Martin Rinckenbach construisit cet orgue en 1885 : c'est son opus 11, construit juste après celui deHoenheim (un tout petit peu plus grand). L'instrument est logé dans un très beau buffet néo-gothique réalisé par la maison Klem de Colmar.
Historique
Un premier orgue est attesté à Koetzingue en1821. On connaît le nom de son organiste en 1851 : Joseph Cordonnier. [IHOA] [PMSSUND1986]
L'instrument a été démonté, puis remonté en1861 dans la nouvelle église. Comme on pouvait s'y attendre, il était devenu insuffisant dans le nouvel édifice. [IHOA] [PMSSUND1986] [Barth]
Historique
Commandé le 04/03/1885, l'orgueMartin Rinckenbach de Koetzingue devait compter "20 registres". Il fut reçu le 26/11/1885. Une partie du financement était assurée par un don de M. Kempf. [LR1907] [IHOA] [PMSSUND1986] [Barth]
L'instrument est très proche de celui deHoenheim (ce dernier étant un peu plus grand, puisque doté de 22 jeux). Le grand-orgue est ici composé de la même façon, mais sans la grande Flûte majeure, qui est donc le jeu suivant dans l'ordre de priorité. Mais c'est aussi un jeu très coûteux, et on peut comprendre qu'on y ait renoncé à Koetzingue. Il en est de même au récit, et là, c'est le Hautbois qui manquait à Koetzingue à l'origine. Mais, à l'intérieur, sa chape était prévue, pour être pourvue ultérieurement. Ce complément, effectué plus tard, était donc absolument logique et cohérent, d'autant plus que ce Hautbois devait cruellement manquer. Les pédales des deux instruments sont identiques. L'anche 8' de pédale est encore répandue à cette époque symphonique, mais va disparaître à l'âge post-symphonique, car les tirasses (devenues systématiques) rendent la Trompette de pédale un peu secondaire : on préférera l'anche de 16' seule, et consacrer les économies à d'autres jeux.
Rinckenbach a aussi réalisé "la pointure en-dessous" (I/P 14 j), en 1888 àWolfgantzen. On y trouve d'ailleurs un Hautbois.
Ces instruments sont des témoins de l'évolution esthétique qui conduira la maison d'Ammerschwihr à l'apogée de la facture symphonique alsacienne, dont le fleuron (conservé) est l'orgue deMulhouse,St-Joseph.
On trouvera sur la page consacrée auxcompositions des orgues Martin Rinckenbach de 1874 à 1898 plus de détails sur ces choix esthétiques.
Les tuyaux de façade ont été réquisitionnés par les autorités en mars1917. [PMSSUND1986]
Il ont été remplacésaprès 1927. [PMSSUND1986]
En1986, l'orgue a été relevé parMichel Gaillard, pour le comte de la maison Aubertin. [SiteGaillard]
Un nouveau relevage, toujours mené parMichel Gaillard a eu lieu en2008. [MFreyburger]
Un Basson-Hautbois, confectionné en copie de celui de l'orgueMartin Rinckenbach de l'égliseSt-Léger deBlotzheim, a été posé sur une chape laissée libre au récit à la construction de l'orgue en 1885. [MFreyburger]
Le buffet
Le buffet néo-gothique, en chêne, a été réalisé par la maison Klem de Colmar. Il a probablement été très apprécié, puisqu'il fut reconstruit pratiquement à l'identique pourRothau en 1886.
Ce n'est pas le schéma habituel - 3 tourelles et deux plates-faces doubles - qui a été retenu ici : trois plates-faces, la plus grande au centre, sont séparées par deux très fines tourelles plates. Pour garder un "air de famille", les plates-faces latérales sont doubles. Chacun des 5 éléments est surmonté d'un gâble, et les couronnements respectent les standards du style néo-gothique : crochets et pinacles. Les claire-voies sont finement sculptées. La ceinture du buffet est constituée d'une frise de tri-lobes. Il n'y a pas de culots, ni de jouées.
Caractéristiques instrumentales
C | c' |
2'2/3 | 4' |
2' | 2'2/3 |
1'3/5 | 2' |
Console en fenêtre latérale.
La plaque d'adresse est en français, en métal gris clair et dit, le lettres noires :
Mécanique à équerres.
Sommiers à gravures, d'origine. Le grand-orgue est diatonique en "M", et placé derrière la façade. Le récit est juste derrière et en hauteur, touchant le plafond ; il est chromatique basses à droite (donc aigus côté console) ; ses vergettes longent pratiquement la dernière chape du grand-orgue. La pédale, en mitre, est logée tout à l'arrière, sur 2 sommiers diatoniques placés au niveau du sol.
Authentique, très bien entretenu, cet orgue est un digne représentant de sa prestigieuse lignée. Sa composition reste un "cas d'école" pour 21 jeux. C'est aussi un instrument totalement représentatif du style alsacien : symphonique "parisien" par sa composition et sa console, plus germanique du point de vue des techniques de facture, logé dans un buffet de la célèbre maison Klem de Colmar, et doté de l'emblématique Violoncelle de pédale. On y trouve tout ce qui a fait le succès de la facture d'orgues alsacienne à son apogée.
Webographie :
Sources et bibliographie :
Remerciements à Anne-Caroline Gredy.
Photos du 03/10/2021 et données techniques.
Photo du 05/08/2003.
"Kätzingen 20"
im68004535 ; avec une photo en noir et blanc du buffet
Localisation :