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Mont hydrothermal

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(Redirigé depuisÉvent hydrothermal)
Une cheminée hydrothermale dans l'océan Atlantique.

Lesmonts hydrothermaux,cheminées hydrothermales,sources hydrothermales oufumeurs sont deséventshydrothermaux mesurant entre 70 et 100 mètres de haut, situés sur l'axe desdorsales océaniques ainsi qu'à proximité desbassins arrière-arc. Ils sont une conséquence des mouvements desplaques tectoniques. Ils évacuent une partie de la chaleur interne de laTerre. C’est en 1977 que ces monts et la vie sous-marine luxuriante qui leur est associée ont été découverts auxîles Galápagos par le submersible américainAlvin. Cetécosystème privé de lumière est basé sur uneproduction primaire assurée par desbactérieschimiosynthétiques qui vivent libres ou ensymbiose avec les organismes.

Historique

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Le submersibleAlvin en1978, un an après la découverte des monts hydrothermaux.

En 1949, une étude des eaux profondes détecta dessaumures anormalement chaudes dans la partie centrale de lamer Rouge. Plus tard, dans lesannées 1960, d'autres recherches ont confirmé la présence singulière d'eaux chaudes (60 °C) et de composés métalliques, en provenance d'unrift.

Les systèmes hydrothermaux sous-marins ont finalement été découverts en 1977 par le sous-marin américainAlvin, un submersible de 16 tonnes, équipé pour la recherche dans les abysses. Lors d'une plongée au niveau de l'Équateur, les géologuesJack Corliss etTjeerd van Andel conduits par Jack Donnelly, le pilote, découvrirent le[1], à l'axe de la dorsale océanique desîles Galápagos, d'importantes structures minérales ressemblant à des termitières, par 2 630 m de fond[2]. Ils remarquent qu'un fluide, chargé en minéraux, en méthane et en sulfures d'hydrogène, s'en échappe. Lors d'une plongée postérieure menée en 1979[3] sur la même zone et avec le même submersible, des biologistes trouvèrent un écosystème inédit, profitant des minéraux et de la chaleur émise par les monts hydrothermaux comme la base d'une chaîne alimentaire reposant sur la chimiosynthèse bactérienne. L'« oasis de vie », dans un milieu où règne l'obscurité totale et une pression hydrostatique importante, est riche et variée : les chercheurs y découvrent de nouvelles espèces debivalves, depoissons abyssaux, decrustacés, depoulpes dans des zones pensées jusqu'alors désertiques[4].De nouvelles campagnes de plongée permirent une étude approfondie de ces environnements atypiques. Ainsi, entre 1982 et 1999, neuf campagnes ont été réalisées par l'Ifremer au large des côtes de laCalifornie et duMexique.

On pense que des cheminées hydrothermales pourraient exister surEncelade (une lune deSaturne) et surEurope (une lune deJupiter)[5],[6].

Formation des systèmes hydrothermaux

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Fonctionnement des monts hydrothermaux

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Vue en coupe (sans échelle) d'une dorsale océanique. Légende :
1 :chambre magmatique
2 :gabbros
3 :basalte
4 :dike
5 : faille normale
6 : lave en coussin
Schéma d'un mont hydrothermal

Les monts hydrothermaux, et plus généralement l'ensemble des phénomènes hydrothermaux océaniques, sont une conséquence indirecte des phénomènes d'accrétion ainsi que d'extension observés au niveau desplaques tectoniques. C'est pour cette raison que les sources hydrothermales se retrouvent au niveau desrides médio-océaniques.Dans ces espaces, lemagma remonte et forme deschambres magmatiques à quelques kilomètres de profondeur. Lors de son refroidissement, il se rétracte et forme des anfractuosités dans lacroûte océanique. L'eau de mer, froide (environ°C), s'infiltre par ces anfractuosités jusqu'en profondeur et se réchauffe à proximité du magma chaud (près de1 200 °C).Sous l'effet de la pression, cette eau chaude remonte vers le plancher océanique en lessivant les roches rencontrées ; cet effet est accentué par les fortes températures et pressions qui augmentent le pouvoir de solubilisation de l'eau. Elle s'acidifie et s'enrichit en éléments métalliques.

Schéma (sans échelle) d'un mont hydrothermal et de la circulation associée au niveau d'une dorsale océanique rapide

La composition du fluide hydrothermal émis varie avec la température et la nature des roches rencontrées lors de la remontée vers le plancher océanique et diffère de celle de l'eau de mer, oxygénée et faiblement alcaline. À la sortie, le fluide est caractérisé par sa température élevée (350 à 400 °C), unpHacide (2)[7], de fortes concentrations en gaz dissous (H2S,CH4,CO,CO2,H2) et en ions métalliques (Si+,Mn2+,Fe2+,Zn2+) ainsi qu'uneanoxie (c'est-à-dire une absence d'oxygène) marquée.Il détient en revanche de faibles concentrations en ions phosphate (PO43−), magnésium (Mg2+), nitrate (NO3) et sulfate (SO42−).Leur salinité est très variable (entre 0,1 et 2 fois celle de l'eau de mer).

Lors de la découverte des structures hydrothermales dans les années 1970, il était considéré que la composition du fluide était relativement constante et stable. Il est désormais établi, grâce à la découverte de nouveaux sites, que la composition du fluide est très variable. Sa composition, sa température et son débit sont variables avec le niveau de dilution de l'eau de mer avant la sortie ; elle diffère donc entre les sites, ou même entre plusieurs sources d'un même site. Sur le temps, le fluide peut conserver la même composition jusqu'à une dizaine d'années ou évoluer lentement ou rapidement.

En fonction de la composition du fluide hydrothermal, on distingue deux types différents de fumeurs : les fumeurs noirs, au fluide hydrothermal chaud et riche ensoufre, ainsi que les fumeurs blancs, dont le fluide est moins chaud et ne contient pas de particules.

Les cheminées hydrothermales alimentent les océans enfer, et si ce fer remonte à la surface, il favorise alors la croissance duphytoplancton. Ainsi elles participent aupompage biologique du carbone. Toutefois à peine 0,2 % du fer apporté par les sources sous-marines reste soluble[8]. Les fumeurs, et en particulier les fumeurs noirs, représentent de véritables oasis de vies au fond des océans. Des organismes se sont adaptés, exploitant lachaleur et le soufre émis par ces sources hydrothermales.

Effets sur le plancher océanique

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Dans les couches supérieures duplancher océanique, lesbasaltes,gabbros et lespéridotites présentent des minéraux altérés en raison du lessivage et de la dissolution par l'eau de mer. Ainsi, lesplagioclases sont transformés enargiles, lespyroxènes et lesolivines par de laserpentine. Ils sont hydratés, c'est-à-dire qu'ils possèdent des radicaux hydroxydes (OH) apportés par l'eau[9].

En outre, la circulation d'eau de mer dans lacroûte océanique a pour effet l'évacuation de la chaleur du plancher océanique, et donc plus généralement de celle de la Terre, issue de la désintégration d'éléments radioactifs dumanteau terrestre et de l'accrétion originelle deplanétoïdes et de petits grains de matière de lanébuleuse solaire il y a 4,6 milliards d'années.

Élévation de la cheminée

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Coupe d'une cheminée hydrothermale

Lors de son émission, le fluide chaud rencontre uneeau de mer froide, provoquant une précipitation des minéraux successive en fonction de leur stabilité dans les conditions physico-chimiques rencontrées. Une cheminée hydrothermale se forme alors au niveau de la source, et s'élève en structures concentriques. Cette formation se déroule en plusieurs étapes.

Dans un premier temps, à l'émission, une matrice poreuse de barytine (BaSO4) et d'anhydrite (CaSO4) se forme à partir des ions sulfates de l'eau de mer, exempts dans le fluide hydrothermal. L'édifice croît verticalement en s'enrichissant par l'extérieur de dépôts métalliques sulfureux (fer, cuivre et zinc). Petit à petit, ce dépôt entraine le colmatage des matrices poreuses initiales et une « frontière » physique entre le fluide et l'eau environnante se forme.

En deuxième temps, la « fermeture » latérale de la source provoque une augmentation de la température au cœur de la cheminée. Des sulfures de fer (pyrite, marcassite, pyrrhotite, chalcopyrite, isocubanite) et de cuivre précipitent à l'intérieur de la cheminée pour former le conduit central. Progressivement, la structure croît latéralement avec le remplacement de l'anhydrite par des sulfures, plus stables dans les nouvelles conditions de température de la cheminée ; les minéraux s'organisent en structures concentriques.

Enfin, lors de la « vie » du fumeur, le chemin emprunté par le fluide hydrothermal peut varier, utilisant une multitude de cavités et de canaux. Cette multiplicité peut conduire à la formation d'extensions latérales ou « flanges ». Les dimensions d'un fumeur varient entre 70 et 100 m de hauteur pour un diamètre à la base de 25 à 100 m[10].

Les structures évoluent au cours du temps et les fumeurs sont éphémères : ils peuvent durer de 10 à 100 ans, bien que des fumeurs plus jeunes (entre 1 et 5 ans) peuvent exister sur des zones très actives. Elles peuvent en effet s’écrouler, ou le conduit peut se colmater par précipitation des minéraux. La zone active le long de la dorsale peut se déplacer et entraîner la formation de nouveaux fumeurs et la disparition des anciens.Ainsi, un site repéré par des scientifiques lors d'une mission peut avoir disparu avant qu'une nouvelle mission y soit retournée.

Localisation des systèmes hydrothermaux

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Carte des systèmes hydrothermaux répertoriés par le NOAA.
  • d'arcs volcaniques
  • de dorsales
  • de bassins arrière-arcs
  • de points chauds

Les systèmes hydrothermaux sont localisés à des profondeurs variant entre 700 et 4 000 mètres. Ils sont généralement situés dans des zones de forte activité tectonique, comme le long de ladorsale médio-atlantique, de ladorsale est-Pacifique ou des bassins arrière-arcs du Pacifique occidental. Les sites les plus explorés sont ceux de l'océan Pacifique, où de nombreuses campagnes océanographiques ont été menées (PHARE 2002, AMISTAD en 1999 par exemple[11]) depuis la découverte des monts hydrothermaux.Sur les 60 000 km de dorsales océaniques que compte le globe terrestre, seules quelques centaines de kilomètres ont été explorées à ce jour. De nombreux sites restent donc à découvrir.

SiteRainbow

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Le site hydrothermalRainbow a été découvert en 1997 lors de la campagne de plongée FLORES menée conjointement par cinq pays européens (France, Royaume-Uni, Belgique, Portugal, Irlande)[12]. Il se situe à36° 13′ 39″ N, 33° 54′ 20″ O, au niveau du segment nord de ladorsale médio-atlantique, dans une zone d'affleurement deroches ultramafiques[13] ; les recherches n'ont conduit à la découverte que d'une veine debasalte à un kilomètre à l'est. La température du fluide hydrothermal émis est de360 °C, ce qui, en raison de la température de l'eau environnante (3,7 °C), conduit à une intense précipitation des minéraux. Le champ couvre une surface de 15 000 m2 (250 × 60 m).

SiteLost City

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Cette vue du siteLost City permet de voir les différentes structures en colonnes blanches

Le site hydrothermalLost City a été découvert en. Situé au milieu de l'Atlantique, à30° 07′ N, 42° 07′ O, ses caractéristiques diffèrent de celles des autres monts hydrothermaux. Il est formé d'évents de méthane et d'hydrogène qui ne produisent pas des quantités importantes de dioxyde de carbone, desulfure d'hydrogène ou de métaux. Les réactions chimiques de serpentinisation entrainent un pH alcalin (entre 9 et 11) et des températures basses, de40 à 91 °C. Les cheminées, blanches, sont constituées de carbonates, et peuvent s'élever jusqu'à 60 m de hauteur.

SiteLucky Strike

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Le siteLucky Strike est situé au sud-ouest desAçores, dans les eaux portugaises sur ladorsale médio-atlantique, à37° 18′ N, 32° 16′ O[14]. Il a été découvert en 1993 lors de la campagne FAZAR[15] à une profondeur de 1 700 m. Les 21 cheminées s'étendent sur une zone de 150 000 m2, autour d'unecaldeira entourant le lac de lave d'un ancien volcan d'environ 450 m d'altitude pour 13 et 7 kilomètres de dimensions à sa base. La composition du fluide hydrothermal, émis à une température de333 °C, est originale par la présence en quantité importante de méthane et par la carence en sulfures ; le site est contrôlé par le lac de lave, dont celles-ci sont fraîches.

SiteTrans-Atlantic Geotraverse

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Le siteTrans-Atlantic Geotraverse (TAG)[16] est localisé à26° 08′ N, 44° 49′ O, à une profondeur moyenne d'environ 3 645 m dans l'océan Atlantique, le plaçant directement sur la croûte océanique, basaltique, âgée à son niveau de 100 000 ans. Le champ hydrothermal se trouve sur une butte de 250 m de large[17].

Les fumeurs noirs

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The Brothers, situés au niveau de la Nouvelle-Zélande, observés en 2007 par le robot américainQuest 7[18]
Le son d'un fumeur noir

Un fumeur noir émet de l'eau sulfureuse (sulfure métallique) à très hautetempérature (350 °C). Le fluide ne subit pas de dilution par l'eau de mer avant l'émission. La coloration noire du fluide hydrothermal émis vient de sa forte teneur en fer et en manganèse[19].

Les fumeurs blancs

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Des fumeurs blancs

Les fumeurs blancs (ou « diffuseurs ») se forment lorsque le fluide hydrothermal rencontre lors de sa remontée vers le plateau continental de l'eau plus froide, c'est-à-dire lorsqu'il est dilué par l'eau de mer avant son émission ; les minéraux précipitent à ce moment. Ils émettent de l'eau contenant dubaryum et dusulfate de calcium. La température en sortie est moins importante que pour les fumeurs noirs (inférieure à280 °C), tout comme la vitesse de diffusion (entre0,1 et0,5 m/s) qui s'effectue au travers de nombreux petits canaux, en raison de l'absence de conduit central sur ce type de fumeurs. Le fluide peut être blanc ou translucide ; dans cette dernière situation, il présente 20 % de salinité mais ne contient pas de particules. L'édifice final est riche en zinc ; sa matrice est composée en majeure partie de sulfures de zinc et de fer, sans d'anhydrite et avec de faibles concentrations en fer.

Écosystème des sources hydrothermales

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Schéma (sans échelle) du parcours emprunté par le panache hydrothermal à travers la terre, et coupe d’une cheminée hydrothermale.

La vie au niveau des monts hydrothermaux est, contre toute attente, luxuriante[20]. Dans un environnement abyssal à moins de°C, une pression hydrostatique élevée (entre100 et500 bars[21]), d'importantes communautés vivantes se sont développées, alors qu'en l'absence de lumière, aucune production primaire photosynthétique, base de tout écosystème, n'est envisageable. La découverte de l’écosystème associé aux sources hydrothermales a bouleversé les connaissances en biologie de l’époque et notamment la conviction que la vie macroscopique était impossible sans lumière. Au niveau des sources hydrothermales, la production primaire est assurée par des micro-organismeschimiosynthétiques. Ces organismeschimiolithotrophes utilisent l'énergie chimique des sels dissous pour remplir la fonction de la photosynthèse chez les végétaux. Ils forment ainsi le premier maillon de la chaîne alimentaire, dont se nourrissent les consommateurs primaires. On trouve aussi des associationssymbiotiques dans lesquels le symbiote apporte l’énergie à l’hôte.

La vie est localisée autour des points d’émission des fluides hydrothermaux qui se mélangent à l’eau de mer. Il existe un gradient de température au fur et à mesure que l’on s’éloigne du point d’émission des fluides, et l’on peut trouver des communautés animales de pôle chaud et des communautés animales de pôle tiède.

Organismes vivants

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Les monts hydrothermaux hébergent une population microscopique et macroscopique hautement spécialisée.Ainsi, les espèces observées dans ces milieux sont souventendémiques ; sur plus de 440 espèces découvertes avant 1997, 91 % ne peuvent vivre ou se reproduire qu'autour de sources hydrothermales (selon les connaissances disponibles).

Micro-organismes

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Des bactéries thermophiles isolées des fluides. Cet organisme se nourrit d'hydrogène et desoufre. Il fixe soncarbone à partir dedioxyde de carbone.

Parmi les micro-organismes, on distingue lesextrémophiles (bactéries etarchées), qui peuvent se multiplier au plus près de la cheminée à des températures et souvent des pressions très élevées, et lesthermophiles, qui vivent sous forme libre dans le fluide hydrothermal. C’est le cas desThermococcales, comme les genresPyrococcus etThermococcus, et desArchaeoglobales. Certains sont égalementbarophiles, commePyrococcus abyssi. Des bactéries plusmésophiles se développent sur les roches environnantes, formant des tapis, commeBeggiatoa etThiothrix. La plupart de ces micro-organismes se développent en ecto- ou endo-symbiose avec lafaune abyssale colonisant les environs des cheminées.

Communautés animales

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Une communauté devers tubicoles géants à la base d'un mont hydrothermal.
Des crevettes (Alvinocaris), quelques galathées et des centaines de bivalves (Bathymodiolus).
Une essaim decrevettes du genreAlvinocaris près d'une cheminée de laceinture de feu du Pacifique.
Ungrenadier à côté d'un fumeur éteint.

Les communautés animales sous-marines hydrothermales sont caractérisées par :

La macrofaune vit à proximité des fumeurs, dans de l'eau entre 4 et50 °C :

Des organismes comme le verRiftia pachyptila, l’annélideAlvinella pompejana, la crevetteRimicaris exoculata sont utilisés comme modèles et très étudiés par différents laboratoires. La plupart des animauxpélagiques observés sont très lents. Mais dans un cas, des essaims denses de milliers de petits crustacés pélagiquesamphipodes nageant à grande vitesse ont été observés par le submersibleAlvin à environ 2 520 et 2 580 m de profondeur sur la dorsale Est-Pacifique. Ils vivent en association avec des moules, palourdes et vers tubicoles. Ils semblaient nager au-dessus, et immédiatement en aval des fissures hydrothermales, pour se maintenir dans le flux hydrothermal (vitesse : 5-10 cm/s)[22].

Cycles biogéochimiques

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Uncycle biogéochimique est un processus de transport et de transformation cyclique d'un élément ou d'un composé chimique. Au niveau des écosystèmes hydrothermaux sont observés lescycles du fer, de l'azote, ducarbone et dusoufre.

Longévité et colonisation

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Les fluides hydrothermaux contiennent des minéraux dissous qui se refroidissent et réagissent avec l'eau de mer pour ensuite se précipiter sous forme de sédiments sur le fond marin environnant.

Les écosystèmes des évents hydrothermaux profonds sont des environnements uniques, parfois éphémères, mais souvent très anciens, a priori écologiquement et énergétiquement isolés, mais à large répartition mondiale. Ils sont caractérisés par une grande longévité géologique, et ont a priori été épargnés par les épisodes d'extinction et de spéciation qui ont touché les zones d'eaux peu profondes et terrestres. Leur fonctionnement biogéographique est encore mal compris. Les données réunies par des chercheurs notamment français, canadiens, allemands, japonais et américains montrent des tendances intrigantes dans la composition taxonomique et la distribution des organismes de ventilation sur les sites d'étude géographiquement isolées[23].Lespatterns de biodiversité de ces espèces commencent à être étudiés[24]. Les similitudes régionales dans la répartition de cette faune semblent pouvoir être expliquées par la distance entre les émissaires et par l'histoire de tectonique des fonds marins et en particulier des crêtes sous-marines[23]. Les scientifiques supposent que certaines espèces d'animaux abyssaux se servent descarcasses de baleines, pour étendre leuraire de répartition et ainsi coloniser d'autres écosystèmes, tels que les cheminées hydrothermales.

Théories biologiques

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La théorie du monde fer-soufre

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La théorie du monde fer-soufre, créée par lechimiste allemandGünter Wächtershäuser (en), suggère que la vie pourrait avoir sonorigine dans les monts hydrothermaux. Wächtershäuser pense qu'une forme primitive demétabolisme a précédé lagénétique. Par métabolisme, il entend un cycle de réactions chimiques qui produisent de l'énergie sous une forme qui peut être exploitée par d'autres processus[25].

La théorie suggère que lasynthèse desacides aminés a pu se produire dans lacroûte terrestre, ils seraient ensuite sortis le long des fluides hydrothermaux dans les eaux plus froides, où la baisse des températures et la présence de minéraux argileux aurait favorisé la formation depeptides etprotocellules. Cette hypothèse est séduisante en raison de l'abondance deméthane (CH4) et d'ammoniac (NH3) présents dans les monts hydrothermaux, une condition qui n'a pas été fournie par l'atmosphère primitive de la Terre. Une des principales limites de cette théorie est le manque de stabilité des molécules organiques à des températures élevées, mais certains scientifiques suggèrent que la vie serait apparue hors des zones de températures élevées. Il existe de nombreuses espèces d'extrémophiles et d'autres organismes qui vivent autour des monts hydrothermaux, ce qui suggère qu'il s'agit bien d'un scénario possible[26].

Exploitation économique

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Certaines entreprises ou certains pays s'intéressent à la possibilité d'exploiter commercialement les sources chaudes comme source de calories ou pour l'exploitation minière offshore. C'est le cas par exemple de laNouvelle-Zélande, dont lazone économique exclusive (ZEE) est située sur une zone desubduction riche en sources hydrothermales.

Les premières licences (ou concessions) de forage ont été déposées en 2008 (pour une zone dite « Rumble II West Seamount » qui n'a été découverte qu'en) par le groupe« Neptune minerals »[27]), l'une des premières entreprises constituées pour exploiter les richesses minérales des grands fonds et en particulier les (SMS ouseafloor massive sulphide), qui voudrait commencer à remonter des concrétions issues des cheminées hydrothermiques à partir de 2010. Selon elle, cette entreprise avait déjà acquis en 2008 des permis de prospection pour une surface de fonds marins de plus de 278 000 km2 dans les eaux territoriales de Nouvelle-Zélande,Papouasie-Nouvelle-Guinée, lesÉtats fédérés de Micronésie et deVanuatu, avec en outre des demandes de permis pour prospecter 436 000 autres km2 des eaux territoriales de la Nouvelle-Zélande, duJapon, desMariannes du Nord (Commonwealth des États-Unis), des îlesPalaos et d'Italie.

Production d'énergie

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L'utilisation des fumeurs pour produire de l'énergie a l'avantage, contrairement à lagéothermie, de ne nécessiter aucun forage ou l'installation de centrales de pompage et de pressurisation, puisque le processus de charge/décharge est naturel. De plus, la température du fluide hydrothermal est bien supérieure à celle de l'eau récupérée par géothermie (de100 à 150 °C). Ainsi dès1978, soit l'année suivant la découverte des monts hydrothermaux, un groupe du département de l'énergie américain fut chargé d'évaluer les possibilités[28]. Le projet n'a pas abouti.

Plus récemment, de nouveaux projets sont nés. L'idée est de récupérer le fluide hydrothermal, de l'amener jusqu'à une plate-forme en surface, où de l'énergie électrique serait produite par des turbines et transférée par des câbles sous-marins vers les terres. Le fluide est ensuite re-transféré vers le fond, où il est libéré. D'autres projets proposent, au lieu de récupérer le fluide émis, un circuit fermé, où de l'eau circulerait en continu dans des tuyaux entre la surface et les fumeurs[29].

Conséquences environnementales  ?

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LeDr Simon McDonald directeur du groupe Neptune a déclaré en 2008 qu'il reconnaissait que ce type d'activité posait des problèmes environnementaux, mais que son groupe s'engageait à travailler dans un esprit de bonne gestion de l'environnement marin et de communication transparente vers toutes les parties prenantes. Lesbiologistes craignent de graves impacts sur la fragilebiodiversité des grands fonds fortement concentrée autour de ces zones et souvent caractérisée par des espèces à croissance très lente, à maturité sexuelle tardive et présentes en faible densité, avec beaucoup d'espèces encore inconnues de la science[30].

Photographies

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  • Des fumeurs blancs
    Des fumeurs blancs
  • Des fumeurs éteints.
    Des fumeurs éteints.
  • Des milliers de crabes du genre Cyanagraea
    Des milliers de crabes du genreCyanagraea
  • Un banc d'alevins dans des fluides hydrothermaux
    Un banc d'alevins dans des fluides hydrothermaux

Notes et références

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  1. Science-et-vie.com, « Il y a 40 ans, le submersible Alvin découvrait une vie incroyable au fond des mers - Science & Vie », surarchive.wikiwix.com,(consulté le).
  2. DanielDesbruyères,Le Pacifique : L'océan, ses rivages et ses îles,, 507 p.(ISBN 2-905081-18-X,BNF 35565908,présentation en ligne),p. 171, « Les sources hydrothermales et les plongées profondes ».
  3. (en)John B.Corliss, JackDymond, Louis I.Gordon, John M.Edmond, Richard P.von Herzen,Robert D.Ballard, KennethGreen, DavidWilliams, ArnoldBainbridge, KathyCrane etTjeerd H.van Andel, « Submarine Thermal Springs on the Galápagos Rift »,Science,vol. 203,no 4385,‎,p. 1073-1083(ISSN 0036-8075,DOI 10.1126/science.203.4385.1073,lire en ligne).
  4. CNRS, « Historique de la découverte des sources hydrothermales », surwww2.cnrs.fr(consulté le).
  5. (en) KennethChang, « Conditions for Life Detected on Saturn Moon Enceladus »,New York Times,‎(lire en ligne, consulté le).
  6. (en) « Spacecraft Data Suggest Saturn Moon's Ocean May Harbor Hydrothermal Activity »,NASA,‎(lire en ligne, consulté le).
  7. « Historique de la découverte des sources hydrothermales », surwww2.cnrs.fr,Centre national de la recherche scientifique(consulté le).
  8. « Actualités océanographie »,Science & Vie,no 1113,‎,p. 42.
  9. « Divergence et phénomènes liés »(Archive.orgWikiwixArchive.isGoogleQue faire ?), surhttp://membres.multimania.fr/profs/, Lycée Français de Santiago du Chili(consulté le).
  10. « La structure des fumeurs »(Archive.orgWikiwixArchive.isGoogleQue faire ?), surac-rennes.fr, Académie de Rennes(consulté le).
  11. « Les campagnes précédant PHARE 2002 », surwww2.cnrs.fr,(consulté le).
  12. (en) FouquetYves et al., « FLORES diving cruise with the Nautile near the Azores - First dives on the Rainbow field: hydrothermal seawater/mandtle interaction »,InterRidge News,vol. 7,‎,p. 24-28(lire en ligne).
  13. Pour mémoire, les roches ultramafiques sont très pauvres en silice et contiennent plus de 90 % de minéraux riches en fer et magnésium ; le reste est composé d'oxyde de magnésium, d'oxyde de fer élevé et d'un peu de potassium.
  14. Sabine Christiansen,« Lucky Strike - A Potential MPA »(Archive.orgWikiwixArchive.isGoogleQue faire ?), surwwf.de, WWF(consulté le),p. 2.
  15. (en) ThierryComtet, CindyLee Van Dover, DanielDesbruyères, MichelSegonzac, LuizSaldanhaj, AlineFiala-Mediono et CharlesLangmuir, « Biology of the Lucky Strike hydrothermal field »,Deep-Sea Research,vol. 43,no 9,‎,p. 21(lire en ligne).
  16. « Trans-Atlantic Geotraverse (TAG) hydrothermal field », surmindat.org, Mindat(consulté le).
  17. (en) PeterSpeer et KevinRona, « An Atlantic hydrothermal plume: Trans-Atlantic Geotraverse (TAG) area, mid-Atlantic ridge crest near 26°N »,Journal of Geophysical research,vol. 94,no B10,‎(résumé).
  18. « New Zealand American Submarine Ring of Fire 2007 », suroceanexplorer.noaa.gov,(consulté le).
  19. Institut de Physique du Globe de Paris, « Fumeurs noirs », surcnrs.fr(consulté le).
  20. LucienLaubier, « Écosystème benthiques profonds et chimiosynthèse bactérienne : sources hydrothermales et suintements froids »,Ifremer. Actes de colloques,no 12,‎,p. 27(résumé,lire en ligne).
  21. Yves Fouquet, Jean-Luc Charlou,« Milieux extrêmes océaniques »(Archive.orgWikiwixArchive.isGoogleQue faire ?), surifremer.fr, Ifremer,(consulté le).
  22. Tracy K.P. Gregg, Daniel J. Fornari, Michael R. Perfit, Rachel M. Haymon, Jonathan H. Fink ;Rapid emplacement of a mid-ocean ridge lava flow on the East Pacific Rise at 9° 46′–51′N ; Earth and Planetary Science Letters, Volume 144, Issues 3-4, November 1996, Pages E1-E7 (Résumé)
  23. a etbMary R. Fowler, Verena Tunnicliffe ;Hydrothermal vent communities and plate tectonics ; Endeavour, Volume 21, Issue 4, 1997, Pages 164-168 C. (résumé)
  24. Cindy Lee Van DoverBiogeography of hydrothermal vent communities along seafloor spreading centers Review Article Trends in Ecology & Evolution, Volume 5, Issue 8, August 1990, Pages 242-246 (Résumé)
  25. (en) G. Wächtershäuser, « Evolution of the first metabolic cycles », Proceedings of National Academy of Science,(consulté le).
  26. (en) VerenaTunnicliffe, « The Biology of Hydrothermal Vents: Ecology and Evolution »,Oceanography and Marine Biology an Annual Review,vol. 29,‎,p. 319–408.
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  28. (en)Geothermal/Hydrothermal energy,(lire en ligne).
  29. (en)« The Complete Description », surmarshallsystem.com(consulté le).
  30. Émission d'Arte, Arte : 2008 12 05

Annexes

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Articles connexes

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Géologie des fonds marins

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