D'après l'historienBenjamin Stora, Éric Zemmour est « juif arabe » mais préfère se présenter comme « juif berbère »[5],[6]. Selon Mohammed Ibn Najiallah dans son livreLes Fables d'Éric Zemmour : autopsie d'un sophiste, la famille de Zemmour est en réalité d'origine séfarade, avec des ancêtres probablement venus de lapéninsule Ibérique, plus précisément de la région deZamora enEspagne[7].
Mariés à Sétif, ses parents quittent l'Algérie française en 1952 avec leurs propres parents et leurs fratries. Dans cette famillejuive séfarade, lepatriotisme est une valeur cardinale et la question de l'identité est centrale, raconte le journaliste Étienne Girard dans son livre-enquêteLe Radicalisé[8]. Son père, Roger Zemmour (1932-2013)[9], estpréparateur en pharmacie, puis directeur d'une société d'ambulances ; sa mère, Lucette Lévy (1936-2010), estfemme au foyer[3],[10],[11]. Son père étant souvent absent, il est principalement élevé par sa mère et sa grand-mère maternelle[12].
En 1982, Éric Zemmour se marie avec Mylène Chichportich,administratrice judiciaire puisavocate spécialisée en droit desfaillites, née à Montreuil d'une famillejuive tunisienne. Ensemble, ils ont deux garçons, Hugo (1997-) et Thibault (1998-), ainsi qu'une fille, Clarisse (2004-)[19],[20]. L'aîné est mis en examen et placé sous contrôle judiciaire en 2023 pour avoir fait deux blessés graves en conduisant en état d'ivresse, ainsi que pour le port non-autorisé d'un couteau à cran d'arrêt[21].
À partir de 2021,Sarah Knafo est présentée dans les médias comme la compagne de Zemmour[22],[23], ce qu'il confirme en[24].
Carrière professionnelle
Journaliste politique dans la presse
Au début des années 1980, après six mois à l'agence de publicitéFCA où Éric Zemmour écrit des slogans, il est stagiaire auQuotidien de Paris où le« critique musicalMarcel Claverie lui fait écrire son premier article »[2],[10], avant d'y être embauché en 1986 comme journaliste au service politique par le directeurPhilippe Tesson[2].
Il est également chroniqueur politique auSpectacle du monde, mensuel politique du groupeValeurs actuelles, de 2013 jusqu'à l'arrêt de la publication en[27].
En 2014, sort son livreLe Suicide français. Il y défend la thèse d'un affaiblissement progressif de l'État-nation français depuis lesannées 1970, qu'il attribue notamment à l'emprise de la « générationMai 68 ». Le livre rencontre unsuccès de librairie à sa parution[36] et l'auteur est décrit comme un « phénomène »[37],[38].
DansDestin français, publié en 2018, il dresse un parallèle entre sonrécit autobiographique et divers évènements historiques qui l'ont marqué. Il revient ensuite sur des pages de l'histoire de France marquantes de son point de vue, et termine son essai sur l'influence de l'islam qu'il juge grandissante au sein de la société française[39],[40].
Son ouvrageLa France n'a pas dit son dernier mot (2021) lui permet de vendre 165 000 exemplaires en trois semaines, ce qui lui rapporterait une somme estimée parLe Parisien à1,3 million d'euros à titre personnel[41].
Après avoir écrit deux biographies de personnalités politiques au tirage modeste, il se tourne en 2006-2007 vers les sujets sociétaux, sur un ton plus polémique. Son passage à l'émissionTout le monde en parle deThierry Ardisson en, lors de la promotion de son livreLe Premier Sexe et le vif débat avecClémentine Autain qui s'ensuit, est remarqué parCatherine Barma, productrice de l'émissionOn n'est pas couché surFrance 2. C'est à partir de qu'il rejointLaurent Ruquier dans cette dernière émission, en compagnie deMichel Polac[49], puis avec son amiÉric Naulleau. Il est avec eux chargé de procéder à une critique du film, livre ou album présenté. Lors de cette émission, leurs échanges avec des personnalités du monde culturel se terminent parfois en affrontements ou en esclandres qui amènent certains invités à quitter le plateau de l'émission. Laurent Ruquier annonce en 2011 le remplacement de Zemmour et de Naulleau par de nouveaux intervenants,Natacha Polony etAudrey Pulvar[50],[51]. Dans les dernières années de l'émission et par la suite, les relations entre Zemmour et Ruquier se détériorent, ce dernier déclarant en 2015 « regrette[r] » d'avoir donné la parole à Zemmour pendant cinq ans[52],[53].
Zemmour participe aussi à l'émissionL'Hebdo, en tant qu'éditorialiste, surTempo, chaîne destinée à l'outre-mer. Il y est entouré, entre autres, deDominique Wolton. Il quitte cette émission deFrance Ô à la fin de l'année 2010[54].
À partir de 2010, Zemmour présente surRTL une brève chronique d'actualités quotidienne, intituléeZ comme Zemmour, dans lamatinale deVincent Parizot. En 2011, à la suite d'une condamnation de Zemmour pour provocation à la discrimination raciale, RTL demande à Zemmour de« veiller au respect des valeurs humanistes de la station »[55]. À la rentrée 2012, cette chronique devient bihebdomaire dans la matinale deLaurent Bazin puis d'Yves Calvi (mardi et jeudi) et s'intituleOn n'est pas forcément d'accord. Il y confronte d'autre part son point de vue dans un débat hebdomadaire avec Nicolas Domenach ouAlain Duhamel[56]. À la rentrée 2018, Zemmour ne participe plus à la matinale, mais seulement en débatteur invité le vendredi[57]. Le, RTL annonce cesser sa collaboration avec Zemmour à la suite de ses incitations à la haine religieuse[58].
Au milieu des années 2010, les interventions de Zemmour suscitent un intérêt grandissant. Ainsi,Ça se dispute aura été la seule émission qui permet à I-Télé de devancer sa principale concurrente,BFM TV, tandis queZemmour et Naulleau devient rapidement « la plus puissante » deuxième partie de soirée de Paris Première[60]. Un sondage réalisé par l'Ifop pourValeurs actuelles en 2014 indique que 30 % des sondés ont une bonne ou très bonne opinion de lui, contre 42 % ayant une mauvaise ou très mauvaise opinion, tandis que 28 % disent ne pas le connaître[61],[62].
Éditorialiste dansFace à l'info sur CNews
À partir du, Éric Zemmour participe à la nouvelle émissionFace à l'info, programmée du lundi au jeudi de19 h à20 h surCNews. Pendant trente minutes, il débat de l'actualité avec d'autres chroniqueurs, notammentMarc Menant, sur un plateau animé parChristine Kelly. Un duel, arbitré par Christine Kelly, l'oppose ensuite à un contradicteur. Par la suite, ce duel intervient seulement le vendredi, pendant une heure[63],[64]. CNews multiplie par trois son audience lors de sa première intervention[65].
Le, le partiLa France insoumise déclare ne plus vouloir se rendre à CNews tant que le polémiste y sera présent[66]. Le, les élus du personnel dugroupe Canal+ exigent à l'unanimité le départ de Zemmour de CNews[67],[68], invoquant des raisons économiques et de sécurité pour le personnel, ainsi que d'éthique et d'image pour le groupe[69]. Des élusLREM, de laCGT et des personnalités telles que l'économisteJacques Attali ou la journalisteValérie Trierweiler boycottent également la chaîne du fait de la présence de Zemmour[70]. De nombreuxpublicitaires font de même[71].
Le, le groupe Canal+ décide de ne plus diffuser l'émission endirect du fait, selonLe Monde,« de nombreux dérapages d’Éric Zemmour »[72]. Le chroniqueur avait notamment déclaré queBachar el-Assad« n'a pasgazé son peuple mais des gens qui étaient ses adversaires »[73], que« soit on couche avec l’autre sexe et on fait des enfants, soit on ne couche pas avec l’autre sexe et on n’a pas d’enfants »[74], quePétain aurait sauvé les« Juifs français » de ladéportation en sacrifiant les« Juifs étrangers » (propos pour lesquels il a été relaxé par la justice)[75] et qu'il faudrait, pour être français, prendre le point de vue de la France et renoncer au point de vue de ses ancêtres, y compris en étant« du côté dugénéral Bugeaud », qui enAlgérie a« commencé à massacrer lesmusulmans et même certains juifs »[76]. Début décembre 2019, leCSAmet en demeure CNews pour des propos de Zemmour sur lacolonisation de l'Algérie[77].
Face à l'Info améliore notablement son audience. En, CNews prend la tête des chaînes d'information, sur la tranche horaire de l'émission, devantBFM TV etLCI[78],[79]. Le, CNews dépasse BFM TV pour la première fois sur une journée grâce en particulier à Zemmour et Pascal Praud[80],[81].
Le, le CSA demande aux médias audiovisuels de comptabiliser le temps de parole de Zemmour au motif qu'il devient« un acteur du débat politique national ». En conséquence, le, CNews annonce se séparer du chroniqueur[82].
À partir de 2019, une possible candidature d'Éric Zemmour à l'élection présidentielle de 2022 est évoquée alors qu'aucun candidat naturel n'émerge au sein de la droite classique. AvecPatrick Buisson, dont il est un proche, Zemmour annonce alors réfléchir à une « plateforme d'idées pour la droite »[83]. Les médias relèvent la présence dans son entourage de la jeuneénarqueSarah Knafo, qui joue les intermédiaires afin de préparer sa candidature au sein de la droite[84],[85].
L'association « Les Amis d'Éric Zemmour » est lancée en, tandis que le collectif « Génération Z » rassemble ses jeunes partisans[86].
Alors que les médias indiquent qu'il a commencé à chercher les500 parrainages nécessaires pour se présenter, il fait parvenir à des élus une brochure intitulée« Mieux connaître Éric Zemmour » afin de les convaincre de lui accorder leur parrainage. SelonLe Canard enchaîné, il y affecte une posture quasiment « chiraquienne », bien éloignée de ses invectives habituelles[87]. Dans le même temps, il lance son site internet « Croisée des chemins », et commence une série de conférences à travers la France[88]. Jean-Loup Adenor deMarianne note qu'« à mesure que l'élection présidentielle se rapproche, l'éditorialiste-vedette de CNews semble vouloir se donner une envergure nouvelle, quitte à tordre la réalité », comme lorsque, condamné pour « incitation à la haine », il répond : « J'ai été condamné pourdélit d'opinion. […] Je ne suis pas un délinquant, je suis un dissident »[89].
Plusieurs personnalités politiques s'interrogent sur un possible mélange des genres d'un éditorialiste qui se comporterait comme un homme politique laissant planer le doute sur sa candidature, ainsi que sur l'opportunité de décompter son temps de parole et ses déplacements dans lescomptes de campagne en vertu de la réglementation sur lepluralisme. À compter du, leConseil supérieur de l'audiovisuel (CSA) demande aux chaînes de télévision de comptabiliser son temps de parole[90]. Cette décision divise la classe politique et Zemmour dénonce le fait que« le CSA prend désormais le relais des juges »[91]. Alors que CNews annonce dans la foulée l'arrêt de sa participation àFace à l'info[92] et queParis Première suspendZemmour et Naulleau[93], le polémiste lance sa chaîneYouTube[94].
Assurant la promotion de son nouveau livreLa France n'a pas dit son dernier mot, il fait l'objet d'une forte médiatisation, suscitant un débat sur la« fabrication » de sa candidature par la presse[95],[96]. D'aprèsLe Monde,Vincent Bolloré a une inimitié enversEmmanuel Macron, qu'il suspecte d'être intervenu en sa défaveur dans plusieurs affaires, et souhaite qu'il ne soit pas réélu en 2022[97]. D'autres journaux font état d'une « triangulation » entre Macron, Zemmour et Bolloré — d’après eux« principal sponsor » du journaliste — afin d'assurer sa qualification au second tour de l'élection présidentielle face au président sortant[98],[99]. SelonLe Monde, Bolloré a une forte affinité idéologique avec Zemmour, communiquerait avec lui tous les jours par téléphone et serait à l'origine d'un temps de parole très important sur CNews — qualifiée par le quotidien de « fer de lance dans la campagne électorale » pour 2022 —, que ce soit directement ou par le biais des commentaires des intervenants[97],[100]. Le reste des médias français hésitent entre inviter et boycotter Zemmour, qui enregistre de fortes audiences lors de ses interventions[53].
Préparation de sa candidature
Marine Le Pen, dont la qualification au second tour de l'élection présidentielle de 2022 est un temps menacée par la candidature d'Éric Zemmour.
En, tandis qu'un quartier général de campagne est aménagé au 10rue Jean-Goujon dans le8e arrondissement de Paris[106],[107], les enquêtes d'opinion le donnent comme potentiellement qualifié pour le second tour s'il se présentait, avec 15 à 18 % des sondés en sa faveur, obtenant une partie de l'électorat desRépublicains et surtout de celui deMarine Le Pen, qui se trouve reléguée en troisième position pour la première fois depuis 2013[108],[109],[110]. Les semaines suivantes voient les intentions de vote reculer[111],[112].
Le, il officialise sa candidature par le biais inédit d'une vidéo publiée sur les réseaux sociaux, dont la scénographie s'inspire de l'appel du 18 juin[113],[114] et qui utilise des images[d] sans les autorisations desayants droit[118],[119]. Plusieurs d'entre eux portent plainte et, le 4 mars 2022, Zemmour et son parti « Reconquête » sontcondamnés par letribunal judiciaire de Paris pour « contrefaçon de droits d'auteur » et « atteinte au droit moral »[120]. Conséquemment, le, cette vidéo est retirée par la plate-formeYouTube elle-même, ce retrait ne s'appliquant que sur la France[121].
Dans ses interventions, Zemmour se présente comme« le candidat de la droite, de ce qu'on appelait autrefois leRPR », prônant le« rassemblement de la droite populaire,bonapartiste, qui rassemble lesclasses populaires et labourgeoisiepatriote ». Il défend notamment l'arrêt de l'immigration, la suppression dudroit du sol, la fin duregroupement familial ou encore lapréférence nationale pour lesprestations sociales.Le Figaro voit de nombreuses similitudes entre ses propositions et celles du RPR et de l'UDF du début desannées 1990, tout en notant un discours plus incisif envers l'islam[122]. Au sein des LR, les avis sont partagés : certains se disant agacés par sa présence dans la campagne, tandis que d'autres la voient d'un œil favorable. En 2019,Laurent Wauquiez l'avait accueilli au siège du parti en disant qu'il était« chez lui »[123]. Alors que sa participation à laprimaire de la droite est défendue par des élus LR[123], Zemmour dresse un portrait élogieux d'Éric Ciotti — finaliste de la primaire ayant déclaré qu’il voterait en sa faveur en cas de second tour face àEmmanuel Macron —, soulignant leur proximité d'idées et conviant les électeurs de celui-ci à son premier meeting de campagne[124],[125].
À son arrivée, un homme récemment encarté chezLes Républicains agresse Zemmour[131]. Par ailleurs, des journalistes de l'émission de télévisionQuotidien sont pris à partie et des militants deSOS Racisme ayant organisé unhappening dans la salle sont violemment frappés[132],[133],[134], ces violences étant revendiquées par lesZouaves Paris, un groupe d'extrême droite composé d'anciens duGUD et de l'Action française, visé par une procédure de dissolution[135],[136]. À la suite du meeting un militantnoir,Tanguy David, qui se trouvait parmi les militants, est pris à partie et ciblé par des injures racistes et des menaces de mort[137].
Le, dix jours après l'annonce du lancement de son parti, le candidat revendique 60 000 adhérents[138]. Le suivant, le parti dépasse les 85 000 membres — un nombre vérifié par unhuissier de justice —, ce qui en ferait le deuxième parti français aux cotisations payantes[139],[140].
Équipe de campagne et ralliements
Sarah Knafo, conseillère et organisatrice de la campagne présidentielle d'Éric Zemmour.
Parmi les 56 figures-clés de l'équipe de campagne identifiées parLe Monde en décembre 2021, 21 sont passées par leRassemblement national (RN), sept sont proches deMarion Maréchal, 21 ont (ou ont eu) des liens avecLes Républicains, six sont issues de ladroite catholique et proches deLa Manif pour tous, trois ont eu des liens avec desmouvements identitaires d'extrême droite, sept sont liées à l'armée[141]. D'anciens cadres et militants duMouvement national républicain participent également à la campagne et notamment à la rédaction du programme[148],[149]. SelonLe Monde, il s'agit de« la première fois dans l'histoire de la Cinquième République [qu']un candidat à la présidence fait voler en éclats la digue qui séparait la droite républicaine de l'extrême droite, rassemblant dans la même équipe des représentants de ces deux familles, autrefois violemment antagonistes, et agrégeant plusieurs de leurs composantes »[141].
L'équipe d'Éric Zemmour avance être financée principalement par les adhésions à Reconquête, avec une moyenne de« 700 à 800 adhésions par jour » en et un total de 80 000 adhérents au parti au début de l'année 2022. La cotisation d'adhésion classique étant de 30 euros, la somme collectée à ce titre s'élèverait à au moins 2,4 millions d'euros en[163].
Le collectif « Les Amis d'Éric Zemmour » — qui a obtenu l’agrément d’association de financement politique le et est devenu Reconquête en suivant —, indique avoir recueilli six millions d'euros de 25 000 donateurs[107],[163]. Dès, soit plusieurs mois avant la déclaration de candidature, ce collectif avait commencé à lever des fonds, avec notamment des dîners discrètement organisés à partir de à Paris et à l'étranger[163],[164]. Le collecteur est Julien Madar, employé dans l'immobilier de luxe, assisté d'une dizaine d'autres personnalités de la finance ou des médias, commePaul-Marie Coûteaux[165]. Le millionnaire d'extrême droiteCharles Gave apporte également un soutien financier, avant de le lui retirer en[166],[167].
D'après une enquête deMediapart (fondée en partie sur la liste des 1 000« invités VIP » au meeting de Villepinte), les grands donateurs (ceux ayant donné entre 1 000 et7 500 euros) sont« issus des milieux financiers et d’affaires »,« cadres dans des banques, fonds d’investissement,hedge funds »,« cadres évoluant dans des cabinets de conseil, des groupes industriels ou dans le secteur immobilier » (notamment des cadres dirigeants deVinci etChanel) et« avocats d’affaires ou fiscalistes, en poste dans de grands cabinets français ou internationaux ». S'y trouverait notamment Chantal Bolloré, sœur du milliardaireVincent Bolloré et« éminence grise » de Zemmour. Parmi les autres personnalités identifiées figurent Sonia etAlexandre Poussin, l'ancien chanteurPierre Beraud-Sudreau ou encoreXavier Caïtucoli. Si certains sont des soutiens de l'extrême droite de longue date, une part importante est constituée d'anciensfillonnistes[163].
Défaite dès le premier tour
Après avoir médiatiquement dominé la campagne et réussi à imposer ses thèmes de campagne à la droite, il parvient à culminer à 18 % dans les intentions de vote. Le, au soir du premier tour, il subit une déroute en arrivant quatrième de l'élection, loin derrière le trio de tête, avec un résultat approchant les 7,07 % de vote[168],[169]. Dans un discours donné depuis laMaison de la Mutualité à Paris, il déclare ne devoir « aucun de ses échecs » à son équipe, et reconnaît avoir commis des « erreurs ». Il appelle ensuite ses électeurs à voter pour Marine Le Pen, qualifiée pour le second tour une nouvelle fois[170].
Candidat auxélections législatives de 2022 dans laquatrième circonscription du Var, Éric Zemmour est éliminé dès le premier tour en arrivant en troisième position avec 23,19 % des suffrages exprimés, à 1,5 point du candidat du Rassemblement national,Philippe Lottiaux[171]. Par ailleurs, aucun candidat deReconquête, qui réalise un score de 4,24 % à l'échelle nationale, ne parvient à se qualifier pour le second tour du scrutin[172],[173].
Tensions et polémiques après les élections
Après les deux échecs électoraux d'Éric Zemmour, plusieurs personnalités du parti se mettent progressivement en retrait parmi lesquelles Antoine Diers, le directeur adjoint de la stratégie de campagne,Jean Messiha, ou encorePhilippe de Villiers[174]. En juin 2022, lors d'une réunion du comité politique du parti, des tensions apparaissent sur le fonctionnement du parti, jugé « autocratique » par plusieurs membres qui dénoncent « la mainmise de Guillaume Peltier et de Sarah Knafo sur le fonctionnement ». Selon certains membres, alors qu'il lui était reproché de ne pas savoir s'adresser aux français les plus modestes, Éric Zemmour aurait déclaré que les « classes populaires sont trop analphabètes » pour qu'il puisse leur parler, ce qu'il dément[175],[176],[177]. À l'été 2022, Éric Zemmour lance une « consultation nationale » auprès de ses militants afin de recueillir leur opinion sur le fonctionnement interne du parti, ainsi que sur les propositions et les propos que l'ex-candidat a tenus lors des campagnes électorales[178].
En octobre 2022, Éric Zemmour et Reconquête sont accusés derécupération politique alors queSamuel Lafont achète plusieursnoms de domaine au nom de « Lola », une jeune fille de douze ansassassinée à Paris quelques jours plus tôt[179]. Invité sur le plateau deBFM TV le 28 octobre, Zemmour déclare « assumer » qu'il n'aurait pas appelé à manifester si la meurtrière de la jeune femme avait été d'origine française, ce qui crée la polémique[180]. Il emploie de plus en plus fréquemment le terme de « francocide »[181]. Le soir-même, il se rend à un rassemblement organisé par l'Institut pour la justice sur laplace Denfert-Rochereau. Plusieurs membres de l'Action française, desZouaves Paris et de l'extrême-droite francaise sont également présents[182],[183]. Alors qu'il avait initialement prévu de s'y rendre, leRassemblement national décide au dernier moment d'annuler sa venue, préférant organiser une minute de silence devant l'Assemblée nationale[184].
Dans les semaines qui suivent, le parti d'Éric Zemmour « réduit de plus en plus son audience à l'ultra-droite », selonLe Journal du dimanche, pour lequel « Zemmour se voit plus en prophète qu'en véritable leader politique »[185].
Le 4 décembre 2022, Éric Zemmour organise auDôme de Paris un meeting anniversaire de son parti, un an après la création de celui-ci. Il rassemble 4 000 personnes[186],[187].
Dans le même temps, selonFrance Info, une « bataille interne » opposerait Éric Zemmour à Marion Maréchal afin de désigner qui sera la tête de liste du parti auxélections européennes de 2024[188]. C'est finalement cette dernière qui est choisie[189], Eric Zemmour figurant en 80ème et avant-dernière position sur la liste[190].
Le, il est la cible d'injures lors de sa venue au marché d'Ajaccio. Il frappe une femme qui a jeté un œuf sur lui alors que cette dernière est maintenue et immobilisée par ses gardes du corps[191],[192],[193].
À partir de 2010, il apparaît comme une figure des sites dedroite radicale,souverainistes,identitaires,anti-immigration etanti-islam[197]. Il salue le rapport au peuple et lepatriotisme de Jean Jaurès et se définit comme « gaullo-jaurésien » et « bonapartiste »[194] puis comme « gaullo-bonapartiste », et se déclare partisan « de la grandeur de la France, de la force de l'État et du respect de la tradition culturelle française »[198], il est communément décrit comme un« polémiste d'extrême droite »[a]. Selon le journaliste Dominique Albertini deLibération, il se situe sur un segment politique d'une extrême droite plus radicale que leRassemblement national, avec un discours « sous-tendu par le référent ethnique et le fantasme d'un « grand rembarquement » des immigrés, et de tout ou partie de leurs descendants »[199]. Le journalisteMaurice Szafran fait la même analyse, le jugeant « à l'extrême droite de l'extrême droite » lorsqu'il qualifie en 2016Marine Le Pen de« candidate de gauche complètement endoctrinée parPhilippot »[200].
Passeur d'idées d'extrême droite efficace
L'historienLaurent Joly considère en 2015 que« depuisBarrès etMaurras, aucun autre intellectuel, journaliste ou écrivain, n’avait eu ce statut de passeur des idées d’extrême droite auprès d’un très large lectorat »[201]. Le journaliste et écrivainÉric Dupin écrit en 2017 :« Enivré par ses succès télévisuels, legaulliste anticonformiste qu'il était il n'y a pas si longtemps s'est ainsi mué en démagogue d'extrême droite »[202]. En 2021, la journaliste auMonde Zineb Dryef considère qu'il est passé du statut de chroniqueur à celui de militant de l'extrême droite[203]. Zemmour réfute lui-même la qualification d'« extrême droite », invoquant la « vieille méthodestalinienne desannées 1930, qui consiste à traiter de « fascistes » tous ses adversaires ». En vue de l'élection présidentielle de 2022, il indique ne proposer « rien de plus que le RPR en 1990 »[89]. La journalisteMarie-France Etchegoin rapporte en 2020 les propos suivants deGeoffroy Lejeune, directeur de la rédaction deValeurs actuelles :« Pour la progression de notre courant de pensée, Éric a fait plus que le Front national en quarante-cinq ans d’existence »[204].
Dédiabolisation du Rassemblement national
Le Monde indique que Zemmour a déjeuné, en janvier 2020, avecJean-Marie Le Pen et Ursula Painvin, fille deJoachim von Ribbentrop, ministre des Affaires étrangères duIIIe Reich, pendu en 1946 après leprocès de Nuremberg — le quotidien note que depuis Berlin, Ursula Painvin« encourage Éric Zemmour avec ses “pensées les plus admiratives et amicales” »[205],[206]. Ses fréquentations et ses prises de position politique font dire au journalisteGeorges-Marc Benamou : « Zemmour, c'est une expressionnévrotique dudécret Crémieux. Éric a besoin d'être accepté par les antisémites. Il est l'idiot utile, au senshégélien, de l'extrême droite antisémite. L'ironie, c'est que, dans le cas d'espèce, l'idiot utile est un juif brillant qui a du talent »[14],[206]. Selon Georges-Marc Benamou,« La violence, la raideur idéologique d’Éric Zemmour ont fait de Marine Le Pen une femmequi aime les chats »[207][pas clair]. Le politologuePierre Vercauteren juge qu'Éric Zemmour« a réussi à achever la dédiabolisation de Marine Le Pen et lui aura permis de s'élever encore plus dans les sondages »[208].
Positionnement vis-à-vis de la droite conventionnelle
En, quelques mois après avoir été accueilli« chez lui » au siège de LR selon les termes de son présidentLaurent Wauquiez[123], il participe à la« convention de la droite » organisée par des proches deMarion Maréchal. L'historienTal Bruttmann écrit :« Il ne s’agit plus des propos d’un polémiste frayant avec l’extrême droite, mais d’un discours s’inscrivant ouvertement dans la veine dufascisme, assumé et revendiqué comme tel ». Tal Bruttmann estime que le programme politique de Zemmour se résume à la « lutte des races » et que son discours ferait passerPétain et Maurras pour des modérés[209]. L'historienGérard Noiriel compare la rhétorique identitaire et le discours anti-islam du polémiste aux imprécationsantisémites d'Édouard Drumont[210],[211],[212]. Sa proximité avec Marion Maréchal est soulignée par la presse en septembre 2021 alors qu'il participe depuis 2015 à un rendez-vous phare des droites dures européennes, le « sommet démographique international » deBudapest, à l'invitation du Premier ministreViktor Orbán et où il s'affiche pour la seconde fois aux côtés de la nièce de Marine Le Pen, qui lui exprime publiquement sa sympathie[213],[214].
D'après l'historienNicolas Lebourg, la pensée politique de Zemmour se définit par quatre éléments. Le premier est unbonapartisme : Zemmour croit en l'importance des « grands hommes » dans le destin d'unenation. Le second est un « unitarisme » — une importance vitale est donnée à l'unité. Le troisième est un « souverainisme intégral » : Zemmour pense que tous les problèmes peuvent être résolus par la souveraineté de l'État-nation. Et le quatrième élément est un « nationalisme obsédé par ladécadence », qui prend la forme d'une sorte dedarwinisme : si le peuple français n'évolue pas, il sera « balayé de l'Histoire ». Pour Zemmour, les pays sont dans une compétition à mort[216]. En octobre 2021, Nicolas Lebourg situe Zemmour à l'extrême droite au regard de sonorganicisme et de sa précampagne de typenational-populiste ; il estime que« sa conception d’unnationalisme ethnique et son libéralisme font songer auClub de l'horloge », et qu'il« évoque d’ailleurs le plus célèbre des « horlogers »,Bruno Mégret, lorsqu’il était numéro 2 du FN dans les années 1990 »[217]. En mars 2022, Lebourg situe également Zemmour au sein de l'illibéralisme pour son rejet de la limitation de l'action de l'État français par des instances telles que leConseil constitutionnel ou laCour de justice européenne[218].
Jean-Yves Camus, politologue et co-directeur de l'Observatoire des radicalités politiques, range le positionnement de Zemmour dans la « droite hors les murs », une droite identitaire « formée de gens qui ne se retrouvaient plus ni dans LR […] ni dans le RN ». Le politologue estime que Zemmour ne peut pas être considéré comme un homme d'extrême droite, dans le sens où il n'est pas lié « aux expériences fascistes, nazies, à la collaboration » et n'est pas fasciste. Camus estime qu'une différence notable entre Marine Le Pen et Zemmour est que ce dernier manifesterait un pessimisme et une absence d'espoir que n'aurait pas la dirigeante du RN[219],[220],[221]. Pour lui, le rêve de Zemmour d'unir droite classique et extrême droite en se disant l'héritier duRPR des années 1980 qui faisait des alliances avec le FN, a évolué « vers des rivages bien plus radicaux que le RPR des années 80 », en devenant presque « contre-révolutionnaire » avec « une ethnicisation des termes, du débat » en reprenant la thèse du « grand remplacement ». L'avalisation de cette thèse implique selon Jean-Yves Camus non seulement un arrêt de l'immigration, mais à terme une « remigration »[222].
Le politologueGaël Brustier et les journalistesAriane Chemin et Olivier Faye classent également Zemmour dans la « droite hors les murs », une droite comprenant notammentPhilippe de Villiers etPatrick Buisson, et qui, selon Brustier, voulait peser lors de la présidentielle de 2017 à la fois sur le programme desRépublicains et du Front national[223],[224].
Laurent de Boissieu estime que, Marion Maréchal s'étant retirée de la vie politique, Zemmour représente la meilleure synthèse propre à la « droite hors les murs » : unprotectionnisme économique aux frontières comme le voudrait le RN, un « libéralisme intérieur » comme présenté par le programme deFrançois Fillon (LR) en 2017, un refus de lasortie de l'UE, et unconservatisme typique deLa Manif pour tous[225]. Selon Laurent de Boissieu, la « droite hors les murs » est surtout une « extrême droite hors les murs » du RN, le « paradoxe » d'Éric Zemmour étant que, sur l'identité et l'immigration,« ses idées sont plus extrémistes que celles de Marine Le Pen : lutte contre l’islam et pas uniquement contre l’islamisme, appropriation des concepts de l’extrême droite « identitaire » (« grand remplacement », « remigration ») »[225],[226].
Positionnement selonPolitico
D'aprèsPolitico, Zemmour, « essayiste d'extrême droite », estime que tout va au plus mal « à cause de l'immigration, du pouvoir excessif des femmes, des gays, de Bruxelles, de la finance internationale et des trahisons d'une élite politique corrompue, vaniteuse et stupide ».Politico le compare àNigel Farage plutôt qu'àDonald Trump dans la mesure oùPolitico suppose que Zemmour souhaite bousculer l'échiquier politique français « en détruisant une Le Pen déjà déclinante pour ouvrir un espace à un nouveau mouvement capable de gagner en 2027, réunissant l'extrême droite et la frange la plus dure de la droite traditionnelle ». PourPolitico, le « zemmourisme » est donc politiquement malhonnête et dangereux de ce fait, Marion Maréchal pouvant également prendre la tête de ce mouvement « bien qu'elle ait le handicap, selon la vision du monde de Zemmour, d'être une femme »[227].
En 2019, lors de la « convention de la droite » initiée parMarion Maréchal, Éric Zemmour se positionne, selon le journaliste Hadrien Mathoux deMarianne, dans une « diatribe anti-républicaine », dans la pensée descontre-révolutionnaires français, dénonçant la philosophie desLumières et le « malprogressiste » qui serait né en1789[228]. Le polémiste relie laRévolution française et la volonté deprogrès social compatible avec lelibéralisme politique à l'individualisme néolibéral contemporain au-delà duclivage gauche-droite classique et appelle à défendre les particularismes français, rejetant en bloc les positionnements politiques modérés. « Corollaire de ce positionnement traditionnel à l'extrême droite, Zemmour condamne l'universalisme », qui comprend d'après lui deux universalismes rivaux, le marchand et l'islamique, accordés avec des nuances aux tendances progressistes et libérales dénoncées. Il s'oppose aux institutions de ladémocratie libérale et du progressismerépublicainlibéral-libertaire qu'il accuse de dissocier lesélites du peuple, dont la volonté serait délaissée au profit de « l'idéologie diversitaire », dont les médias, « le cinéma, la publicité, sans oublier les chiens de garde d'Internet », qu'il décrit comme « un appareil depropagande », oubliant selon Mathoux sa présence sur les chaînes de télévision depuis dix ans. Éric Zemmour critique les juges, selon lui « complices des associations à qui ils servent de bras armé pour racketter lesdissidents et la majorité autrefois silencieuse, aujourd'hui tétanisée ». Pour Mathoux, « il appelle explicitement à rompre avec l'État de droit, qualifié de moyen “d'entraver la volonté populaire” »[228]. Il emploie un lexique anti-moderne spécifiquementheideggerien : « la droite la première a compris, a senti, a dénoncé l'arraisonnement de la nature par la technique[229] » et « déconstruit les déconstructeurs »,concept heideggerien (Abbau), repris parGérard Granel etJacques Derrida[230].
« Grand remplacement », immigration, islam
D'après le journal espagnolEl Confidencial, Éric Zemmour « a construit sa carrière médiatique sur un discoursraciste, inspiré de lathéorie du complot dugrand remplacement de l'idéologueRenaud Camus et de son ouvrageLe Grand Remplacement »[231]. PourSylvie Laurent et Thierry Leclère, Zemmour défend une rhétorique qui présente le « petit blanc » en situation d'abandon face à desmusulmans « menaçants ». PourPierre Tevanian, il puise son inspiration dans « une forme exacerbée du mal-être blanc » qu'est le racisme au côté de personnalités commeMarine Le Pen etAlain Finkielkraut[232]. SelonMediapart en 2015, Zemmour veut que la France se défende du « grand remplacement » en expulsant les musulmans du territoire, ce que le journal considère comme n'étant « pas une opinion dont il faudrait débattre mais une idéologie potentiellement meurtrière qui renoue avec les pires aveuglements de la catastrophe européenne »[233].Laurent de Boissieu, soulignant que Marine Le Pen considère que l'islam n'est pas incompatible avec laRépublique alors que Zemmour a déclaré que les musulmans devaient choisir « entre l'islam et la France », classe la présidente duRassemblement national dans les « nationalistes », qui exigent une assimilation des étrangers à laculture française, et Éric Zemmour dans les « identitaires », les « racialistes » qui luttent contre le « grand remplacement »[225].
En, un entretien de Zemmour dans le journal italien leCorriere della Sera du[234] est traduit et relayé parJean-Luc Mélenchon sur sonblog, créant une polémique[235]. Dans cet entretien où Zemmour qualifie lesmusulmans français de « peuple dans le peuple », quand le journal lui demande s'il suggère de « déporter cinq millions de musulmans français », il répond que « c'est irréaliste mais [que] l'histoire est surprenante »[234]. Leministre de l'Intérieur,Bernard Cazeneuve, dénonce les propos et« appelle tous les républicains à réagir »[236], le président dugroupe socialiste à l'Assemblée nationaleBruno Le Roux demande son éviction des plateaux télévisés[237], le porte-parole du gouvernementStéphane Le Foll avance que l'essayiste est un « danger » qu'il faut « combattre »[238], laSociété des journalistes deRTL se « désolidarise »[239], la Société des journalistes d'I-Télé réclame un « geste fort » de la direction[240] qui met fin à l'émissionÇa se dispute[241]. Des associations portent plainte contre lui pour « apologie de crime contre l'humanité etincitation à la haine raciale »[242]. Sa condamnation, prononcée fin 2015 et confirmée par la cour d'appel en 2016, est annulée en janvier 2018 par la Cour de cassation. Le terme « déporter », comme le précise par la suite Stefano Montefiori le journaliste italien duCorriere della Serra, est issu d'une reformulation des notes et n'a pas été prononcé par Éric Zemmour[243],[244].
En, Zemmour écrit dans sa chronique hebdomadaire pourLe Figaro Magazine que lesHalles de Paris sont un lieu où l'on « sent le mieux, physiquement, la disparition d'un peuple français […] tandis que, venant debanlieue, au terme d'un long périple depuis le fin fond de l'Afrique, unpeuple arabo-musulman s'est substitué aux anciens habitants »[245]. En novembre 2016,L'Obs estime que l'« idéologie raciste » du « grand remplacement » a fait son entrée dans les médias traditionnels « grâce au duo de journalistes duFigaroIvan Rioufol et Éric Zemmour ». Ce dernier utilise l'expression à la télévision sur I-Télé face àNicolas Domenach, déclarant par exemple : « Dans tous les endroits où j'ai grandi (àDrancy,Montreuil,Stains,18e arrondissement de Paris), le grand remplacement a opéré. C'est la réalité qui gagne. Dans tous les endroits où j'ai grandi, ils nous ont remplacés »[246].
En, lors de la Convention de la droite, un rassemblement organisé par des proches deMarion Maréchal, Zemmour cite Renaud Camus, parle d'une « islamisation » de la France et déclare qu'« entre vivre (et vivre) ensemble, il faut choisir »[247]. Il affirme que tous les problèmes de la France et de l'Europe sont aggravés par l'immigration et par l'islam, qu'une guerre ethnico-religieuse déchire la France — gangrenée par les « indigénistes », décidés à mener une « guerre d'extermination de l'homme blanc hétérosexuel catholique » — et que « nos progressistes si brillants […] nous ont ramenés à la guerre desraces et à la guerre des religions » en considérant « que les hommes sont des êtres indifférenciés, interchangeables, sans sexe ni racines »[228],[248]. Le polémiste pose la question : « Les jeunes Français vont-ils accepter de vivre en minorité sur la terre de leurs ancêtres ? Si oui, ils méritent leur colonisation ; sinon, ils devront se battre pour leur libération »[249].
L'historienGérard Noiriel y voit une incitation implicite à laguerre civile[249]. SelonMarianne, il ne fait aucune distinction entreislamisme et islam, entrefondamentalistes et paisibles pratiquants : tous sont décrits comme des « colonisateurs », qui viendraient en France en y amenant leur histoire, leurs mœurs, et leurslois islamiques, « qu'ils imposent de gré ou de force auxFrançais de souche qui doivent se soumettre […] ou fuir »[228]. En, après des actes et proposislamophobes en France,TSA Algérie affirme que Zemmour « sillonne les plateaux de télévision pour déverser sa haine de l'islam et des musulmans ». LeNew Statesman estime qu'il « alimente un conflit identitaire en France » et note que lapresse française a indiqué que l'homme ayantattaqué une mosquée à Bayonne en 2019 admirait Zemmour[231],[250]. En novembre 2019,France Culture diffuse — dans le cadre d'émissions consacrées aux« mécaniques du complotisme » — le chapitre 4 du « grand remplacement, un virus français » intitulé« la décennie Zemmour »[251].
En, Zemmour aborde à nouveau le sujet du « grand remplacement » dansNice-Matin, déclarant : « Il y a un processus de remplacement de la population à partir du moment où il y a trop d'immigrés qui ne s'assimilent plus. C'est inévitable ». Il propose de stopper tous lesflux migratoires, légaux etclandestins,réfugiés politiques,regroupement familial, étudiants étrangers, etc. Lorsque le journaliste rappelle à Zemmour que ce dernier est lui-même « issu du sud de la Méditerranée », Zemmour se décrit alors comme un « Français de branche, un exemple éclatant dumodèle français de l'assimilation »[89].
France Info affirme que la formule « grand remplacement » s'accompagne de l'« idée complotiste selon laquelle les élites mondiales tentent d'organiser, via l'immigration, le remplacement de la population occidentale ». La chaîne de télévision d'information du groupe France Télévision relaie un extrait du livreLa France n'a pas dit son dernier mot, publié par Zemmour en 2021 et dans lequel il déclare que les élites « n'ont pas hésité, au nom de la liberté individuelle, à favoriser encore et encore l'islamisation des pays occidentaux et en particulier de la France ». France Info relaie également un autre extrait dans lequel Zemmour écrit que « Le « grand remplacement » n'est ni un mythe ni un complot, mais un processus implacable »[252].
Lors de sa campagne présidentielle, Zemmour fait évoluer son discours, en apparence selonLe Monde, déclarant qu'il entend être « le président des Français de confession musulmane » et qu'il « distingue l'islam et les musulmans ».Le Monde estime cependant qu'il« n’a pas varié d’un pouce » puisqu'« il leur demande de « renoncer à la pratique de l’islam », religion qu’il cible toujours comme « l’ennemi » » et qu'il juge, de longue date,« incompatible avec la France et la République », n'étant selon lui pas qu'une religion mais « une nation, une loi et une civilisation », « un code juridique et politique ». SelonLe Monde, le projet de Zemmour« revient à abroger le principe delaïcité tel qu’issu de laloi du 9 décembre 1905, qui prévoit la non-immixtion de l’Etat dans les affaires cultuelles et l’égalité entre les cultes ».Didier Leschi, ancien chef du bureau central des cultes, président de l'Institut européen en sciences des religions à l'École pratique des hautes études, estime que Zemmour cherche à faire accepter aux musulmans« un statut de sous-citoyens » et à produire« une sorte d'apartheid en fonction de la foi »[253].
Déclarations sur les étrangers et les races
Selon Stéphane François, Zemmour soutient la thèse de l'existence des races humaines à partir de 2009,« en particulier celle d’une continuité ethnique des populations européennes »[218].
Lors de l'émissionOn n'est pas couché du sur France 2,Aymeric Caron remet en cause une affirmation de Zemmour dans une chronique surRTL en 2012 dans laquelle il affirmait :« Il y avait cinq millions d’étrangers en France et que leurs enfants de moins de quatre ans représentent sept millions. Douze millions… Ces chiffres sont passés inaperçus ». Éric Zemmour confirme alors sa déclaration en invoquant un rapport de l'Insee de 2012 sur l'immigration en France[258]. Il s'avère néanmoins que les déclarations d'Éric Zemmour à ce propos sont factuellement fausses[259] : dansL'Obs, la politologueCatherine Wihtol de Wenden explique que Zemmour amalgame les termes « immigré » et « étranger » et rappelle les définitions du département des populations de l'Organisation des Nations unies entre les deux notions[260]. De son côté, le journalLibération, analyse les chiffres de l'Insee de 2012[261] :5,34 millions d'immigrés en France ; 2,17 millions d'immigrés ont acquis la nationalité française, soit3,17 millions d'immigrés n'ayant pas la nationalité française ;0,55 million d'étrangers nés en France et n'ayant pas, ou pas encore, opté pour la nationalité française ; il y aurait donc3,72 millions d'étrangers en France et non douze millions comme annoncés par Zemmour[258].
Le, invité surBFM TV, Éric Zemmour déclare :« un tiers des mariages sont avec des étrangers qui deviennent français — 90 000 sur 270 000 si mes chiffres sont exacts ». SelonLibération, 28,5 % des mariages sontmixtes : les affirmations de Zemmour, bien qu'imprécises, sont proches de la réalité ; le journal souligne toutefois que la totalité des mariages avec des étrangers (80 000) n'implique pas automatiquement que les étrangers concernés deviennentfrançais comme le suggère Zemmour, tous n'effectuant pas les démarches nécessaires pour avoir la nationalité[262].
D'après le politologue et historien des idéesStéphane François, Zemmour, à l'origine conservateur et souverainiste, radicalise son discours qui devient ouvertement raciste à partir de la sortie de son livreLe Suicide français en 2015. Pour lui, le discours anti-immigration de Zemmour lui ouvre les portes de l'extrême droite, et notamment de laNouvelle droite, prenant pour exemple une séance de dédicaces donnée par Zemmour àLa Nouvelle librairie deFrançois Bousquet ; ou plusieurs de ses entretiens pour la revueÉléments. Selon François, les condamnations de Zemmour pour incitation à la haine raciale lui valent également les sympathies de l'extrême droite la plus radicale[218].
Dans l'émissionOn est en direct du surFrance 2, Éric Zemmour déclare que niMohammed Merah, enterré enAlgérie, ni les enfants juifs qu'il aassassinés à Toulouse, enterrés enIsraël, « n'appartenaient […] à la France ». Zemmour reprend ainsi son ouvrageLa France n'a pas dit son dernier mot, où il affirme que « les anthropologues nous ont enseigné qu'on était du pays où on est enterré ». En réaction,Xavier Bertrand, candidat à l'élection présidentielle, qualifie Éric Zemmour de « grand diviseur » aux « propos monstrueux » et leCRIF note queMme Halimi avait demandé que son fils soit enterré enIsraël alors qu'elle n'avait pas de lien avec ce pays mais souhaitait que la sépulture de son fils ne puisse être souillée[263],[264]. Le polémiste s'est depuis excusé auprès deSamuel Sandler, père et grand-père de trois autres victimes toulousaines, dont la famille est enterrée depuis leXVIIIe siècle aucimetière israélite deWissembourg (Bas-Rhin)[3],[265].
Lors de son meeting de décembre 2022, il développe la thèse selon laquelle« plus une société est hétérogène ethniquement, plus elle est violente et conflictuelle », et dénonce les« sociétés multiraciales ».Libération relève qu'il n'utilisait pas le terme de« race » durant la campagne présidentielle, tandis que ses proches assurent qu'il emploie les termes « ethnique », « culturel » et « racial » comme des synonymes.Marine Le Pen prend ses distances avec ces déclarations. Selon l'universitaireCécile Alduy, il s'agit d'« une reprise au mot près d’une citation de Marine Le Pen qui est elle-même un copié-collé d’une phrase deson père ». L'universitaireStéphane François affilie cette thèse à« la revue Europe Action, deDominique Venner, dans les années 60, puis laNouvelle Droite en général et particulièrementGuillaume Faye »[187].
Francisation des prénoms à la naissance
Le, dans leFigaro Magazine, Éric Zemmour s'interroge sur l'« exaltation identitaire » réduisant « à rien le sentiment d'appartenance française ». Il situe le début de cette tendance dans lesannées 1980, avec le choix desprénoms des enfants, chacun cherchant« ses racines » ou se projetant dans une« modernité » anglo-saxonne. Il met en exergue le cas deRachida Dati,ministre de la Justice, qui a prénommé sa fille,Zohra[266].
En, Zemmour a un vif échange avecHapsatou Sy sur le plateau de l'émissionLes Terriens du dimanche !, présenté parThierry Ardisson. Il déclare à la chroniqueuse que sa mère aurait pu l'appelerCorinne, dans une argumentation défendant l'idée que les prénoms donnés aux enfants doivent être issus du calendrier des saints[268]. La scène est coupée au montage par la production qui craint des sanctions judiciaires, mais Hapsatou Sy fait diffuser la scène[269]. En novembre de la même année, le mensuelL'Histoire rappelle à son tour que, même si « Zemmour croit dur comme fer » le contraire, la loi d'avril 1803 votée sous leConsulat n'impose nullement de choisir parmi les saints catholiques et que c'est au contraire la possibilité de recourir notamment à des noms de « personnages connus de l'histoire ancienne » qui permet par exemple à l'homme d'ÉtatLazare Carnot de prénommerson fils « Sadi », du nom dupoète persan homonyme[270]. Pour ces propos, Éric Zemmour est condamné en janvier 2022 à 4 000 € d'amende et 3 000 € de dommages et intérêts, pour « injure publique à caractère raciste »[271].
Propos sur les femmes
Tout au long de son activité d'essayiste et de journaliste, Éric Zemmour tient des propos sur lesfemmes — France Inter en recueille plusieurs dizaines — qui lui valent d'être largement qualifié desexiste et demisogyne[272],[273],[274],[275]. Il en ressort, selon France Inter,« une obsession des femmes », celles-ci étant ramenées à des« machines à castrer » ou à des proies[273],[274]. Selon l'universitaire Mickaël Studnicki, Éric Zemmour est, depuis le début des années 2000 avecAlain Soral, l'un des deux« hérauts dumasculinisme », en particulier à la télévision[276].
Éric Zemmour soutient notamment que les femmes et le pouvoir ne vont pas de pair : selon lui, beaucoup d'entre elles n'atteignent le pouvoir que grâce à leurs relations avec des hommes[273]. Il déclare par exemple : « comment les femmes sont-elles entrées à l'Assemblée nationale et auSénat ? Par des lois deparité qui ont obligé les gens à les mettre sur des listes. Et je ne vous dirai pas comment on les a mises là… On a mis les amies, les femmes, les maîtresses, etc. »[280]. Le journalisteÉric Delvaux de France Inter conclut : « Selon Zemmour, si les femmes font de la politique aujourd'hui, c'est donc parce qu'elles ont couché avec des hommes »[281].
Zemmour, qui a autrefois déclaré « Je n'ai jamais rencontré une femme plus intelligente que moi »[282] a aussi été mis en cause pour ses propos sur l'intelligence des femmes, notamment pour avoir déclaré « les femmes ont une forme d'intelligence différente de celle des hommes. Je suis désolé de le dire. Et les grands génies sont hommes »[283]. Interrogé sur la sous-représentation des femmes dans les filières d'excellence, Zemmour répond que des études démontrent que déjà dans l'utérus, pendant lagestation, des « bombardements d'hormones » différencient les bébés filles et garçons, et que dans lesclasses préparatoires la concurrence est exacerbée, « c'est la guerre » dit-il, et que les filles n'ont pas envie de faire la guerre. La réponse est jugée « ultra-sexiste » parLes Inrocks[284].
DansLa France n'a pas dit son dernier mot (2021), Éric Zemmour prend la défense deDominique Strauss-Kahn etTariq Ramadan s'agissant de leurs accusations de viol. Concernant l'affaire Dominique Strauss-Kahn, il interprète la présentation de l'intéressé devant les caméras, menottes derrière le dos entre deux policiers, comme« un renversement de mille ans de culture royale et patriarcale française »,« une castration de tous les hommes français. Le séducteur est devenu un violeur, le conquérant un coupable. ‘L’homme à femmes’ était loué pour sa force protectrice, il est enfermé et vitupéré pour sa violence intempérante ». Par ailleurs, il reconnaît ne rien savoir de l'affaire Tariq Ramadan, mais« demeure convaincu qu’il est tombé dans un piège » :« Les jeunes femmes qui l’accusent expliquent qu’elles ne peuvent se détacher de lui, que son aura les fascine, que son intelligence les ensorcelle, qu’il en profite pour les manipuler à sa guise »[273],[274].
Zemmour se défend de tout sexisme, prétendant au contraire être « le plus grand défenseur des femmes »[285]. DansLa France n'a pas dit son dernier mot, il assume ses positions et assure être celui « qui défend » les femmes face à l'islam[286].Le Monde considère que« la vision des femmes de l’ancien chroniqueur duFigaro est décisive, parce qu’elle entretient un lien étroit avec sa hantise de l’immigration et une angoisse intime de la sexualité », au regard de ses propos qui établissent un lien entre ces thématiques[274]. L'universitairePhilippe Corcuff souligne également« l'imbrication du racisme, du sexisme et de l'homophobie » dans le discours d'Éric Zemmour, comme chez celui d'Alain Soral, considérant les deux hommes comme« deux variantes de l'ultraconservatisme idéologique à la française »[287].
Durant sa campagne présidentielle, il cherche à occulter ou minimiser ses déclarations passées alors que les sondages révèlent qu'il connaît l'écart le plus grand entre les opinions des femmes et des hommes pour tous les candidats testés[274],[273]. S'il se déclare « féministe comme tout le monde », « [si cela signifie] l'égalité entre les hommes et les femmes », il considère que celle-ci existerait déjà[288]. En contre-offensive est lancé au printemps 2021 le collectif « Les femmes avec Zemmour », essentiellement actif en ligne[286],[288],[289]. Cependant, selonMediapart, les femmes sont largement minoritaires dans l'entourage d'Éric Zemmour et l'encadrement de sa campagne[288].
Dans son livreLe Suicide français, Éric Zemmour s'appuie sur le livre publié en 2012 de l'historienAlain MichelVichy et la Shoah : enquête sur le paradoxe français[296], pour défendre, contreRobert Paxton[297], la thèse d'après laquelle lerégime de Vichy aurait conclu « un pacte avec le diable »[298],[299]. Selon Zemmour,« Pétain a sauvé les Juifs français […] », «[…]à quatre-vingt-quinze pour cent »[300],[301]. D'après la journaliste Chloé Leprince, Éric Zemmour défend la« thèse du glaive et du bouclier » deRobert Aron qui est réfutée par l'historiographie depuis les années 1960. Elle précise que le chroniqueur reproche également à Robert Paxton d'avoir travaillé seul sur la collaboration alors qu'en réalité sa thèse s'inscrit dans un travail« plus collectif »[300].
Tout en estimant que« Zemmour parle comme le polémiste qu'il est »,Alain Michel reconnaît qu'il« respecte globalement l'approche qui est faite » dans son livre, mais précise que ce n'est pas Pétain qui a sauvé les Juifs mais la politique du gouvernement de Vichy approuvée par Pétain[302]. Alain Michel rappelle que selon lui« Pétain était quelqu'un qui avait un vrai fond d'antisémitisme », à l'inverse de Laval[302].
Pour l'historien Robert Paxton, Michel ne mérite aucun crédit :« Alain Michel n’est pas un historien sérieux : on ne peut pas écrire ce qu’il a écrit si on a lu les textes de Vichy et les ouvrages récents sur l’application de ces textes »,« l'argument de Zemmour est vide »[296],[303], tandis que des universitaires et chercheurs spécialisés dans l'étude de cette période commeAndré Kaspi,Laurent Joly[304] ou encoreDenis Peschanski expliquent que les assertions de Zemmour sont réductrices et fausses, et reprennent une thèse incongrue traditionnelle pour tenter deréhabiliter Pétain, alors que le sauvetage des Juifs qui l'ont été est pour eux à mettre au crédit de la population française.
Pour Joly, « Zemmour reprend un argument des défenseurs de Vichy ». Selon Peschanski, la thèse de Zemmour « correspond à un mouvement culturel très réactionnaire qui passe par la réappropriation d'un discours pétainiste —Travail, Famille, Patrie — et la dénonciation de ceux qui sont considérés comme responsables de la crise », c'est-à-dire les « immigrés pour Zemmour » comme l'étaient avant-guerre « les Juifs, les communistes, les étrangers et les francs-maçons »[305]. Ce point de vue est également celui de l'historienSerge Berstein qui rappelle qu'en histoire, une « doxa » ayant pour base des éléments factuels dûment contrôlés sur lesquels s'accordent les historiens au-delà de leurs débats n'a rien de commun avec l'argument d'autorité, lui-même dépourvu de toute valeur[306].
Laurent Joly estime que« si l’on réécrit l’histoire de la déportation des Juifs, en ressortant les vieux arguments [du glaive et du bouclier], on habituera les électeurs à l’idée que, dans les situations d’exception, laraison d'État justifie de sacrifier certains droits, voire certaines parties de la population, pour sauver la France ». Joly estime ainsi que le projet politique de Zemmour lors de l'élection présidentielle française de 2022« d’expulser 2 millions d’immigrés ou de suspendre certaines libertés publiques exige des mesures qui n’ont pas été prises… depuis Vichy. Justifier Vichy, c’est justifier qu’on puisse les mettre à nouveau en œuvre. Non plus contre les Juifs, mais contre les musulmans »[307].
Peine de mort
En septembre 2021, Éric Zemmour déclare :« Je ne pense pas qu’on ait bien fait d’abolir lapeine de mort. Philosophiquement, j’y suis favorable »[308].
Relations internationales
Prise de positions sur les États-Unis
Lors de la campagne présidentielle de 2022, l'historienNicolas Lebourg relève chez Éric Zemmour« un rejet desÉtats-Unis et de l’Allemagne de longue date, qui témoigne d’ailleurs d’une position originale quand il était encore considéré comme de “droite conservatrice” ». Il mentionne également son évocation, dans ses livres, d'Angela Merkel comme d'un « gauleiter américain », ainsi que sa dénonciation de « l'impérialisme » de l'OTAN, auquel laRussie aurait raison de résister. Il en tire l'analyse suivante :« Peut-être y a-t-il une volonté de se présenter d’une belle manière à la puissance russe, mais, manifestement, cela correspond à une vraie représentation des relations internationales, à refonder complètement. Chez lui, la question est comme toujours structurée par le thème du « grand remplacement ». Il a cette phrase dans un livre de 2016, à propos de l’accueil des réfugiés par l’Allemagne : « En un siècle, par trois fois, les Allemands auront ainsi contribué de manière décisive au suicide européen : 1914, 1939, 2015. » Pour lui, l’histoire et l’espace international sont conditionnés par la concurrence biologique des masses, et le reste en découle »[309].
Relation avec Donald Trump
SelonMediapart, les relations internationales de Zemmour sont « en grande partie d'abord » celles deMarion Maréchal. Lors de sa campagne présidentielle, Zemmour rencontre avec cette dernièreViktor Orbán et s'entretient par téléphone avecDonald Trump grâce aux liens anciens qu'elle avait noués avec l'alt-right américaine (Steve Bannon au premier chef)[310]. En janvier 2025, le journalPolitico révèle qu'il a été invité, conjointement avec Sarah Knafo, à la journée d'investiture de Donald Trump[311].
Prise de positions sur la Russie
À plusieurs reprises, il déclare queVladimir Poutine est un« patriote russe admirable », qui mène une« grande politique étrangère »[312]. Il affirme notamment qu'il« rêve d’un Poutine Français » et qualifie le dirigeant russe de « dernier résistant à l'ouragan politiquement correct qui, parti d'Amérique, détruit toutes les structures traditionnelles, famille, religion, patrie »[313]. S'il estime que ladislocation de l'URSS a « permis aux anciens captifs destsars,Ukrainiens,Géorgiens, etc., de recouvrer une liberté fragile », Zemmour soutient que larévolution orange de 2004 enUkraine est un « coup d'État pro-occidental » et un complot organisé parWall Street au bénéfice de l'OTAN[314]. Lors de larévolution ukrainienne de 2014, il affirme que « l'Ukraine n'existe pas » en raison de sa division entre l'Ouest paysan, catholique et occidentalisé, et l'Est ouvrier, orthodoxe et traditionnel[314]. Considérant alors que « l'Ukraine et la Russie ne peuvent pas vivre l'une sans l'autre, et encore moins l'une contre l'autre », il soutient la nécessité d'une entente européenne de l'Atlantique à l'Oural, afin d'intégrer la Russie au jeu européen[314]. Il affirme en 2015 que « la chimère d'une Ukraine unifiée […] a vécu »[314]. DansLa France n'a pas dit son dernier mot, il dénonce l'OTAN et estime que « le dernier pays d'Europe à résister à cet impérialisme » est la Russie[314], et que celle-ci constitue pour lui« l'allié le plus fiable, plus que les Américains, plus que les Allemands, plus que les Anglais »[315].
En 2022, il condamne l'invasion de l'Ukraine par la Russie[312], après avoir déclaré qu'il ne croyait pas en la possibilité d'une telle invasion, qu'il qualifiait de« propagande US »[315]. Il considère cependant que la montée des tensions, bien qu'incombant à la Russie, est « aussi le résultat de la politique menée par les Occidentaux et l'OTAN, qui n'ont cessé d'ignorer les préoccupations sécuritaires légitimes de la Russie »[312],[316]. Il s'oppose auxsanctions contre la Russie et à la livraison d'armes aux Ukrainiens, propose lasortie de la France du commandement intégré de l'OTAN, ainsi que « la négociation d'un traité consacrant la fin de l'expansion » de l'OTAN, en échange du retrait des troupes russes[316],[317]. Contrairement à la plupart des candidats à l'élection présidentielle, il se montre, dans un premier temps, défavorable à l'accueil de réfugiés ukrainiens et indique privilégier un soutien à laPologne en ce sens[318],[319], ce qui lui vaut des attaques de LR et du RN comme étant « idéologue » et « inhumain »[320]. Il revient finalement sur ses propos lors de son meeting à Toulon, déclarant :« pour ceux des Ukrainiens qui préfèrent venir en France, par exemple parce qu’ils y ont des attaches, parce qu’ils y ont de la famille, parce qu’ils sont francophones, alors il faut les accueillir le temps que les bombardements cessent et […] uniquement dans les communes qui ont les moyens de les accueillir et la volonté de les recevoir dignement »[321].
En mars 2022, la presse révèle que, dès 2015, Zemmour est identifié par les autorités russes comme un relai d'influence en Europe. Repéré par le lobbyiste et consultant Emmanuel Goût, il est alors invité par l'oligarqueVladimir Iakounine, proche de Poutine, chargé de créer un réseau pro-Kremlin en Europe pour façonner l'opinion de la société civile, à la suite de l'annexion de la Crimée, perçue défavorablement. Depuis plusieurs années,« Éric Zemmour prend la défense de Poutine dans ses édito duFigaro Magazine ». Iakounine, ancien agent duKGB, notamment pour lerenseignement extérieur, est alors placé sous sanctions internationales. Après une interview avec Zemmour, il se félicite d'avoir trouvé « une personnalité politique influente » dont la Russie « a tant besoin » et garde des liens avec lui. Zemmour, sur son invitation, participe au colloque d'un think-tank àSaint-Petersbourg en janvier 2016, il y tient une conférence pour l'ONG de Iakounine puis donne une interview pourRossiya 24. Interrogé par leJDD, Zemmour affirme ne pas connaître le nom de Iakounine. Zemmour est ensuite invité au forumDialogue des civilisations àRhodes, enGrèce, l'un des principaux outils d'influence du Kremlin auprès des décideurs européens. En 2017, le nom de Zemmour revient régulièrement dans des échanges entre Goût et l'administration présidentielle russe pour une opération secrète et une tribune contre le flux migratoire. En 2019, il est invité par l'ambassade de Russie en France à rencontrerSergueï Lavrov,ministre des Affaires étrangères[322].
En février 2022, lors d’un déplacement àBruxelles pendant lacampagne présidentielle, il déclare être favorable aurattachement de la Wallonie à la France[325], réitérant une position dont il avait déjà fait part dans son ouvrageMélancolie française (2010) dans lequel il a souligné que laBelgique est une construction artificielle créée sous l’impulsion duRoyaume-Uni après la chute deNapoléon[326]. En effet, la Belgique est selon lui« la RDA de la France, […], un arlequin diplomatique bricolé sans conviction par Talleyrand »[327] dont la disparition serait inéluctable[328]. Il estime qu’une réunion de la Wallonie à la France permettrait à cette dernière de retrouver son rang sur la scène internationale et de renforcer sa position économique et démographique par rapport à l’Allemagne[329],[330],[331].
Propositions dans le cadre de sa campagne électorale
Immigration
Éric Zemmour fait campagne sur un projet« d’immigration zéro » : il entend limiter le flux d'étudiants étrangers à« quelques milliers » par année et« réduire ledroit d’asile à quelques dizaines ou centaines de cas ». Évoquant« 14 % de gens qui viennent travailler », il est partisan de maintenir ce flux[332]. SelonLCI, les propositions de Zemmour concernant l'immigration recoupent en grande partie celles deMarine Le Pen (fin duregroupement familial, fin dudroit du sol). Le média relève également une mesure qui figurait dans le programme deFrançois Fillon en 2017, à savoir l'expulsion des 25 % d'étrangers purgeant leur peine dans les prisons françaises en forçant leurs pays d'origine à les ré-accueillir sur leurs territoires, et en les menaçant en cas de refus de« supprimer lesaides au développement » et de ne plus accorder devisas à leurs ressortissants[333].
Lors du salon du « made in France » de, il prône laréindustrialisation de la France et un rééquilibrage de labalance commerciale[334]. Pour augmenter la compétitivité des entreprises françaises, il se prononce pour une baisse massive desimpôts de production et de l'impôt sur les sociétés, et pour la suppression desdroits des successions pour la transmission d'entreprise[335],[336]. Afin de renforcer la souveraineté économique de la France, il propose d'augmenter la taxation des produits issus de l'importation extracommunautaire (dont laChine) et appelle à la création d'un grandministère de l'Industrie veillant notamment à orienter lacommande publique vers les entreprises françaises[335]. Il est opposé au retour de l'ISF[335].
Il déclare vouloir libérer les entrepreneurs, agriculteurs et indépendants de l'« enfer bureaucratique »[337]. Il propose de créer unhaut-commissariat chargé de la simplification administrative, qui serait selon lui une« première étape indispensable pour redonner de l’oxygène à nos entreprises »[337].
Selon le chercheur Gilles Ivaldi, 43 % de ses mesures économiques« sont orientées à droite, soit plus du double de Marine Le Pen » :« Cet ancrage libéral est visible dans ses propositions d’allègement de l’IFI et des droits de succession, de retraite à 64 ans, de défiscalisation des heures supplémentaires, de réorientation des fonds destinés à la politique de la ville, de suspension des allocations familiales pour les parents d’élèves « perturbateurs » ou « absentéistes », de suppression de laloi SRU ou de « lutte contre la bureaucratie » »[338]. Cependant, Gilles Ivaldi indique qu'« on reste loin toutefois avec Éric Zemmour d’un positionnement économique libéral tel qu’incarné notamment parJean-Marie Le Pen au détour des années 1980, à un moment où la droite française dans son ensemble était, il faut le rappeler, tombée sous le charme de la révolutionreaganienne aux États-Unis »[338].
DansMediapart, Romaric Godin souligne l'« influence dunéolibéralisme historique » sur ses propositions et le présente comme« un représentant de [la] mouvance fascisante au sein du néolibéralisme » qui« prend de plus en plus d’importance dans le monde depuis ces dernières années », à l'instar deDonald Trump ou des extrêmes droites italienne et allemande[339]. Alors queMarine Le Pen juge son projet économique« marqué par unultralibéralisme », le ministreGérald Darmanin le qualifie de« marxiste »[340],[341].
Travail
En, Éric Zemmour annonce vouloir abaisser laCSG sur les bas salaires pour revaloriser les rémunérations nettes. Il prétend ainsi donner« l’équivalent d’un treizième mois pour les travailleurs auSMIC ». Il déclare que« notre protection sociale obèse a été dévoyée et ouverte aux quatre vents », et se donne pour objectif de financer cette baisse de la CSG en luttant contre lafraude sociale et en mettant fin auxaides sociales pour les étrangers extracommunautaires[342]. Ses déclarations sur l'Aide médicale d'État sont contestées par des associations de médecins[343] et par des journaux commeL'Obs, dénonçant des « contre-vérités »[344].
Il prévoit de« sécuriser lerégime de retraite en repoussant l’âge légal de départ à la retraite à 64 ans d’ici 2030 et en augmentant d’une année la durée de cotisation d’ici la fin du quinquennat », ce qui« doit permettre d’économiser près de 15 milliards d’euros en année pleine ». Zemmour prévoit ainsi « d'amorcer une réduction dudéficit public dès 2023 » et de « repasser sous le seuil des 3% dès 2025 ». Il indique également vouloir tenir compte de lapénibilité de certains métiers[338],[335].
Éducation
Pour« relégitimer l'autorité et la discipline », Éric Zemmour propose en octobre 2021 de supprimer les allocations aux parents qui« ne sanctionnent pas leur enfant » perturbateur[345]. De plus, il souhaite le port de l'uniforme à l'école[333].
Le, lors d'une rencontre avec des professeurs dans l'Aisne, il propose que les enfants handicapés soient scolarisés dans des« établissements spécialisés sauf pour les gens légèrement handicapés évidemment », plutôt que dans les classes ordinaires avec les autres enfants, et dénonce« l'obsession de l'inclusion »[346] ; face aux réactions négatives à cette proposition émanant de tout l'arc politique, il ajoute sur les réseaux sociaux vouloir« des solutions adaptées, personnalisés et souples »[347]. Le lendemain, dans la continuité des réactions, Zemmour et son équipe publient une vidéo s'adressant aux parents d'enfants handicapés. Dans cette dernière, le candidat deReconquête dénonce « des propos détournés » et « un faux procès parce qu['il dit] la vérité et la vérité blesse les gens de pouvoir » puis maintient sa vision déclarant « oui, je refuse l'obsession égalitariste quand elle culpabilise les parents qui veulent pour leur(s) enfant(s) une scolarité adaptée […] alors qu'ils font plus d'efforts et plus de sacrifices que tous les autres »[348].
Audiovisuel public
Éric Zemmour indique en qu'il souhaite supprimer laredevance audiovisuelle — une taxe finançant notamment les groupes publics deFrance Télévisions et deRadio France —, qu'il qualifie de« machine de propagande inouïe, au service d’une idéologie qui déteste la France »[345]. Même s'il a« vu sa notoriété grandir grâce à France 2 », il ajoute le 15 décembre qu'il souhaite privatiser, « en particulier France Inter et France Télévisions »[349]. Peu après, l'ex-président de la RépubliqueFrançois Hollande réagit en déclarant dans la presse que l'homme d'affairesVincent Bolloré, déjà propriétaire de deux chaînes de télévisions, a« choisi Zemmour comme porte-parole de ses intérêts »[350] tandis qu'un livre-enquête publié en janvier 2021 accuse Zemmour d'être soutenu par des milliardaires ayant pesé sur les trois dernières présidentielles[351],[352],[353]. La suppression de la redevance audiovisuelle découlerait ainsi de la privatisation.
Euro et Union européenne
Le programmesouverainiste d'Éric Zemmour propose de « mettre fin à lasurtransposition des règles européennes », de « faire primer toute nouvelle loi nationale sur le droit européen existant », et de « bloquer tout nouveautransfert de compétence et faire appliquer rigoureusement leprincipe de subsidiarité »[338]. Opposé à l'euro dans ses livres, Zemmour considère durant sa campagne présidentielle que si « l'entrée dans l'euro était une mauvaise idée, en sortir serait pire ». Il prône un maintien dans l'Union européenne tout en s'affranchissant de ses règles, suggérant de « faire des bras de fer » avec les institutions, et surtout de « faire ce qu'on a envie de faire quand on a envie de le faire ». Certains observateurs assimilent ce positionnement à une forme de « softFrexit » ou à un « Frexit caché », à l'instar de celui deMarine Le Pen etJean-Luc Mélenchon[354],[355].
Santé
Au sujet de lapandémie de Covid-19, Éric Zemmour s'oppose lors de sa campagne à plusieurs mesures prises par le gouvernement Castex telles que lepasse vaccinal, mais il aborde peu le sujet, estimant que la pandémie est instrumentalisée parEmmanuel Macron et son gouvernement. Pour l'équipe de campagne de Zemmour, la pandémie n'est pas un sujet profond ou de long terme qui justifierait d'en faire un sujet central dans la campagne électorale. Zemmour préconise néanmoins de« devoir vivre avec le virus » et appelle les personnes âgées ou à risque à se faire vacciner[356],[357].
Afin de lutter face à la difficulté grandissante pour accéder aux soins le soir et le week-end, Éric Zemmour propose de réinstaurer l'obligation de garde desmédecins généralistes, une proposition qu'il est le seul candidat à soutenir[358].
En, dansFace à l'info, dans une violente attaque contreDanièle Obono, il déclare l'avoir vue« refuser de dire « vive la France » »,« vu[e] interdire des réunions aux Blancs » et« vu[e] dire tout son amour pourMohammed Merah ».CheckNews deLibération etLa Dépêche du Midi indiquent que les propos de Zemmour sont faux ou hors contexte, l'affirmation« Je suis Mohamed Merah. Mohamed Merah c’est moi » étant deHouria Bouteldja et la députéeLFI soutenant les réunionsnon-mixtes mais n'en ayant pas organisé[364],[365]. Après une longue procédure judiciaire,CNews est condamnée à lire undroit de réponse de la parlementaire, qui réfute elle aussi les propos d'Éric Zemmour[f],[367].
Bien qu'il ait souvent mis en avant son goût pour l'histoire de France, de nombreux historiens condamnent et réfutent ses écrits sur le sujet, au-delà de ses propos sur le régime de Vichy et sur la Shoah. Aurore Chéry, Christophe Naudin etWilliam Blanc pointent sa tendance à « tordre les faits, à enchaîner les anachronismes et les erreurs évidentes, ou à ne choisir que ce qui étaye sa thèse »[368]. Plusieurs spécialistes ont soulevé des erreurs et amalgames, notamment sur le Moyen Âge[369] ou sur leXVIIIe siècle[370]. En février 2022, un collectif de seize historiennes et historiens publie auxéditions Gallimard, dans la collection « Tracts », l'ouvrageZemmour contre l'histoire, recensant une partie de ses contre-vérités[371]. PourTélérama,« cefact-checking pourrait prêter à sourire. Là où ne se marre plus du tout, c’est quand les historiens montrent à quel point Éric Zemmour manipule l’histoire pour mieux développer une rhétorique complotiste et décliniste de la France, légitimer la violence et l’exclusion et promouvoir une vision raciste et misogyne de l’humanité »[372]. Il est en outre critiqué parGérard Noiriel pour sa « volonté de discréditer toute une profession » d'historiens, pour ensuite se prétendre bâillonné face aux critiques[373]. Dans le même sens, l'historienNicolas Offenstadt estime : « Les historiens sont ses cibles favorites, parce qu'on défend un idéal de vérité, qu'il bafoue en permanence. Il fait de l'histoire une arme politique. Les historiens professionnels sont ses ennemis, mais en fait il veut se débarrasser de la vérité. Il raconte n'importe quoi sur le Moyen Âge, sur Vichy, la Grande Guerre. Il ne passerait pas une demie première année d'histoire avec ce qu'il raconte dans ses livres »[374].
Accusations d'agressions sexuelles
En, à la suite du déploiement d'une affiche géante promouvant sa candidature à l'élection présidentielle de 2022 àAix-en-Provence, six femmes accusent Éric Zemmour d'agressions sexuelles dans les médias[375],[376]. Celui-ci dénonce une« affaire politique » liée à une potentielle candidature à la présidence de la République, tandis queCNews maintient sa présence à l'antenne[377],[378]. En suivant,Mediapart rapporte le témoignage de deux autres journalistes qui affirment ne pas avoir déposé plainte, l'une pour préserver sa carrière naissante, l'autre pour ne pas nuire à l'essayiste[379]. Dans cet article, comme le précédent,Mediapart recoupe les déclarations de ces femmes avec celles de témoins de l'époque et apporte des éléments matériels, notamment un SMS constaté par huissier dans lequel Zemmour écrit à une attachée de presse« Alors j’attendrai que vous m’invitiez chez vous pour vous violer ! »[380].
Pour son avocat Olivier Pardo, il n'y aurait pas d'affaire :« Pas de plainte, des affirmations… Comment voulez-vous répondre à cela ? Cela fait partie des attaques obligées : lesexisme, leracisme, l'extrémisme… Tout cela ne tient pas, dans un moment de campagne politique »[381]. Interrogé en parFrance 2, Zemmour ne dément pas les faits qui lui sont reprochés mais déclare :« Je n’ai pas à répondre parce que c’est lavie privée et je ne parle pas de ma vie privée ». L'avocate spécialiste desdroits des femmes Khadija Azougach rappelle notamment que les agressions sexuelles sont des infractions. Questionner une personne sur des accusations de cet ordre « n'est pas une atteinte à la vie privée, comme le serait la publication de clichés volés […]. La vie privée est un principe fondamental, un droit, personne ne le remet en question […]. Mais ce n'est certainement pas un argument de défense entendable quand on est accusé d'agression sexuelle ». SelonMarlène Coulomb-Gully — chercheuse encommunication politique —, « La classe politique a le devoir d'être exemplaire […]. Il y a un devoir detransparence envers les électeurs puisqu'on leur donne nos votes, et avec, notre confiance. Il est normal que les citoyens aient un droit de regard sur la façon dont un homme politique traite les femmes »[382].
Le, à la suite d'une enquête de plusieurs mois,Médiapart publie un article et une vidéo où huit femmes, certaines à visage découvert, témoignent des faits qui se seraient déroulés entre 1999 et 2019[383].
Tentative de manipulation de Wikipédia par ses équipes
Dans son livreAu cœur du Z, paru en, le journaliste Vincent Bresson dévoile avoir infiltré un groupe de militants nommé« WikiZédia » qui souhaite« zemmourifier Wikipédia », se concertant sur la messagerie chiffréeTelegram etDiscord pour promouvoir le candidat Éric Zemmour sur le projet d'encyclopédie en ligneWikipédia[g],[385].
Cette cellule, dirigée parSamuel Lafont, chef de la campagne numérique de Zemmour, inclut une personne connue sous lepseudonyme de Cheep — le premier contributeur de l'article de Zemmour en nombre de modifications —, qui écrit sur Telegram :« le but de la mission est de rendre Éric Zemmour, Génération Z et Les Amis d’Éric Zemmour le plus visibles possible sur Wikipédia, de plusieurs manières ». Ce bénévole expérimenté conseille aux autres militants de ne pas paraitre orientés et se plaint de ne pas pouvoir modifier davantage la page du partiReconquête[386]. Il tente par ailleurs de présenter sous un jour favorable et conforme à lavision de Zemmour le rôle dePhilippe Pétain etPierre Laval dans ladéportation et la persécution des Juifs, ou de supprimer du contenu au sujet d'une seconde polémique amorcée par Zemmour concernant les personnesLGBT[385],[386].« Cheep » est banni deWikipédia en français en compagnie de six autres comptes après ces révélations[387].
Condamnations, relaxes et poursuites judiciaires
Condamnations
2011 : provocation à la discrimination raciale
Le, dans le cadre de la promotion de son livreMélancolie française, Éric Zemmour affirme surFrance Ô que les employeurs« ont le droit de refuser des Arabes ou des Noirs »[388]. Le même jour, dans l'émissionSalut les Terriens animée parThierry Ardisson,Canal+ diffuse ces propos du polémiste sur lescontrôles au faciès :« Mais pourquoi on est contrôlé 17 fois ? Pourquoi ? Parce que la plupart des trafiquants sont noirs et arabes, c'est comme ça, c'est un fait »[388]. Dans les jours suivant la télédiffusion de ces propos, laLICRA engage des poursuites judiciaires contre le journaliste. Dans le sillage de ces poursuites, leclub Averroes et leMRAP saisissent leCSA[389].
Le MRAP déplore que les origines — et non pas la situation sociale — soient mises en rapport avec le taux dedélinquance[390]. De même, laCGT condamne le « fait de lier les méfaits de délinquants à leur origine et non pas à leur marginalisation sociale marquée par la misère des quartiers ghettos »[391]. La procureure Anne de Fontette estime que Zemmour reprend le « vieux stéréotype qui assimile l'immigration à la délinquance ». PourSOS Racisme, Zemmour définit « une population criminogène en fonction de son apparence et de son origine », ce qui « fait passer un mensonge pour un fait établi »[392].
Le second jugement, concernant les poursuites de l'Union des étudiants juifs de France etJ'accuse, ne concerne que les propos diffusés surCanal+. Zemmour est condamné à une amende de 1 000 euros avec sursis ainsi qu'à verser 1 euro à chacune des parties civiles et 750 euros de frais de justice (soit un total de 1 502 euros)[388],[394].
Le, Zemmour annonce qu'il n'interjette pas appel[395]. Le, il est invité parHervé Novelli[396] et ovationné par les parlementaires de l'UMP[397] à la convention nationale des Réformateurs. Il y suggère dans un discours aux députés UMP de supprimer les lois sur ladiscrimination raciale, leslois mémorielles, l'action pénale des associations antiracistes et leurssubventions[398]. À la suite de ce jugement, le président de SOS Racisme,Dominique Sopo, et la CGT demandent àRémy Pflimlin, PDG deFrance Télévisions de tenir compte du procès et de prendre des sanctions contre Éric Zemmour[399].
2018 : provocation à la haine religieuse envers les musulmans
Dans l'émissionC à vous surFrance 5 du, en promotion pour lelancement du livreUn quinquennat pour rien, Éric Zemmour déclare à propos desmusulmans qu'il faut« leur donner le choix entre l'islam et la France » et que « tous les musulmans, qu'ils le disent ou qu'ils ne le disent pas », considèrent lesjihadistes comme de « bons musulmans »[400]. Le, lacour d'appel de Paris estime que ces passages ne comportent« pas d’exhortation, même implicite, à la provocation à la haine ». Cependant la juridiction le condamne à 5 000 euros d'amende pour provocation à la haine religieuse, ainsi qu'à verser un euro de dommages et intérêts à l'associationCAPJPO-EuroPalestine et 3 000 euros pour les frais de justice. La cour considère que les propos de Zemmour« visaient les musulmans dans leur globalité et constituaient une exhortation implicite à la discrimination », quand il déclarait que la France vivait« depuis trente ans une invasion » et que« dans les innombrables banlieues françaises où de nombreuses jeunes filles sont voilées » se jouait une« lutte pour islamiser un territoire »,« un djihad »[401],[h].
Le, laCour de cassation, relevant contre lui« une exhortation implicite à la discrimination »,« un appel à la discrimination », rejette son pourvoi, rendant sa condamnation en appel définitive en droit interne[402]. Zemmour saisit ensuite laCour européenne des droits de l'homme sur le fondement de l'article 10 de la Convention européenne des droits de l'homme protégeant laliberté d'expression, son avocat, maître Antoine Beauquier, invoquant aussi « une atteinte au procès équitable »[403]. Le, la CEDH le déboute, estimant que « ses propos, présentés comme le fruit d'une “analyse historique et théologique”, contenaient en réalité des assertions négatives et discriminatoires de nature à attiser un clivage entre les Français et la communauté musulmane » ; sa condamnation est donc validée[404],[405].
2020-2024 : provocation à la haine raciale et injures publiques à caractère raciste
LeCSA prononce en une amende de 200 000 euros à l'encontre de CNews pour les propos de Zemmour considérés comme une« incitation à la haine » et« à la violence ». C'est la première fois qu'une chaîne d'information en continu fait l'objet d'une sanction pécuniaire de la part de l'autorité de régulation[410]. En, leConseil d'État rejette les demandes d'annulation de CNEWS et confirme l'amende de 200 000 euros[411]. En, laCour européénne des droits de l'homme rejète le recours déposé parCNEWS et lepolémiste[412].
Le, Zemmour est condamné par une chambre correctionnelle du tribunal judiciaire de Paris pour « complicité d'injure raciale et de provocation à la haine » à une amende de 10 000 euros[413]. La condamnation est confirmée le par lacour d'appel de Paris[414]. L'avocat d'Éric Zemmour annonce unpourvoi en cassation car il estime que les mineurs isolés ne sont ni« une race ou une ethnie »[415].
2022 : contrefaçon de droits d'auteur et atteinte au droit moral
Le, Zemmour, le parti Reconquête et François Miramont, alors responsable de l'association Les Amis de Zemmour, sont condamnés par letribunal judiciaire de Paris à verser 165 000 euros aux plaignants, parmi lesquels les sociétésGaumont etEuropaCorp, les réalisateursLuc Besson etFrançois Ozon, laSociété des auteurs et compositeurs dramatiques (SACD) ou encore les ayants droit du réalisateurHenri Verneuil et de l'écrivainJacques Prévert, qui l'avaient attaqué pour l'usage non autorisé d'extraits de leurs films dans son clip d'annonce de candidature. Le tribunal a jugé que ledroit de courte citation ne s'appliquait pas dans ce cas, car les extraits de films étaient utilisés pour illustrer le clip et non pour « un but exclusif d'information immédiate en relation directe avec les œuvres dont ils sont issus »[120],[416]. La condamnation est définitive car Éric Zemmour n'a pas faitappel de la décision judiciaire[417].
Janvier 2023 : injure à caractère raciste
Le, le tribunal de Paris condamne Zemmour à 4 000 euros d'amende et 3 000 euros de dommages et intérêts pour ses propos jugés racistes et outrageants tenus à l'égard d'Hapsatou Sy. Le polémiste faitappel de la décision judiciaire[418],[271],[417]. La condamnation est confirmée en appel le parla cour d'appel de Paris condamne par ailleurs Éric Zemmour à payer 3 000 euros supplémentaires à Hapsatou Sy pour ses frais de procédures[419],[420]. L'homme politique annonce vouloir engager un pourvoi en cassation[421].
Février 2024 : complicité de diffamation
Le, Éric Zemmour est condamné à 1 000 euros d'amende avec sursis et 1 000 euros de dommages et intérêts par le tribunal correctionnel de Paris pour complicité dediffamation publique concernant des propos tenus en 2020 à l'encontre de la députéeDanièle Obono qu'il avait accusée « de dire tout son amour pourMohamed Merah, qui tue des enfants juifs »[422].
Février 2024 : condamnation pour provocation à la haine contre les migrants et les mineurs isolés
Le, letribunal judiciaire de Paris condamne Éric Zemmour à une amende de 10 000 euros pour « injure etprovocation à la haine », en raison des propos qu'il avait tenus en septembre 2019 lors d'un violent discours à l'encontre desmusulmans et de l'immigration[423], en ouverture de la convention de la droite organisée par des proches deMarion Maréchal. Dans son jugement, le tribunal considère que,« en distinguant parmi les Français l’ensemble des musulmans opposés aux« Français de souche » et en les désignant, ainsi que les immigrés musulmans vivant en France, non seulement comme des criminels auteurs des attentats de 2015 mais comme d’anciens colonisés devenus colonisateurs », les propos tenus« constituent une exhortation, tantôt implicite tantôt explicite, à la discrimination et à la haine à l’égard de la communauté musulmane et à sa religion ». Zemmour est également condamné à payer un euro dedommages et intérêts ainsi que 1 500 euros au titre desfrais de justice à huit associations parties civiles, dont laLigue des droits de l'homme etSOS Racisme[424].
De nouveau jugé en appel le, Éric Zemmour est condamné pourprovocation à la haine contre les migrants et les mineurs isolés à la suite de sadiatribe. Lacour d’appel de Paris qui le reconnait coupable d’injures publiques en raison de l’origine, l’ethnie et laNation le condamne à 15 000 euros d'amende. Le polémiste est également condamné à verser 1000 euros dedommages et intérêts et 2000 euros de frais de procédure à quatre associations antiracistes[428],[429].
Mars 2025 : condamnation pour injure raciale
Le, le tribunal correctionnel de Paris condamne Éric Zemmour à une peine de 9 000 €, pourinjure raciale, pour des propos tenus à l'occasion de l'affaire de Crépol. La cour précise que faute de versement de l'amende, une incarcération de l'homme politique pourrait avoir lieu[430],[431],[432].
Avril 2025 : condamnation pour contestation de crime contre l'humanité
Il estrelaxé le par letribunal judiciaire de Paris. Les magistrats estiment que les propos relèvent bien dunégationnisme[436] mais qu'ils sont intervenus ,« dans un contexte »lui d'une réponse« à brûle-pourpoint lors d'un débat sur la guerre en Syrie »[436],[437]. En, sa relaxe est confirmée enappel[438] car les magistrats estiment alors que l'infraction de« contestation de crimes contre l'humanité n'est pas caractérisée » parce qu'en avril 1945, laHaute Cour de justice n'avait pas reconnu Pétain coupable de crimes contre l'humanité[439]. Le 19 mai, le parquet général forme un pourvoi en cassation[440]. Le, la relaxe est cassée par laCour de cassation qui estime que« les propos reprochés peuvent constituer un délit même s'ils portent sur une personnalité qui n'a pas été condamnée pour crime contre l'humanité ». Le, il est de nouveau jugé par lacour d’appel de Paris[441],[442],[443],[417],[435].
Le, il est condamné par lacour d'appel de Paris à 10 000 € d'amende[444],[445],[446]. Dans la foulée, il annonce à travers un communiqué se pourvoir encassation et affirme qu'il n'a« à aucun moment souhaitédéfendre Pétain »[447],[448]. La cour d’appel l’a également condamné à verser 1 € de dommages et intérêts et 1 200 € au titre des frais de justice à chacune des cinq associations parties civiles[449].
Relaxes
2008 : plainte pour diffamation contre son livrePetit Frère
En 2008, à la suite de la parution de son romanPetit Frère, dans lequel unJuif est tué par un jeunemaghrébin sur un parking, Zemmour reconnaît s'être inspiré d'unfait divers survenu quelques années plus tôt : le meurtre deSébastien Selam par Adel Amastaibou, son ami d'enfance et voisin de palier[450],[451]. Zemmour est poursuivi en justice par la famille qui demande l'interdiction du livre. Selon l'avocat de la famille, dans leroman, la victime est décrite comme un mauvais juif, sa mère diffamée et son grand-père accusé des pires maux[450]. Zemmour gagne le procès[452].
2014 : chronique sur RTL
Le, leConseil supérieur de l'audiovisuel (CSA), saisi par leConseil représentatif des associations noires (CRAN)[453], met « fermement en garde »RTL après une chronique d'Éric Zemmour diffusée le, estimant les propos tenus « de nature à encourager des comportements discriminatoires vis-à-vis des populations expressément désignées, et de pouvoir inciter à la haine ou à la violence à l'encontre de celles-ci »[454]. Les propos incriminés sont :« Notre territoire, privé de la protection de ses anciennes frontières, renoue dans les villes, mais aussi dans les campagnes, avec les grandesrazzias, les pillages d'autrefois. LesNormands, lesHuns, lesArabes, les grandes invasions d'après la chute de Rome sont désormais remplacées par des bandes deTchétchènes, deRoms, deKosovars, deMaghrébins, d'Africains, qui dévalisent, violentent ou dépouillent »[455]. Le CSA a également estimé que RTL avait « manqué, en permettant la diffusion de ces propos, à l'obligation de maîtrise de l'antenne », rappelant que la chronique avait été communiquée préalablement par son auteur aux responsables de la station[454].
Poursuivi pour « incitation à la haine raciale » pour ces propos, Zemmour estrelaxé en par letribunal correctionnel de Paris, qui a jugé qu'« aussi excessifs, choquants ou provocants que ces propos puissent paraître », ils ne s'appliquent « qu'à une fraction des communautés visées et non à celles-ci dans leur ensemble »[456]. Lacour d'appel de Paris confirme la relaxe le[457].
2014 : propos sur les musulmans dans leCorriere della Sera
Le, il déclare au journal italienCorriere della Sera : « Les musulmans ont leurcode civil, c'est leCoran. Ils vivent entre eux, dans les périphéries. Les Français ont été obligés de s'en aller ». Le journaliste lui demande alors : « Mais vous ne pensez pas que ce soit irréaliste de penser qu'on prend des millions de personnes, on les met dans des avions pour les chasser ? »[458]. Zemmour répond : « Je sais, c'est irréaliste, mais l'histoire est surprenante. Qui aurait dit en 1940 qu'un million depieds-noirs, vingt ans plus tard, seraient partis d'Algérie pour revenir en France ? Ou bien qu'après la guerre, cinq ou six millions d'Allemands auraient abandonné l'Europe centrale et orientale où ils vivaient depuis des siècles ? »[459].
Le, Zemmour est condamné en première instance à 3 000 euros d'amende, pourprovocation à la haine envers les musulmans. La condamnation est confirmée par lacour d'appel de Paris le[460]. En, laCour de cassation annule la condamnation. Éric Zemmour estrelaxé le par la cour d'appel de Paris, les juges estimant qu'« il n'est pas prouvé que Zemmour, poursuivi en tant qu'interviewé, savait que ce journal était publié en France »[461].
2016 : accusation de diffamation par Cécile Duflot pour des propos sur l'affaire Baupin
Le, Éric Zemmour déclare surRTL qu'en publiant les échanges téléphoniques deDenis Baupin,« Mediapart a violé toutes les règles du respect de la vie privée » et que ces journalistes se font« aussi et surtout les instruments consentants de la vengeance politicienne deCécile Duflot contreEmmanuelle Cosse, la compagne de Denis Baupin, qui l'a trahie pour un plat de lentilles ministériel ». Le, le tribunal correctionnel de Paris relaxe Éric Zemmour, estimant que ses allégations envers Cécile Duflot ne sont pasdiffamatoires[462].
2017 : propos d'Éric Zemmour sur la discrimination, annulation de la décision du CSA
Le, Éric Zemmour déclare surRTL :« La non-discrimination est présentée abusivement comme un synonyme de l'égalité alors qu'elle est devenue au fil du temps une machine à désintégrer la nation, la famille, la société au nom des droits d'un individu roi ». Le, RTL est mis en demeure par leCSA pour avoir diffusé un« éloge de la discrimination » sans aucune« contradiction ni mise en perspective ». Le, leConseil d'État annule la décision du CSA[463].
Octobre 2019 : plainte pour injure à caractère homophobe
Le, Éric Zemmour est condamné enpremière instance à 4 000 euros d'amende pour injurehomophobe après avoir déclaré surCnews en que« que les personnes homosexuelles avaient asservi l’État à leur profit »[464],[465]. Il est relaxé en appel le, la cour estime que« les propos incriminés ne sont pas injurieux envers un groupe de personnes à raison de leur orientation sexuelle »[466]. L’avocat de l’associationStop Homophobie indique vouloir former un pourvoi en cassation[466].
Cette section est liée à uneaffaire judiciaireen cours (décembre 2021). Le texte peut changer fréquemment, n'est peut-être pas à jour et peut manquer de recul.N'hésitez pas à participer à l'écriture de synthèse de manière neutre et objective, encitant vos sources. N'oubliez pas que, dans nombre de systèmes judiciaires, toutepersonne physique oumorale estprésumée innocente tant que sa culpabilité n’a pas été légalement établie.
2020 : plainte pour diffamation publique homophobe
Le, desorganisations de défense des droits LGBT (Mousse,STOP Homophobie et Adheos) portent plainte contre Éric Zemmour pour « diffamation publiquehomophobe »[469],[470]. Cette plainte fait suite aux propos tenus par Zemmour sur CNews le 15 octobre 2019 où il accusait notamment les personnes LGBT, « d'avoir la main sur l'État et de l'asservir à [leur] profit » ainsi que de « désagréger la société »[469],[471]. Il doit être jugé pour diffamation aggravée du fait ces propos en[472].
Printemps 2021 : plainte pour diffamation envers une association
L'associationL214 porte plainte pour diffamation contre Éric Zemmour pour avoir affirmé que des membres de l'association« taguent les bouchers en les traitant de nazis et en disant que les élevages sont des camps d’extermination d’Auschwitz »[473].
Juin 2021 : plainte pour diffamation publique envers une administration publique
Avril 2022 : plainte après un démarchage auprès de Français identifiés comme Juifs avant le premier tour de l'élection présidentielle
Le, leparquet de Paris ouvre une enquête préliminaire après une plainte de l'Union des étudiants juifs de France et l'association J'accuse[479]. La plainte vise l'envoi de SMS redirigeant vers un « Message d'Eric Zemmour aux Français de confession juive » à plusieurs milliers de personnes le 8 avril 2022. LaCNIL ouvre une enquête pour les mêmes faits[480].
Procédures judiciaires intentées par Éric Zemmour
Procès en diffamation contre le rappeur Youssoupha
En, Éric Zemmour porte plainte pourinjure etdiffamation après la diffusion surInternet d'une chanson du rappeurYoussoupha dont les paroles incriminées sont :« À force de juger nos gueules, les gens le savent, qu'à la télé souvent les chroniqueurs diabolisent les banlieusards, chaque fois que ça pète on dit qu'c'est nous, j'mets un billet sur la tête de celui qui fera taire ce con d'Éric Zemmour »[481].
Condamné en première instance en, Youssoupha est relaxé en appel en, lacour d'appel de Paris concluant que les propos poursuivis« n'excédaient pas les limites admissibles en matière de liberté d'expression artistique »[482].
Procès pour rupture abusive de contrat contre I-Télé
I-Télé, qui a évincé Éric Zemmour de l'émissionÇa se dispute en, est condamnée en à lui verser 50 000 euros pour« rupture abusive du contrat, sans préavis et sans invoquer aucun manquement contractuel »[483].
Plaintes pour atteinte à la vie privée
En, Éric Zemmour porte plainte pour atteinte à la vie privée après queParis Match a mis enune un cliché de lui accompagné deSarah Knafo[484]. En, après une assignation infructueuse visant à faire interdire un numéro du magazineCloser évoquant la grossesse supposée de Sarah Knafo, il annonce porter plainte contre celui-ci[485].
Plainte contre Albin Michel
En 2023, il est débouté de sa plainte contre son ancien éditeurAlbin Michel[486].
Éric Zemmour fait l'objet de nombreuxmèmes Internet, notamment unneurchi lui est dédié[492],[493],[494]. La page Facebook de son neurchi est devenue un« outil politique » contribuant à rendre Zemmour et ses propositions plus acceptables selon le principe de lafenêtre d'Overton[495].
↑La cellule agissant sur ce site s'intitule« Wikizédia ».
↑Dans son droit de réponse à CNews, elle écrit en préambule :« Éric Zemmour a porté atteinte à mon honneur et à ma réputation de femme noire, députée, qui mène la tête haute un combat pour l'égalité contre le racisme »[366].
↑L'article de Wikipédia sur Éric Zemmour est la page la plus visitée en 2021 avec 5,2 millions de vues[384].
↑En revanche, dans son arrêt, la cour ne retient pas trois autres passages de l’émission pour lesquels Zemmour avait été condamné en première instance, la jurisprudence établie en 2017 par laCour de cassation considérant qu'une « incitation manifeste » ne suffit pas et imposant désormais que les propos relèvent d'un « appel » ou d'une « exhortation » pour constituer un délit
↑Les Fables d'Eric Zemmour : autopsie d'un sophiste - Déconstruction des mensonges d'Eric Zemmour sur l'islam et les musulmans – 22 décembre 2023 - Mohammed Ibn Najiallah - Europa Edition.
↑abc etdJérémie Baruch, Maxime Vaudano, Vincent Nouvet et Anne Michel, « Derrière Eric Zemmour, les cinquante lieutenants d’une campagne d’extrême droite »,lemonde.fr,(lire en ligne, consulté le).
↑« « Me voilà intégré à une équipe fantôme » : les extraits d’un récit d’infiltration dans l’équipe de Zemmour »,Le Monde.fr,(lire en ligne, consulté le).
↑Ivanne Trippenbach, « Jean-Marie Le Pen soutiendra Eric Zemmour à la présidentielle, s’il est « mieux placé » que Marine Le Pen »,lemonde.fr,(lire en ligne, consulté le).
↑« Eric Zemmour, du mépris des femmes à la hantise de l’immigration »,Le Monde.fr,(lire en ligne, consulté le).
↑Carole Boinet, « Pour Éric Zemmour, les femmes sont sous-représentées dans les filières d'excellence parce qu'elles « n'ont pas envie de faire la guerre » »,Les Inrocks,(lire en ligne, consulté le).
↑JulienRebucci, « Serge Berstein : “Zemmour se trompe lorsqu’il dit que Pétain a sauvé des Juifs” »,Les Inrockuptibles,(lire en ligne).
↑« Laurent Joly, historien : « Eric Zemmour pense qu’il gagnera la bataille culturelle, et donc la bataille politique » »,lemonde.fr,(lire en ligne, consulté le).
↑Stéphane Long, « Les hôpitaux « assiégés » par les étrangers bénéficiant de l’AME ? La nouvelle sortie de Zemmour ulcère des médecins »,Le Quotidien du Médecin,(lire en ligne).
↑William Audureau, « Aux États-Unis, les Blancs sont majoritairement tués par d’autres Blancs »,lemonde.fr,(lire en ligne, consulté le).
↑CédricMathiot et SarahBosquet, « GPA, immigration : les fantaisies de Zemmour », surliberation.fr,(consulté le) :« Avec Éric Zemmour, l’intox, c’est du tout-terrain : radio, télé. Le polémiste a squatté les médias ces derniers jours, et délivré un chapelet de contrevérités sur la GPA ou sur l’immigration. ».
↑« Eric Zemmour relaxé : le parquet général forme un pourvoi en cassation »,Le Monde.fr,(lire en ligne, consulté le)
↑« Pétain « sauveur » des juifs : la Cour de cassation ordonne un nouveau procès contre Eric Zemmour pour contestation de crime contre l’humanité »,Le Monde,(lire en ligne, consulté le)