Pourquoi consacrer un numéro du CN à un texte (Nostradamus : Une médecine des âmes à la Renaissance,Payot, mars 2011) qui n'apporte pas grand chose à la connaissance de Nostradamus et de son oeuvre ? Essentiellement parcequ'il s'agit d'une première : aucun universitaire français ne s'était jusqu'alors aventuré àconsacrer un ouvrage entier aux Prophéties de Nostradamus. Pierre Brind'Amour était canadien et avait obtenu desubstantielles subventions pour son ouvrage de 1993 (cf.CN 125).Denis Crouzet aura surmonté la puissance des tabous et du bouclage idéologique dans les universitésfrançaises, et osé traiter d'un sujet jusqu'alors réservé à l'édition populaire. Son livreest destiné à inonder les rayons des bibliothèques universitaires et municipales (payées par le contribuable),alors que le mien, sorti dans le même temps et ignoré des distributeurs comme des libraires,Nostradamus ou l'Éclat des Empires (avril 2011), restera au chevet de quelques rares connaisseurs éclairés.
Crouzet se démarque en avant-propos de toute"prospective augurale" s'énonçant"dans une surenchère à la fois hallucinée et hallucinatoire" et méconnaissant, selon lui,"l'histoire, ses méthodes et postulats herméneutiques" (p.10). Et Dumézil en 1984 ! ?,ignoré dans son texte comme en bibliographie, et avant lui deux-trois siècles de nostradamologie censées'égarer"dans le fantasme d'une épistémologie de l'énigme ou du rébus"(p.11). Ce gommage autorise Crouzet à démarrer sonétude à partir d'un corpus herméneutiquequasi-vierge, et l'on verra la valeur de son expertise concernantl'histoire, voire l'histoire du texte nostradamien et de ses sources etce, dès la page 13 dans cet avant-propos, où il reprendune citation latine de la lettre de Nostradamus à Henry II,"Quod de futuris non est determinata omnino veritas"[En ce qui concerne le futur, il n'est pas de véritéentièrement déterminée], en omettant le passagequi suppose au contraire que Nostradamus estimait être en mesured'en éclairer certains avènements :"supputantpresque autant des adventures du temps advenir, comme des eages passez,comprenant de present & de ce que par le cours du temps par toutesregions l'on cognoistra advenir tout ainsi nommeement comme il estescript" (Lettre à Henry, 12). Crouzet n'indique ni lasource du texte nostradamien, les Prophéties, ni la sourcemédiévale de son inspiration qu'il n'a pasrecherchée, croyant que cette sentence latine aété forgée par Nostradamus.
Un point positif de l'ouvrage consiste à se démarquer dela récente mode rationalisante et à faire observer quel'interprétation passéiste des quatrains s'avèretotalement abusive (cf.CN 64), que l'exercice ne consistequ'en"surinterprétation absolument arbitraire par recherches de référents historiques"(p.359). Sont convoqués ici Brind'Amour (p.128), Prévost(1999) et Clébert (1981), mais ignorés Schlosser (1985),Clébert (2003) ou encore Lemesurier (2003).
Affirmant sa volonté d'"enlever l'astrophile à tous ceux qui l'ont enfermé dans leurs miragesprédictifs" (p.354) et l'urgence de"sortir de la production massive touchant à l'interprétation des quatrains"(p.358), Crouzet n'en a probablement effleuré que les pages decouverture, sinon il saurait, s'il l'avait sérieusementétudiée, que cette supposée production serésume à quelques rares ouvrages et interprètesoriginaux, recopiés et pillés par des hordes de faiseurs(cf. un comparatif des interprètes du passé dans monNostradamus ou l'Éclat des Empires).En outre, ces hordes ne sont pas plus peuplées que cellestraversant la production académique rattachée à lalittérature de salon et d'écoles : une production massived'exégètes de second plan dont n'émergent quequelques rares philologues originaux, et peut-être pas ceux ayantappris la gestuelle rhétorico-herméneutique sur les bancsuniversitaires.
Ce sortir de l'interprétation s'accompagne d'un sortir"de la question de l'authenticité des éditions" et d'untroisième sortir"des pratiques et sources astrologiques de Nostradamus"(p.358). Quelle recherche reste-t-il à accomplir, une foisévacuées la lecture sémantique des quatrains,l'exercice comparatif et textologique sur le corpus, et la rechercheintertextuelle sur les sources, astrologiques, historiques etlittéraires ? Presque rien, si ce n'est l'opinionalimentée par l'analytique académique moderne,essentiellement française et littéraire, transfigurantles Prophéties en un texte pré-piétiste.
Le"travail visionnaire" de Nostradamus (p.70), prévoyant selon Crouzet"la défaite desHabsbourgs, la défaite du Turc et la défaite du pape"(p.72), et l'avènement d'un grand monarque pacificateurd'origine gauloise, n'est qu'accidentel. Car le texte nostradamien nedit rien, et il est inutile de chercher à l'élucider : iln'y a rien à comprendre, et les propositions énigmatiquesdes Prophéties et Pronostications, qu'elles soient authentiques,trafiquées ou apocryphes (peu lui importe),"n'ont pas vocation à être résolues ou identifiées" (p.22)."Le sens serait doncde dire qu'il n'y a pas de sens" (p.43)."Révéler, c'est révéler qu'il n'y a pas à savoir. Prophétiser, c'est dire qu'il n'y arien à dire" (p.232), etc. Ainsi se résume la très brillante thèse du sorbonnard.
Nostradamus, psychologue des âmes et adepte du non-savoir, de lavia negativa de Denys, de la Docte ignorance du Cusain, de la nescience de CorneliusAgrippa, et de"l'ineffabilité du Logos" (p.163), se servirait de l'énigme comme d'un outilpropédeutique voire thérapeutique, comme d'un moyend'accès aux écritures bibliques (p.17, p.36, etc.) :"ce qui est dit n'est pas ce qui est dit" (p.165)."LeDieu de Nostradamus serait bien le Dieu d'Érasme, le Dieu de laphilosophie chrétienne, le Dieu en soi, à qui un culteintérieur doit être rendu" (p.77). Laréférence apollinienne serait un trompe-l'oeil, lareprésentation de Dieu en Jupiter un jeu humaniste (p.91). Leludique affecterait la sémantique comme l'énonciation etla syntaxe : Crouzet reprend à Polizzi (2001 ; cf.CN 59)l'idée d'une écriture des quatrains par collage etdéformation d'éléments narratifs (p.26). S'il n'ya rien à dire, le travail herméneutique se réduitalors à paraphraser le texte oraculaire dans uneprésentation stylée et appuyée par quelquesgourous de la rhétorique littéraire, oùl'aléatoire et l'inexplicable tiennent les premiers rangs.
L'exégèse est parfois réduite à un simple appareillage analogique, souvent artificiel :"le chien est emblématiquede la fidélité et donc de la foi" (p.280) ;"le rocher est synonyme de la certitude salvifique"(p.296) ; la date 3797 figurant dans la préface àCésar (qui désignerait la fin des Temps alors qu'ellecrypte l'achèvement de l'oeuvre oraculaire) signifierait laTrinité (3), jointe aux Planètes (7) et au Ciel (9), etle redoublement du 7 soulignerait"qu'un cycle de temps s'achève et qu'un autre commence"(p.302). Gageons que cette explication ne satisfera pas les quelquesrares numérologues éclairés, si elle peut donnerle change à ceux qui ignorent le b.a.-ba. de leur discipline.L'herméneutique glisse parfois encore sur les pentes de lafaute, du repentir, de la pénitence et du désarroichrétiens, en affirmant que pour Nostradamus la vie humaine neserait qu'un"reflet du mal qui est en lui et qu'elle n'est que mal et donc malheur" (p.245). Cette"philologiede l'angoisse" (p.257), cette lecture panique du texte nostradamien que Crouzet reprend de sesGuerriers deDieu (1990 ; cf.CN 50),cet existentialisme pré-kierkegaardien me semblent aussianachroniques qu'incongrus. Nostradamus était un bon vivantcomme Rabelais, souvent farceur et facétieux, et opéranthors ce théâtre de jérémiades etpleurnichements dans lequel Crouzet cherche à le confiner.
Ces rêveries d'un Nostradamus résolument agnostique,s'appuyant au besoin sur des textes apocryphes et des faux (desalmanachs Regnault, des écrits de l'imposteur Mi. Nostradamus leJeune, etc.), justifie dans la foulée la docte ignorance del'université à son égard (voire son bannissementet son exclusion des études autorisées) : Quelles raisonsd'étudier un auteur qui ne dit rien et se contente de s'en tenirà un"fidéisme aconfessionnel" (p.74) quin'intéresse que marginalement l'histoire culturelle et sesemployés qualifiés ? Crouzet dévoile enfin lepot-aux-roses à ses lecteurs académiques destinés,quitte à pardonner à leurs aînés leurcécité littéraire envers l'un des plus pursstylistes de la Renaissance.
L'historien sorbonnard, qui n'explicite strictement aucun quatrain dansle détail, ne parvient finalement à saisir le textenostradamien qu'à travers les visières calviniennes, enparcourant les catégorisations et grilles idéologiquesmises en place par les patrons francophones de la théologieprotestante."Qui est le Dieu de Nostradamus ?" finit-il par se demander,"Ne faudrait-il pasalors glisser vers une interprétation plus radicale du positionnement nostradamien ?"lit-on enfin au tiers de l'ouvrage (p.141). Ce serait effectivementl'interrogation essentielle, compte tenu de l'orientation dutraité. Crouzet ira-t-il jusqu'à poser l'indispensablequestion spinozienne, celle de l'enracinement néo-platonicien,paracelsien, voire pré-spinoziste de l'astro-philosophie duSaint-Rémois (cf.CN 84) ? Ou pour le dire dans le jargon idéologique deCalvin : Nostradamus doit-il être rattaché à ces"Libertins qui se nomment spirituelz" ?"Je nechercherai pas à y répondre", conclut Crouzet,"et n'irai pas plus loin dans cette perspective."Le lecteur déçu pourra refermer l'ouvrage. Car ce courantstigmatisé par Calvin, Bèze et autres idéologuesévangélistes francophones, n'a jamais étéreçu, cultivé, ou mis en valeur dans l'espace culturelfrancophone, et il faudrait élargir le champ d'investigationoutre-Rhin, où se comptent la plupart des correspondants deNostradamus, pour comprendre la modernité du provençal,si maltraité depuis des siècles (et qui continue del'être) par les intellectuels mis en poste etrétribués selon leur degré d'acclimatation idéologique.
En 1990, Crouzet faisait de Nostradamus le héraut d'unelittérature alarmiste et apocalyptique en accointance avecl'apologétique papiste d'un Artus Désiré ; vingtans après et son passage auCURA, il ledéguise à l'inverse en un contemplatif pré-piétiste auxintentions parallèles à celles de l'engagementévangélique. Il est décidément difficile delire Nostradamus hors les ornières des schémas etapprentissages scolaires.
La thèse de Crouzet, incompatible avec les affirmations précises des préfaces aux Prophéties ("par plusieurs foysj'aye predict long temps au-paravant ce que depuis est advenu","esperant toy declarer une chascune prophetie des quatrains ici mis",etc.), se heurte encore à un obstacle d'envergure : aucun descontemporains et adversaires de Nostradamus, aucun de ses nombreuxlecteurs (qui ont maintenu son oeuvre vivante et populaire alors quel'université l'a arrogamment ignoré depuis plus de quatresiècles), aucun même parmi ses critiques les plusacharnés, n'aurait accepté la vision d'un Nostradamus quine serait qu'un simple croyant pré-piétiste, amusant seslecteurs par des jeux de mots sans conséquence ou par desdécoupages aléatoires de syntagmes choisis, les abreuvantde Rome pour soi-disant les inciter à lire la Bible. Toussavaient que le discours nostradamien est destiné, empli d'unfatum nécessitant, et qu'il vise un futur inquiétant.
Pour Nostradamus, l'humanité, qui vole inéluctablementvers le pire, est menée par des tyrans malignes, des monarquesignorants et violents, et aujourd'hui par les impériaux,marionettistes et pantins au service de la finance aveugle etquasi-inculte. La surdité des dirigeants épouse et pilotela veule imbécillité des populations, voire lalâcheté des clercs. Mais derrière ce decorumsinistre et trop évident, le texte nostradamien recèle unmessage de renouveau auquel l'exégèse superficielle n'apas accès.
Crouzet n'ignore pas certaines de mes études parues auCorpus Nostradamus :
- je suis cité à la page 56 (en note p.364) pour lequatrain I 35 relatif au décès d'Henri II, et le texte dela page 56 reprend mes extraits de l'Almanach pour l'an 1557 mais sans entrer dans le détailde mes analyses (cf.CN 51).
- aussi à la page 199 (en note p.386) pour les Pronostications pour les années 1550 et1552 (CN 2 etCN 4).
- idem aux pages 369-370 (notes 4, 8 et 9) pour mon analyse de l'Épître à César (CN 33), dont quelqueslignes de la page 167 de ma thèse de 1993 (le sait-il ?), reprises auCURA en 2002 dans"Le temps desphilosophes: de Platon à Nietzsche, et de Nietzsche à Platon" puis citéesau CN 33 :"C'est l'âme qui vit le temporel. L'éternitécaractérise la "substance indivisible", permanente,incorporelle; la temporalité cyclique la "substance divisible",changeante, matérielle. Le temps est ce par quoil'éternité se manifeste. Il est son media, une illusionde l'âme, une "image mobile de l'éternité". Lescycles planétaires et la sphère des "fixes" servent derepérage temporel, car "le temps est né dans le ciel". Letemps est le milieu de manifestation de l'âme, et "le ciel" lamesure de ses transformations et de ses états. Temps, âmeet mouvement coexistent. Le temps est une représensentationpsycho-mentale de l'inscription des cycles planétaires dans lapsychè, diront les astrologues post-platoniciens."
- ou encore aux pages 129-131 et 377 pour ma présentation dumanuscrit de l'Orus et, tout en mentionnant l'édition "P.Roullet" (sic, pour Rollet), pour ma transcription qui la rectifie, del'épigrammeQue voulent ilz signifier par l'estoylle (CN 28).Crouzet, différenciant assez mal les élémentsqu'il a empruntés de ceux à partir desquels ilspécule, sans toujours citer ses sources ou les citant malà propos et avec des décalages, en arrive à decurieuses inconséquences comme pour la date du manuscrit del'Orus :"vers 1545-1547" (p.129) et"dès 1541"(p.132 et p.140), une date hypothétique que j'ai avancéecontre l'opinion commune en février 2005, et que Crouzet reprendà son compte sans se soucier de la contradiction. Commentpeut-il répéter que Nostradamus a élaboréson manuscritdès 1541 (contre l'opinion de Rollet,Aulotte, Brunon, Benazra, Brind'Amour, etc.) si ce n'est au moinsd'après le titre de mon article, mais sans jamais entrer ni dansle détail ni même au coeur de mes propos ?
L'historien reprend encore mon idée, toujours sans indication desource, que Scaliger "serait visé" dans les Présages pour1557 :"l'un que je congnois ne parlera jamais, je suis desplaisantde l'inconvenient qui luy adviendra avant le bout de l'année" (p.387 ; cf.CN 76), etquelques termes de ma traduction de la lettre de Nostradamus à Claude de Savoie (p.405 ; cf.CN 17).
Crouzet n'aura pas trouvé dans son entourage universitaire decorrecteur susceptible de lui indiquer les erreurs figurant dans sontexte, dont certaines, de vingt ans, sont reprises du chapitre II de sesGuerriers deDieu (cf.CN 59 :"Misère de la recherche académique et universitaire sur Nostradamus" ). Signalons :Ambert, le 2 septembre 2011
- la mention de "Chevillard" (boucher ?) pour Chevignard (pp. 147, 150, 363, 379,388, etc.), voire de "Bertrand Chevillard" pour Bernard Chevignard (pp.362 et 437).
- l'édition Pierre Roux des Prophéties, supposée de 1555 (p.21 : cf.CN 25).
- la connaissance, pas même rudimentaire, de l'astrologie et deson histoire (non enseignées à la Sorbonne):"dans l'Aquarius","au Poisson",etc. Crouzet suit aveuglément en ce domaine Brind'Amour,même quand ce dernier s'égare, comme en VIII-91 (p.30).
- l'authenticité supposée de l'épître à Jean de Vauzelles (p.53).
- la confusion concernant l'expression "grand de Bloys" attestéedans toutes les éditions anciennes, et non "grain de bloys", conduisant Crouzet àdes remarques déplacées : à éviter de "selaisser prendre au piège des mots" (p.56), il reste la duped'une fausse historicité du texte nostradamien, en prenant letexte authentique pour le faux et inversement.
- la distinction entre Archidamus et Crespin qui désignent le même personnage (p.62).
- la croyance que Dupèbe a retrouvé en 1983 les lettresde la correspondance de Nostradamus (p.68), partiellement traduites parLhez dès 1961 !
- la mention fautive du titre deLa Grand pronostication nouvelle pour l'An Mil cinq cens soixante(p.366)sans aucune indication de l'origine du texte que Crouzet a connu soitpar le fac-similé de Mario Gregorio, soit plus probablement auCN 95 ("plusieursde ma profession qui ne remplissent leurs papiers que de mesdire contreNostradamus & de je ne scay quoy de resveries, comme celuy qui aesté faict a Geneve, qui ne parle que de malediction & sansy avoir inseré ne cathalogue de sainctz"), qu'il commente en ces termes :"attaque directe (...)contrecelui qui, à Genève, a médit de lui et n'a pasmême inséré une liste des saints dans son almanach" (p.69).
- l'arrangement du texte de la préface à Césarà son goût, amalgamant l'astrologie à la magieréprouvée par Nostradamus (p.104).
- la supposition qu'une première édition du TFC (Traité des Fardements et des Confitures) daterait de "1554" (p.146).
- la version caduque du quatrain pour l'an 1555 (p.185 ; cf.CN 15).
- la mention de textes fantaisistes comme laPrognostication ou Revolution pour 1565 et laProphetie merveilleuse jusques en l'An 1568, qui sont des écrits de l'imposteur Mi. Nostradamus le jeune."Une certaine évolution dans l'imaginaire de l'astrologue s'y fait sentir" (p.251) : et pour cause !
- l'ignorance d'Hutten au quatrain I 84 supposé avoirété influencé par les Actes des Apôtres(p.261 ; cf.CN 47).
- la référence au texte des Prophéties dansl'édition "Pierre Rigaud, 1566" (pp.366, 446) : uneédition avignonnaise antidatée du début du XVIIIe siècle !
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Bibliographie
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Accueil CURA
http://cura.free.fr/dico8art/1109crouz145.html
02-09-2011 ; updated 04-10-2018
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