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MÉTIERS
Aux sources de l'histoire

Nelson Mandela était-il communiste ?

ChloéMaurel
p. 155-164

Résumés

À l’occasion du 30e anniversaire de l’abolition de l’apartheid en Afrique du Sud, acquise de haute lutte le 30 juin 1991, il est intéressant de se pencher sur le parcours de Nelson Mandela (1918-2013) et sur les fortes convictions politiques qui l’ont guidé au fil de sa vie extraordinaire et qui l’ont aidé à garder espoir tout au long de ses 27 années de prison (août 1962-11 février 1990). En quoi ses convictions humanistes et égalitaires se rapprochent-elles des idées communistes ? Comment se positionne-t-il par rapport au communisme dans son autobiographieUn long chemin vers la liberté et dans sa plaidoirie lors de son procès ? Pourquoi a-t-il toujours maintenu une ambiguïté sur son appartenance au communisme ? L’analyse de ses propos, de ses actions et de son récit autobiographique permet d’apporter des éléments de réponse à ces questions importantes.

On the occasion of the 30th anniversary of the abolition of apartheid in South Africa, which was won through a fierce struggle on June 30, 1991, it is interesting to look at the career of Nelson Mandela (1918-2013), and the strong political committments which guided him throughout his extraordinary life and which helped him to keep hope throughout his 27 years in prison (August 1962 - February 11, 1990). How do his humanist and egalitarian convictions come close to communist ideas? How does he position himself in relation to communism in his autobiographyA Long Walk to Freedom and in his pleadings during his trial? Why has he always maintained an ambiguity about his belonging to communism? The analysis of his words, his actions and his autobiographical account allows us to provide some answers to these important questions.

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Texte intégral

Nelson Mandela et Fidel Castro en 1991 (source : www.humanite.fr, 2016), DR.

1Mandela a adhéré au Congrès national africain (ANC) en 1943 et a d’abord milité par une action pacifique pour lutter contre le gouvernement raciste d’Afrique du Sud, avant d’en venir à l’action violente au moyen de la branche militaire de l’ANC,Umkhonto we Sizwe (MK), qu’il cofonde en 1961. Cette lutte armée visait à la suppression du système d’apartheid, institutionnalisé en 19481. Mais Mandela a-t-il aussi adhéré au Parti communiste ? Il évoque à plusieurs reprises, dans son autobiographie parue en 1994, sa relation avec le mouvement communiste. Il relate que, lorsqu’il commence vers 1944 à travailler dans un cabinet d’avocats, il se lie avec un jeune Blanc communiste, Nat Bregman, qui partage son sandwich avec lui en le coupant en deux. Nat prend un sandwich :

« Il m’a dit : “Nelson, attrape l’autre bout”. Je ne savais pas bien pourquoi il me demandait ça, mais comme j’avais faim, j’ai obéi. “Maintenant, tire”, a-t-il ajouté. J’ai tiré et le sandwich s’est déchiré en deux. “Maintenant, mange”. Comme je commençais à mâcher, Nat m’a dit : “Nelson, ce que nous venons de faire symbolise la philosophie du Parti communiste : partager tout ce que nous avons”. Il m’a annoncé qu’il était membre du Parti communiste et il m’a expliqué les rudiments de ce que défendait ce parti. (…) Ce jour-là et dans beaucoup d’autres occasions, j’ai écouté Nat prêcher les vertus du communisme et essayer de me persuader de rejoindre le parti. Je l’écoutais, je lui posais des questions, mais je ne me suis pas inscrit. Je n’avais pas envie de rejoindre une organisation politique quelconque. (…) J’étais aussi très pieux et l’hostilité du Parti communiste envers la religion me déroutait. Mais j’ai bien aimé ma moitié de sandwich. »2

2Malgré sa réaction initialement sceptique par rapport à la doctrine communiste, il accompagne régulièrement Nat Bregman à des conférences du Parti communiste :

« J’y allais surtout par curiosité intellectuelle. Je venais seulement de prendre conscience de l’histoire de l’oppression raciale dans mon propre pays et je considérais que la lutte en Afrique du Sud était purement raciale. Mais le Parti communiste voyait les problèmes de l’Afrique du Sud à travers les lunettes de la lutte des classes. Pour les communistes, c’était une question de possédants opprimant les non-possédants. Cela m’intriguait, mais ne me semblait pas correspondre à la situation du moment en Afrique du Sud. Cela s’appliquait peut-être à l’Allemagne, à l’Angleterre ou à la Russie, mais je ne trouvais pas que ça convenait au pays que je connaissais. Pourtant j’écoutais et j’apprenais. »3

3Dans ces réunions, il est agréablement frappé de voir que se mélangent des personnes noires, blanches, indiennes et métisses : « J’ai découvert un groupe de gens pleins d’entrain qui ne semblaient prêter aucune attention aux différences de couleur. Ce fut une des premières réunions mixtes auxquelles j’ai assisté. »4

4En 1961, Mandela est dans la clandestinité, car il coordonne l’action de protestation violente contre le gouvernement raciste d’Afrique du Sud. Il lit beaucoup d’ouvrages sur le communisme et sur les tactiques d’insurrection et de guérilla, comme il le relate dans son autobiographie :

« J’ai lu le rapport de Blas Roca, le secrétaire général du Parti communiste cubain, sur les années d’illégalité pendant le régime de Batista. (…) J’ai lu des livres de et sur Che Guevara, Mao Zedong, Fidel Castro. Dans le très beauÉtoile rouge sur la Chine d’Edgar Snow, j’ai vu que c’était la détermination et la pensée non traditionnelle de Mao Zedong qui l’avaient conduit à la victoire. J’ai luLa Révolte de Menahem Begin et j’ai été encouragé en voyant que le leader israélien avait mené une guerre de guérilla dans un pays sans montagnes et sans forêts, ce qui était une situation semblable à la nôtre. J’avais envie d’en savoir plus sur la lutte armée du peuple d’Éthiopie contre Mussolini et sur les armées de guérilla du Kenya, d’Algérie et du Cameroun. »5

5Lors de son procès en 1962, suite à l’organisation d’une grève générale très suivie, la question de son appartenance au Parti communiste lui est posée. Il l’évoque dans son autobiographie :

« L’accusation voulait absolument prouver que j’étais un dangereux communiste tenant de la violence. Je n’étais ni communiste ni membre du Parti communiste, mais je refusais de laisser croire que je prenais mes distances vis-à-vis de nos alliés communistes. J’aurais pu être renvoyé en prison pour de telles conceptions, mais je n’hésitai pas à réaffirmer l’extraordinaire soutien que les communistes nous avaient apporté. »6

6Le président du tribunal lui demande s’il pense qu’un régime de parti unique pourrait être une possibilité pour l’Afrique du Sud. Mandela répond de manière assez ambiguë :

« Ce n’est pas une question de forme, c’est une question de démocratie. Si la démocratie s’exprimait mieux dans un système à parti unique, j’étudierais cette proposition avec le plus grand soin. Mais si une démocratie trouvait une meilleure expression dans un système à plusieurs partis, alors c’est une proposition que j’étudierais aussi avec beaucoup de soin. Dans ce pays, par exemple, nous avons actuellement un système multiparti mais, en ce qui concerne les non-Européens, il s’agit du despotisme le plus violent qu’on peut imaginer. »7

7Il est alors condamné à cinq ans de travaux forcés comme organisateur de la grève générale de 1961. Lors du procès de Rivonia, en 1964, il est accusé de sabotage, de destruction de biens, de violation de la loi sur l’interdiction du communisme, et il sera condamné cette fois à la prison à perpétuité avec sept de ses camarades de lutte. Voici des extraits de sa plaidoirie historique :

« En ce qui concerne le Parti communiste, et si je comprends bien sa politique, il souhaite l’établissement d’un État basé sur les principes du marxisme. Bien qu’il soit prêt à travailler pour la charte de la liberté, en tant que solution à court terme des problèmes créés par la suprématie blanche, il considère cette charte comme un commencement, non comme une fin. L’ANC, à la différence du Parti communiste, n’admettait que des adhésions d’Africains. Son but principal était et demeure que les Africains s’unissent et obtiennent les pleins droits politiques. L’objectif essentiel du Parti communiste était d’éliminer les capitalistes et de les remplacer par un gouvernement de la classe ouvrière. Tandis que le Parti communiste cherchait à accentuer les oppositions, l’ANC tentait de rendre compatibles les différentes classes, différence capitale. Il est vrai qu’il y a souvent eu coopération étroite entre l’ANC et le Parti communiste. Mais cette coopération prouve simplement l’existence d’un objectif commun ici, le renversement de la suprématie blanche. Elle ne prouve pas une entière communauté d’intérêts. »

8Il tente de rassurer le juge en défendant l’idée qu’un mouvement de libération peut s’allier avec des communistes sans obligatoirement conduire à l’instauration d’un régime communiste. Pour cela, il prend des exemples dans l’histoire du monde au 20e siècle, sur tous les continents :

« Les communistes ont toujours joué un rôle actif dans le combat des pays colonisés pour leur liberté, parce que les objectifs à court terme du communisme correspondent toujours avec les objectifs à long terme des mouvements de libération. Ainsi, les communistes ont joué un rôle important dans les luttes libératrices de pays comme la Malaisie, l’Algérie, l’Indonésie. Pourtant aucun de ces États n’est aujourd’hui un pays communiste. De même, les communistes participèrent aux mouvements de résistance clandestine qui se formèrent en Europe lors de la Seconde Guerre mondiale. (…) Ce type de coopération entre communistes et non-communistes s’est renouvelé dans le Mouvement de libération nationale en Afrique du Sud. Avant l’interdiction du Parti communiste, les campagnes organisées en commun par le Parti communiste et le Congrès étaient un usage admis. »

9Il précise que, lorsqu’il était jeune, membre de la Ligue de la jeunesse de l’ANC, il s’était déclaré contre la participation des communistes à l’ANC, puis qu’il a changé d’avis. (« Il fallait être le jeune politicien inconsidéré que j’étais en 1949 pour prétendre que les communistes puissent être nos ennemis »).

« Il est peut-être difficile pour des Blancs sud-africains, imbus de leurs préjugés anticommunistes, de comprendre pourquoi des hommes politiques africains chevronnés acceptent si volontiers des communistes pour amis. Mais les raisons en sont pour nous évidentes. Les divergences théoriques, dans notre lutte contre l’oppression, sont un luxe que nous ne pouvons pas nous permettre. En outre, les communistes furent pendant plusieurs décennies le seul groupe politique en Afrique du Sud qui fût prêt à traiter les Africains en êtres humains et en égaux. Ils étaient prêts à prendre leurs repas avec nous, à parler avec nous, à vivre et travailler avec nous, ils étaient le seul groupe prêt à travailler avec les Africains pour l’obtention des droits politiques et d’une participation à la gestion de la société. C’est pourquoi beaucoup de mes compatriotes, aujourd’hui, assimilent liberté et communisme, confirmés dans cette croyance par une législation qui qualifie de communistes tous les partisans d’un gouvernement démocratique et de la liberté des Africains et qui condamne nombre d’entre eux – non communistes – en vertu de la loi sur la suppression du communisme. Bien que n’ayant jamais été membre du Parti communiste, j’ai été poursuivi comme tel pour le rôle que j’ai joué dans la Campagne de défi8. En vertu de la même loi, j’ai été condamné, emprisonné et proscrit ».

10Il développe ensuite, toujours dans sa plaidoirie, sa position par rapport au communisme :

« J’ai dit que je n’étais pas communiste et il me semble que, dans les circonstances actuelles, je dois définir exactement mes opinions politiques, pour expliquer ma position dans l’Umkonto et mon attitude au sujet de la violence. Je me suis toujours considéré, en premier lieu, comme un patriote africain. (…) Aujourd’hui, je suis attiré par l’idée d’une société sans classes, attirance provenant pour partie de lectures marxistes et, pour partie, de mon admiration pour la structure et l’organisation des anciennes sociétés africaines dans ce pays. La terre, qui était alors le principal moyen de production, appartenait à la tribu, il n’y avait ni riches ni pauvres, et pas d’exploitation de l’homme par l’homme. Si j’ai été influencé par la pensée marxiste, c’est aussi le cas de nombreux dirigeants des nouveaux États indépendants. Des personnes aussi différentes que Gandhi, Nehru, Nkrumah et Nasser l’ont reconnu. Nous ressentons tous le besoin de quelque forme de socialisme qui permette à notre peuple de rattraper les pays nantis de ce monde et de surmonter l’extrême pauvreté qu’ils nous ont léguée. Mais cela ne signifie pas que nous soyons marxistes. En fait, quant à moi, je crois que le débat doit être ouvert sur la question de savoir si le Parti communiste a un rôle particulier à jouer au stade actuel de notre combat politique. La tâche fondamentale, en ce moment, doit être l’élimination de toute discrimination raciale et l’établissement de droits démocratiques sur la base de la charte de la liberté. La lutte pour ces droits devrait être menée par un ANC fort. Dans la mesure où le Parti communiste fait sien cet objectif, qu’il soit le bienvenu. Je me rends compte que c’est un des moyens par lesquels nous pourrons entraîner dans notre combat des gens de toutes les races. »

11Il précise ensuite sa divergence d’opinion avec le Parti communiste. Elle porte sur le système parlementaire occidental, d’inspiration britannique, forme de gouvernement qu’il a toujours admirée :

« De mes lectures d’ouvrages marxistes et de mes conversations avec des marxistes, j’ai tiré l’impression que les communistes considèrent le système parlementaire occidental comme non démocratique et réactionnaire. Moi, au contraire, je l’admire. LaMagna Carta, la Déclaration des droits et la Déclaration universelle sont des textes vénérés par les démocrates dans le monde ; j’admire l’indépendance et l’impartialité de la magistrature anglaise. Le Congrès, la doctrine de séparation des pouvoirs, l’indépendance de la justice américaine suscitent en moi les mêmes sentiments. Ma pensée a subi l’influence occidentale aussi bien que celle de l’Est. J’en ai déduit la nécessité de rester absolument impartial et objectif dans ma quête d’une formule politique. Ne m’attachant à aucun système social autre que le socialisme, je dois demeurer libre d’emprunter le meilleur à l’Ouest comme à l’Est. »9

12Que conclure sur l’appartenance ou non de Nelson Mandela au Parti communiste d’Afrique du Sud (SACP) ?

13La création d’Umkhonto we Sizwe (MK), suite à une réunion en décembre 1960 réunissant des communistes et des responsables de l’ANC, réunion à laquelle a participé Mandela, semble indiquer, pour certains, que Mandela était alors membre du Parti communiste d’Afrique du Sud (SACP)10. Pour Solly Mapaila, ancien secrétaire général adjoint du SACP,« cette adhésion a été niée à l’époque pour des raisons politiques.À l’époque, il y avait une énorme offensive du régime d’apartheid contre les communistes. Ils décrivaient l’ANC comme une organisation communiste, ce qu’il n’était pas11 ». En effet, l’anticommunisme s’était intensifié durant ces années en Afrique et le sera encore plus après la chute des colonies portugaises en 1974.

14La militante communiste anti-apartheid d’origine anglaiseHilda Bernstein, une autre membre du SACP, aurait révélé dès 2004 dans une interview l’appartenance de Mandela au Parti communiste12.

15L’universitaire anglo-néerlandais Stephen Ellis affirme quant à lui avoir apporté en 2011 une preuve de l’appartenance de Mandela au Comité central du SACP, se fondant sur des témoignages de vétérans de cette période et sur l’ouverture des archives, dans un article publié dans leJournal of Southern African Studies. Cet universitaire souligne le rôle moteur joué par le SACP dans la création d’Umkhonto we Sizwe, la filiale militaire de l’ANC13.

16Tom Lodge, auteur d’une biographie de Mandela, affirme lui aussi qu’il est certain que ce dernier a appartenu au SACP14. François d’Alançon souligne :

« Nelson Mandela n’a jamais été un pacifiste et il a rejoint le parti communiste par pragmatisme : le parti et ses parrains en URSS et en Chine ont permis à l’ANC de bénéficier de l’aide financière et militaire qui lui manquait. L’ANC a rassemblé des courants très divers : communistes, nationalistes africains, libéraux démocrates. L’affiliation communiste de Nelson Mandela a joué un rôle dans son rejet du nationalisme noir et son insistance sur le caractère “non racial” de l’ANC. »15

17À noter que Mandela a eu pendant toutes ces années à lutter contre le constant travail de sape du Congrès panafricain d’Azanie (Pan Africanist Congress of Azania), plus connu sous le nom de PAC, parti né en 1959 d’une scission de l’aile la plus africaniste de l’ANC : le PAC était opposé à l’intégration de militants blancs dans les rangs de la direction de l’ANC et hostile à l’influence du SACP. Le PAC était extrêmement diviseur et a tenté à de nombreuses reprises d’affaiblir l’ANC.

18Mandela, étant un fin politique, a certainement bien eu en tête que, pour beaucoup de Sud-Africains noirs, l’attachement au capitalisme, à l’esprit de libre entreprise, était fort. Il a donc toujours affirmé n’avoir aucune hostilité envers le capitalisme16. Cela nous montre Mandela sous une facette de libéral ; mais en réalité, c’est plutôt en homme de rassemblement qu’il a affirmé cette profession de foi capitaliste, afin de réunir l’ensemble de la population noire autour de son mouvement.

19Mandela était attentif à contrer la propagande du gouvernement sud-africain qui le « présentait systématiquement (…) comme un dangereux communiste manipulé par Moscou17 ». Il est notable d’observer que c’est à Cuba que Mandela consacrera son premier voyage à l’étranger après sa sortie de prison, en 1991. La photo de Mandela aux côtés de Fidel Castro, le poing levé, est emblématique.

20Après sa mort, le 5 décembre 2013, les hommages se sont multipliés et les langues se sont déliées, plusieurs personnalités affirmant que Mandela était communiste. C’est le cas de Jean-Luc Mélenchon qui, au risque de la récupération, a affirmé au lendemain de sa mort : « Nelson Mandela était communiste. (…) S’il a tenu autant de temps, ce n’est pas seulement parce qu’il était bon et généreux, mais parce qu’il avait des convictions politiques et qu’il croyait avant toute chose à l’égalité des êtres humains18 ».

21En 2018, il a été révélé, grâce à des milliers de documents confidentiels américains rendus alors publics, que Nelson Mandela « a été surveillé par le FBI en tant que menace communiste ». Ryan Shapiro, qui préside l’organisationProperty of the People, explique pour la radio-télévision suisse :

« Les documents montrent que, comme il l’a fait dans les années 1950 et 1960 avec Martin Luther King et le mouvement des droits civiques, le FBI a enquêté sur les mouvements américains et sud-africains de lutte contre l’apartheid en les associant à des conspirations communistes dangereuses pour la sécurité américaine. Pire encore, (...) le FBI a continué ses enquêtes (...) alors que les États-Unis avaient décrété des sanctions contre le régime sud-africain et même après la libération de Nelson Mandela. »

22Mandela est resté inscrit sur une liste américaine de surveillance des terroristes au moins jusqu’en 200819.

23En conclusion, il apparaît que Mandela a vraisemblablement appartenu secrètement au Parti communiste d’Afrique du Sud (SACP) depuis 1960 environ, mais ne l’a pas rendu public, car il sentait que cela lui aliènerait le soutien d’une partie non négligeable des masses en cette période de guerre froide. Son appartenance au Parti communiste lui aurait procuré de l’assistance afin d’organiser la lutte armée, coordonnée par la branche armée de l’ANC, et de bénéficier du soutien de plusieurs pays communistes, à commencer par l’URSS.

24Quoi qu’il en soit, la figure de Nelson Mandela demeure comme un modèle admirable pour son esprit de rassemblement et son courage, son humanité, sa persévérance à toute épreuve et sa constance dans les valeurs humanistes et égalitaires, un modèle incontournable, non seulement pour les communistes, mais pour toute personne, et valable jusqu’à nos jours et même après.

25Bibliographie indicative et non exhaustive :

26Amzat Boukari-Yabara,Africa Unite ! Une histoire du panafricanisme, Paris, La Découverte, 2014.

27John Carlin, Playing the enemy : Nelson Mandela and the game that made a nation, New York, Penguin group, 2008, éd. française Ariane sous le titreInvictus, 2009.

28Fabrice D’Almeida,Nelson Mandela, Paris, PUF, coll. « Que sais-je », 2018.

29Hélène D’Almeida-Topor,L’Afrique du 20e siècle à nos jours, Paris, Armand Colin, 2013.

30Stephen Ellis, « The Genesis of the ANC’s Armed Struggle in South Africa, 1948-1961 »,Journal of Southern African Studies, Vol. 37, 2011, n° 4, p. 657-676.

31François Lafargue, « Afrique du Sud, de Mandela à Zuma : les ambiguïtés d’une politique étrangère »,Revue internationale et stratégique, 2009/1 (n° 73).

32Tom Lodge,Mandela : A Critical Life, Oxford, Oxford University Press, 1989, 2007.

33Tom Lodge,Politics in South Africa : From Mandela to Mbeki, Le Cap et Oxford, David Philip publisher, 2003.

34Georges Lory,L’Afrique du Sud, Paris, Karthala, 1998, 2010.

35Nelson Mandela,Les lettres de prison de Nelson Mandela, Paris, Robert Laffont, 2018.

36Nelson Mandela,Un long chemin vers la liberté, Paris, Fayard, Le Livre de poche, 1995 (première édition en anglais, 1994).

37Anthony Sampson,Mandela : The Authorized Biography, New York, Vintage, 2000.

38Charlene Smith,Mandela : In Celebration of a Great Life, Le Cap, Struik Publishers, 2006.

39Allister Sparks,Tomorrow Is Another Country : The Inside Story of South Africa’s Road to Change, Chicago, University of Chicago Press, 1996.

40Richard Stengel,Mandela’s Way : Fifteen Lessons on Life, Love, and Courage, New York, Crown Publishing Group, 2009.

41Gilles Teulié,Histoire de l’Afrique du Sud. Des origines à nos jours, Paris, Tallandier, 2019.

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Table des illustrations

LégendeNelson Mandela et Fidel Castro en 1991 (source : www.humanite.fr, 2016), DR.
URLhttp://journals.openedition.org/chrhc/docannexe/image/17918/img-1.png
Fichierimage/png, 1,2M
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Pour citer cet article

Référence papier

ChloéMaurel,« Nelson Mandela était-il communiste ? »Cahiers d’histoire. Revue d’histoire critique, 151 | 2021, 155-164.

Référence électronique

ChloéMaurel,« Nelson Mandela était-il communiste ? »Cahiers d’histoire. Revue d’histoire critique [En ligne], 151 | 2021, mis en ligne le01 février 2022, consulté le20 avril 2025.URL : http://journals.openedition.org/chrhc/17918 ;DOI : https://doi.org/10.4000/chrhc.17918

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Auteur

ChloéMaurel

agrégée et docteure en histoire, SIRICE

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