Comme ont été diffusés d'innombrables faux français, anglais et italiens, publiés aux noms de Nostradamus ou de ses imitateurs (à commencer par Mi. Nostradamus dit le jeune et Crespin dit Archidamus), des almanachs néerlandais et belges rédigés en flamand ont commencé à circuler à la mort de Nostradamus. On en a recensé sept ou huit, mais ils furent probablement beaucoup plus nombreux. A l'exception de l'Almanach pour 1577, ils sont variablement attribués à Nostradamus, parfois orthographié "Nostredamus" ou "Nostrodamus", à "Nostradamus van Querci" à partir de 1592 ou au dit "Doctoor van Cahors in Quercy" en 1595 (après la parution en 1590 de l'édition cadurcienne desProphéties). Les almanachs néerlandais s'organisent sur le même modèle que les anglais, associant une pronostication à un almanach.
132A
Kampen, Berendt Petersen, ca. 1565, in-16, 32 ff.
° Vrije Universiteit, Amsterdam: XA 05561
L'épître non datée de la pronostication, dédiée aux Princes et Gouverneurs de France, est un verbiage de propos moralistes invitant au respect de l'orthodoxie catholique. Elle s'achève par un quatrain octosyllabique (p.28):
Seicher de faim et peste grande
En feu cite grand trouble nus
Combat cruel mort prelature
Sur trois Cites feront leurs Cris.
Le calendrier s'accompagne d'autres quatrains français tout aussi controuvés, des alexandrins non traduits qui s'appliquent à chaque mois de l'année, comme ce sera le cas dans l'édition londonienne quand commenceront à se répandre les premières traductions britanniques d'almanachs attribués à Nostradamus. Ainsi pour le mois de janvier et en illustration de cette prose limpide versifiée :
Huit, neuf, dix, et Janus retiennent leurs armees
Dedans leurs garnisons, mais ce pendant les dieux
De la terre icy bas dressent maintes menees
Pour oster le repos aux moins ambitieux.
Le début du vers 1 s'inspire des premiers vers des quatrains pour mai, juillet et août parus dans laPrognostication nouvelle, & prediction portenteuse pour l'an 1555 (cf. CN 15) :
Le cinq, six, quinze tard & tost l'on subjourne,
Huit, quinze & cinq quelle desloyauté
6, 12, 13, 20, parlera la Dame
Les quatrains ne sont pas traduits en flamand. Cet almanach est probablement la traduction d'un faux français mis au nom de Nostradamus et peut-être publié avant le vrai. La vignette de la pronostication s'inspire vaguement des vignettes authentiques : elle présente un personnage debout, luxueusement vêtu et solidement ancré sur ses assises, environné d'une multitude d'étoiles et tenant d'une main la sphère et de l'autre le compas ! Celle au frontispice de l'almanach ressemble à la vignette des éditions Rigaud parues à partir de 1568 : elle pourrait s'inspirer des éditions lyonnaises des almanachs (cf. CN 55). Les présages mensuels s'attachent pour l'essentiel à des considérations météorologiques.
L'imprimeur du texte fait paraître peu après un"Almanach opt jaer 1568" auquel collabore un certain Henricus Westerhuys, qui est un candidat possible pour celui de 1566.
132B
Anvers, ca. 1569
Cet almanach en flamand pour l'année 1569, mis au nom de Nostradamus, a été porté à l'index d'Anvers de 1570 (cf. Jésus Martinez de Bujanda,Index des livres interdits, vol. 7, 1988, p.309), puis interdit en Espagne par l'inquisiteur Gaspard Quiroga (cf.Index et Catalogus librorum prohibitorum, Madrid, Alfonso Gomez, 1583, p.81 ; Bujanda,ibid., vol. 6, 1993, p.701).
132C
Anvers, Guilliaem van Parijs (impr. Mattheus Rodius), [1576], in-fol. plano, 6 colonnes
° Bibliotheek Kortrijk
- Caullet, 1904, p.48
- Glorieux 2, n.7728
- Chomarat, n.134
Guillaume de Paris est actif de 1564 à 1586. Sa veuve reprend l'atelier jusqu'en 1595. La vignette de type "sphère aux deux bras" (ou sphère et compas : cf. CN 55) qui illustre le placard, est reprise dans un almanach de Jean Verniers pour l'année 1589 (Gand, Gaultier Manilius) et dans un autre de Matthieu Cornelissen, pour l'an 1593, imprimé par Henri Swingen à Anvers.
132D
Anvers, veuve Guilliaem van Parijs, ca. 1587, in-16
° Anvers SB: K 78526:1588 (1-2)
- Bom, 1903, p.190-191
- Glorieux 3, n.8833 et 8837
La vignette au titre de la pronostication reproduit une marque de l'imposteur Crespin.
132E
Anvers, veuve Guilliaem van Parijs, [1591], in-16
° Anvers SB: K 78526:1592,1
- Bom, 1903, p.191
- Glorieux 3, n.8834
132F
Anvers, veuve Guilliaem van Parijs, ca. 1593, in-16
° Anvers SB: K 78526:1594 (1-2)
- Les Almanachs Belges, n.168
- Bom, 1903, p.191
- Glorieux 3, n.8835 et n.8838
132G
Anvers, Guillaume Stroobant, 1594, in-16
- CAT Constant Philippe Serrure, 1872, n.2320
- CAT René della Faille, 1878, n.536
- Zech du Biez, 1903, p.74
(Almanach en français (?), mis au nom de Nostradamus "docteur de Cahors en Quercy", signalé par Zech du Biez qui mentionne deux catalogues).
132H
Anvers, Gheleyn Janssens, ca. 1594, in-16
° Anvers SB: K 78524-78525
- Bom, 1903, p.191
- Chomarat, nn.156 et 157
- Glorieux 3, nn.8836 et 8839
Les vignettes aux pages de titre reproduisent celles de Florent de Crox (cf. CN 92). L'iconographie nostradamique évolue avec le temps, en épousant les modes vestimentaires, mais les thèmes de l'imagerie nostradamienne mise en place par ses premiers imprimeurs en s'inspirant de leurs prédécesseurs (le bureau, la spère, le compas, les luminaires et les étoiles dans une fenêtre, etc), gage de ventes espérées, reste la même.
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Bibliographie
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Accueil CURA
http://cura.free.fr/dico6advpl/1011holl.html
26-11-2010 ; updated 23-09-2018
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