La lettre êta tire son origine de la lettre correspondante de l'alphabet phénicien,. Celle-ci provient peut-être de l'alphabet protosinaïtique, une écriture utilisée dans leSinaï il y a plus de 3 500 ans, elle-même probablement dérivée de certainshiéroglyphes égyptiens ; le hiéroglyphe sur lequel la lettre phénicienne est basée signifie « cour » :, « ḥwt », « ḥtt ». L'alphabet phénicien atteint une forme plus ou moins standard vers leXIe siècle av. J.-C. Sa7e lettre est uneconsonne (l'alphabet phénicien est unabjad qui ne note pas les voyelles) correspondant probablement au son [ħ].
Les lettres correspondantes de l'alphabet sudarabique sont, ḥ, et, ḫ, correspondant aux lettresሐ, ḥauṭ, etኀ, ḫarm, de l'alphasyllabaire guèze. Dans les alphabets sémitiques, la lettre phénicienne a conduit au syriaqueܚ, à l'hébreuח, à l'arabeح et au berbèreⵃ.
La lettre êta transcrit le son /h/ sur l'ostracon athénien deMégaclès, fils d'Hippocrate, 487 av. J.-C. :ΜΕΓΑΚLES HIΠΠΟΚRATOS.
Dans lesalphabets grecs archaïques, la lettre dérivée du het phénicien prend deux fonctions différentes suivant les dialectes : la majorité de ceux-ci l'utilisent pour la consonne /h/, similaire à sa valeur phénicienne ([ħ]). Toutefois, la consonne /h/ est progressivement perdue du langage parlé (un processus connu sous le nom depsilose) ; dans les dialectes où cette perte s'est produite tôt dans la période archaïque, Η est utilisé pour noter la voyelle longue /ɛː/, deuxième élément sonore de son nom et, pour les dialectes sans /h/, sa valeur acrophonique naturelle[1]. Les dialectes psilotiques primitifs incluent l'ionien oriental, le dialecteéolien deLesbos et les dialectesdoriens deCrète etÉlis[2].
La langue grecque archaïque possède troisphonèmes distincts pour « e » : unevoyelle mi-ouverte /ɛː/ (écriture classique « η »), unevoyelle mi-fermée longue /eː/ (fusionnée par la suite avec la diphthongue /ei/, écriture classique « ει ») et une voyelle courte /e/ (écriture classique « ε »). Dans les dialectes psilotiques d'Anatolie et desîles Égéennes adjacentes, ainsi qu'enCrète, le Η vocalique n'est utilisé que pour /ɛː/. Dans un certain nombre d'îles de lamer Égée, dontRhodes,Milos,Santorin etParos, il est utilisé à la fois pour /h/ et /ɛː/ sans distinction. ÀCnide, une lettre additionnelle est inventée pour distinguer entre les deux fonctions : Η est utilisé pour /h/ et pour /ɛː/. Dans les colonies du sud de l'Italie, principalementTaras, après 400 av. J.-C., une distinction similaire est faite entre Η pour /ɛː/ et pour /h/[1].
ÀNaxos, le système est légèrement différent : la même lettre y est également utilisé pour /h/ et une voyelle longue, mais seulement si le son « e » provient de l'élévation d'un ancien /aː/, non d'un ancien /ɛː/ hérité duproto-grec. Ceci signifie probablement que, tandis que dans les autres dialectes les « e » longs ancien et nouveau ont déjà fusionné en un phonème unique, le son élevé de Naxos est distinct de /aː/ et /ɛː/, soit probablement un son [æ][3].
En résumé, l'êta prend des formes diverses comme[4],[5] :
La forme actuelle de la lettre provient de l'alphabet utilisé enIonie, qui est progressivement adopté par le reste du monde grec antique (Athènes passe un décret formel pour son adoption officielle en 403 av. J.-C. ; son usage est commun dans les cités grecques avant le milieu duIVe siècle av. J.-C.).
Dans les dialectes préservant le son /h/, différent glyphes sont employés pendant un certain temps pour lehêta consonnantal à côté de nouvel êta vocalique. L'un d'entre eux ressemble à la partie gauche d'un H, utilisé dans les colonies grecques d'Italie du sud d'Heracleia etTarentum. Lorsque l'orthographe grecque est codifiée par les grammairiens de l'époque hellénistique, ils utilisent un symbolediacritique dérivé de cette lettre pour signaler la présence de /h/ en début de mot, et ajoute un équivalent inversé pour en noter l'absence. Ces symboles sont à l'origine de l'esprit rude et de l'esprit doux dans l'orthographe grecque classique[6]. La lettre est réintroduite dans la représentation moderne savante de l'écriture grecque archaïque sous le nom dehêta.
Tout comme la plupart des noms des autres lettres, « êta » ne signifie rien de particulier en grec et n'est qu'un emprunt direct au nom de la lettre enphénicien. Il est supposé que le nom de la lettre phénicienne correspondante signifierait « cour, mur ».
En grec moderne, la lettre est appeléeήτα (ếta), prononcée /ˈita/. En grec ancien, elle est nomméeἦτα (ễta).
La lettre êta est transmise à l'alphabet latin par l'intermédiaire de l'alphabet étrusque, lui-même dérivé de l'alphabet grec employé enEubée — alphabet que lesÉtrusques apprennent à Pithécusses (Ischia), près deCumes. Dans cet alphabet, la lettre représente laconsonne fricative glottale sourde /h/ : c'est donc cette fonction que les Étrusques attribuent à la lettre dérivée, conduisant par la suite à la lettre latineH.