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LuciusAccius (ouAttius) est un auteur detragédies latines et d'ouvrages d'érudition né àPisaurum, aujourd'huiPesaro dans lesMarches en et mort àRome en
Il est vraisemblablement né en, sous le consulat de Serranus et Mancius, à Pisaurum (Pesaro) enOmbrie. La date que proposeValère Maxime (3, 7, 11), est une erreur. Accius est un gentilice répandu en zone italique mais pas àRome. Des grammairiens et compilateurs tardifs utilisent quelquefois l'orthographe Attius[1]. Il est d'origineaffranchie[2].
Pline l'Ancien rapporte qu'il se fit dresser dans le temple des Muses une statue très grande, quoiqu'il fût très petit[3].
Les nombreuses citations flatteuses qu'en font les auteurs romains reflètent sa popularité :Horace vanta sa profondeur[4],Cicéron évoqua son charme[5]. SelonVelleius Paterculus, ses œuvres pouvaient soutenir la comparaison avec celles des Grecs[6].
« Et ceux qui aiment les vers d'Accius, ne croient pas seulement avoir sous les yeux les grâces de son style, ils s'imaginent encore qu'ils possèdent l'image vivante du poète »[7] (Vitruve).
Sa réplique la plus célèbre, reprise par Caligula, est certainement :"oderint dum metuant" (qu'ils me haïssent, pourvu qu'ils me craignent).
De ses tragédies, on n'a conservé que des fragments, sous forme de citations par des auteurs postérieurs, qui laissent entrevoir un style élevé et un ton pathétique. Ses pièces, écrites enlatin, reprennent et adaptent des modèles grecs (genre littéraire, style, intrigue) et sont essentiellement inspirées d'Euripide ; certaines se réfèrent également à des événements de l'histoire romaine.
Accius est également l'auteur d'ouvrages (perdus, sauf quelques fragments) d'érudition, traitant dethéâtre, d'histoire littéraire, degrammaire.
Il est mort vers, selonEusèbe rapporté parJérôme[2].
Sa grande production tragique lui assure une postérité conséquente, ses pièces sont reprises des décennies après sa mort et restèrent longtemps aurépertoire[8]. Les auteurs qui l'empruntèrent sont larges que ce soit pour ses maximes, son lexique ou ses versions des mythes, avec des avis admiratifs :Caligula,Néron,Varron,Cicéron,Horace,Ovide,Vitruve,Velleius Paterculus,Columelle etQuintilien. En revanche,Sénèque,Perse etMartial sont assez négatifs[9].
La production théâtrale est conséquente. On lui attribue 46tragédies mythiques et 2praetextae[10]. Il n'a probablement pas composé de comédies même si certains éditeurs lui attribuent de manière contestable desfabula togata[11]. En sachant que la tragédie attique étant en moyenne de mille vers, Accius rédigea au moins 50 000 vers tragiques[10]. Cependant, Accius a un mode de composition unique, c'est le seul tragique dont le corpus est organisé encycles[10]. Son œuvre est en deux grands cycles, laguerre de Troie et laguerre des Sept Chefs ou guerre de Thèbes. Les ancêtres de la guerre de Troie selon lamythologie grecque ont participé à la guerre de Thèbes (Illiade, IV, 406)[12]. On est pour chaque cycle dans une trilogie grandiose de 24 pièces (même nombre de chants que l'Illiade, interconnectée et chronologique), d'Oenamus àDecius uel Aeneadae, de laProtohistoire au passé légendaire d'Italie[12].
L'unité des cycles permet d'avoir une continuité chronologiques et dont les pièces forment un table unitaire. Chaque tragédie est l'élément d'un tout, nommépoesis, proche de l'épopée, continuité de plusieurs poèmes. Les titres permettent de définir les cycles :guerre de Troie, des Pélopides, deThèbes, deCalydon et desArgonautes. Ils furent décrits parOtto Ribbeck (en). Dix pièces échappent à ce classement mais cela est dû au fait qu'Accius approfondit les dynasties au sein des cycles et fait interférer les différents cycles entre eux pour une grande ramification. On tenta une reconstruction thématique, où se succèdent les crimes, le tragique, la vengeance familiale, qui se dramatisent suivant la chronologie et la ramification généalogique, proche d'Hésiode. 22 pièces concernent des divinités ou le surnaturel. La division et la relation entre les parties et cycles sont considérées comme audacieuses et remarquables[13].
Pour les thématiques, Accius est proche des fresquespergaméniennes, à travers les motifs proches duGrand Autel de Pergame. La tragédie d'Accius met en scène plusieurs personnes commandées au malheur et au destin, confrontées à la fatalité implacable. Il est proche de latragédie grecque en général, qui met en scène un héros d'origine divine. Il choisit des versions de mythes plus rares pour la continuité narrative[14].
Ses emprunts et sources sont très variés, on voit un important travail de recherche et une « imitation créatrice ». Il choisit surtoutApollonios de Rhodes et surtoutHésiode, qu'il considère comme antérieur (peut-être une façon de le considérer supérieur) àHomère. Il s'inspire surtout d'Hésiode pour une tradition plus pessimiste et divergente de l'Illiade d'Homère :Achille est un despote,Ulysse est fourbe et sophiste,Agamemnon est lâche[15]…
L'œuvre esttrès majoritairement perdue, aucune pièce complète n'est parvenue. Il ne reste que des fragments d'une transmission indirecte, qui prend les citations souvent éparses et hors du contexte originel, pour la grammaire principalement ou des reprises[16]. Il ne reste que 726 vers au total. Les fragments « certains » forment 650 vers pour les mythiques, 41 vers pour lesprætextae et 35 vers incertains car non reliés à un titre[10]. Il existe deux traditions de la transmission indirecte. La tradition majoritaire est celle des grammairiens avec 580 vers sur 691[17]. Les plus importants sontNonius Marcellus dans leDe Compendiosa Doctrina (492 vers),Festus (24),Macrobe (17 vers),Priscien (26) et plusieurs autres auteurs de un à cinq vers. L'organisation des citations est facilitée par le contexte des cycles d'Accius et aussi par les habitudes des grammairiens, dont les méthodes sont globalement cernées. C'est le cas notamment de Nonius avec lalex Lindsay, et éventuellement Priscien et Macrobe avec l'ordre alphabétique. Le principe global étant que si des extraits de la même pièce sont disposés dans deslemmes proches, l'ordre de succession de ces citations est le même que celui de la tragédie. Même chose entre une citation principale et secondaire, permettant un rapprochement[18]. D'autant que par souci de respecter l'exactitude orthographique et les règles de la grammaire, pour les dictionnaires et lexiques, les citations des grammairiens sont assez fidèles au texte d'origine[19]. L'autre tradition indirecte, minoritaire, vient de la tradition littéraire, avec 94 vers pourCicéron et 18 pourVarron[20]. Le problème de cette tradition est qu'elle est parfois contaminée, allusive et cite les tragédies avec une certaine liberté[21].
Accius est l'auteur de plusieurs ouvrages érudits.Varron le désigne comme uncritique littéraire remarquable. Mais cette partie de l'œuvre est quasiment inconnue et très fragmentaire[27]. Les traités évoqués sont lesDidascalia (en neuf livres, réflexions sur la critique littéraire et artistique, duthéâtre grec etlatin, l'authenticité de certaines pièces dePlaute et la datation d'Homère et d'Hésiode), lesPragmatica, lesSotadei, lesAnnales, lesParerga et lesPraxidica[28].
Il aurait fait des propositions en vue d'une réforme de l'orthographe latine.
La qualité littéraire d'Accius est considéré comme remarquable, avec une maîtrise de la langue. Son style est multiple voir surchargé. Il utilise de préférence le lexiquearchaïque, parfois créatif ou particulier (Hapax), avec desallitérations, une tonalité lyrique et rhétorique et une palette épique. Il utilise également la polymétrie et métrique grecque[29]. Ses pièces ont été entre autres par des auteurs grecs classiques commeEuripide[30].