Au cours des siècles, de nombreux facteurs ont innové pour donner une personnalité propre à leur jeux. Toutes sortes de paramètres influent sur le son produit par un tuyau : la forme, la nature des matériaux utilisés, les accessoires dont il peut être muni. Certains de ces paramètres sont liés à la façon de construire le tuyaux, mais d'autres, plus subtils, sont affaire d'harmonisation. C'est d'ailleurs cette dernière qui a le dernier mot, et qui donne sa personnalité ultime au jeu : s'il est sûrement plus facile d'obtenir un bon résultat sonore avec du matériel de grande qualité, une tuyauterie a priori quelconque peut faire des merveilles une fois passée entre les mains d'un harmoniste talentueux.
> Plus de détails sur les harmoniques.> Ecouter des harmoniques (Exemples "Midi").Les chiffres 16', 8', 4'...
A la suite de leur nom, les nom jeux sont généralement suivis d'un chiffre : 8', 16', 4', 2'... ou simplement 8, 16, 4, 2. Car dans un orgue, tous les jeux ne sonnent pas à la même hauteur. Par exemple, certains parlent "à l'octave", c'est à dire une octave plus haut que la note qui est jouée sur le clavier. D'autres, au contraire, parlent une octave au-dessous. Le pied est une unité de mesure valant 0,3243 m. 8' ou 8 pieds fait donc référence à une longueur : 8 pieds représentent à peu près 2m60. Dans les jeux à bouche, la longueur du tuyau (plus exactement la distance séparant la bouche du haut du tuyaux) et la hauteur de la note sont directement liés. On a donc pris l'habitude d'associer la longueur du tuyaux et la tessiture du son produit, en prenant pour référence jeu à bouche ouvert. Pour réaliser la note la plus grave (Do, ou C) d'un tel jeu, il faut un tuyau de 8 pieds de long. Par extension, "jouer en 8 pieds" consiste à jouer à la tessiture normale.
Les jeux de huit pieds (8') sonnent à la hauteur normale.
Quand on a construit un tuyau d'orgue qui émet une note donnée, les lois de la physique imposent de diviser sa longueur par deux si l'on veut obtenir la même note une octave plus haut. Donc, quand on joue un 4', la note entendue (ici le troisième Do) correspond à celle se trouvant une octave plus haut que la touche enfoncée (ici le deuxième Do) :
Les jeux de 4' sonnent une octave plus haut que les 8'.
De la même façon, les jeux de 2' sonnent une octave plus haut que les 4'. Quand on joue un 2', la note entendue (ici le quatrième Do) correspond à celle se trouvant deux octaves plus haut que la touche enfoncée (ici le deuxième Do).
Les jeux de 2' sonnent deux octaves plus haut que les 8'.
Dans l'autre sens, en construisant des tuyaux deux fois plus longs que pour une jeu de 8 pieds, on obtient un jeu de 16', sonnant cette fois une octave plus grave. Quand on joue un 16', la note entendue (ici le premier Do) correspond à celle se trouvant une octave plus grave que la touche enfoncée (ici le deuxième Do).
Les jeux de 16' sonnent une octave plus grave que les 8'.
Les jeux de 32' (ils sont plus rares) sonnent une octave plus grave que les 16', donc deux octaves plus grave que les 8'. Il existe des hauteurs en pied plus exotiques (2'2/3, 1'3/5...). Elles sont décrites au chapitre sur lesmutations.
> Plus de détails sur les hauteurs de tuyaux.Les tailles
La longueur d'un tuyau à bouche est fixée par les lois de la physique, mais la largeur (le diamètre) donne de la liberté pour agir sur son produit. Plus exactement, c'est le rapport hauteur/diamètre qui est significatif. On peut en effet imaginer construire des tuyaux très larges, ou au contraire tout fluets.
Les"fonds" sont les jeux qui participent à la registration dite de"fonds d'orgue". Ils sont constitués de tuyauxà bouche, c'est à dire que le son est produit comme dans une flûte à bec.
Fonctionnement d'un tuyau à bouche
Voici le même tuyau vu en coupe.
Les fonds de taille moyenne
Le Principal
On classe leFloetenprincipal parmi les Principaux, et leGeigenprincipal parmi les Gambes. L'Octavebasse (de pédale) devrait être une Principal (ce l'est quand le 16' est un Principal), mais c'est généralement une Flûte (quand le 16' est une Soubasse ou une Flûte 16').
Ce sont des tuyaux de Principal (très aigus) qui servent à construire lesMixtures comme laFourniture ou laCymbale. Mais ceux-ci ne sont pas des jeux de fonds.
Les fonds de taille large
Les Flûtes
La Flûte harmonique
Il existe aussi, surtout dans l'esthétique Romantique, desFlûtes harmoniques. C'est en quelque sorte le contraire d'unBourdon : les tuyaux ont ici le double de la longueur normale pour un tuyau ouvert. On pratique, à mi-hauteur, un petit trou dans le tuyau. Il va"octavier", c'est à dire attaquer comme un jeu de longueur double, puis remonter sa note une octave plus haut. C'est pourquoi on l'appelle aussiFlûte octaviante. Une Flûte harmonique ou octaviante de 4' a des tuyaux de même hauteur que les 8' ouverts. Elle attaque comme un 8', puis tient sa note en 4', ce qui donne une clarté toute spéciale au son. C'est bien sûr un jeu "de luxe". On ne réalise presque jamais un jeu octaviant jusque dans les graves : la longueur doublée commence souvent à la troisième octave seulement. On appelle souventOctavin la Flûte harmonique 2'.
Autres Flûtes ouvertes
Il existe de nombreuses autres Flûtes, la plupart des qualificatifs étant utilisés pour décrire non pas tant leur construction que l'esprit de leur harmonisation. On trouvera de nombreuses"Flûtes douces". Les appellations "latines" permettent d'éviter le (parfois délicat) choix de la langue (Alsace entre 1871 et 1918...) :Flauto dolce ouDolce. A la fin du 19ème, on préfère souvent le plus poétiqueFlauto amabile. L'Harmonie Floete est très voisine, tout comme celle appeléeFlautino, en 2', plus étroite qu'une Flûte normale, pour être plus douce.
Il en existe des coniques (rétrécissant vers le haut), qui se "gambent" un peu :Spitzfloete. Le Gemshorn est parfois rangé parmi les flûtes (si le mot veut dire "Flûte conique"), mais plus souvent parmi lesGambes.
Enfin, pour confirmer que la flûte est ouverte, on peut parler deFlûte creuse ouHohlfloete. Dans ce cas, cela peut aussi confirmer "non harmonique".
LaFlûte traversière ou traverse peut désigner plusieurs types de jeux différents, mais c'est généralement (en Alsace, Callinet par exemple) une Flûte très claire, qui peut être à cette fin construite en étain (et pas en étoffe). Notons que la désignation s'applique normalement à une flûte avec le biseau extérieur : la bouche avance et envoie le vent sur la lèvre supérieure (ou une bouche arrondie) depuis l'extérieur du tuyau. Les Flûtes traverses sont souvent octaviantes (harmoniques).
LaWienerfloete est un genre de flûte traverse, et laFlûte de concert ("Konzert floete") généralement une flûte traverse de taille large, donc très présente.
Sur un même tuyau, il est possible de construire deux bouches (une de chaque côté, ou à 90°). Un exemple deFlûte à double bouche est laJubalfloete.
Forte présence de la fondamentale
Caractéristique du son de la Flûte est de bien affirmer la fondamentale de la note.
C'est pourquoi ce sont des tuyaux de Flûte qui servent à construire les jeux deMutation composant leCornet.
Les Bourdons
UnCor de Nuit est un Bourdon au son très doux, l'un des moins forts de l'orgue. En Allemand, Bourdon se ditGedeckt ("couvert") ouCoppel.
Sur les grands tuyaux, les systèmes d'accord doivent tenir compte des difficultés d'accès.
Les fonds de taille étroite
Les Violes de Gambe, la Voix céleste et l'Unda-Maris
Au contraire laDulciane est un jeu étroit harmonisé de façon très douce. On la trouve généralement en 8 pieds.
Les Gambes sont construites en étain ou en bois. Le zinc peut être utilisé pour les graves et donne de bons résultats s'il est bien harmonisé.
Le Quintaton
Le Salicional
LeSalicional est un compromis entre lePrincipal et laGambe. Il a eu un grand succès au 19 ème siècle, où on le rencontre dans presque tous les instruments. Il est moins large qu'un Principal, mais plus qu'une Gambe. On le rencontre habituellement en 8' ("Salicional"), mais aussi en 4' (Salicet). En 4' et au récit, il prend parfois le nom deJeu céleste 4', mais il n'est pasondulant, et ne doit pas être confondu avec laVoix céleste.
L'Aéoline
L'Aéoline, ouÉolienne est une Gambe douce. S'il y a uneVoix Céleste à faire onduler, on utilisera à l'idéal l'Aéoline comme Gambe pour jouer avec.
Le Gemshorn
UnGemshorn ("Cor de Chamois") ouSpitzfloete ("Flûte pointue") est un jeu à bouche conique, se rétrécissant vers le haut. Il a un son creux, hybride entre laFlûte et laGambe.
Dans les jeux à"anches" le son est produit comme dans une clarinette, c'est à dire par une languette flexible qui vibre, en résonance avec le reste du tuyau.
Fonctionnement d'un tuyau à anche
Procédons au démontage de la partie sonore du tuyau :
A gauche, la partie sonore montée. On enlève la rasette en la tirant vers le bas, puis un petit coin de bois, demi-cylindrique, qui bloque l'assemblage.
La languette se libère : le coin et la rasette la maintenaient plaquée (mais pas tout à fait, car elle est légèrement recourbée) contre une rigole : c'est cette pièce que l'on appelle"anche". Quand à la pièce centrale, souvent réalisée en plomb, c'est lenoyau. L'image de droite le montre basculé : il est bien sûr creux pour permettre à l'air de passer.
Tout l'art d'harmoniser un jeu d'anche (c'est beaucoup plus difficile que pour un jeu à bouche, et nécessite des années de pratique) consiste à bien régler le débit d'air admis, à bien choisir l'anche, l'épaisseur de la languette, et à donner la bonne courbure à cette dernière.
On parle d'anche"battante" quand, comme ici, la languette cogne sur l'anche et ne peut pas y entrer. C'est le cas le plus courant. Un autre type d'anche est une simple fenêtre ne limitant pas le mouvement de languette : elle peut entrer dans l'anche, et l'on parle alors d'anche"libre". C'est le principe de l'harmonica, de l'accordéon et de l'harmonium. Certains jeux d'orgue sont construits de la même manière.
Les jeux à anches battantes
La Trompette
Le Hautbois et de Basson
Le Cromorne, la Clarinette et le Chalumeau
La Voix Humaine
La Ranquette et la Régale
LaRanquette a un résonateur encore plus court. LaRégale n'a presque pas de résonateur : ce sont juste de petits parallélépipèdes de quelques centimètres. On recherche un son "râpeux", métallique et intime, qui faisait sûrement partie des timbres ancestraux de l'orgue médiéval, et a en tant que tel sa place dans notre imaginaire collectif.
Les jeux à anches libres
Contrairement à l'anche battante, où la languette vibrante cogne sur une rigole, celle de l'anche libre oscille de part et d'autre d'une ouverture, comme dans un harmonica.
L'Euphone est généralement cité en tant qu'exemple de jeu à anche libre. Mais force est de constater qu'à part quelquesClarinettes ainsi conçues, on ne trouve plus guère de jeu à anche libre. On leur reproche leur côté trop "accordéon".
Une exception notable est laPhysharmonica, jeu d'harmonium adapté à l'orgue, généralement expressif (on peut en contrôler le volume). Il connut son heure de gloire au milieu du 19 ème siècle. Seuls quelques précieux exemplaires ont survécu lorsqu'il est passé de mode, avec la généralisation des boîtes expressives. Voir l'exemple notable deSoppe-le-Bas
Les Mutations sont des jeux destinés à produire directement une des harmoniques de la note voulue, sans émettre ni la fondamentale, ni les harmoniques au-dessous). Autrement dit, sur le Do, la Mutation va jouer un Sol, ou un Mi. Sachant que les timbres sonores sont définis par la composition relative en harmoniques, un tel jeu a une influence fondamentale sur la couleur des mélanges. Evidemment, les Mutations ne doivent pas être jouées toutes seules (à moins de vouloir transposer à peu de frais...) : elle sont là pour modifier colorer le son.
Comme on génère une harmonique bien particulière, le tuyau doit en produire un minimum, et bien faire entendre sa fondamentale, c'est pourquoi les Mutations sont construites avec des tuyaux deFlûte, en plomb ou en étoffe.
La Flûte 4' peut d'ailleurs être conçue comme une Mutation, puisqu'elle émet l'octave, la deuxième harmonique (2x la fréquence) d'une fondamentale de 8' (la première harmonique étant la fondamentale elle-même).
Les Mutations simples
La Quinte et le Nasard
La Quinte 2'2/3 et le Nasard jouent un Sol une octave plus haut que le 8'.
Le reste du Cornet décomposé
Avec un 8' et un 4', la Quinte 2'2/3, la Quarte 2' et la Tierce 1'3/5 constituent ce que l'on appelle le Jeu de tierce.
Autres mutations simples
On peut continuer le cortège d'harmoniques : la sixième (6x la fréquence) est encore une Quinte, mais à l'octave de celle que l'on a rencontrée précédemment. Cela commence à devenir très aigu : la Mutation correspondante s'appelleLarigot. Sa hauteur en pieds est donc 8'/6, soit 4'/3, ou encore 1'1/3.
La septième harmonique (7x la fréquence) se rencontre rarement. Il s'agit d'une septième (mineure) : sur Do, le jeu joue un Sib. On l'appelle logiquementSeptième, et sa hauteur en pieds est 8'/7, soit 1'1/7.
Les Mutations graves
Jusqu'ici, on a constitué de Mutations qu'en exploitant les harmoniques du 8'. Mais sur un orgue disposant de jeux en 16', rien n'empêche de partir une octave plus bas. Un 8' constituera sa deuxième harmonique. LaGrosse quinte ou Gros Nasard, troisième harmonique du 16', fait 16'/3, soit 5'1/3. LaGrosse tierce, cinquième harmonique du 16' a pour hauteur 16'/5, soit 3'1/5. Il ne faut évidemment pas tirer ces jeux sans la fondamentale associée, c'est à dire sans au moins un jeu de 16' au même clavier.
L'apparition de la fondamentale
Dans l'hypothèse que l'instrument possède (à la pédale) un 32', on peut construire des Mutations pour lui. LaGrande quinte, troisième harmonique du 32', fait 32'/3, soit 10'2/3. LaGrande tierce, cinquième harmonique du 32' a pour hauteur 32'/5, soit 6'2/5. On serait tenté de dire qu'on ne doit pas tirer ces jeux sans un 32', mais de nombreux orgues importants, sans avoir de 32', possèdent une Grande quinte 10'2/3 (en plus de 16').
Où est l'explication de ce mystère ? C'est un phénomène acoustique appelé "battement", qui se ressent de façon particulière dans les graves. La Grande quinte et un 16', parlant simultanément, oscillent de façon couplée, produisant un battement deux fois plus lent que le 16'. Il y a donc une onde sonore de 32' qui se forme, appeléeRésultante : ces deux jeux permettent donc d'obtenir cette note grave sans payer le prix des énormes tuyaux de 32'.
De la même façon, mais moins spectaculaire, une Grosse quinte 5'1/3 et un 8' permettent de faire apparaître le 16'. Mais, comme toutes les Mutations graves, si elles sont pas parfaitement accordées et harmonisées, on risque d'entendre leur note "en tant que telle" (et non plus en tant qu'harmonique), et le résultat est particulièrement désagréable, surtout pour une oreille musicale entraînée.
Les mutations composées
Il s'agit ici de produire le son au moyen de plusieurs tuyaux. On pourrait dire que cela revient au même d'avoir plusieurs jeux, mais ici, on fait l'économie de la mécanique de tirage, et surtout, on harmonise chaque tuyau avec les autres de façon spécifique et cohérente.
Le Cornet
Le Cornet à 3 rangs
Un Cornet dit "à 3 rangs" ne comporte que les 3 rangs aigus du Cornet à 5 rangs (2'2/3, 2' et 1'3/5). Comme le Cornet à 5 rangs, c'est un "dessus" qui ne parle qu'à partir de la troisième octave. On doit donc tirer avec lui un 8' et un 4' (desFlûtes, le 8' étant à l'idéal unBourdon). La différence est bien sûr que le 8' et le 4' continuent de parler dans les deux octaves graves, ce qui fait qu'on peut accompagner le Cornet sur le même clavier.
La Sesquialtera
LaSesquialtera, à 2 rangs, donne la quinte et la tierce (2'2/3 + 1'3/5) sur un seul registre. Elle aussi constitue un Cornet si on lui ajoute un Bourdon 8' ainsi que les Flûtes 4' et 2'. Certains réalisent la Sesquialtera avec des tuyaux dePrincipaux.
La composition des Mixtures
L'idée est d'associer des octaves et des quintes aiguës, jouées par des tuyaux dePrincipal. LaRauschpfeife, par exemple, est une Mixture d'origine nordique, constituée par l'association de deux Principaux en 2'2/3 et 2'.
Les reprises
Si, dès les notes graves de l'instrument, on commence un rang relativement aigu, on va vite arriver à des tuyaux extrêmement courts, difficiles à construire et à accorder, et qui dépassent les capacités auditives de l'oreille humaine. 1/16' est l'extrême limite, que l'on ne peut dépasser en pratique. Or 1/16', correspond au cinquième Do d'un rang que l'on commence en 1'. Pour continuer un rang commencé plus haut, il faut faire exactement comme un chanteur à qui l'on demande de chanter toujours plus haut : il "octavie" vers le bas, chutant brutalement d'une octave. Après un Mi, par exemple, si le Fa ne peut être joué ou chanté, on choisira celui de l'octave inférieure. On appelle cela faire desReprises.
Le rôle de la Mixture, c'est d'enrichir le son sur toute la tessiture, en "repliant" l'instrument vers les médiums : une Mixture, finalement, est un jeu qui joue aigu dans les graves, et grave dans les aigus.
Evidemment, surtout dans la musique contrapuntique, on ne veut pas entendre l'orgue "chuter" d'une octave dans une ligne mélodique. Il est donc tout naturel de vouloir "dissimuler" les reprises. Puisque l'on dispose de plusieurs rangs qui parlent à la quinte et l'octave, la plupart des "chutes" des rangs aiguës sont en quelque sorte couvertes par le rang plus grave. On peut aussi éviter de chuter de toute une octave, mais d'inverser les rôles : les quintes deviennent des octaves en ne "tombant" que d'une quinte, et les octaves deviennent des quintes en ne "tombant" que d'une quarte. On peut aussi masquer les reprises sur plusieurs mixtures, en évitant de les placer au même endroit.
Exemple d'un 8' sans reprise
Exemple d'un 4' avec reprise en 2' sur c'
Un vrai rang de Mixture
Les Mixtures du Plein-jeu
La Fourniture
Le rang étudié précédemment était issu de la Fourniture du grand-orgue de l'orgue André Silbermann d'Ebersmunster. Complétons avec les deux autres rangs :
Et plutôt que de dessiner un graphique à chaque fois, nous allons noter de façon plus traditionnelle :
C | c | c' | c'' | |
Rang 1 | 2' | 2'2/3 | 4' | 8' |
Rang 2 | 1'1/3 | 2' | 2'2/3 | 4' |
Rang 3 | 1' | 1'1/3 | 2' | 2'2/3 |
Le tableau représente chaque rang par une ligne, en donnant la hauteur de son à laquelle les reprises commencent. Si la reprise n'est pas sur un Do, on donne la hauteur "de l'octave", c'est à dire celle du Do immédiatement inférieur. Dans ces tableaux, pour plus de lisibilité, nous mettrons les quintes en vert, et les tierces en rouge, laissant les octaves en noir. Les Fournitures "polyphoniques" dessinent des "losanges". Les Fournitures "à la Dom Bedos" dessinent des "mille-feuilles".
Voici une façon toute classique "germanique" de composer la Fourniture, un peu plus aiguë que la précédente (Moeller) :
C | c | c' | c'' | |
Rang 1 | 1'1/3 | 2' | 2'2/3 | 4' |
Rang 2 | 1' | 1'1/3 | 2' | 2'2/3 |
Rang 3 | 2/3' | 1' | 1'1/3 | 2' |
Ici, c'est d'une rigueur mathématique (et en losanges). A chaque reprise, chaque rang change de nature (lest octaves deviennent des quintes et réciproquement), en "tombant" à chaque fois du moins possible. Les reprises sont toutes sur les Do, puisque le jeu "polyphonique" est plutôt conçu pour le contrepoint.
Voici la Fourniture selon Dom Bedos (ici à 5 rangs, mais elle peut aller jusqu'à 7) :
C | f | f' | |
Rang 1 | 2' | 4' | 8' |
Rang 2 | 1'1/3 | 2'2/3 | 5'1/3 |
Rang 3 | 1' | 2' | 4' |
Rang 4 | 2/3' | 1'1/3 | 2'2/3 |
Rang 5 | 1/2' | 1' | 2' |
Chaque rang alterne octave et quinte, et à chaque reprise (situées sur des Fa), chacun chute d'une octave entière, ce qui explique le dessin en lignes. Rappelons que l'on donne la hauteur "de l'octave" : on ne va pas chercher ici la hauteur théorique des Fa, on prend celle du Do immédiatement inférieur (le deuxième Fa sur le rang 1 (f) ne "fait" pas 4', il "sonne" en 4').
Et voici une Fourniture de l'esthétique dite "de transition" (Stiehr, à Mollkirch) :
C | c | c' | c'' | |
Rang 1 | 1'1/3 | 2'2/3 | 4' | 8' |
Rang 2 | 1' | 2' | 2'2/3 | 5'1/3 |
Rang 3 | 2/3' | 1'1/3 | 2' | 4' |
Rang 4 | 1/2' | 1' | 1'1/3 | 2'2/3 |
A la première et la troisième reprise, les rangs ne changent pas de nature : ils "tombent" chacune d'une octave entière. La seule transition "classique" se fait à la deuxième reprise.
La Cymbale
LaCymbale est le couronnement du Plein-jeu. Elle est plus aiguë que la Fourniture, et comprend souvent plus de reprises (car on part déjà de très haut ; Dom Bedos déclare qu'il peut y en avoir jusqu'à 7). Voici la Cymbale correspondant à l'exemple de Fourniture précédent (c'est celle du clavier de grand-orgue d'Ebersmunster):
C | c | c' | c'' | |
Rang 1 | 1' | 1'1/3 | 2' | 4' |
Rang 2 | 2/3' | 1' | 1'1/3 | 2'2/3 |
Rang 3 | 1/2' | 2/3' | 1' | 2' |
Elle est globalement à l'octave aiguë de sa Fourniture (sauf dans la dernière octave, où la quinte se déplace du troisième au deuxième rang).
Voici la Cymbale selon Dom Bedos (ici à 4 rangs, et à 7 reprises) :
C | c | f | c' | f' | c'' | f'' | |
Rang 1 | 2/3' | 1' | 1'1/3 | 2' | 2'2/3 | 4' | 5'1/3 |
Rang 2 | 1/2' | 2/3' | 1' | 1'1/3 | 2' | 2'2/3 | 4' |
Rang 3 | 1/3' | 1/2' | 2/3' | 1' | 1'1/3 | 2' | 2'2/3 |
Rang 4 | 1/4' | 1/3' | 1/2' | 2/3' | 1' | 1'1/3 | 2' |
Chaque rang alterne octave et quinte, et à chaque reprise, chacun change de nature : les octaves deviennent des quintes, et réciproquement.
Les Mixtures progressives
Une MixtureProgressive n'a pas un nombre constant de rangs sur toute l'étendue du clavier. On renforce généralement les aigus, en augmentant le nombre de rangs à certainesreprises. Cette façon de faire est surtout appréciée dans l'esthétique romantique, qui n'aime pas beaucoup les harmoniques dans les graves, et dans laquelle les registrations faisant intervenir les anches ont tendance à rendre l'orgue plus fort dans les graves que dans les aigus. La Mixture progressive va ré-équilibrer l'instrument dans les aigus.
Voici par exemple la Mixture progressive de l'orgue Martin Rinckenbach de Phalsbourg (Eglise de l'Assomption, Moselle):
C | c' | c'' | |
Rang 1 | 2' | 2'2/3 | 4' |
Rang 2 | 1'1/3 | 2' | 2'2/3 |
Rang 3 | - | 1'1/3 | 2' |
Rang 4 | - | - | 1'1/3 |
Cette Fourniture, située au grand-orgue, commence à 2 rangs, s'enrichit d'un nouveau rang à la troisième et à la quatrième octave (une quinte, puis une octave en plus). Elle n'est pas particulièrement aiguë (c'est caractéristique des Mixtures romantiques), et n'est pas du tout conçue pour être complétée par uneCymbale (qui serait tout à fait étrangère à ce style). La Mixture qui sert ici d'exemple est entièrement en étain. Les deux octaves graves sont construites avec des tuyaux àentailles de timbre, le reste étant coupéau ton. Les tuyaux de l'octave grave (là où il y a deux rangs) sont munis d'oreilles.
L'Harmonia Aethera dont le nom fleure bon le romantisme un peu mystique est aussi une Mixture progressive, souvent réalisée avec des tuyaux de Gambes (et non de Princiapaux). En voici un exemple emprunté à Dalstein-Haerpfer :
C | c | |
Rang 1 | 2'2/3 | 4' |
Rang 2 | 2' | 2'2/3 |
Rang 3 | - | 2' |
Les Mixtures-tierces
Le Carillon
LeCarillon est une mixture de type quinte/tierce/octave, généralement avec une reprise à l'octave, par exemple :
C | c' | |
Rang 1 | 2'2/3 | 5'1/3 |
Rang 2 | 1'3/5 | 3'1/5 |
Rang 3 | 1' | 2' |
Mixtures-tierces romantiques
L'esthétique romantique allemande aime introduire des tierces dans les Mixtures. Cela donne une couleur sonore l'apparentant auCornet. CesMixtures-tierces, généralementProgressives sont d'ailleurs souvent appeléesMixtur-cornet. (Mais un Cornet est réalisé avec des tuyaux deFlûte, et les Mixtures sont plutôt desPrincipaux, en étain.)
Voici par exemple la Mixture-cornet de l'orgue Dalstein-Haerpfer de l'Ecole normale de Montigny-lès-Metz (Moselle):
C | c' | c'' | |
Rang 1 | 2'2/3 | 4' | 8' |
Rang 2 | 2' | 2'2/3 | 4' |
Rang 3 | 1'1/3 | 2' | 2'2/3 |
Rang 4 | - | 1'1/3 | 2' |
Rang 5 | - | - | 1'3/5 |
Il y a troisreprises, mais bien 5 rangs à partir du 3ème Do. La fameuse tierce qui fait toute sa personnalité n'intervient qu'au 5ème rang, à partir de la 3 ème octave. A partir de là, cette Mixture est constituée comme un vrai Cornet, sans plus de reprise. Elle peut être conçue comme un dessus de Cornet associé à une basse de Fourniture progressive.
Mixtures-tierces néo-classiques
Voici un autre exemple, dû cette fois à Joseph Rinckenbach, donc plus "néo-classique" (Nousseviller-St-Nabor, Moselle):
C | fs' | |
Rang 1 | 2'2/3 | 4' |
Rang 2 | 2' | 2'2/3 |
Rang 3 | 1'3/5 | 2' |
Rang 4 | 1' | 1'3/5 |
Rang 5 | - | 1' |
Le nom "Plein-jeu" est devenu tout à fait générique pour dire "Mixture". Les tuyaux sont d'ailleurs poinçonnés "MIXTUR". Il n'y a qu'unereprise, sur le 3 ème Fa#. Quant à la tierce, elle est présente sur toute l'étendue, comme unJeu de tierce classique. Même dans le dessus, elle reste très différente d'unCornet, puis qu'il y a un rang à 1'.
Mixtures-tierces pré-romantiques
Voici pour finir la très intéressante Mixture-tierce de l'orgue Stiehr de Didenheim:
C | Fs | f | c' | c'' | |
Rang 1 | 1' | 1'1/3 | 2' | 4' | 8' |
Rang 2 | 2/3' | 1' | 1'1/3 | 2'2/3 | 5'1/3 |
Rang 3 | 1/2' | 2/3' | 1'1/3 | 2' | 4' |
Rang 4 | 1/2' | 1/2' | 1' | 2' | 4' |
Rang 5 | 2/5' | 2/5' | 4/5' | 1'3/5 | 3'1/5 |
C'est l'orgue dit "de transition" qui prépare le Romantisme. Voici que le rang de tierce a lui aussi des reprises.
Les combinaisons sont donc à peu près infinies. Tout devient affaire d'esthétique, le son dépendant des harmoniques "naturelles" des tuyaux, de la savante composition des mixtures, de l'harmonie écrite sur la partition, mais aussi des changements de timbre dus aux attaques de notes permises par le sommier et scrupuleusement dosées par l'exécutant.
Accouplements et tirasses
Ce ne sont pas des "jeux" à proprement parler, mais on les fait souvent figurer dans les compositions : les trémolos, les accouplements des claviers, mais aussi le rossignol ou la Zimbelstern. Ils sont là pour enrichir les possibilités des jeux "réels".
Accouplement
Les accouplements permettent de jouer plusieurs claviers en même temps. Quand l' "accouplement du positif sur le grand-orgue" est actif, toute touche jouée sur le grand-orgue fait parler la même touche sur le positif. Par contre, le positif joue "seul" (ce qui permet de faire des dialogues entre le positif seul et l'ensemble grand-orgue + positif). Si le positif est le premier clavier (on les numérote toujours en partant du bas) et le grand-orgue le second, on note"I/II" (le second est celui qui "tire" le premier, donc celui sur lequel on joue les deux en même temps).
Dans une disposition plus "romantique" à 3 manuels, le grand-orgue est en bas (I), le positif au milieu (II) et le récit en haut (III). On trouve alors généralement les accouplements"I/II" (le positif parle avec le grand-orgue quand on joue sur le clavier du bas),"II/III" (le récit parle avec le positif quand on joue sur le clavier du milieu) et"III/I" (le récit parle avec le grand-orgue quand on joue sur le clavier du bas). Avec II/I et III/I actifs, toute note jouée sur le clavier du bas fait parler les trois claviers en même temps. Le comportement "transitif", c'est-à-dire II/I et III/II sans mettre II/I dépend de la transmission : il n'y a pas vraiment de règle. La logique voudrait que le grand-orgue ne tire "que" le positif (et pas le récit, bien que ce dernier soit accouplé au positif), mais, parfois, il le fait quand même.
Tirasse
Les tirasses sont desaccouplements, permettant de jouer les claviers depuis le pédalier. Ainsi,"I/P" signifie que le pédalier fait jouer à la fois la pédale et le premier clavier.
A nouveau, le comportement "transitif" dépend de l'instrument. Dans une configuration à deux manuels et pédale, si on sélectionne I/P et II/I sans mettre II/I, le pédalier fait souvent entendre quand même le second clavier (surtout dans le cas d'une transmission mécanique). Dans ce cas, la tirasse est "transitive".
Sur des instruments comportant de nombreuxaccouplements ettirasses, il peut être interessant de les activer tous au moyen d'une commande unique, appeléeAccouplement général. Par exemple, sur un 3-claviers muni de tous les accouplements, un tel accessoire permet d'activer en une fois : II/I, III/I, III/II, I/P, II/P et III/P.
Accouplements à l'octave
Parfois, unaccouplement, ne fait pas parler la note de même hauteur de l'autre clavier, mais une note une octave plus haut ou plus bas. Ainsi, II/I enOctaves aigües, ou sup-II/I, ou encore "II/I 4'" ("Superoctavkoppel") signifie que lorsqu'on joue une note sur le premier clavier, l'autre joue une octave plus haut. Dans la dernière octave, le résultat dépend de l'orgue : si rien n'est prévu, on n'aura rien de plus que le premier clavier quand sans accouplement (puisque le second clavier ne peut pas jouer de notes plus aigües que ses touches). Par contre, en cas d'Octaves aigües réelles, le facteur a ajouté une octave aiguë au second clavier, pour que réellement, l'effet soit continu sur toute l'étendue. Le second clavier, dans ce cas, a donc 12 notes qu'on ne peut pas jouer sur son propre manuel : il n'y a que par accouplement qu'on puisse les entendre !
Il existe aussi destirasses "à l'octave","I/P 4'" (le pédalier joue la pédale, ainsi que le premier clavier une octave plus haut). C'est très pratique, par exemple, quand une pédale manque de 4 pieds : on peut jouer un "Clairon 4'" en appelant la Trompette 8' (I) et la tirasse à l'octave.
De même, II/I enOctaves graves, ou sub-II/I, ou encore "II/I 16'" ("Suboctavkoppel") signifie que lorsqu'on joue une note sur le premier clavier, l'autre joue une octave plus grave. Dans la première octave, le système ne fonctionne pas, car aucun facteur ne serait assez fou pour ajouter une octave grave (donc très coûteuse) à un clavier, qui ne serait jouable que par cet artifice. De toutes façon, l'octave grave d'un grand-orgue n'a vraiment pas besoin d'âtre appuyée par un récit encore plus grave.
En généralisant la logique, on a défini des accouplements d'un clavier "sur lui même". En fait, on devrait dire d'un clavier sur son propre manuel. A l'octave "aigüe", quand on joue une note, on entend aussi celle de l'octave supérieure :"I/I 4'" par exemple, ou"III/III 4'". De même, on peut parfois accoupler un clavier sur lui-même "à l'octave grave""I/I 16'". Bien entendu, ces accessoires renforcent de façon conséquente le volume produit par l'instrument. Mais cela permet surtout des possibilités spécifiques. Avec un récit muni d'une Gambe et d'une Voix céleste (disons, en II ; le grand-orgue sera le I), on peut laisser le grand-orgue sans jeu, tirer la Gambe et la Voix céleste du récit, et activer les 3 accouplements sur le grand-orgue : II/I, II/I 4' et II/I 16' : toute touche appuyée sur le premier clavier fait entendre 3 notes (toutes venant du récit) : la normale, celle une octave au-dessus, et celle une octave en dessous. Ceci constituera un choeur de Voix célestes généralement impressionnant. Même pour des auditeurs anglo-saxons. On peut bien sûr faire de même avec la Voix humaine du récit, si on en a une.
Un cas particulier et important (bien qu'il puisse paraître surprenant) estI/I.L'appel grand-orgue permet de faire jouer les jeux de ce clavier, qui ne sert sinon que de "clavier d'accouplement". On l'appelle aussi cet accessoire "annulateur grand-orgue" (ce qui est l'autre façon de le voir). Sur un instrument à trois manuels, on peut donc avoir la configuration {I/I retiré, I/II actif, I/III actif}, permettant de jouer le positif ou le récit seuls, et les deux ensemble à depuis le premier manuel. Avec son homologue I/I 4', il permet aussi de jouer complètement "à l'octave" (sans faire parler la note correspondant à la touche jouée).
Aides à la registration
Les combinaisons fixes sont des registrations pré-programmées, agissant généralement sur tout l'orgue (plus rarement sur un seul plan sonore). Elles sont généralement désignées par intensité sonore"PP","P","MF","F","FF".Le tutti est la combinaison fixe qui appelle tous les jeux (sauf les ondulants) et parfois même lesaccouplements.
Les combinaisons libres sont des registrations programmables depuis la console, généralement à l'aide de picots ou paillettes situées au-dessus des dominos. On trouve aussi des systèmes de tirants que l'on peut faire pivoter. Une fois la combinaison appelée (par piston ou pédale) le système alternatif prend le pas sur le système normal ; on peut continuer à agir sur la registration.
Les combinaisons ajustables sont des registrations programmables à l'avance, comme les combinaisons libres, mais pas conçues pour être manipulés en cours de jeu. Ce sont des systèmes dits "combinateurs" (ou "mémoires"). Les commandes sont souvent situées dans un tiroir ou une armoire.
Le crescendo permet d'appeler ou de retirer progressivement tous les jeux etaccouplements de l'instrument (dans un ordre pré-défini). Le crescendo est généralement activé par un piston (actif, il prend le pas sur la registration manuelle), et commandé par une pédale basculante analogue à celle commandant de la boîte expressive. Il existe aussi un système à "rouleau" horizontal ("Rollschweller") commandé au pied. Le crescendo s'accompagne généralement d'un indicateur visuel (cadran linéaire ou circulaire) pour montrer à quelle "étape" on se situe.
Les appels ouAnnulateurs permettent d'activer, ou au contraire d'inhiber, un groupe de jeux, par exemple les anches ou les mixtures. Ces dispositifs agissent généralement clavier par clavier. On pourra ainsi avoir un"appel anches récit" : s'il n'est pas activé, les jeux d'anches du récit ne parlent pas. On pourra faire "entrer en scène" tous ceux qui sont tirés, ensemble, en utilisant la commande.Les jeux de combinaison constituent un cas particulier et célèbre de ces appels, dans l'Orgue romantique français : les jeux de "couronnement" (souvent les plus forts, environ 1/3 de chaque plan sonore) peuvent être tous appelés ou inhibés à partir d'une seule pédale.
Un cas particulier de ces appels/annulateurs est la commandeJeux à mains. Sur les instruments munis d'unecombinaison libre, cet accessoire permet d'ajouer (ou non) la registration manuelle à celle de la combinaison. Sans l'appel (ou avec l' "annulateur jeux à mains" activé), les jeux de la combinaison se substituent à la registration manuelle. Avec l'appel (ou la desctivation de l'annulateur), ils s'y ajoutent.
Il existe aussi un accessoire très pratique (mais peu répendu), appeléPédale piano automatique. Il ne joue pas la pédale tout seul, mais constitue une aide à la registration. Avec des jeux de pédale choisis pour accompagner le grand-orgue, la basse se retrouve souvent bien trop forte quand on passe sur le récit. L'accessoire permet de retirer automatiquement des jeux de pédale quand on joue sur le récit, et de les remettre quand on retourne sur le grand-orgue. Selon la version de cet accessoire, les jeux de pédale concernés peuvent être choisis à l'avance, ou alors programmés depuis la console. On en trouve un exemple àSoultz-sous-Forêts, ou sur l'ancienne console (Dalstein-Haerpfer) de l'orgue du Temple Neuf deStrasbourg.
Autres accessoires
Le tremblant permet faire fluctuer l'alimentation en vent des tuyaux pour obtenir un effet de vibrato. Il est activé par un tirant ou une glissière depuis la console. Il sert plutôt avec les jeux solistes (le jeu deVoix humaine par exemple, doit toujours très bien se comporter avec le tremblant, et dispose même parfois d'un tremblant qui lui est spécifique). Certains tremblants affectent tout l'instrument, d'autres seulement un clavier. Le tremblant est assez ancien : il date du 16 ème siècle.
A l'époque romantique, on préferait des tremblants plus rapides, moins intenses.Le trémolo romantique est souvent produit par un système rotatif (entraîné par l'extérieur) placé dans le porte-vent.
Le rossignol est généralement constitué d'un ensemble de 3 tuyaux partiellement immergés dans une cuve d'eau. Il produit un sifflement ressemblant à un chant d'oiseau. Très répandu jadis (il date du 16 ème siècle), il est devenu très rare. Il est vraiment regrettable qu'on ne construise plus beaucoup de rossignols de nos jours, car son côté "jouet musical" était parfaitement adapté à des instruments pas forcément joués par des virtuoses, mais devant offrir une certaine diversité de timbres à l'auditoire.
La Zimbelstern est une petite couronne de clochettes. Une masselotte tournante vient les heurter chacune à son tour. On fixe généralement le dispositif en haut d'un grand tuyau de montre, et il apparaît souvent sous la forme d'une étoile (d'où son nom). Ces accessoires étaient très en vogue à la fin du Moyen-âge et pendant la renaissance. Ils étaient agrémentés d'automates et d'autres jeux à percussions.
L'Orage est un accessoire imitant le tonerre, en faisant parler simultanément plusieurs notes graves de la pédale. Il était utilisé à la fin du 19ème pour des improvisations évocatrices, comme les fameux "tableaux champêtres" (où les scènes bucoliques de flûtes laissaient forcément place à un épisode orageux).
Les automates ont longtemps (jusqu'au 17 ème siècle) été des composants indispensables à un orgue réussi. C'était souvent une façon de mettre en valeur des mécanismes de percussions, carillons, grelots, tambours : l'automate les tient et leur usage constitue l'animation. Bien sûr, il existait aussi des automates "muets".
L'orgue de la cathédrale de Strasbourg dispose, des deux côtés de son pendentif, de deux automates (un joueur de tambour et un joueur de trompette), dont on peut commander l'animation depuis la console.