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"Dans leur majorité, les faux littéraires, comme lesfaux artistiques, ne sont pas de pures créations : ce sont des imitationslibres, presque des pastiches, ou bien encore un cadre rococo oùdes fragments originaux reçoivent un nouvel agencement."(Anthony Grafton,Faussaires et critiques, 1993, p.71)
 

Profitant du chaos politique et de la déliquescence de l'autoritéroyale, précédant et faisant suite aux assassinats de Henry de Guisepuis de Henry III, sont parues à la fin des années 80 des éditionstronquées desProphéties de Nostradamus, d'abord àParis, puis à Rouen et Anvers, après vingt ans de tiragesininterrompus des éditions lyonnaises Benoist Rigaud. Dans de précédentesétudes, j'ai montré que les authentiques éditionsBenoist Rigaud, celles aux exemplaires encore accessibles ou celles quiont fait l'objet d'une description précise en catalogue, sont paruesdès 1568, puis continûment jusqu'au début des années90, et avancé qu'elles pouvaient être approximativement datéesdes années 1568, 1571, 1572, 1574, 1578, 1580, 1591 et 1593 (cf.CN 38, 39 & 40).

Les nouvelles éditions parisiennes rompent le monopole Rigaudprobablement sans permission ni privilège. Il n'en étaitpas besoin au temps où les ligueurs tenaient Paris à la barbedu pouvoir royal. Denis Pallier note que "dès l'année 1587plus d'un tiers des pièces publiées à Paris se passentd'autorisation et de privilège." (Recherches, 1975, p.67)-- ajoutant que "des imprimeurs comme Morel, la veuve Roffet se targuentpendant toute la Ligue de leur privilège d'imprimeur du Roi, oude privilèges antérieurs, pour se dispenser de toute autrepermission." (ibid., p.72). Peu prisées par les bibliophiles, probablement peu diffusées, les éditions ligueusesn'apparaissent que tardivement dans les catalogues de vente : je n'en ai rencontré qu'une et une seule foisparmi plus de 1250 catalogues consultés (cf. CN 66), et dans un catalogue tardif, un catalogue du libraire Potier (1870).Les six principales éditions "ligueuses" recensées sont les suivantes :

Paris, Veuve Nicolas Roffet, 1588
Rouen, Raphaël du Petit Val, 1588
Paris, Charles Roger, 1589
Rouen, Raphaël du Petit Val, 1589
Paris, Pierre Ménier, 1589
Anvers, François de Saint Jaure, 1590

Les centuries VIII à X sont exclues des éditions ligueuses,car elles ont pu apparaître comme un peu trop favorables aux Protestantset au destin de la maison des Bourbons. A la fin des années 80, uncertain nombre de villes sont contrôlées par la Ligue, et enparticulier Paris, Rouen, et Anvers, ville espagnole, sujette àl'autorité de l'Empereur. Cependantle projet d'édition n'est pas le même à Rouen et àAnvers, qu'à Paris. Dans les villes du Nord, on réhabiliteune édition avignonnaise antidatée. A Paris on va rechercherla contrefaçon parisienne Barbe Regnault parue en 1561 dans un contextepolitique troublé (cf. CN 25).
 

Dans ma bibliographie des premières éditions desProphéties,j'ai montré que l'édition parisienne Barbe Regnault, dontl'existence a été mise en doute par certains, avait effectivementété imprimée à la date indiquéeinfine, à savoir 1561 (cf.CN 25, 025N). En témoignent:

C'est sur cette édition, tronquée d'environ trois centuries,qu'a été établi le texte des éditions parisiennesde 1588-1589 (Roffet, Roger, Ménier), et l'analyse comparative deces versions indique que le texteparisien Regnault-Roffet-Ménier-Roger est assez proche de la versionlyonnaise Antoine du Rosne de novembre 1557 (cf. CN 71).Une marque de séparation introduite après le quatrainIV 53, "adjoustees outre les precedentes impressions" (au folioF1r des éditions de 1588-1589), confirme l'existence de l'éditionlyonnaise Bonhomme de 1555. L'édition Regnault, comme probablement l'éditionmise au nom de la veuve Buffet et datée de 1561, ne comportait que583 quatrains avec 71 à la sixième et 12 à la septième.
 

065A
Dont il y en a trois cens qui n'ont encores esté imprimees, lesquels [sic] sont en ceste presente edition.
Reveues & additionnees par l'Autheur, pour l'An mil cinq cens soixante & un, de trente neuf articlesà la derniere Centurie
Paris, veufve Nicolas Roffet, sur le Pont sainct Michel,à la Rose blanche. Jouxte la coppie imprimee, l'an 1557
1588, in-16, 64 ff.







° British Library, London: 711.a.16 (frontispice en partie arraché)
° BM Toulouse: Rés D XVI 677 (disparu entre 1984 et 1989 environ ; ex libris de l'érudit florentin Jacopo Corbinelli (1535-ca.1590) puis d'un Broqua)
° Microfilm Ann Arbor University, Michigan (disponible sur Gallica, sans le frontispice)

Les éditions parisiennes ont rajouté 6 quatrains controuvés aux éditions de 1561, pour untotal de 589 quatrains, et non plus de 583. Elles comptent donc environ six centuries fortementaltérées, pour un total de589 quatrains (soit 571 quatrains + 12 + 6), lesquels valent exactementles642 quatrains de l'édition Antoine du Rosne de 1557 (exemplaired'Utrecht),plus les 300 quatrains de l'édition de 1558 (cf. CN 25,n.7),moins les 353 quatrains de l'édition de 1555, ce qui prouve queles imprimeurs ou chargés d'édition parisiens connaissaient la parutionen trois volets initiaux desProphéties, ceux des éditions lyonnaisesde 1555, 1557 et 1558.

Les éditions ligueuses parisiennes à 589 quatrains (Roffet, Roger, Ménier) sontparues en 1588 et 1589, et l'ingénieux dispositif de ces éditions a été mis en place durant ces années1588-1589. Il faut sans doute soustraire le quatrain "VII 72" (non numéroté) aux 589 quatrains numérotéspour obtenir l'année de la première édition ligueuse : 1588. Ainsi l'organisation des588/589 quatrains présentés dans ces éditionsrésulterait d'un arrangement concerté. Il en résulte quele contenu de la contrefaçon parisienne Regnault de 1561, surlaquelle elles s'articulent, était probablement différentde celui de ces éditions. Les contrefacteurs parisiens avaientsaisi l'esprit des dispositifs numérologiques initialement misen place par Nostradamus lui-même, et en avaient compris lesintentions, beaucoup mieux que ne sauraient le faire sesinterprètes modernes, non ressortis de l'obscurantismerationalisant des siècles passés. Et enfin,contrairement à ce qui a été écrit ousuggéré, il en résulte que je n'ai pasinventé ces agencements numérologiques desdifférentes éditions desProphéties, maisqu'ils existent, hors de mon imagination, ayant attendu presque cinqsiècles qu'ils fussent dévoilés.
 
Nostradamus, Prophéties, Paris, veuve Nicolas Roffet, 1588Nostradamus, Prophéties, Paris, veuve Nicolas Roffet, 1588, f.F1r

Nicolas Roffet (et non Rosset) héritera de la Roseblanche, l'enseigne de Jean Dallier, éditeur d'Antoine Couillard (sur la famille Roffet, cf. CN 49).Sa veuve, née Jeanne Le Roy, exerce comme libraire de la mort de son mari en 1581 jusqu'à la sienne enoctobre 1628. Elle adopte la devise "Ut rosa inter spinas" et fait imprimer quelques ouvragesfavorables à la Ligue en 1587-1589 (Renouard 1926, Pallier 1975, p.488).

L'erreur de Ruzo dans la transcription du frontispice, "sur la Porte sainct Michel", est recopiéesans sourciller par Chomarat, Benazra et Brind'Amour dans leurs ouvrages respectifs. La boutiqued'Estienne Roffet, Nicolle Pléau, Jean Dallier, Nicolas Roffet et Jeanne Le Roy était située sur le pont, commel'illustre encore uneestampe du XVIIIe siècle.En bas à gauche du bois gravé en page de titre, on notera la présence de la croix de Lorraine, repérée au mêmeendroit dans des almanachs et pronostications de Barbe Regnault et de songendre Thibault Bessault du début des années 60 (cf. CN 55).

La croix de Lorraine à double traverse apparaît déjà auverso du double denier de billon, une pièce frappée pour le duc de LorraineRené II (1473-1508), grand-père du héros du siègede Calais, François de Guise (1519-1563). Elle deviendra l'un dessignes identitaires des partisans de la maison de Lorraine, puis de laLigue. Denise Turrel s'appuie sur un recensement très partiel deDenis Pallier (1975) pour affirmer que "La croix de Lorrainefait son apparition sur les imprimés ligueurs à partir de1589" (Le blanc de France, 2005, p.149). C'est méconnaîtrel'édition Roffet de 1588, comme les opuscules Regnault datésdu début des années 60.
 

René II de Lorraine, double denier de billon

Peut-on considérer l'ensemble de la production Regnault commedes faux antidatés parus à la fin des années 80 ouau début des années 90 ? C'est peu vraisemblable pour demultiples raisons. Prenons l'exemple de l'almanach Regnault pour 1563.La publication de cet almanach controuvé, dédié àFrançois de Guise (lequel venait de décéder le 18février 1563), n'aurait pas eu les mêmes enjeux, ni le mêmeintérêt, en 1588 qu'il en avait en 1563. En outre la parutionen 1563 de cet almanach, lequel mélange des quatrains issus d'almanachsparus les années précédentes, est attestéepar la publication de sa traduction anglaise -- ce sont les mêmesquatrains qui ont été traduits -- , elle-même attestéedans le registre de laStationers' Companyde Londres, entre le22 juillet 1562 et le 22 juillet 1563 (cf. Arber, 1875, p.201).

Autrement dit, les éditeurs parisiens auraient dû imprimerou faire imprimer, sans enjeu véritable, une série de fauxalmanachs, des publications par ailleurs beaucoup plus nombreuses que cellesqui nous sont parvenues, mais aussi toute une série de traductionsimprimées dans la tradition anglaise pour ce genre de publications! Ce scénario n'est pas même invraisemblable : il est impossible ;et l'on peut sourire aux élucubrations échafaudées par unHalbronn et autres rêveurs de complots d'éditeurs et d'imprimeursqui auraient antidaté la plupart des éditions des textes de Nostradamus,ceux qui sont donnés pour authentiques comme ceux qui ont étéfalsifiés pour des raisons évidentes, en s'accaparant du matérielet des marques d'imprimerie de nombreux imprimeurs, qu'ils soient lyonnais,parisiens ou londoniens -- sans oublier qu'il faudrait encore admettreque certains registres, certaines oeuvres contemporaines, et un bon nombrede témoignages relatifs aux textes de Nostradamus aient aussiété trafiqués ! (cf. les textes d'Elmar Gruber :Reconsidering the "Nostradamus Plot", CURA, 2003, et"Forgery andFallacy in Nostradamus", Ramkat, 2003). La principale qualité de l'experten bibliographie n'est pas tant de dénoncer des faux un peu partout, quede savoir distinguer la copie de l'original.

Composition de l'édition Roffet :
   - feuillet A1r : frontispice (vignette)
   - feuillet A1v : blanc
   - feuillets A2r-A7r : préface à César datée du 1er mars 1557 (au lieu de 1555)
   - feuillets A7v-E8v : quatrains I 1 à IV 53
   - feuillets F1r-H5v : quatrains IV 54 à VI 71 (Propheties "adjoustees outre les precedentes impressions")
   - feuillets H6r-H7r : quatrains d'une prétendue "Centurie septiesme", du 72e (non numéroté) au 83e(Propheties "ADjoustees nouvellement")
   - feuillets H7v-H8r : six quatrains d'une prétendue "Centurie huictiesme"
   - feuillet H8v : blanc
 

Prophéties, Paris, Roffet, 1588, préface, f.A4rProphéties, Paris, Roffet, 1588, préface, f.A7r
Roffet, 1588, T, f.A2rRoffet, 1588, E, f.A7v

Les éditions parisiennes sont des éditions facétieuses et bâclées (cf. dans l'éditionRoffet la faute d'accord au sous-titre ("lesquels"), l'absence de numérotationpour les quatrains I 82, IV 54 et IV 99, la mention "quarte" en haut de page pour lacinquième centurie (à trois reprises), etc). Les imprimeursde ces éditions, ou leurs commanditaires, passent allègrementdu quatrain 71 de la centurie VI au quatrain 72 (non numéroté)de la centurie suivante !

Les quatrains "VII 73" à "VII 83" n'appartiennent pas aux Prophéties,mais à l'Almanach pour 1561dont la veuve Barbe Regnaultvenait de donner sa version contrefaite (cf. catalogue Ruzo-Swann, 2007,n.15, [p.10]). Ce sont les quatrains pour février à décembrede cette année-là, mais l'ordre des vers (A-B-C-D) des quatrainspour février, octobre, novembre et décembre a été inversé (C-D-A-B).

Jusqu'à présent, on n'avait pas comprisla raison de l'inclusion de quatrains de l'almanach dans une éditiondesProphéties, si ce n'est qu'on pouvait s'attendreà tout avec la veuve Regnault. Grâce à la redécouvertede l'almanach Regnault, dont Daniel Ruzo possédait un exemplaire(acquis en avril 2007 par la Maison Nostradamus de Salon pour environ septmille dollars, grâce au legs financier du donateur allemand HansGeorg Buddrus), on sait que cet almanach Regnault ne contient pas de quatrains.La veuve aura fait imprimer sa contrefaçon dans la précipitation,peut-être avant même la sortie de l'almanach lyonnais ou desa réplique parisienne parue chez Guillaume Le Noir, puis incluscertains des quatrains de la version Le Noir dans son édition desProphéties parue en janvier ou février 1561 ("1560" en page de titre,sachant que l'année civile commençait encore à Pâques).

A ces quatrains falsifiés et frauduleusement rattachésauxProphéties, s'ajoutent six quatrains apocryphes d'uneprétendue huitième centurie, que Ruzo considère, bienque d'inspiration "non prophétique", avoir vraiment été"écrits et publiés [par Nostradamus] pour servir la politique deCatherine de Médicis." (Testament, p.263). On se demande bienoù ?, dans quel ouvrage ?, et à quelle occasion ? !

Seront confus plusieurs de leur entente,
Aux habitans ne sera pardonné,
Qui bien pensoient perseverer l'attente
Mais grand loisir ne leur sera donné.

Plusieurs viendront, & parleront de paix
Entre Monarques & seigneurs bien puissant
Mais ne sera accordé de si pres,
Que ne se rendent plus qu'autres obeissans.

Las quel fureur ! helas quelle pitié
Il y aura entre beaucoup de gens,
On ne veit onc une telle amitié,
Qu'auront les loups à courir diligens.

Beaucoup de gens voudront parlementer,
Aux grands seigneurs qui leur feront la guerre,
On ne voudra en rien les escouter,
Helas si Dieu n'envoye paix en terre.

Plusieurs secours viendront de tous costez,
De gens loingtains qui voudront resister,
Ils seront tout à coup bien hastez,
Mais ne pourront pour ceste heure assister.

Las quel desir ont Princes estrangers,
Garde toy bien qu'en ton pays ne vienne
Il y auroit de terribles dangers
En mains contrees, mesmes en la Vienne.

Le style narratif de ces quatrains ne ressemble en rien à celuide Nostradamus. Le cinquième est un récit sans vigueur etle sixième n'est qu'un avertissement banal dont on a perdu le contexteet les enjeux. Il est très improbable, contrairement à cequ'imagine Ruzo, qu'ils aient été adressés par Nostradamusà la mère du jeune roi de France, car il n'aurait jamaisutilisé envers elle le tutoiement familier que lui prête lecontrefacteur au second vers. La présence de la conjonction "mais",propre à un style narratif ou didactique, est rare dans les quatrainsdes Prophéties et des Almanachs (douze fois en début de versdans les 942 quatrains des Prophéties, soit 0.32%, et une fois seulementdans les 154 quatrains des Almanachs, soit 0.16%), alors qu'elle prolifèredans les Sixains, des pièces controuvées attribuéesà Nostradamus au début du siècle(neuf fois, soit un taux de 2.6%), et beaucoup plus encore ici même(12.5%) ! Des expressions telles que "Las quel [sic] fureur" ou "Las queldesir" n'existent pas dans les quatrains versifiés authentiques,pas plus que les injonctions commençant par "helas" (troisièmeet quatrième quatrains), ni les formes syntaxiques "il y aura" ou"il y auroit", lesquelles marquent par ailleurs les faibles capacitésexpressives des grimauds qui auront tenté d'imiter le style de l'astrophileprovençal. Ce ne seront pas les premiers (cf. les imposteurs MichelNostradamus le jeune et Antoine Crespin "dit Nostradamus" dans les années 1565-1575).

Un certain nombre de quatrains ont été suppriméset remplacés par des quatrains redoublés, dont l'ordre desvers (A-B-C-D), pour la plupart d'entre eux, a été transforméen (C-D-A-B) à l'exception des cas expressément mentionnés :
































Au total, ce sont 39 quatrains numérotés, et exactement39, qui ont subi une substitution. Ce sont39 quatrains quin'ont pas été "rIII.33 à III.42, V.16 à V.20, VI.27à VI.31, VI.43 à VI.53 et VI.65 à VI.69), comme sides pages entières, au nombre de sept, avaient ététrafiquées, lesquelles pourraient correspondre à celles deséditions parisiennes des années 1556-1559.

Le cas particulier du quatrain non numéroté VII.72, rejetédans une section spécifique et associé aux quatrains de l'Almanachpour 1561, montre que les contrefacteurs facétieux de l'éditionde 1561, n'ont pas organisé leur texte au petit bonheur, mais qu'ilsont laissé des indices visibles et évidents d'un dispositifnumérologique qui, de toute évidence, semble se greffer insidieusementsur l'organisation des quatrains imaginée par Nostradamus. La secondeédition Du Rosne de 1557 ne contient-elle pas 639 quatrains, dontle dernier est numéroté VI.40 ? Ce ne sont donc pas seulementles 353, 642 et 300 quatrains des premières éditions queles contrefacteurs assurément connaissaient (cf.infra),mais aussi la seconde édition Du Rosne à 639 quatrains, ouson hypothétique réplique parisienne.





 

065B
Dont il y en a trois cens qui n'ont encores esté imprimees, lesquels [sic]sont en ceste presente edition.
Reveues & additionnees par l'Autheur, pour l'an mil cinq cens soixante & un, detrente neuf articles à la derniere Centurie
Paris, Charles Roger Imprimeur, demeurant en la court de Baviere pres la porte sainct Marcel
1589, in-16, 64 ff.









° British Library, London: 8630.aa.33
 

Nostradamus, Prophéties, Charles Roger, 1589

Ce libraire-imprimeur, dont la marque était un rosier signé CR et dont laboutique était située dans la cour de l'hôtel de Bavière, a exercé entre 1576et 1590 environ. Dans les dernières années de sa production(1589-1590), il a imprimé quelques ouvrages favorables àla Ligue (cf. Pallier, 1975, p.488). Son édition desProphétiesest très proche de la précédente. Le titre et lessous-titres de la première page sont identiques, contrairement àl'édition Ménier qui suit ("lesquelles", "Auteur", "soyxante").
 

065C
Dont il y en a trois cens qui n'ont encores esté imprimees, lesquelles sont en ceste presente edition.
Reveues & additionnees par l'Auteur, pour l'An mil cinq cens soyxante & un, de trente neuf articlesà la derniere Centurie
Paris, Pierrc [sic] Ménier, demeurant à la ruë d'Arras, pres la porte S. Victor
1589, in-16, 64 ff.









° BnF Paris: Rés Ye 1789 (74 x 121 mm selon Klinckowstroem et Ruzo)
 

Nostradamus, Prophéties, Pierre Ménier, 1589Prophéties, Pierre Ménier, 1589, f.H7r

Composition de l'édition Ménier de 1589 :
   - feuillet A1r : frontispice (vignette)
   - feuillet A1v : blanc
   - feuillets A2r-A7r : préface à César datée du 1er mars 1557 (au lieu de 1555)
   - feuillets A7v-E8v : quatrains I 1 à IV 53
   - feuillets F1r-H5v : quatrains IV 54 à VI 71 (Propheties de "M. Mostradamus, adjoustees outre les precedentes impressions"). En H5v, vignette aux trois soleils.
   - feuillets H6r-H7r : quatrains d'une prétendue "Centurie septiesme", du 72e (non numéroté) au 83e (Propheties "adjoustees nouvellement"). En H7r, fleuron à tête de méduse.
   - feuillets H7v-H8r : six quatrains d'une prétendue "Centurie huictiesme". En H8r, même vignette qu'au frontispice.
   - feuillet H8v : blanc

La mise en page de cette édition est identique à cellede l'édition Roffet. Le texte reprend celui de l'éditionde 1588 avec quelques variantes. Par exemple, l'erreur de lecture au versI 83d ("cumeux" en 1588 au lieu de "curieux" dans les premièreséditions) est extrapolée dans l'édition Ménier,qui donne "écumeux". La nature parodique de cette éditionest trahie par l'orthographe "Mostradamus" au titre de la quatrièmecenturie (cf. CN 23).
 

Prophéties, Ménier, 1589, préface, f.A4vProphéties, Ménier, 1589, préface, f.A7rProphéties, Ménier, 1589, f.F1rProphéties, Ménier, 1589, f.H6r
Ménier, 1589, T, f.A2rMénier, 1589, E, f.A7v

 

065D
Dont il y en a trois cens qui n'ont encores esté imprimees, lesquelles sont en ceste presente edition.
Reveues & additionnees par l'Auteur, pour l'An mil cinq cens soyxante & un, de trente neuf articles à la derniere Centurie
Paris, Pierre Ménier, 1589, in-16, 64 ff.

J'admets l'existence d'une autre édition Pierre Ménierparue en 1589, perdue mais à ne pas confondre avec les deux éditionsqui suivent, une édition à 592 quatrains et non plus589, en fonction de l'analyse de ces deux éditions (cf.infra).
 

Les bibliographes nostradamisants se sont contentés de suivreune extrapolation erronée et hasardeuse de Klinckowstroem, datantl'ensemble des éditions Ménier de la fin des années80. Or l'une des deux autres éditions connues ne porte pas de dateau titre, et la page de titre est arrachée dans le seul exemplaireretrouvé de l'autre.

Le libraire et imprimeur Pierre Ménier reprend l'atelier d'imprimerie de son pèreMaurice Ménier (Menyer, ou Mesnier), lequel a exercé entre1545 et 1573 environ. Sa devise, "Coercenda voluptas" figure encoredans un ouvrage imprimé par son fils en 1598, l'Histoire plaisante de la jalousie de Jennain sur lagrossesse soudaine de Prigne sa femme, contenant un brave discours de l'accouchement d'icelle (cf. La Caille, p.120).
 

Histoire plaisante, Paris, Pierre Ménier, 1598Jean Petit, Prédictions, Paris, Pierre Ménier II, c.1616

Pierre Ménier, qui a exercé à Paris à partir de 1581 jusqu'en 1605environ, participe activement à la propagande ligueuse à la fin des années 80 et au débutdes années 90, parfois associé au lyonnais Jean Patrasson (cf. p.ex. Baudrier 1, 1895, p.274). Il faitparaître en 1588 un texte ligueur signalé par Denis Pallier et déjà par La Caille en 1689, leRecueilde toutes les Impressions les plus veritables, mises en lumiere depuisle departement du Roy, le XII de may 1588 jusques à présent, discourues toutes au long.J'ai vérifié les mentions en page de titre de plusieurs impressions Pierre Ménier des années 1587-1589 :

Les trois premières portent la mention "pres la porte Sainct Victor",les deux suivantes : "pres la porte S. Victor". En effet Ménier appose à la plupart des ouvragesqu'il publie, la signature "[de l'imprimerie de] Pierre Ménier", "demeurant rued'Arras pres la porte Sainct [ou S.] Victor" comme dans son impression desProphéties de 1589. Ce n'est qu'à partir de 1598 environ qu'ilse dit "portier de la porte Sainct Victor". Deux fils, issus de son mariageavec Marguerite Du Tillet, prennent sa succession : Pierre II Ménier,libraire-imprimeur de 1606 à 1642 environ, et Isaac Ménierqui a exercé entre 1612 et 1621 (cf. La Caille 1689, Lottin 1789, Renouard 1898,1901 et 1965, et la compilation de Mellot & Queval 1997). Les recherches surl'imprimerie parisienne traînent, et on espère toujours, depuis les travaux de Renouard,que quelque érudit, universitaire ou spécialiste du livreancien ait l'envergure et le courage de réaliser des recherchescomparables à celles de Baudrier dans le domaine lyonnais.

C'est son fils Pierre II Ménier qui a probablement impriméles deux autres éditions Ménier que nous connaissons, commeil imprime encore, en 1616, un traité du pronostiqueur Jehan Petit,lesPredictions pour cinq années(1617-1621), lequel contientcinq quatrains à l'imitation de ceux de Nostradamus (cf. CN 130). En effet j'airetrouvé dans un catalogue de vente de 1740 le signalement probablede l'ouvrage dont la page de titre a été arrachée, qui suit :
 

065E
Dont trois cens sont imprimées pour la premiere fois en cette Edition.
Reveuës & additionnées par l'Autheur, pour l'An mil cinq cens soixante & un, de trente neuf articles à la derniere Centurie
Paris, Pierre Ménier, 1610, in-8, 64 ff.



° BM Angers: Rés Belles-Lettres 2151 (page de titre arrachée)

Il est possible que la mention "dont trois cens sont impriméespour la premiere fois en cette Edition" ne soit qu'une extrapolationdu catalogue Bellanger. Cette édition contient les mêmes piècesque l'édition Ménier de 1589, mais contient d'assez nombreusesvariantes orthotypographiques (cf.infra), et le bois gravésous le quatrain VI 71 diffère de celui de l'édition de 1589.
 

Prophéties, Pierre Ménier, 1589, vignette, f.H5vProphéties, Pierre Ménier II, c.1610, vignette, f.H5vProphéties, Pierre Ménier II, c.1610, vignette, f.H8r

 

065F
Dont il y en a trois cens, qui n'ont encores esté imprimées, lesquelles sont en ceste presente edition.
Reveues & additionnées par l'Autheur, pour l'An mil cinq cens soixante & un, de trente neuf articles à la derniere Centurie
[Paris], Pierre Ménier, portier de la porte Sainct Victor, s.d. [1612 ?], in-8, 64 ff.










° Mazarine, Paris: 8° Rés 30314 (72 x 111 mm ; "post. 1598" d'aprèsleRépertoire de Renouard, 1965, p.303)
° British Museum, London: 718.a.14 (page de titre arrachée et feuillet suivant manquant)
 

Prophéties, Pierre Ménier II, c.1612, titreProphéties, Pierre Ménier II, c.1612, f.H5vProphéties, Pierre Ménier II, c.1612, f.H8r

Cette édition s'apparente à la précédentecar elles ne présentent pas de décalage au premier mot dupremier vers de chaque quatrain, contrairement à l'éditionMénier de 1589. Relevons encore l'absence des vers 3 et 4 au quatrainnuméroté "VIII 5", la numérotation (en chiffres arabes)du quatrain VII 72, un bois gravé au versodu dernier feuillet, etc. Mais la principale différence est l'additionde trois quatrains supplémentaires à la fin de la centurieVI. Ces trois quatrains additionnels (VI 72-74), à l'imitation dudispositif mis en place dans les éditions Du Rosne de 1557 (cf.CN 177, , 2003, et Atlantis, n° 414, 2003), pose un nouveau problème.En effet, il est improbable que le fils Ménier (ou ses commanditaires)ait mis en place ce nouvel artifice vers 1610. Il faut donc prendre encompte l'existence quasi certaine d'une autre édition comprenant592 quatrains, imprimée par son père vers 1589, et peut-êtremême celle d'une seconde édition Regnault dès 1561.

Les vers 2 et 3 du quatrain VI 70 est un exemple typique montrant lasituation intermédiaire de l'édition de 1610, entre l'éditionPierre I Ménier de 1589 et l'édition Pierre II Ménier de 1612.

VI 70b :crainct (1589) →craint (1610 & 1612)
VI 70c :loz (1589-1610) →loy (1612)

La correction "loy" au troisième vers est une extrapolation,en apparence légitime, propre à cette édition : lesquatre éditions Benoist Rigaud datée de 1568 (X, A, B etC), les éditions Roffet 1588, Roger 1589, Ménier 1589, PetitVal 1589, Saint-Jaure 1590 et Rousseau 1590 reprennent toutes la version"loz" des deux éditions Du Rosne de 1557. Des éditionsplus tardives (héritiers Rigaud 1597, Pierre Rigaud 1600, l'éditiontroyenne datée de 1605, etc) mentionnent "los", et l'éditionPoyet 1600 transcrit "lors". Ce qui fait dire à Brind'Amourque cette édition Ménier contient "nombre de conjecturesintéressantes, sinon savantes, fruits d'une réflexion surle texte." Voire ! ... en tout cas une édition à l'orthotypographiemodernisée, probablement postérieure à toutes les éditions ci-dessus mentionnées.

Un rapporteur deNotes and Queries en 1853, juge que la trop grande précision du quatrain II 51 (quise rapporterait à l'incendie de Londres en 1666), pourrait faire de cette édition une contrefaçon : "If it is a forgery(and such I take it to be), it is decidedly the best I ever met with." (p.174). Les 96 éditions recensées à ce jour (cf. CN 120)seraient controuvées ! (cf. aussi CN 142, n°11).
 

Au début de l'année 1561 la situation politique est instable: le roi François II vient de mourir moins de deux ans aprèsson père, et le jeune Charles IX n'a que dix ans. Des factions rivaleslorgnent sur le pouvoir, et la régence de Catherine de Médicissuscite des interrogations. La première guerre civile approche.

Le 12 mai 1588, c'est la journée des Barricades. Henry III estcontraint de quitter Paris en toute hâte et de se réfugierà Chartres. Le 23 décembre 1588, il fait assassiner son adversaireHenry de Guise, mais le 1er août 1589, il est à son tour poignardépar un moine à la solde des ligueurs parisiens.

Les imprimeurs des éditions tronquées de 1561 et de 1588-1589,et leurs bailleurs, ont su profiter de conditions favorables et comparables: des rivalités irréconciliables et une instabilitépolitique chronique, proche du chaos à la fin des années80. Le pouvoir administratif n'a plus les moyens, en ces moments troublés,de surveiller le détail des parutions et de réprimer lesdébordements des ateliers d'impressions. La situation s'aggraveaprès l'assassinat de Henry III puisque la Ligue et la Sorbonnetiennent l'édition parisienne. Les privilèges royaux et permissionsd'imprimer sont abolis pour quelques années. La voie est ouverteaux éditions tronquées de 88-89.

De nombreux indices textuels montrent le caractèrepassablement parodique des éditions parisiennes. En réalité, cecourant de trafiquants nostradamisants naît à la fin des années 50,rue Saint-Jacques à Paris, où se sont succédésdivers éditeurs apparentés, tous logés "à l'enseignede l'Eléphant" : la veuve Barbe Regnault (1555-1563), son gendreThibault Bessault (1563-1565), décédé en 1565, safille Madeleine Berthelin (1565-1567), le second époux de sa filleremariée, Anthoine Hoüic (1568-1585), et Jean Bessault (1585-1588),le fils de Thibault, contrefacteurs à des degrés diversde textes tronqués de Nostradamus. Certain spécialiste ducanular et de la mystification a récemment pris comme base de sesélucubrations l'édition tronquée et facétieusede 1588 pour remettre en cause l'ensemble des éditions authentiquesdesProphéties imprimées trente ans auparavant.

Notons encore la très faible diffusion des éditions parisiennes,peu présentes dans les catalogues de vente et peu recherchéespar les collectionneurs qui ne furent pas dupes de leur caractèrecontrouvé. Il semble même que leur diffusion se soit limitéeà la région parisienne, car, contrairement à la plupartdes autres éditions, cinq des sept exemplaires retrouvéssont actuellement à Paris ou au British Museum de Londres, lequela récupéré un nombre important de collections d'origineparisienne.
 

J'ajoute quelques variantes de l'édition mise au nom de la veuve Buffet et datéede 1561. Et remercie Michel Scognamillo, auteur du catalogue de la librairie Thomas-Scheler (sept. 2010) pour sa précieuse collaboration.Pour l'étude de cette édition "authentique" (i.e. parue dans les années 60 contrairement aux indications ducatalogue), présentée au public bibliophile parisien en septembre 2010, cf.CN 129.

[4] l'humain definement (1555)
→ (1561)
→ l'humaincessiuement (1588)
→ l'humaindecessiuement (1589)

La faute typographique (un /n/ inversé) de l'édition de 1561 a conduit les imprimeurs des éditions de 1588 et 1589 à inventer.

[16] perpetuelles vaticinations, pour d'yci a l'an 3797 (1555)
→ perpetuelles vaticinations, pour d'icy a l'annee3767(, 1588 & 1589)

Corruption du texte originel. Cette date de3767, destinéeà brouiller les pistes, résulte d'un amalgame entre l'an3797 indiquant la fin des vaticinations prophétiques, et la date de lacréation du monde, à savoir3967, donnée parNostradamus dans ses Almanachs (cf. par exemple celui pour l'an 1557 oucelui pour l'an 1562).

[32] si le reprendra il : mais assemblés (1555)
→ si ne reprendra ilMars, assemblez (, 1588 & 1589)

Erreur de lecture. Ici, il semblerait que les éditeurs ne parviennentpas à comprendre le texte.

[33] anaragonique revolution (1555)
anaragomique revolution (, 1588 & 1589)

Sans commentaire ! Aujourd'hui, on lirait probablement "anaragnomique"chez des éditeurs de la même farine !

[36] par songes Machometiques (1555)
→ (1561)
→ par songesMahommestiques (1588 & 1589)

Les éditeurs ignorent le sens du terme employé par Nostradamus.Déjà les éditions A, B et C de Benoist Rigaud lisent"Mahometiques", qui deviendra "Mathematiques" dans une édition lyonnaisedu début du siècle !

[41] ce j. de Mars 1555 (1555)
→ ce premier jour de Marsmil cinq cens cinquante sept (, 1588 & 1589)

On comprendra le trucage en rappelant que ces éditions prétendentreproduire une édition de 1557 : "Jouxte la coppie imprimee, l'an1557".
 

4c: Lors se perdra la piscature barque (1555)
4c: Lors se perdra labiscature barque (, 1588 & 1589)

8d: La grand Hadrie reourira tes veines (1555)
(1561)
8d: La grandHardrierecouvrira tesvaines (1588 & 1589)

9b: Facher Hadrie & les hoirs Romulides (1555)
9b: FascherHardrie & les hoirs Romulides (, 1588 & 1589)

19d: Chief, fuyct cache aux mares dans les saignes (1555)
(1561)
19d: Chef fuit caché aux mares dans lesfanges (1588 & 1589)

38a: Le Sol & l'aigle au victeur paroistront (1555)
38a: Lefol & l'aigle victeur paroistront (, 1588 & 1589)

45b: Beste en theatre, dressé le jeu scenique (1555)
45b: Bestes en theatre, dresse le jeuscenicque (, 1588) /se nicque (1589)

61a-b: La republique miserable infelice / Sera vastée du nouveau magistrat (1555)
(1561)
61a-b: La republique miserable infelice / Seravestuë du nouveau magistrat (1588) /vestue (1589)

83d: Grecs, qui seront à frapper curieux (1555)
83d: Grecs qui seront à frappercumeux (, 1588) /ecumeux (1589)
 

L'intention satirique, pourtant évidente, est malheureusementpassée inaperçue chez tous les exégètes ! :"dans les fanges" au vers 19d qui ne rime plus, probablement "lefol" au vers 38a, "vestue du nouveau magistrat" en 61b, et surtout"le jeu se nicque" en 45b ! Nul doute que la veuve Regnault et sescommanditaires se soient amusés avec le texte, dès 1561 àun moment où l'étoile de Nostradamus commençait àperdre de son éclat, et que les imprimeurs de 1588-89 aient renchéri.On est là dans le champ des couillardises du seigneur du Pavillon,lequel venait enfin, en 1560 et après cinq ans d'attente, d'obtenirune autorisation pour la sortie de sesContredicts aux faulses &abbusifves propheties de Nostradamus(cf. CN 49 & 50). Cesobservations se confirment dans les quatrainstrafiqués des éditions de 1588-89,lesquels ne suivent probablementpas tous la version de 1561. La découverte en 2010 de l'édition datée de 1561en donne une confirmation (cf. CN 129) :

Le second vers du quatrain I.83, qui remplace le quatrain III.41, estentièrement controuvé : "Pour nous remettreés plaisirs curieux" !
(1561 = édition de 1555)

La rime "avant/devant" au quatrain II.27, qui se substitue au quatrainIII.49, est remplacée par les termes "arriere/derriere" !
(1561 = édition de 1555)

Le quatrain V.16 est remplacé par le quatrain III.30, et le vers"De nuict au lict six luy feront la guerre" devient "Celuy qu'en luittenud se fera enquerre" !
(1561)

La suppression du quatrain III.41 est intéressante. En effetil n'y a aucune raison pour que ce quatrain, assez vite interprétécomme pouvant se rapporter au général en chef des arméesprotestantes, le prince Louis de Condé, et qui est présentépar Nostradamus sous des traits peu plaisants, ait été supprimédes éditions ligueuses des années 88-89. Il faut donc qu'ill'ait été par l'impression Regnault de 1561, dont les éditeursont pu trouver embarrassante la conclusion au dernier vers : "Le traistreau roy pour fidele receu" -- à condition toutefois de ne pasattacher une importance exagérée à ces substitutionsdont beaucoup ne sont pas signifiantes, comme par exemple en III.51a : "Puis conjure"pour "PARIS conjure", évitant de nommer la capitale dans le contexte négatif du vers.

Notons enfin, au titre de ces éditions, la découpe probablementintentionnelle du nom de l'auteur en deux morceaux : , autrement dit "nous donnons",nous les éditeurs parisiens,"ce qui nous appartient" ! Les farceurs responsables de ces éditions auront saisi certainesintentions du prophète provençal et les ont travesties afin de désorienter le profane.
 
 
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