Édouard est le quatrième enfant[2] deRichard Plantagenêt,comte de Rutland, deMarch, d'Ulster et deCambridge,duc d'York (mort en 1460) et deCécile Neville (morte en 1495). Il naît àRouen, alors sous contrôle anglais, le[3]. Il est l'aîné des quatre fils de Richard qui atteignent l'âge adulte. Les prétentions de son père à la couronne d'Angleterre, et la santé mentale inégale du roiHenriVI forment le facteur déclenchant de l'escalade du conflit connu sous le nom deguerre des Deux-Roses. Après la défaite des Yorkistes àLudford Bridge, en, Édouard se réfugie àCalais avec lecomte de Salisbury[4]. Ils déjouent les tentatives des Lancastre de reprendre la ville et regagnent l'Angleterre au début de l'été1460. Édouard commande un des trois corps de l'armée yorkiste lors de la victoire deNorthampton, le[5]. Richard d'York se fait alors reconnaître par le Parlement comme le successeur d'HenriVI par l'Acte d'Accord du[6].
Malgré la résistance des partisans des Lancastre au nord de l'Angleterre, la mainmise d'ÉdouardIV sur le royaume n'est pas remise en cause, d'autant qu'HenriVI est finalement capturé en et enfermé à latour de Londres. Au début de son règne,Richard Neville, comte de Warwick, s'avère tout-puissant et possède la haute main sur la politique du royaume. Mais Édouard s'aliène Neville quand, en, il se marie secrètement àÉlisabeth Woodville (1437 – 1492)[10], la veuve d'un sympathisant de la maison de Lancastre, alors que Neville projetait de l'unir àBonne de Savoie, belle-sœur du roiLouisXI[11]. Dès lors, l'influence de Neville sur le roi commence à décroître au profit de la famille d'Élisabeth Woodville, et notamment de son pèreRichard Woodville. Son ressentiment, renforcé par le refus d'Édouard de laisser ses frèresGeorges etRichard se marier avec les deux filles de NevilleIsabelle etAnne[12], ainsi que par la préférence d'Édouard d'une alliance avec laBourgogne plutôt qu'avec laFrance, le pousse à comploter avec Georges,duc de Clarence, le frère cadet d'Édouard.
Neville et Clarence lèvent une armée qui bat celle d'Édouard (mais sans lui pour la mener) àEdgecote Moor le. Édouard est alors fait prisonnier[13], Neville fait exécuter le père d'Élisabeth Woodville et tente de gouverner au nom du roi, en espérant faire monter sur le trône Georges, l'héritier présomptif d'Édouard qui n'a pas encore de fils et qui vient d'épouserIsabelle Neville. Cependant, une grande partie de la noblesse du pays est hostile à cette idée. Peu de temps après, le lancastrienHumphrey Neville de Brancepeth(en) constitue une armée dans le but d'organiser une nouvelle rébellion. Warwick n'arrive pas à lever une armée au nom d'ÉdouardIV et est donc obligé de libérer le roi pour que celui-ci mate la rébellion. Édouard, plutôt que de faire exécuter Neville et son frère Georges, cherche à se réconcilier avec eux. Mais ils se rebellent à nouveau et sont forcés de fuir en France quand Édouard bat leur armée lors de labataille de Losecoat Field, le[14]. Accueillis à la Cour du roi Louis XI, ils concluent une alliance avecMarguerite d'Anjou, épouse d'HenriVI, et Neville accepte de restaurer celui-ci sur le trône en échange d'un soutien français à son projet d'invasion, qu'il mène à bien au mois d'. La libération deHenry Percy, dont le père lancastrien est mort à Towton, et son rétablissement en tant quecomte de Northumberland entraînent la défection deJohn Neville, qui espérait conserver le titre, récompense accordée parÉdouardIV après ses victoires pour York. John se rallie à son frère Richard Neville et le rejoint à la tête d'une forte armée. Voyant que la situation militaire est intenable, Édouard disperse ses troupes et s'enfuit enBourgogne avec son frère Richard de Gloucester pendant qu'HenriVI est rétabli sur le trône d'Angleterre par Neville[15].
Édouard est accueilli par son beau-frère,Charlesle Téméraire, qui est malgré tout réticent à lui apporter son aide pour reconquérir le trône. Mais l'alliance entre Neville et la France et la menace d'une invasion le poussent à changer d'avis ; Charles fournit à Édouard de l'argent et des troupes. Édouard débarque àRavenspurn, sur la côte duYorkshire, le à la tête de forces relativement modestes. Il traverse les terres d'Henry Percy, qui fait semblant de croire qu'Édouard désire simplement rétablir ses droits sur son duché. La ville d'York lui ferme ses portes et il marche alors vers le sud en obtenant du soutien et en rassemblant des troupes sur sa route. Son frère Georges (qui voit ses droits dynastiques réduits à néant avec le rétablissement d'HenriVI) change alors à nouveau de camp et le rejoint. Édouard entre dans Londres sans résistance, faisant à nouveau prisonnierHenriVI[16], et triomphe de l'armée de Neville lors de labataille de Barnet, où Richard et John Neville eux-mêmes sont tués, le. Puis il bat l'armée de Marguerite d'Anjou à labataille de Tewkesbury, le, oùÉdouard de Westminster, le fils d'HenriVI est exécuté[17]. Quelques jours plus tard,HenriVI meurt à son tour soudainement, Édouard ayant sans doute donné l'ordre de le tuer afin d'éliminer définitivement la menace des Lancastre[18]. Le cousin de Warwick,Thomas Neville, qui attaque par le sud-est et fait lesiège de Londres, est capturé àSouthampton.
Toute opposition àÉdouardIV est dès lors éliminée à l'intérieur du pays et il peut se consacrer aux affaires extérieures. En1475, il monte une expédition militaire en France à partir deCalais dans le but de reprendre les possessions anglaises en France, perdues sous le règne d'HenriVI. Conscient du faible potentiel de son armée, essentiellement constituée d'archers sans expérience guerrière, et devant l'absence de soutien militaire de Charlesle Téméraire, il préfère accepter les offres généreuses duroi de France Louis XI et letraité de Picquigny, signé le, met officiellement fin à laguerre de Cent Ans[19].
La rivalité constante entre les deux frères d'Édouard, désormais mariés aux deux filles de Neville, concernant l'héritage de leur père, trouble le monarque et, en, Georges est accusé de comploter contre Édouard et, convaincu de trahison, est exécuté en privé (noyé dans une barrique demalvoisie selon la tradition populaire)[20]. Richard capte alors l'héritage du comte de Warwick.
Néanmoins, la santé d'ÉdouardIV commence à décliner et il tombe gravement malade en. Il a cependant le temps de faire rajouter quelques codicilles à son testament, le plus important étant celui où il nomme son frère Richard comme Protecteur du royaume après sa mort. Il meurt le et est enterré dans lachapelle Saint-Georges, auchâteau de Windsor. Son fils,ÉdouardV, âgé de douze ans, lui succède sur le trône. La cause précise de la mort d'ÉdouardIV n'est pas connue avec exactitude, lapneumonie, latyphoïde ou même un empoisonnement faisant partie des principales hypothèses. On peut aussi attribuer sa mort à son style de vie peu sain car, devenu inactif, il avait pris beaucoup d'embonpoint au cours des années précédant sa mort.
Le fils aîné d'ÉdouardIV, âgé de 12 ans et connu sous le nom d'ÉdouardV, lui succède. Le conseil de régence dirigé parRichard,lord protecteur du royaume et tuteur du jeune roi se saisit d'un possible cas debigamie du roi décédé. Il est établi qu'ÉdouardIV aurait promis le mariage àÉléonore Talbot en 1461 et Robert Stillington,évêque de Bath et Wells, affirme avoir célébré une cérémonie d'union. Or, Éléonore Talbot, décédée en1468, était encore vivante lors du mariage d'Édouard avec Élisabeth Woodville. Le mariage d'ÉdouardIV avec Élisabeth est par conséquent invalidé et tous ses enfants reconnus illégitimes[21].ÉdouardV est déposé le et enfermé à latour de Londres en compagnie de son frère cadet,Richard de Shrewsbury, pas encore 10 ans. Son titre lui est cependant conservé. Richard, duc de Gloucester, est couronné dès le 6 juillet sous le nom deRichardIII. Les deux enfants ne seront plus revus en vie après l'été 1483 ; ce qu'il leur advint, mort naturelle ou violente, reste l'un des plus grands mystères de la couronne d'Angleterre ainsi que le sujet de nombreux débats[22].
ÉdouardIV, de belle allure et au physique impressionnant[23] (sa taille, estimée à 1,93 m, en fait le plus grand monarque britannique à ce jour[24]), était un chef militaire redouté et extrêmement compétent, doté d'un grand flair[25]. Il réussit à détruire lamaison de Lancastre par une série de victoires spectaculaires et ne fut jamais vaincu sur le champ de bataille. En dépit de ses quelques revers politiques, souvent provoqués par son grand rival, le roiLouisXI, il fut un souverain populaire et capable. Bien que manquant de prévoyance et ayant commis à l'occasion des erreurs de jugement, il possédait une compréhension troublante de la plupart de ses sujets les plus importants, et la grande majorité de ceux qui l'ont servi lui restèrent indéfectiblement loyaux jusqu'à sa mort, y compris dans le rang de ses anciens ennemis lancastriens.
Sur le plan intérieur, le règne d'ÉdouardIV vit la restauration de l'ordre en Angleterre (la devise d'Édouard étant d'ailleursmodus et ordo, « la méthode et l'ordre »), et la piraterie et le banditisme, qui avaient pris beaucoup d'importance sous le règne d'HenriVI, décrurent considérablement. Édouard fut aussi un homme d'affaires perspicace qui investit avec succès dans plusieurs corporations de laCity de Londres.
Néanmoins, en dépit de son génie militaire et administratif, la dynastie d'ÉdouardIV ne lui survécut qu'à peine deux ans. Mais par sa fille Élisabeth d'York, mère deHenriVIII, ses descendants ont continué à occuper le trône d'Angleterre. Il fut l'un des rares membres masculins de sa famille à mourir de cause naturelle. En effet, son pèreRichard et son frèreEdmond furent tués à labataille de Wakefield ; son grand-père,Richard de Conisburgh, et son frèreGeorges furent exécutés pour trahison ; ses deux fils furent emprisonnés et disparurent (probablement tués) l'année de sa propre mort ; son frèreRichard fut tué lors de la célèbrebataille de Bosworth qui l'opposa àHenri Tudor.
Il eut également de nombreuses maîtresses, la plus célèbre de toutes étantJane Shore, et il est rapporté qu'il eut plusieurs enfants illégitimes, dont le plus connu resteArthur Plantagenêt, qui fut une célèbre figure de la Cour durant le règne d'HenriVIII.