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Ce n'est que plus tard que laculture du riz aurait été introduite à Java. L'ethnologueLouis Berthe attribue le développement des royaumes centralisés de Java auVIIIe siècle au développement de la riziculture irriguée[2].À ce jour[Quand ?], l'archéologie n'a encore rien pu démontré concernant le passage du millet auriz à Java, et enIndonésie en général.
Trois villes javanaises sont encore le siège de cours royales et princières :Cirebon dans l'ouest,Surakarta (encore appeléeSolo) etYogyakarta dans le centre.
En1905, legouvernement colonial néerlandais avait lancé une politique encourageant des habitants de Java à s'installer dans d'autres îles moins peuplées. Le gouvernement de l'Indonésie indépendante a poursuivi ce programme dit de « transmigrasi ». Les résultats en sont mitigés selon les régions. Latransmigrasi dans la province de Lampung, dans le sud de Sumatra, est généralement considérée comme une réussite. Dans d'autres régions, notamment sur l'île de Bornéo, elle a souvent provoqué des conflits entre habitants d'origine et transmigrants. Le gouvernement indonésien a mis fin à la politique detransmigrasi en2002.
Daerah Khusus Ibukota (« territoire spécial de la capitale ») ou DKIJakarta
Les provinces de Java sont issues du regroupement des anciennesresidenties néerlandaises, elles-mêmes correspondant à d'anciens États indigènes, comme le sultanat deCirebon ou le royaume deSurakarta, ou à des provinces de ces royaumes. Lesresidenties, administrées par unresident, regroupaient desregentschapen, à la tête desquels le gouvernement colonial mettait unregent ou préfet, choisi dans lanoblesse de robe javanaise. Le gouvernement indonésien a dissous lesresidenties dans les années 1950 mais a conservé lesregentschapen, qu'il a rebaptiséeskabupaten.
Yogyakarta, ancienne capitale dusultanat du même nom, doit le statut de sonterritoire spécial au rôle joué par son roi, le sultanHamengkubuwono IX, lors du conflit qui a opposé de 1945 à 1949 la république d'Indonésie récemment indépendante à l'ancienne puissance coloniale, les Pays-Bas. « Jogja », comme on l'appelle familièrement, a même été la capitale provisoire de l'Indonésie de 1946 à 1949 parce que les Néerlandais occupaient alors Jakarta. Traditionnellement, le gouverneur est le sultan, actuellement Hamengkubuwono X.
Pour décrire la culture traditionnelle à Java, il faut distinguer différentes dimensions.
Il y a d'abord le découpage « ethnique » : face à la culturejavanaise proprement dite, lesSundanais de l'ouest de Java, les Betawi deJakarta et lesMadurais de l'île voisine affirment une identité distincte, fondée notamment sur la langue. Mais dans l'ouest de l'île,Banten, de langue soundanaise, etCirebon où l'on parle un dialecte javanais, ainsi queJava oriental, également de langue javanaise, revendiquent aussi une culture distincte. En outre, il faut distinguer la culture duPasisir (la côte nord de Java) de celle de l'intérieur représentée surtout par les anciennes capitales royales que sontSurakarta etYogyakarta. Enfin, les régions « intermédiaires », comme le pays deBanyumas, qui marque la transition entre le pays Sunda et Java, ou la région de Banyuwangi, héritière de l'ancienne principauté hindouiste deBlambangan et longtemps sous influencebalinaise, ont leur caractère propre.
Le motkejawen (deJawi, « Java ») désigne un ensemble d'éléments considérés comme propres à la culture javanaise. Il inclut des croyances et des pratiques antérieures à l'islam, qu'on pourrait qualifier de « religion traditionnelle » javanaise et qu'on appellekebatinan (de l'arabebathin, « intérieur, spirituel »). La loi indonésienne ne reconnaît pas lekejawen comme religion. LesSundanais aussi maintiennent une tradition de croyances et de pratiques antérieures à l'islam.
La majorité des Javanais au sens ethnique sont vraisemblablement musulmans, mais il n'existe aucune statistique sérieuse sur cette question. Les autres groupes ethniques de Java : Betawi (Jakartanais « autochtones »), Madurais etSoundanais, sont traditionnellement à majorité musulmane. Il existe encore quelques enclaves d'hindouisme à Java : dans la région de Banyuwangi, où vit une population appeléeOsing, dans le massif montagneux duTengger autour du volcanBromo, et sur le flanc ouest du volcan Lawu à l'est deSolo. Parmi les Javanais « de souche », le bouddhisme est marginal. LesIndonésiens d'origine chinoise sont généralement confucianistes ou chrétiens.
On ne connaît pas encore très bien les circonstances qui ont amené à l'introduction de concepts et de modèles culturels et religieux indiens à Java. On peut seulement constater leur présence au moins dès 450apr. J.-C., par une inscription ensanscrit et enécriture pallava trouvée à l'est de Jakarta. Les derniers princes hindouistes de Java se sont convertis à l'islam en 1770. Sur la côte sud de Java, dans le village de Balekambang, se trouve, à100 mètres de la plage, un îlot sur lequel on a construit un petit temple hindouiste, sur le modèle de Tanah Lot à Bali.
Il est impossible de dater l'arrivée de l'islam à Java. Dans un mausolée à Leran près de Surabaya, il y a une stèle musulmane datée de 1082. Sur le site de la capitale du royaume de Majapahit, au sud-ouest de Surabaya, on trouve une série de tombes musulmanes dont la plus ancienne est datée de 1376 et est peut-être celle d'un membre de la famille royale. L'essor de la route de la soie maritime, contrôlée par des marchands musulmans, qui passait par l'archipel indonésien, amène ces marchands musulmans à jeter l'ancre dans les ports de la côte nord de Java. Les princes de ces ports trouvaient avantage à se convertir à l'islam, ce qui leur permettait d'entrer dans ce réseau marchand.Tomé Pires, un apothicaire de Lisbonne qui séjourne àMalacca de 1512 à 1515 (soit juste après la prise de la cité par les Portugais), note que tous les rois de Sumatra sont musulmans mais que ce n'est pas le cas des populations.
Quand on parle de religion, il faut avoir à l'esprit que celle-ci est observée par les souverains et leur entourage immédiat. La population, notamment dans les campagnes, est imprégnée de croyances et pratique des rites antérieurs à l'arrivée du bouddhisme, de l'hindouisme et de l'islam. Dans le cas de l'islam, on voit qu'entre la date de 1082 pour la stèle de Leran et celle de 1770 pour la conversion du dernier prince hindouiste de Blambangan, sa diffusion est un long processus, d'autant plus qu'il y a toujours aujourd'hui à Java des populations restées hindouistes.
Ce sont les Néerlandais qui introduisent le christianisme à Java, dans les villes où ils résident. La plus ancienne église de Java est la Gereja Sion à Jakarta, construite en 1695. Un métis, Coenrad Laurens Coolen, fonde en 1827 à Java oriental un village chrétien en marge de la communauté chrétienne de Surabaya. En 1855, un Javanais du nom de Tulung Wulung se convertit au protestantisme et voyage à travers Java pour évangéliser, contre l'avis des missionnaires et des autorités néerlandaises. Le cas le plus fameux est celui de Sadrach, un Javanais disciple de Tulung Wulung qui prend la tête d'une communauté chrétienne en 1876. Ces Javanais diffusent un christianisme lié au défrichement dans une Java encore couverte de forêts.
Enfin, il existe encore une synagogue à Surabaya, autour de laquelle se trouve une minuscule communauté juive d'origine irakienne.
L'autorité du roiBalitung, qui règne de 899 à 910, s'étend sur le centre et l'est de Java en 907. En 928, le roiMpu Sindok transfère définitivement son palais à Java oriental.
En 1041, une inscription de Java oriental mentionne le roiAirlangga, fils du princebalinais Udayana, et en 1053, l’inscription deSdok Kok Thom auCambodge dit que le roi khmerJayavarman II, qui régna de 802 à 869, établit sa capitale en 802 après s'être libéré de la suzeraineté de « Java ».
Un corps expéditionnaire sino-mongol débarque àJava oriental en 1292 et fonde le royaume deMajapahit, qui contrôle un territoire s'étendant jusqu'au centre de Java.
Le petit-fils de Senopati, qui prit le titre de Sultan Agung (« le grand sultan »), règne de 1613 à 1646. Il s'attaque au reste de Java. et fait deux fois le siège de Batavia, sans succès.
Les Hollandais ont introduit la production de plantes commerciales, dont la canne à sucre, le caoutchouc, lecafé, lethé et la quinine, à Java pendant ces années coloniales. Le café javanais a été largement plébiscité à la fin du XIXe siècle et au début du XXe siècle. De nos jours, le mot "Java" est souvent utilisé dans la culture anglo-saxonne pour désigner le café[6].
En 1770, les princes de Blambangan se convertissent à l'islam.
À la suite de sa faillite en 1799, les actifs de la VOC sont repris par le gouvernement des Pays-Bas.
En 1825, le prince Diponegoro deYogyakarta prend les armes contre les Néerlandais. Cette « guerre de Java » prend fin en 1830 (15 000 morts dans l'armée néerlandaise, plus de 200 000 dans la population javanaise sur un peu plus de4 millions d'habitants).
Comme de nombreuses régions d'Indonésie, Java se caractérise par la beauté de ses paysages, l'agrément de son climat, l'originalité de ses cultures. L'île a un beau potentiel touristique, avec ses petites îles paradisiaques au large de sa côte nord telles lesîles Seribu, lesîles Karimunjawa et lesîles Kangean, ses plages de la côte sud, ses vestiges archéologiques dont les plus connus sont les temples deBorobudur, bouddhique, etPrambanan, shivaïte, ses anciennes villes princières commeCirebon,Surakarta (aussi appelée Solo) etYogyakarta où se maintient une culture de cour encore bien vivante, ses villages, ses cultures traditionnelles, ses nombreux volcans, ses réserves naturelles dont celle d'Ujung Kulon, où vivent les derniers spécimens de rhinocéros asiatique.
Sur3,5 millions de visiteurs étrangers ayant séjourné en hôtel en 2004, 90 000 ont séjourné àYogyakarta, principale destination touristique de Java, contre1,65 million àBali et 705 000 àJakarta[7].
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