Cesîles constituent les zones de peuplement les plus orientales de laPolynésie française, situées à 1 586 km à l'est-sud-est deTahiti. En fait, c'est l'atollTemoe, rattaché administrativement aux îles Gambier (dans la commune deGambier), et situé à 54 km à l'est-sud-est, qui est réellement l'île la plus orientale de Polynésie française. À plus de 530 km à l'est-sud-est des îles Gambier, se trouve l'îlePitcairn, célèbre pour avoir abrité lesmutinés du Bounty à la fin duXVIIIe siècle.
L'ensemble est composé de quatorze îles hautes, dont quatre de très petite taille, ainsi que de plusieurs îlotscoralliens (oumotus) ancrés sur le récif qui enserre unlagon profond dans lequel les îles hautes sont disposées. Ces îles constituent le dernier stade avant la formation d'un atoll complet : en effet, contrairement aux autres atolls des Tuamotu, le volcanisme dont elles sont issues est plus récent et l'enfoncement du massif volcanique (dont elles sont issues) par son poids sur le plancher océanique n'est pas encore complet. Toutefois la frange récifale corallienne est quasiment complète et témoigne de la taille imposante qu'a pu avoir l'ancien volcan.
La plus grande île, et la seule habitée de façon permanente à l'exception de quelques foyers isolés, estMangareva avecRikitea comme chef-lieu. Les trois autres grandes îles sontAukena,Akamaru etTaravai. Ces îles font partie de lacommune des Gambier, dont l'île deMangareva est le chef-lieu. Un aérodrome existe sur lemotuTotegegie. Lemangarévien et lefrançais sont les langues d'usage.
Les îles Gambier jouissent d'un climat maritime typique, de nature tropicale mais relativement frais. Les pluies sont relativement constantes dans l'année. Les températures sont similaires auxîles Australes, il y a la saison chaude de novembre à avril et la saison fraîche de mai à octobre. Les températures minimales et maximales enregistrées aux Gambier (station météorologique deRikitea) sont 13,2 °C (le) et 31,2 °C (le).
Les îles Gambier furent peuplées à partir duXIIe siècle de l’ère chrétienne. Ce n'est que beaucoup plus tard, le, qu'elles furent découvertes par des Européens, avec le passage dans leurs eaux du navigateur britanniqueJames Wilson. Naviguant avec son équipage et quelquesmissionnaires de laLondon Missionary Society se rendant à Tahiti, il baptise l'archipel du nom de l'amiral britanniqueJohn James Gambier soutenant les activités de la mission. De plus, il nomma le point culminant des îles (sur l'île deMangaréva), du nom de son navire leDuff.
Il faudra attendre jusqu'en1826 pour que le premier Européen,Frederick William Beechey, aborde sur une île. L'officier britannique y découvrit les Mangaréviens qui appartenaient à l'ethnie polynésienne,ils étaient environ 5 000, étaient végétariens[réf. nécessaire] et parlaient un dialecte, lemangarévien. À cette époque, le roi des Gambier, Maputeoa, résidait àRikitea. La population était répartie sur les quatre îles principales. Quelque temps plus tard, les récits de Beechey attirèrent de nombreux navires de commerce – dont ceux des marchandsThomas Ebrill etAllain Jacques Guillou qui y font à partir de 1832 le commerce régulier des perles[4] –, ce qui fit de Rikitea une importante escale de réapprovisionnement et un centre de commerce avec les indigènes pour sa nacre de bonne qualité, abondante dans les vastes lagons.
En 1844, les îles sont placées sousprotectorat français, ce qui ne fut cependant jamais ratifié par le gouvernement français[5]. Le roi Maputeoa meurt en1857[5], Honoré Laval, devenu chef de la mission, étant considéré comme le représentant officiel du gouvernement français[5]. Entré en conflit avec les autorités françaises, souhaitant instaurer une « théocratie missionnaire », Laval est finalement contraint de quitter l'île le, deux mois après lesélections législatives françaises.
Ayant été une entité semi-indépendante depuis1844, c'est finalement en1881 que les Gambier sont officiellement annexées à laFrance.
La population va décliner très rapidement, puisqu'en 1887 il n'y a plus que 463 personnes. Les commerçants convoitent lanacre locale[5].
De 1966 à 1996, lesessais nucléaires conduits par l'armée française sur l'atoll deMoruroa entraînent une présence militaire importante sur l'archipel, et bon nombre d'habitants travaillent parfois sur le site d'essais. Les retombées radioactives et leurs conséquences sur la santé publique font l'objet d'une vive polémique[6].
L'émigration était forte et la population du village stagnait : elle s'élevait à 580 habitants en 1956 et 560 en 1983. Depuis, elle a fortement augmenté (1 097 en 2002) : le dernier recensement d' fait état de 1 337 habitants[7], etretrouve progressivement ses repères culturels et identitaires, occultés par l'acculturation depuis plus d'un siècle.
Gaston Flosse, connu autant par ses passages à la présidence de la Polynésie Française que par les affaires judiciaires auxquelles il a été mêlé pendant sa carrière, est originaire deRikitea.
Les gens pratiquent de nos jours laperliculture dans les nombreuses fermes perlières occupant leslagons des Gambier, dont les eaux relativement fraîches autorisent la production de perles de qualité. On compte 129 exploitations dont quatorze entreprises. Au cours des dernières années, bien que très éloigné des foyers majeurs de peuplement de la Polynésie française, l'archipel a vu sa population augmenter grâce à l'activité perlière et à l'exploitation de la nacre.
Concernant letourisme, l'archipel des Gambier est l'un des moins visités dePolynésie française. L'éloignement deTahiti et le prix du billet d'avion pour s'y rendre en sont en grande partie responsables, pourtant les Gambier possèdent un potentiel dû à leur climat, leur environnement et leur passé historique unique. Quelques voiliers font escale dans la baie deRikitea et les touristes désirant se rendre auxîles Pitcairn passent parMangareva qui leur sert de base de départ.
Aux îles Gambier, la production locale est limitée à quelques secteurs de production, comme l'agriculture vivrière et la pêche, et la majorité des biens de consommation sont acheminés par un service de fret assuré par deuxgoélettes, effectuant une rotation toutes les trois semaines.
↑En hommage au marchand britanniqueThomas Ebrill, propriétaire du navireMinerva, qui pratiqua le commerce des perles dans les Gambier entre 1830 et 1840.
↑En hommage au botaniste, naturaliste, et médecin italienCarlo Luigi Giuseppe Bertero qui périt lors du naufrage de son navire entre les Gambier et le Chili.