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Éliane Radigue, née le, est unecompositricefrançaise. Le choix et l'utilisation presque exclusive de sons continus, appelés aussidrones, rapproche son esthétique des courantsminimaliste etspectral. De 1974 à 2000, elle compose principalement ses œuvres à partir d'un synthétiseur modulaireARP 2500 et de magnétophones à bandes. Depuis2001, elle travaille avec de nombreux musiciens et musiciennes à la création de pièces pour instruments acoustiques.
Éliane Radigue naît et grandit àParis, dans le quartier deBeaubourg[1]. À 19 ans, elle quitte la capitale française pour partir vivre àNice où elle rencontre l'artiste peintreArman. Ils se marient en 1951 et ont ensemble trois enfants : Françoise (1951), Anne (1953) et Yves (Yves Arman) (1954-1989). Éliane côtoie alors l'ensemble des artistes de l'École de Nice, notammentBen,Robert Filliou etYves Klein. Dès son enfance, elle pratique successivement lepiano puis laharpe et s'essaye à la composition. Néanmoins son cheminement dans la musique prend un tournant dans lesannées 1950 après avoir entendu pour la première fois à la radioL’Étude aux chemins de fer dePierre Schaeffer, initiateur de lamusique concrète. Rencontré en 1955, lors d'une conférence consacrée àGurdjieff, il l'invite auStudio d'essai puis Éliane devient l'une de ses élèves et travaille au studio lors de séjours à Paris. À la fin des années 1950, elle met un terme à ses fréquentations du Studio d'essai et se consacre à animer des conférences sur lamusique concrète. Éliane Radigue et Arman vivent à Nice jusqu'à leur séparation fin1967. Elle revient s'installer alors à Paris et reprend la composition tout en étant assistante dePierre Henry. Elle participe à l'élaboration de la pièceL’Apocalypse de Jean. Lorsqu'elle était au Studio d'essai, elle avait déjà effectué quelques montages pour la pièceL'Occident est bleu. C'est au sein du studio Apsome qu'elle développe sa technique et commence à composer des pièces où l'on retrouve des éléments musicaux qui constitueront plus tard l'originalité de sa musique :
Toutes ces pratiques sont éloignées des idéaux de Schaeffer et Henry. Par conséquent, elle prend un peu de distance avec leGRM et travaille avec du matériel de studio chez elle (micros, magnétophone à bandes). En parallèle, elle fait des voyages aux États-Unis où elle rencontre nombre de compositeurs minimalistes :La Monte Young,Alvin Lucier,Charlemagne Palestine,James Tenney,Steve Reich,Philip Glass,Terry Riley etPhill Niblock.
En1970, elle séjourne un an à New York où elle s'initie au travail sursynthétiseur à l'université de New York, dans un studio qu'elle partage avecLaurie Spiegel, elle y compose sa première musique uniquement basée sur l'usage du synthétiseur, un modèleBuchla installé parMorton Subotnick. C'est là qu'elle découvre le synthétiseur qui deviendra son instrument jusqu'en 2000, le synthétiseur modulaireARP 2500[2]. Au fil du temps, ses compositions évoluent vers plus d'expérimentation, avec la manipulation debande magnétique, l'utilisation de l'effet Larsen et ledesign sonore[3]. L'œuvre de Radigue est aussi fortement influencée par lebouddhisme[4]. Au tournant des années 2000, elle collabore avecKasper T. Toeplitz et abandonne le synthétiseur pour des instruments acoustiques[pas clair].
Au cours des années 1970, Radigue eu une relation amoureuse avec le pianisteGérard Frémy. Sa pièceGeelriandre (1972) est dédiée à Frémy et ce dernier y joue du piano préparé, l'une des rares apparitions de l'instrument dans l'oeuvre de Radigue.
Son œuvre se divise en trois périodes
Il est difficile de classifier la musique d'Éliane Radigue tant elle se distingue des grands courants « classiques » de la musique contemporaine. Sa musique fait appel tour à tour à des techniques d'écritures et de compositions se réclamant ducourant minimaliste mais aussi, de par la façon dont elle utilise l'instrument, à un courant électroacoustique. La compositrice déroule un espace sonore combinant des sons graves, denses et continus qui évoluent très subtilement au cours du temps.
Après avoir présenté le premier de sesAdnos en1974 auMills College, sur invitation deTerry Riley, un groupe d'étudiants français visiteurs remarque le lien profond entre sa musique et la méditation, et lui suggère de s'intéresser aubouddhisme tibétain. Elle se convertit à cette religion par la suite et consacre les trois années suivantes à sa pratique auprès du maître tibétainTsouglag Mawéi Wangchoug, le10ePawo Rinpoché, qui la renvoie ensuite à ses travaux sur la musique[5].
Elle revient à la composition, reprenant les mêmes méthodes et poursuivant les mêmes buts qu'auparavant, elle termineAdnos II en1979 etAdnos III en1980. Puis vint la série d’œuvres consacrée àMilarépa, grand yogi tibetain célébré pour lesMille Chants qui constituent la base de ses enseignements. Ce sont lesSongs of Milarepa suivis deJetsun Mila évoquant la vie de ce grand maître, œuvres soutenues par une « bourse à la création », commande des services culturels français.
À la fin desannées 1980 et au début desannées 1990, elle se consacre à une œuvre singulière, peut-être son chef-d'œuvre, d'une durée de trois heures, laTrilogie de la mort, dont la première partie,Kyema, Intermediate State, suit le parcours du continuum des six états de la conscience. Une œuvre influencée par leLivre des morts tibétain, par sa pratique de la méditation et par la mort dePawo Rinpoché et celle de son filsYves Arman. Le premier volume de la trilogie,Kyema, est son premier enregistrement publié ; il sort sur le label XI dePhill Niblock.
En 2000 est née à Paris sa dernière pièce électroniquel'Ile Re-sonante qui a reçu en 2006 le Golden Nica au FestivalArs Electronica àLinz.
En 2004, à la demande du bassiste et compositeur électroniqueKasper T. Toeplitz, est créée sa toute première œuvre instrumentale,Elemental II, enregistrée sur le label r.o.s.a., label que Toeplitz crée spécialement pour l'édition de cette œuvre (la pièce est ensuite reprise par le groupe d'improvisation sur laptopThe Lappetites qu'elle rejoint, participant à leur premier albumBefore the Libretto sur le label Quecksilber en 2005). Depuis, elle se consacre à la création d'œuvres pour instruments purement acoustiques. D'abord avec le violoncelliste américain Charles Curtis est créée à New York en la pièceNaldjorlak, jouée depuis en une trentaine de concerts à travers l'Europe et les États-Unis. PuisNaldjorlak II pour les deuxcors de bassetCarol Robinson et Bruno Martinez, créée en au festival d'Aarau. Les trois musiciens ont ensuite travaillé avec Éliane Radigue au trioNaldjorlak III. L'ensemble des trois volets de Naldjorlak a été présenté à Bordeaux le. En est créée à Londres sa première pièce pourharpe soloOccam I, jouée par Rhodri Davies.
Ses musiques concrètes — de facture électronique — sont régulièrement interprétées, à sa demande, sur orchestre de haut-parleurs, par Emmanuel Holterbach et parLionel Marchetti.
Elle obtient en 2018 un Coup de cœur musique contemporaine de l'Académie Charles-Cros pourOccam ocean, annoncé le 26 décembre par Omer Corlaix surFrance Musique lors de l’émission le concert du soir[6].
Officier de l'ordre des Arts et des Lettres (2022)[7]