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Du vocatif à l'apostrophe : Problèmes terminologiques et théoriques, termes d'adresse et détachement en diachronie en français

[article]

Année 2006109 pp. 38-44

Lagorgette Dominique. Du vocatif à l'apostrophe : Problèmes terminologiques et théoriques, termes d'adresse et détachement en diachronie en français. In:L'Information Grammaticale, N. 109, 2006. pp. 38-44.

DOI :https://doi.org/10.3406/igram.2006.3814

www.persee.fr/doc/igram_0222-9838_2006_num_109_1_3814

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38 L’Information grammaticale n° 109, mars 2006 Si ce qui se conçoit bien s’énonce clairement, il apparaît très vite que la terminologie rendant compte du phénomène du détachement rend surtout compte d’un flou catégoriel : ainsi, la multiplicité des étiquettes et des descriptions du phénomène de l’adresse est particulièrement nette. Ce flou vient vraisemblablement du fait que le syntagme nominal détaché reste difficile à analyser à l’aune des critères usuels : il n’appartient pas aux parties du discours, peut en mêler plusieurs dans sa composition, peut fonctionner de manière autonome, et de fait semble faire fi des plus élémentaires règles de syntaxe puisqu’il se promène d’un bout à l’autre des énoncés sans place assignée. On ne peut le caractériser par des propriétés lexicales, et même son sémantisme montre de multiples facettes, selon les visées pragmatiques qui en orientent l’usage. Une telle diversité a donné lieu dans les traditions rhétorique, grammairienne et linguistique à de nombreux étiquetages de ces syntagmes nominaux, et chaque appellation renvoie en fait à un présupposé théorique, ce qui nous paraît très significatif des difficultés rencontrées pour caractériser les notions. De plus, les termes d’adresse 1 sont longtemps restés peu fréquentés par les linguistes spécialistes du français, d’une part parce qu’ils semblaient essentiellement appartenir à une problématique relevant des langues à flexion casuelle, mais certainement aussi parce que les éléments périphériques semblaient moins cruciaux que les autres, et enfin parce que les études dominantes sur le sujet relevaient de la stylistique et/ ou de la lexicologie. Les années 1990 ont marqué un regain d’intérêt pour la linguistique du détachement, et en particulier les TA, notamment grâce aux études sur les interactions verbales qui, dépassant le niveau syntaxique pour se préoccuper de l’axe pragmatique, ont bien mis en évidence l’importance des rôles joués par ces syntagmes (Kerbrat-Orecchioni, 1980 et 1992, par exemple). Depuis dix ans, les publications sur ce sujet fleurissent, sans toutefois aboutir à une unité (une cohérence ?) terminologique. Nous essayerons ici de rendre compte de cette diversité et de la relier au problème du choix des critères à mesure que se présenteront les restrictions, en commençant par les termes polysémiques, pour enfin envisager un cas particulier, celui des insultes, qui a l’avantage de résumer, nous semble-t-il, l’ensemble du problème.

1. « Vocatif »

Le terme de vocatif renvoie généralement (mais pas toujours) à l’un des cas dans les langues à flexion nominale. Il est généralement réservé dans les langues romanes à la fonction d’appel de l’allocutaire. On remarque d’emblée que pour un même étiquetage deux sens peuvent se distinguer.

1.1. Le vocatif = un cas

Le latin ne marque le vocatif que pour les noms masculins (noms propres inclus) de la 2e déclinaison (e/ o), mais très tôt la marque du nominatif peut le remplacer (Serbat, 1996). Le débat oppose chez les latinistes ceux qui voient dans le vocatif une fonction syntaxique (Plénat, 1979 : nominatif sousjacent ; Kuhner-Stegmann (apud Serbat, 1996 : 89), R. O. Fink (1972), H. Fugier (1985)), ceux qui considèrent qu’il s’agit d’une fonction énonciative (Serbat, 1981, 1987, 1996) et enfin ceux qui se situent à la croisée des deux approches (entre phrase et fonction énonciative : de Carvalho, 1985 2) ; Suarez Martinez (1991) précise que c’est en fait la marque de 2e personne dans l’énoncé global qui est déterminante et qui témoigne d’un certain degré d’intégration. On relie donc marquage et non-marquage comme portant un rôle syntaxique pour des éléments qui sont précisément toujours décrits comme indépendants. À ce propos, la coréférence avec la 2e personne verbale peut déjà fournir des éléments de réflexion quant à l’indépendance des SN envisagés : peut-on réellement parler d’indépendance quand d’autres éléments du même énoncé opèrent un lien ? Ainsi, d’après Jespersen :

Dans certaines langues comme le latin, il constitue une forme distincte et l’on doit alors admettre qu’il existe un autre cas qui est le vocatif. Mais dans la plupart des langues il est identique au nominatif, et il n’y a donc pas lieu de parler de vocatif. Dans les cas où l’on a un vocatif, on peut dire qu’il indique qu’un nom est employé à la 2e personne et qu’il est détaché de la phrase, ou bien encore qu’il constitue à lui seul une phrase. Il a quelque chose de commun avec l’impératif et on pourrait peut-être dire qu’il exprime une sorte de demande adressée à l’auditeur, tout comme écoutez ou faites attention. L’emploi d’un impératif dans la phrase met en évidence la relation qui unit le vocatif et le nominatif ; en effet, on dit you, take that chair !, « vous, prenez cette chaise ! » , en détachant you de la phrase exactement comme si on disait John, take that chair !, « John, prenez cette chaise ! » ; mais, si on le dit très vite, cela devient : you take that chair !, DU VOCATIF À L’APOSTROPHE Problèmes terminologiques et théoriques Termes d’adresse et détachement en diachronie du français

Dominique LAGORGETTE

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