIe
  1. Konstantin Moritz Langmaier: Historique des actes Alten Zürichkrieg am Beispiel einer Luzerner Quelle von 1444. Dans: Deutsches Archiv. Band 73/2, 2017, p. 639–686.
  2. https://www.researchgate.net/publication/330797353_Hass_als_historisches_Phanomen
  3. Cf. leMalleus Maleficarum. Summers, Montague, ed.The Malleus Maleficarum of Kramer and Sprenger, 1948. Originally in Latin, Germany, 1487. eg.Part II, Question I, Chapter IV
  4. "Desecration of the Host",Jewish Encyclopedia,jewishencyclopedia.com
  5. H.T.F. Rhodes,The Satanic Mass, 1954 ; Gerhard Zacharias,The Satanic Cult, 1980.
  6. Cf.Vitrail de Saint Étienne-du-Mont. L'hostie du « miracle des Billettes » fut conservée en l'église Saint-Jean-de-Grève jusqu'à la Révolution française.
  7. « Ici a été retrouvé le corps du Seigneur » (en dialecte bavarois).
  8. « Die heiligen Hostien werden von den Juden bis auf das heilige Blut mit Dornen gekratzt und es erscheint unter solcher Marter ein kleines Kind. »
  9. Das obsiegende Glaubens-Wunder des ganz christlichen Chur-Landes Bayern. Will sagen: Unlaugbarer Bericht der … Gegenwart des angemenschten göttlichen Sohnes … in 10 kleinen … Hostien, welche im Jahre … 1337 in der Stadt Deggendorf, von den … Juden … mißhandelt …
  10. (nl-BE) Luc Dequeker,Vrancke van der Stockt, Processie met het Allerheiligste (ca. 1450-60) : de oudste voorstelling van het Brusselse Sacrament van Mirakel (1370),(lire en ligne),p. 257
  11. (en) Barbara U. Yeager & Blossom Glasser, « Outline of Jewish History », surkehilalinks.jewishgen.org(consulté le)
  12. IsidoreLoeb,La situation des israélites en Turquie, en Serbie et en Roumanie,(lire en ligne),p. 143
  13. Rohrbacher/Schmidt,Judenbilder p. 294f

Bibliographie

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Référence de traduction

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Annexes

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Articles connexes

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Lien externe

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