L’origine des trois grandes épidémies de l’époque romaine a souvent été cherchée en Asie. Nous proposons un bilan de nos connaissances tenant compte des renouvellements apportés par l’archéologie. Les circulations commerciales entre Rome et l’Asie sont mieux connues, en particulier pour l’océan Indien. L’analyse phylogénique des microbes permise par l’ADN ancien commence aussi à changer nos connaissances. Il reste cependant difficile de mettre en rapport l’épidémie antonine et l’épidémie dite de Cyprien avec l’Asie. En revanche, la peste de Justinien trouve bien son origine en Asie centrale, empruntant ensuite sans doute la voie commerciale de l’océan Indien.
The origin of the three great epidemics of the Roman period has often been sought in Asia. We propose a review of our knowledge, taking into account the new information provided by archaeology. The commercial circulation between Rome and Asia is better known, in particular for the Indian Ocean. The phylogenetic analysis of microbes made possible by ancient DNA is also beginning to change our knowledge. However, it remains difficult to link the Antonine and Cyprian epidemics with Asia. Justinian's plague, on the other hand, did originate in Central Asia, and then probably took the Indian Ocean trade route.
1Trois épidémies marquent l’histoire de l’Empire romain1. Au deuxième siècle, à partir de 166 et pour de longues années, une maladie, souvent appelée « peste antonine » par l’historiographie, est attestée dans nos sources2. Moins d’un siècle plus tard, vers 251, à nouveau pour plusieurs années, une épidémie est signalée par nos sources, souvent appelée « peste de Cyprien », du nom d’un de ses principaux témoins3. À plusieurs égards, ces deux cas se distinguent d’épidémies attestées dans l’histoire de l’Empire romain, comme celles qui touchèrent Rome sous Néron et sous Titus4. D’abord, de nombreuses sources en font mention, ensuite, leur durée est remarquable, sur plusieurs années avec, semble-t-il, des retours quelques années après la contamination initiale. Enfin, nos sources attestent que l’une comme l’autre affectèrent de vastes régions de l’Empire et ne sont pas restées étroitement localisées. Ces caractères se retrouvent pour la troisième épidémie, celle qui frappa le monde méditerranéen à partir de 542 et que l’on appelle en général la « peste justinienne5 ». La question est ouverte de savoir quel rôle reconnaître à ces trois épisodes dans l’évolution du monde antique6 ; l’impact de chacune de ces épidémies fait l’objet actuellement de débats importants7. Ces maladies ont-elles pu se propager d’Asie en Europe et avec quelles conséquences historiques ? Il convient d’abord de comprendre pourquoi la question de l’origine de ces maladies est importante. Dans un deuxième temps, il apparaît que les sources anciennes sont d’une interprétation délicate sur la question de l’origine des maladies. Toutefois nos connaissances des circulations entre l’Europe et l’Asie à l’époque romaine ont été profondément renouvelées. On pourra alors tenter un bilan, très provisoire, de nos connaissances et des questions en suspens.
2Les débats sur l’impact des épidémies dans le monde romain s’expliquent par la faiblesse de nos connaissances sur chacune de ces épidémies et sur la démographie du monde antique. En l’état actuel des connaissances, seule la troisième est attribuable à une maladie bien identifiée et bien connue, la célèbre peste bubonique causée par la bactérieYersinia pestis, attribution confirmée par l’analyse de l’ADN ancien. Nous ignorons encore, en revanche, le ou les pathogènes responsables des deux premières épidémies. Leur qualification de « pestes » est seulement la reprise du terme latinpestis qui n’a jamais désigné une maladie particulière au sens où nous l’entendons aujourd’hui. Des identifications ont été proposées, ainsi la « peste antonine » est souvent regardée comme étant la variole, mais il ne peut s’agir que d’hypothèses reposant sur une lecture des sources antiques et tentant de formuler, à partir de leurs descriptions, un diagnostic rétrospectif8. Une telle démarche ne peut cependant donner aucune certitude, au mieux elle permet d’exclure certaines hypothèses : ainsi au regard des descriptions de Galien9, il semble impossible que l’épidémie antonine ait été la peste, au sens moderne du terme. L’identification du pathogène et la reconstitution du déclenchement et de la marche de l’épidémie sont donc des enjeux forts. Pouvoir assigner l’épidémie à un microbe connu, c’est pouvoir mieux comprendre son déroulement et mieux évaluer son impact, même s’il faut prendre en compte deux éléments qui limitent cette connaissance. Le premier est qu’une épidémie ne s’explique pas seulement par son microbe, elle émerge aussi de la rencontre du pathogène et d’une situation sociale et biologique permettant plus ou moins la contagion et déterminant la plus ou moins grande vulnérabilité des populations. Le second est que les microbes eux-mêmes ont une histoire et évoluent. La pandémie récente a bien illustré ces deux limites : le covid-19 a rendu évidente l’idée de variants et montré comment ils pouvaient être plus ou moins dangereux ou contagieux, tandis que face à un même variant les situations dans deux pays ou deux régions pouvaient présenter de grandes différences en fonction de la composition des populations (la fréquence des comorbidités, la composition en âge, etc.) et des mesures mises en œuvre. L’identification d’un microbe passé ne règle donc pas toutes les questions. Nous ne pouvons pas réellement, pour le moment en tout cas, savoir si le variant deYersinia pestis retrouvé dans les sépultures du 6e siècle était plus ou moins dangereux ou contagieux que celui frappant l’Europe au 14e siècle ou que celui circulant encore aujourd’hui sur la planète. Il est de même difficile de préciser dans quelle mesure la société de l’Antiquité tardive était plus ou moins vulnérable àYersinia pestis que l’Europe de la fin du Moyen Âge ou la Chine du 19e siècle. Cela dit, il faut reconnaître cependant que cette identification restreint fortement le champ de la réflexion et permet des hypothèses plus assurées.
3Dans le cadre du débat sur la nature et l’impact de ces épidémies, la question de leur origine est alors importante, car une origine lointaine, ou au moins extérieure à l’Empire romain, peut désigner une maladie nouvelle, une maladie émergente. Ce dernier cas de figure entraîne à envisager une double supposition. D’une part l’émergence signalerait des conditions sociales et biologiques, potentiellement nouvelles, de contamination et de diffusion très favorables. D’autre part, le microbe aurait rencontré une population immunologiquement vierge10. Ces deux éléments soutiennent en retour l’idée d’un impact élevé pour ces épidémies. Outre leur impact démographique et social, elles auraient alors constitué des ruptures dans la pathocénose, l’« état de communauté des maladies en un lieu donné à une époque donnée11 », et des étapes importantes dans l’histoire des rapports entre l’homme et les microbes dans les régions européennes et méditerranéennes. L’hypothèse d’une origine asiatique de ces trois épidémies a été soulevée parfois dès l’époque antique et mérite, on l’a compris, d’être considérée de près, puisqu’elle peut appuyer ou non la nature de maladie émergente pour chacune de ces épidémies.
4Comme le montre le cas de la peste justinienne, l’enquête est renouvelée par les progrès scientifiques et les informations obtenues par l’archéologie et la paléogénétique. Le sujet est donc pleinement interdisciplinaire. À partir des séquençages de l’ADN ancien et de son analyse, les sciences de la vie proposent une reconstitution de l’histoire des pathogènes, fixant des dates pour leurs évolutions significatives, à partir à la fois des dates des spécimens examinés, mais aussi à partir de l’horloge moléculaire, l’estimation théorique du temps nécessaire aux mutations constatées dans le génome. De même à partir de la répartition des spécimens anciens, mais aussi de la géographie actuelle de la maladie, ces travaux peuvent proposer des localisations anciennes pour la maladie. Ainsi, le cas le plus ancien de peste bubonique pour un humain est actuellement situé il y a 3800 ans, dans la région de Samara, en Russie actuelle12. Nos connaissances restent très faibles et les recherches sont encore souvent embryonnaires. En fonction des découvertes à venir, les prochaines années pourraient apporter des éléments importants, la prudence est donc de mise.
5Les conceptions médicales antiques ignoraient nos pathogènes et se construisirent, à l’époque hippocratique, en réaction aux interprétations religieuses traditionnelles. Dès lors, la maladie était expliquée par la constitution du malade, dans une causalité interne et profane : elle était la rupture de l’équilibre des humeurs qui circulaient dans le corps. Cet équilibre devait résulter du régime du patient et de son milieu. La médecine antique ignorait donc notre notion de contagion et était d’abord individualisante, même si elle considérait qu’une cause environnementale pouvait toucher plusieurs individus : les airs, les eaux, les lieux assuraient, ou non, la salubrité du plus grand nombre. Une épidémie violente et importante constituait donc un événement limite pour le paradigme médical antique. Elle impliquait un dérèglement environnemental de grande ampleur, capable de toucher des constitutions individuelles très différentes, d’effacer la multiplicité des régimes. Un ou plusieurs éléments de l’environnement s’étaient retrouvés viciés par des éléments délétères, semblables à un venin ou à du poison, des miasmes corrompant l’air par exemple. La pestilence est donc un temps et un lieu affectant les vivants. Ce caractère collectif du mal donnait à l’épidémie un sens politique et pouvait entraîner la recherche d’une causalité religieuse, alors que les représentations savantes antiques la déniaient en général pour les maladies individuelles. La pestilence était conçue comme une perturbation du milieu qui faisait rupture : elle demandait des explications, nécessitait une origine, une souillure ou une transformation initiale.
6Si, dans l’Iliade (I, 43-54 ; 451-456), la peste s’abattant sur les Achéens a sa cause dans la colère du dieu, Thucydide intégra au récit épidémique, d’une manière devenue ensuite exemplaire, une réflexion sur l’origine géographique de la pestilence : apparu en Éthiopie, le mal s’était étendu sur les territoires du roi des Perses avant de toucher Athènes. L’exemplarité du texte fit de la réflexion sur l’origine de la maladie un des passages quasi obligés de tout récit d’épidémie. Ainsi, la survenue d’une pestilence et la propagation du mal pouvaient s’expliquer par les vents et les saisons, et donc les astres. Les mouvements de ces derniers semblaient en effet déterminer la succession des saisons, repérables au déplacement des constellations. Dans un monde fini, aux cieux proches de la terre et aux étoiles influentes, explication physique et explication mythique se rejoignaient puisque l’on pouvait voir les dieux derrière les astres. Dans la peste d’Égine racontée par Ovide13, la maladie résulte de la colère de Junon et le ciel est à l’origine du mal, par son brouillard étouffant ; les vents torrides soufflent au rythme de la Lune tandis que les victimes tendent les mains vers des astres incertains. Le pathétique du poème reposait sur des éléments de connaissances savantes. L’Histoire naturellede Pline l’Ancien expose clairement comment on pouvait comprendre les épidémies pestilentielles dans ce monde où les philosophes avaient révélé l’union (societas) existant entre terre et ciel14 : les maladies pestilentielles marchaient du sud vers l’Occident et ne se propageaient presque jamais dans une autre direction15. On voit le problème soulevé par ce lieu commun du récit classique d’épidémie16 : lorsqu’une de nos sources présente une épidémie venue depuis l’Asie, il y a de fortes chances qu’elle ne fasse que se plier à des représentations culturelles dominantes.
7Le récit de l’origine de la « peste antonine » dans deux de nos sources, Ammien Marcellin (23, 6, 24) et laVie de Lucius Vérus par l’Histoire Auguste (8,1), témoigne de la manière dont des réécritures multiples pouvaient faire usage de l’origine orientale supposée des maladies pestilentielles. Pour les deux auteurs, puisant sans doute à la même source, la maladie était née du pillage d’un temple à Séleucie-du-Tigre, en Mésopotamie, lorsque la ville fut prise par les soldats de Lucius Vérus. Un soldat trop curieux et trop cupide aurait libéré des miasmes enfermés dans une cachette du temple. Il ne fait guère de doute que le retour des armées de Vérus à Rome depuis la Syrie constitua un puissant facteur de diffusion de l’épidémie antonine en 166, mais il y a des raisons importantes pour remettre en cause le récit d’Ammien et de l’Histoire Auguste, à commencer par sa narration fabuleuse17. Il fallait pour les Romains expliquer le synchronisme entre le moment où l’épidémie était devenue pleinement visible et le moment du retour des armées de Vérus, qui avaient suivi depuis le sud-est la marche traditionnelle des pestilences. On peut observer que, dans nos sources, ce récit de l’origine orientale de l’épidémie est séparé de la narration propre de cette épidémie18, comme s’il en constituait un ajout postérieur, la recherche d’une causalitéa posteriori19. Le triomphe de Vérus avait exposé aux yeux des Romains la statue d’Apollon Komaeos, prise dans le pillage de Séleucie. C’est dans ce temple qu’Ammien, dont le récit est le plus détaillé, place la contamination résultant de l’ouverture d’une cache tenue secrète par les « secrets des Chaldéens ». L’analyse du nom donné à Apollon a permis à Louis Robert de montrer magistralement qu’il s’agissait d’un culte installé par les fondateurs macédoniens de la cité20. Il est fort probable que le pillage romain ait ciblé une statue hellénistique prestigieuse, ancienne, ensuite mise en valeur dans le triomphe et installée au cœur de Rome, dans le temple d’Apollon Palatin. Mais Apollon était le dieu de la pestilence et le pillage d’une vieille cité grecque n’était pas forcément à l’avantage du pouvoir impérial romain : il y avait là des éléments qui pouvaient passer pour une souillure. Dans le même temps, et sans doute à cause de cette expédition mésopotamienne, l’intérêt pour les Babyloniens semble avoir été vif à Rome : lesBabyloniaca de Jamblique21, rédigées dans ce contexte ou un peu après, témoignent du prestige supposé de la sagesse barbare chaldéenne et de sa magie. Enfin, en 175, un des généraux responsables de cette prise de Séleucie avait tenté une usurpation contre Marc Aurèle, son échec avait fait de lui, rétrospectivement, le responsable d’un pillage désigné comme nuisible. Ces éléments se retrouvent avec des lieux communs de mythe (la boîte de Pandore) et des stéréotypes sociaux (le soldat cupide) dans le récit de la contamination initiale. On peut envisager que la source commune d’Ammien et de l’Histoire Auguste soit Asinius Quadratus, peut-être dans sesParthica, rédigées dans la première moitié du 3e siècle22. Il devait lui-même s’appuyer sur une source plus proche de l’événement. Plus qu’un témoignage sur la naissance de la maladie, le récit reflète les enjeux politiques et sociaux du moment : l’inquiétude suscitée par les usurpations, par les demandes de l’armée, par les menaces frontalières, autant d’enjeux toujours prégnants, voire plus, pour Quadratus. L’Asie mésopotamienne joue alors le rôle d’un décor exotique et barbare où placer une souillure révélatrice et traumatique. Pour autant, récuser la narration ancienne ne signifie pas avoir démontré que la maladie ne venait pas d’Asie. Cependant, si tel fut le cas, elle n’avait pas besoin d’un pillage et d’une armée en déplacement pour toucher Rome, tant les échanges avec l’Asie étaient importants.
8Nombre de travaux récents ont été consacrés aux liens, le plus souvent commerciaux, noués entre l’Empire romain et des partenaires plus ou moins lointains en Asie, depuis ses voisins frontaliers jusqu’à des régions quasiment inconnues avec lesquelles Rome n’avait que des relations indirectes. Ces travaux peuvent être replacés dans l’évolution plus générale de l’historiographie, avec l’affirmation de l’histoire globale puis de l’histoire connectée, mais ils s’expliquent aussi par les possibilités de réflexions offertes, ces dernières décennies, par de nouvelles sources. Ainsi, pour la zone qui a sans doute été l’objet de plus d’intérêt, celle de l’océan Indien, il faut signaler la découverte d’inscriptions militaires romaines au large du Yémen, dans les îles Farasan, la publication des inscriptions en différentes langues gravées dans la grotte de Ḥôq, sur l’île de Suqutra, loin au sud de la péninsule arabique, et surtout la publication du papyrus de Mouziris, témoignant de l’importance économique, financière et matérielle du commerce maritime dans la région. S’appuyant sur ces connaissances nouvelles, le livre récent de Maurice Sartre, intituléLe Bateau de Palmyre23, dresse un bilan suggestif, quoiqu’un peu déséquilibré24, de cette ouverture des mondes anciens méditerranéens à des lointains exotiques. Il faut prendre acte avec lui des limites de nos connaissances. Outre des lacunes considérables et une inégale répartition dans le temps et l’espace, il faut souligner la dissymétrie d’une grande partie de notre documentation : beaucoup de nos sources, surtout dans le domaine littéraire, présentent avant tout le regard méditerranéen, grec ou romain. Reste que les routes et les régions de rencontre et d’échange entre monde lointains de l’Antiquité nous sont mieux connues, et que l’archéologie peut constituer une voie pour s’affranchir du regard romain. Certains de ces lieux peuvent être qualifiés, avec Maurice Sartre, de « charnières » entre les mondes. De l’examen renouvelé de ces régions pivots, comme le Xinjiang ou les côtes de l’Inde, il ressort une image plus complexe des échanges à grande distance que celle de grandes routes connectant une offre et une demande concernant un produit de luxe, et où la soie circulerait de la Chine à Rome le long d’itinéraires lui étant spécifiquement dédiés. Il faut récuser ces représentations simplistes et souligner d’abord la multiplicité des itinéraires, des voies d’échanges, des modes indirects d’acheminement. Outre les transactions marchandes, il faut aussi prendre en compte les cadeaux d’ambassades, les dons, les tributs. Il faut rappeler encore la diversité des produits engagés dans ces échanges : certes la soie, mais aussi, et parfois tout autant sinon plus, l’encens, les perles, les écailles de tortue, la cannelle, le nard, le malabathron et, bien sûr, le poivre. L’arrivée massive de ce dernier dans le monde romain au début de notre ère et les éléments distinctifs de son commerce rappellent aussi qu’il faut considérer de près les effets d’échelle, la chronologie et le contexte des échanges25. Ce sont des centaines de tonnes de poivre qui transitaient de l’Inde vers Rome dans les navires du 2e siècle. Toutefois, les formes du commerce et les volumes ne sont pas immuables ni partout semblables. L’attention doit enfin se porter sur les intermédiaires, sur leur rôle et leur autonomie : ils ne sont pas les périphéries des centres qui se trouveraient aux extrémités des routes. Ainsi, ce sont des réseaux indiens qui organisent en grande partie le commerce de l’océan Indien, d’abord pour leur propre compte, et qui, ce faisant, servent aussi d’intermédiaires entre Rome et la Chine26. On peut comprendre alors pourquoi Maurice Sartre intitule un de ses chapitres : « Les soi-disant routes de la soie27 », attirant l’attention de son lecteur sur la complexité d’échanges multiples où la diplomatie avait aussi sa part et où les intermédiaires jouaient un rôle déterminant. Ajoutons qu’en partant du point de vue chinois, ce sont, du sud vers le nord et de l’ouest vers l’est, des routes de l’ivoire ou de la corne de rhinocéros, qu’il faudrait considérer avec leurs propres plaques tournantes, comme leFunan, dans le delta du Mékong28.
9En conséquence, les circulations entre l’Asie et l’Europe à l’époque romaine ont été reconsidérées. Si l’intensité particulière de celles qui touchaient l’océan Indien est mieux comprise, les voies terrestres restent bien moins connues, malgré les progrès de l’archéologie en Asie centrale. Elles restent toutefois attachées à l’imaginaire des « Routes de la soie », imaginaire soutenu par quelques documents remarquables comme un fameux passage de Ptolémée à propos des caravanes du marchand Maes Titianos, ou plutôt de ses partenaires, et de leur itinéraire terrestre de la Méditerranée jusqu’au pays de la soie pour les Romains, non pas la Chine, mais la région du peuple des Sères, intermédiaires nécessaires dans ce commerce, dans le bassin du Tarim, au Xinjiang29. Cette région était aussi connectée à la route maritime de l’océan Indien, dont le développement, aux deux premiers siècles de notre ère, apparaît aujourd’hui comme un fait historique majeur. Elle permettait aux Romains de contourner les intermédiaires parthes inévitables sur les itinéraires terrestres30. Comme ces derniers, mais sans doute plus intensément, elle connectait des réseaux commerciaux s’étendant sur des espaces divers, marqués par une prospérité remarquable et où la circulation était facilitée par l’existence de grandes constructions politiques impériales, coexistant plutôt pacifiquement lorsqu’elles se connaissaient : les empires des Romains, des Parthes, des Kouchans et des Hans31.
10Nous nous trouvons donc au cœur d’un renouveau historiographique concernant les échanges entre Rome et l’Asie d’une part, et l’histoire des maladies anciennes de l’autre. Pour autant, rien n’autorise à relier systématiquement les deux. La plus grande incertitude concerne peut-être l’épidémie dite de Cyprien. Sa date même reste discutée. En choisissant la datation haute d’un document, les lettres de Denys d’Alexandrie32, Kyle Harper en place la première observation en Égypte en 24933. Dès lors, une origine orientale est possible, voire probable, tant la province du Nil est liée au commerce vers l’Inde et l’Asie, mais on peut aussi songer, comme Harper, à une origine éthiopienne34. Cette datation est controversée et refusée par Sabine Huebner, qui place la première observation de l’épidémie sur le Danube en 25135. Pour autant, l’origine asiatique n’est pas récusée. Observant la coïncidence dans sa chronologie entre l’épidémie et l’invasion des Goths, Sabine Huebner suppose, prudemment, que la maladie aurait été apportée par des membres des peuples des steppes présents chez les envahisseurs36. Les porteurs et le chemin envisagés sont donc radicalement différents : non plus les marchands sur les chemins du commerce, mais les nomades sur ceux de la guerre. Dans un cas comme dans l’autre, on se trouve en présence d’hypothèses fragiles.
11Pour l’épidémie antonine, l’origine asiatique, on l’a vu, est affirmée dès l’Antiquité. Séleucie-du-Tigre se trouvait sur un des débouchés des itinéraires commerciaux terrestres jusque vers l’Asie centrale37. Mais le récit antique de la contamination initiale à Séleucie doit être récusé : pourquoi le microbe aurait-il attendu l’armée romaine pour se diffuser, ignorant les nombreux échanges commerciaux et caravaniers entre Séleucie et la Syrie romaine ? Pour autant, si l’on s’éloigne de Séleucie, d’autres éléments ont été relevés. Les sources chinoises attestent elles aussi d’épidémies plus nombreuses dans les mêmes années38. Par la suite, au début du 3e siècle, la fin de la dynastie des Han orientaux est marquée par les épidémies, décrites notamment par Zhang Ji, figure médicale contemporaine de Galien39. À partir d’une analyse de la statuaire des Kouchans, notant l’importance de la figure d’Hariti, connue ensuite comme déesse de la variole, David Bivar suggéra que les régions occupées par les Kouchans avaient pu souffrir de la même épidémie que l’Empire romain40. S’il faut relever, là aussi, la part considérable des hypothèses et des suppositions, ainsi qu’une approche peu critique du récit de la contamination à Séleucie41, ses observations interrogent encore. Enfin, l’Arabie fut touchée par des épidémies vers les années 150. Une inscription sud-arabique, au Yémen, mentionnant une épidémie vers 156 a été mise en rapport avec l’épidémie antonine42 et l’Histoire Auguste garde le témoignage d’une épidémie en Arabie, à comprendre plutôt comme la province romaine et donc vers l’actuelle Jordanie, probablement un peu avant 14843. Il est impossible de dire si l’on a affaire à des épidémies isolées ou s’il faut rapprocher ces attestations. On ne peut pas non plus retracer un chemin épidémique et la voie d’une contamination entre l’une ou l’autre de ces attestations d’épidémies dans la deuxième moitié du 2e siècle. En outre, l’Asie et l’Europe ne sont pas les seules concernées : Kyle Harper a fait observer comment l’histoire naturelle de la variole laisse envisager qu’elle est apparue en Afrique44. Si l’épidémie antonine fut bien l’émergence de la variole parmi les populations humaines c’est d’Afrique que le microbe aurait marché d’une part vers Rome et d’autre part vers l’Asie, l’Inde et la Chine. Cependant, l’identification de la maladie de l’époque de Galien avec la variole n’est pas confirmée et l’évolution de son virus est encore mal connue45. Il est donc actuellement prématuré de tracer les chemins de cette épidémie. Pour autant, le synchronisme des épidémies et des difficultés entre Rome et la Chine ne saurait être négligé et d’autres éléments doivent être pris en compte, dont le facteur climatique46.
12Pour la « peste justinienne », nous bénéficions de données mieux assurées. L’épidémie est identifiée, grâce à l’ADN ancien, comme ayant été provoquée par le bacille de la peste au sens moderne et médical du terme,Yersinia pestis, sous la forme d’un variant aujourd’hui disparu. Son génome montre sa proximité avec des variants (0.ANT) issus de foyers naturels de peste en Asie centrale, notamment au Kirghizistan47, pays voisin du Xinjiang. D’après Procope, la maladie apparaît à Péluse, en Égypte, en 54148. Jean d’Éphèse, retranscrit dans la chronique de Michel le Syrien, détaille l’origine en amont de la survenue en Égypte : « elle commença par les peuples intérieurs du sud-est de l’Inde, c’est-à-dire de Kouš, Ḥimyarites et autres49 ». La propagation de la maladie semble donc directement liée aux routes de l’océan Indien50 et son origine voisine avec l’une des régions charnières pour les échanges en Asie. Pour autant, ce n’était pas la première arrivée de la peste bubonique en Méditerrané : Rufus d’Éphèse la décrit vers 100 de notre ère en Égypte, Syrie et Afrique51. L’épidémie de Justinien constituait donc un retour fracassant, ou l’arrivée d’un nouveau variant. L’éclairage porté sur les chemins de la peste à la veille de 541 soulève des questions : pourquoi est-ce à ce moment-là que la maladie emprunta des voies fréquentées depuis des siècles ? Pourquoi se diffusa-t-elle d’une manière non attestée jusqu’alors ? Outre les propriétés de chaque variant, difficiles à connaître, les circulations humaines comptent, mais il faut aussi songer aux questions de réservoir animal – la présence des rats – et de contexte : la question climatique est importante en 541.
13Les trois grandes épidémies qui ont marqué l’histoire de l’Empire romain restent encore mal connues. Pour deux d’entre elles, l’origine est encore obscure. Il faut résister à un « orientalisme épidémiologique52 », héritier de Thucydide et de la médecine coloniale européenne, et reconnaître les limites de nos connaissances. À la fin de l’Antiquité, la peste de Justinien emprunta les voies du commerce qui s’étaient tissées depuis longtemps entre le cœur de l’Asie et la Méditerranée romaine. Toutefois, les raisons de cette survenue nous échappent : l’histoire des microbes et des hommes sur les routes du commerce est complexe et encore largement à écrire.
1 Cet article est rédigé dans le cadre du programme ANR Pscheet : Pestes et sociétés humaines, émergence, évolution et transformations bioculturelles.
2 Elio Lo Cascio (dir.), L’Impatto della « peste antonina », Bari, Edipuglia, 2012.
3 Kyle Harper, « Pandemics and Passages to Late Antiquity : Rethinking the Plague of c. 249-270 Described by Cyprian »,JRA, 28, 2015, p. 223-260.
4 Voir notamment Tacite,Annales, XIII, 1-2 ; Suétone,Nero, 39 ;Divus Titus, 8.
5 Lester K. Little (dir.),Plague and the End of Antiquity : The Pandemic of 541-750, Cambridge, University Press, 2007.
6 C’est l’objet du livre de Kyle Harper,Comment l’Empire romain s’est effondré, le climat, les maladies et la chute de Rome, tr. fr., Paris, La Découverte, 2019.
7 Depuis les années 1990, lorsque le débat a été relancé à propos de l’épidémie antonine, la bibliographie est considérable. On peut aborder le débat à partir du compte rendu du livre de Harper donné par Alain Bresson, « Fates of Romes »,JRS, n° 110, 2020, p. 233-246. Dernièrement, il s’est particulièrement porté sur la « peste justinienne », suite à plusieurs articles de Lee Mordechai et Merle Eisenberg, dont « Rejecting Catastrophe : The Case of the Justinianic Plague »,Past & Present, n° 224-1, 2019, p. 3-50.
8 Rebecca Flemming, « Galen and the Plague », dans Caroline Petit (dir.), Galen’s Treatise Περὶ Ὰλυπίας (De indolentia) in Context. A Tale of Resilience, Leyde, Brill, 2019, p. 219-244, particulièrement p. 232-240.
9 La plus importante est Galien,Méthode de traitement, 5, 12 (K 366-368 ; tr. fr. Jacques Boulogne, Paris, Gallimard, 2009, p. 317-318). Le passage doit être lu en gardant à l’esprit ce qu’est un symptôme pour Galien :Méthode de traitement, 12, 1 (K 811 ;op. cit.,p. 657). Le refus par Galien d’un quatrième genre de symptômes implique qu’il puisse passer volontairement sous silence des éléments potentiellement très visibles qui pour nous seraient déterminants, il est donc très risqué de s’appuyer sur l’argumente silentio pour prétendre établir un diagnostic rétrospectif.
10 C’est l’hypothèse explorée, pour l’épidémie antonine, par le modèle développé par Yan Zelener, « Genetic evidence, density dependence and epidemiological models of the “Antonine Plague” », dans Elio Lo Cascio (dir.),op. cit., p. 167-177.
11 Danielle Gourevitch, « [compte-rendu de Lester K. Little,op. cit.] »,L’Antiquité classique, 77, 2008, p. 581.
12 Maria A. Spyrouet al., « Analysis of 3800-year old Yersinia pestis genomes suggests Bronze Age origin for bubonic plague »,Nature communications, 2018, 9, 2234, DOI : 10.1038/s41467-018-04550-9.
13 Ovide,Métamorphoses, VII, 528-532 et 580.
14 Pline,Histoire naturelle, XVIII, 273, citant ou paraphrasant Démocrite.
15 Pline,Histoire naturelle, VII, 51.
16 Richard P. Duncan-Jones, « The impact of the Antonine Plague »,JRA, 9, 1996, p. 114.
17 Benoît Rossignol, « Le climat, les famines et la guerre : éléments du contexte de la peste antonine », dans Elio Lo Cascio (dir.),op. cit., p. 91-92.
18 Dans l’Histoire Auguste, la description de l’épidémie se trouve dans la « Vie de Marc Aurèle (XIII, 3-6) » et on peut penser qu’Ammien en parlait dans les livres perdus consacrés à cette période. De même, il faut remarquer comment Eutrope sépare le récit de la prise de Séleucie, où la maladie est absente (8, 6, 10, 2), et le récit de l’épidémie placéepost victoriam persicam (8,6, 12, 2).
19 Nous faisons allusion, en toute conscience des écarts entre la médecine grecque et celle de sociétés sans écriture, à la notion développée par Andras Zempleni, « La “maladie” et ses “causes”. Introduction »,L’Ethnographie, t. 81, n° 96-97, 1985, p. 28-29 : face au récit de la contamination à Séleucie, l’historien se trouve dans une situation largement similaire à celle qu’il décrit pour l’ethnographe dans les cas de causalitéa posteriori, en revanche Ovide et Pline décrivent la causalitéa priori. D’autres catégories explicitées par Andras Zempleni nous semblent aussi pouvoir être fécondes pour analyser les récits de pestilence : ainsi à Séleucie, la cause instrumentale serait l’effraction de la cache du temple, l’agent le soldat cupide et l’origine le pillagecontra fidem. Ajoutons que, parce qu’ils échappent au paradigme de la médecine hippocratique individualisante et profane, les récits de pestilence se rapprochent de maladies interprétées en termes d’intentionnalité et d’étiologie sociale.
20 Louis Robert, « Eulaios, histoire et onomastique », Épist. Épétéris Philos. Sch. Ath., 1962-1963, p. 519-529 (= Opera Minora Selecta,II, Amsterdam, Hakkert, 1969, p. 978-987).
21 Photios,Codex 94 avec scholie A1.
22 Giuseppe Zecchini, « Asinio Quadrato storico di Filippo l’Arabo »,ANRW II, 34.4, 1998, p. 2999-3021 ; Pasqua De Cicco,Les Historiens grecs d’époque impériale et tardive à l’état fragmentaire, Thèse de doctorat, université de Nantes, 2017, p. 81-183.
23 Maurice Sartre,Le Bateau de Palmyre. Quand les mondes anciens se rencontraient, VIe siècle av. J.-C./VIe siècle ap. J.-C., Paris, Tallandier, 2021.
24 Le volume montre un tropisme oriental marqué et les deux premiers chapitres, consacrés à l’Occident et à l’Afrique, ne sont pas à la hauteur des suivants : la documentation y est bien plus de seconde main et s’appuie sur une bibliographie ancienne, parfois dépassée, les populations locales sont peu considérées (les Garamantes au Sahara méritaient plus d’attention) et l’archéologie est trop absente (par exemple pour la « route de l’ambre ») ou réduite à l’anecdote, comme pour le célèbre statère de Lampaul-Ploudalmézeau, où la bibliographie francophone semble ignorée et qui est présenté sans un contexte géographique significatif, celui de l’Aber-Benoît et de Tréglonou.
25 Federico De Romanis, Pierre Schneider et Jean Trinquier, « La circulation du poivre noir de l’Inde méridionale jusqu’en Méditerranée : quels changements ? », dans François Lerouxel et Julien Zurbach,Le Changement dans les économies antiques, Bordeaux, Ausonius, 2020, p. 279-317, particulièrement p. 308-311.
26 Kasper G. Evers,Worlds Apart Trading Together : The Organisation of Long-Distance Trade between Rome and India in Antiquity, Oxford, Archaeopress, 2017.
27 Maurice Sartre,op. cit., p. 209-224.
28 Jao Tsung-I, Léon Vandermeersch, « Les relations entre la Chine et le monde iranien dans l’Antiquité historiquement revisitées à la lumière des découvertes archéologiques du dernier quart de siècle », 93, 2006,Bulletin de l’École française d’Extrême-Orient, 93, 2006, p. 207-245, particulièrement p. 221-223 et 226.
29 Paul Bernard, « De l’Euphrate à la Chine avec la caravane de Maès Titianos (c. 100 ap. n.è.) »,CRAI, 149-3, 2005, p. 929-969 ; Nathanael Andrade, « The voyage of Maes Titianos and the dynamics of social connectivity between the Roman Levant and Central Asie/West China »,Mediterranaeo Antico, 18, 1-2, 2015, p. 41-74. Sur les liens entre Iran et Chine : Jao Tsung-I, Léon Vandermeersch,op. cit.
30 Nathanael Andrade,op. cit., p. 51-53.
31 C’est à juste titre que ce fait est souligné dans Jean-Noël Robert,De Rome à la Chine. Sur les routes de la soie au temps des Césars, Paris, Les Belles Lettres, 1993.
32 Eusèbe,Histoire ecclésiastique, 7, 21-22.
33 Kyle Harper, « Pandemics and Passages to Late Antiquity : Rethinking the Plague of c. 249-270 Described by Cyprian »,loc. cit., et Kyle Harper, « Another eyewitness to the plague described by Cyprian, with notes on the ‘Persecution of Decius’ »,JRA, 29, 2016, p. 473-476.
34 En observant qu’une partie des sources antiques confondaient facilement Inde et Éthiopie.
35 Sabine R. Huebner, « The “Plague of Cyprian”: A revised view of the origin and spread of a 3rd-c. CE pandemic »,JRA, 34, 2021, p. 151-174.
36 Sabine R. Huebner,op. cit., p. 169.
37 Nathanael Andrade,op. cit., p. 41 et 53-54.
38 Le synchronisme avait déjà été relevé par Friedrich Hirth,China and the Roman Orient, Leipzig, Munich, Georg Hirth, 1885, p. 175, il a été à nouveau mis en évidence par Richard Duncan-Jones,op. cit., p. 117, s’appuyant sur la liste des épidémies chinoises dressée par William McNeill dans les années 1970 et constamment utilisée depuis. Cette liste devrait aujourd’hui être mise à jour et corrigée : Ka-Wai Fan, « Correspondence [Quantitative analysis of epidemic and population patterns in the Chinese Empire : how is this possible ?] »,Epidemiology and Infection, 139-4, 2011, p. 644-645. Cela manifeste le besoin de traductions et d’échanges entre chercheurs travaillant sur des régions différentes pour améliorer nos connaissances. Ce besoin va au-delà d’une liste d’épidémies, car on ne peut travailler sur une telle liste en ignorant les catégories et les conceptions des sources qui ont permis de l’élaborer, pas plus que leloimos grec ou lapestilentia romaine, les catégories chinoises dewenyi (épidémie fébrile) ou deli (pestilence) ou deshanghan (pathologie du froid), par exemple, ne peuvent être ramenées simplement à une nosographie moderne : Martha E. Hanson,Speaking of epidemics in Chinese medicine : disease and the geographic imagination in late imperial China, Londres, Routledge, 2011, p. 9-10.
39 Martha E. Hanson,op. cit., p. 4-5, p. 12.
40 David Bivar, « Hariti and the Chronology of the Kusanas »,Bulletin of the School of Oriental and African Studies, 33-1, 1970, p. 10-21, particulièrement p. 19-21.
41 Benoît Rossignol,op. cit., p. 92-94.
42 Christian Robin, « Guerre et épidémie dans les royaumes d’Arabie du Sud d’après une inscription datée (IIe siècle de l’ère chrétienne) »,CRAI, 1992, 136-1, p. 215-234 ; Rossignol,op. cit., p. 94-95 ; Harper,Comment l’Empire romain...,op. cit., p. 158.
43 Romain Loriol, « Les prodiges comme géographie sous Antonin le Pieux et Théodose. Sur une liste de l’Histoire Auguste (Vie d’Antonin, 9, 1-5) »,MEFRA, 129-2, 2017, p. 613-634.
44 Kyle Harper,op. cit., p. 150.
45 Flemming,op. cit. L’histoire de la variole et de ses variants avant l’époque moderne est encore mal connue, mais s’est précisée ces dernières années. En dernier lieu, voir Barbara Mühlemannet al., « Diverse variola virus (smallpox) strains were widespread in northern Europe in the Viking Age »,Science, 2020, 24 juillet, DOI : 10.1126/science.aaw8977. L’ancêtre commun du virus prétendument « viking » et de la variole moderne serait à placer vers 300 de notre ère. Sur les problèmes soulevés par cet article, voir Timothy P. Newfield, Ana T. Duggan, Hendrik Poinar, « RE : Diverse variola virus (smallpox) strains were widespread in northern Europe in the Viking Age »,Science, 369, 2020, eLetter : <https://science.sciencemag.org/content/369/6502/eaaw8977/tab-e-letters>.
46 Benoît Rossignol,op. cit.
47 Vladimir V. Kutyrevet al., « Phylogeny and Classification ofYersinia pestisThrough the Lens of Strains From the Plague Foci of Commonwealth of Independent States »,Frontiers in Microbiology, 9, mai 2018 (DOI : 10.3389/fmicb.2018.01106), particulièrement p. 8-9.
48 Procope, Histoire de la guerre contre les Perses, 2, 22, 6.
49 Jean-Baptiste Chapot (éd.),Chronique de Michel le Syrien, II, Paris, Leroux, 1901, p. 235 (IX, XXVIII, 305), voir aussi p. 236 et 240 (Zacharie le rhéteur) à propos d’une origine dans le pays de Kouch.
50 Kyle Harper, Comment l’Empire romain...,op. cit., p. 308-311.
51 John Mulhall, « Plague before the Pandemics : The Greek Medical Evidence for Bubonic Plague before the Sixth Century »,Bulletin of the History of Medicine, 93-2, 2019, p. 151-179.
52 Patrick Boucheron, « “Yersinia Pestis”, histoire(s) naturelle(s) », cours au Collège de France, 2 février 2021, <https://www.college-de-france.fr/site/patrick-boucheron/course-2021-02-02-11h00.htm>.
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BenoîtRossignol,« La propagation des maladies entre l’Europe et l’Asie dans l’Antiquité : le cas de l’Empire romain », Cahiers d’histoire. Revue d’histoire critique [En ligne], 151 | 2021, mis en ligne le01 février 2022, consulté le05 juin 2025.URL : http://journals.openedition.org/chrhc/17469 ;DOI : https://doi.org/10.4000/chrhc.17469
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