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Cahiers d’histoire. Revue d’histoire critiqueCahiers d’histoire. Revue d’histoire critique

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Le mot de la rédaction

AnneJollet
p. 5-9

Texte intégral

  • 1 Frank Noulin, Jean-François Wagniart (dir.), « La Commune est vivante ! »,Cahiers d’histoire. Revu(...)
  • 2 Sans revenir sur les très nombreuses publications, les spectacles, les expositions (dont une autour(...)

1De la « Commune vivante » aux « mondes de l’écrit », encore une fois nos lecteurs et lectrices sont happé·es par des mondes qui peuvent paraître terriblement disjoints1. De l’événement emblématique des luttes sociales du 19e siècle, dont le dossier desCahiers d’histoire de mars 2021 montre la présence protéiforme dans les luttes contemporaines, au monde assez lointain, passablement effacé de nos mémoires de l’époque dite « moderne » et aux formes de la circulation de l’information, principalement écrite, il peut sembler y avoir un grand écart. Écart dans le temps bien sûr. Deux, trois siècles écoulés et des siècles d’intenses transformations des sociétés, notamment européennes. Écart peut-être surtout de la construction de nos mémoires collectives, particulièrement vives, passionnées, conflictuelles, à propos de la Commune de Paris de 1871. Le 150e anniversaire du bref épisode révolutionnaire vient d’être l’occasion de manifestations collectives qui ont attesté de la persistance, en ce début de 21e siècle, de liens affectifs, intellectuels forts à l’événement2.

2L’objet du présent dossier est, comme le disent les coordonnateurs Jérôme Lamy et Johann Petitjean dans leur introduction, bien plus « labile ». Pas d’événement phare (l’idée même de « révolution de l’imprimé » est remise en cause, apprenons-nous), pas d’acteurs singuliers majeurs. Des transformations à des rythmes divers et aux modalités différentes selon les acteurs, les secteurs d’activité, les espaces, villes, États. Les transformations, cumulatives ou pas, sont ténues dans cet univers de contacts, d’échanges, dans le but même de l’information. Cependant, tout bien considéré, on perçoit bien sûr dans les processus de fabrication et de diffusion de l’écrit de l’époque moderne des linéaments de ce que nous repérons en action dans la diffusion des savoirs, des actes des pouvoirs, des nouvelles du 19e siècle européen et, singulièrement, dans ce paroxysme de la lutte sociale que fut la Commune de Paris de 1871. Le 21e siècle débutant, marqué par deux décennies de multiplication des médias audio et visuels, de l’information en ligne, en réseaux dits « sociaux », rend évidente la prégnance de l’information sur les agencements sociaux. Comme le mentionne Ann Blair dans l’introduction de l’article publié ici, « Le web et les médias numériques influencent constamment notre façon de posséder, de partager et de stocker des textes, de lire et de prendre des notes, d’écrire et de publier ». Ce n’est pas une nouveauté de dire que les techniques nous forment et nous transforment, mais rappeler que la « société de l’information » est, elle aussi, faite de techniques qui, en elles-mêmes, portent du sens et contribuent à transformer les fonctionnements sociaux, est un rappel salutaire dans notre présent travaillé par tant de médiatisations diverses, pour beaucoup par leurs formes. Il est émouvant de lire Paul Dover quand il écrit que « les Européens des débuts de l’époque moderne de tous ordres ont été contraints de devenir des gestionnaires de l’information ». Comment ne pas ressentir une grande proximité avec ces frères – et sœurs ? – humains ? De même, cette apparente curiosité qu’évoque Ann Blair, le fait de recopier des imprimés à la main, suscite inévitablement en nous le réveil des interrogations sur la coexistence – possible ou pas – de l’imprimé papier face au développement de l’écriture et de la lecture en ligne, privée comme administrative ou professionnelle.

  • 3 Mathilde Larrère, « Quand la Commune prend les murs »,Cahiers d’histoire. Revue d’histoire critiqu(...)

3De façon assez troublante, ces réflexions nous renvoient à une forme de prolifération de l’écrit sur les murs et autres surfaces matérielles de l’espace public dans les villes d’aujourd’hui. Elles nous ramènent à la collecte des références à la Commune de Paris réalisée par Mathilde Larrère et présentée dans le numéro « La Commune est vivante !3 ». Il est troublant de voir ressurgir l’écriture sur les murs comme forme d’expression publique en temps de valorisation du virtuel, comme avec ce péremptoire « On veut des thunes en attendant la Commune » glané sur les murs de Paris par Mathilde Larrère et que François Féret reprend dans sa belle couverture du numéro 148 desCahiers d’histoire.

4Tous ces méandres pour dire que nous n’errons pas et que d’un dossier à l’autre, en dépit de problématiques qui peuvent sembler disjointes, de formes d’écritures, de recours épistémologiques très divers, nous travaillons bien sûr à la mise en évidence de la complexité du social, y compris à travers ce que la grande variété des lieux d’observation conduit à faire penser en termes de concomitances, continuités, discontinuités de ces réalités mouvantes que nous tentons de stabiliser le temps de l’observation.

5Ces « mondes de l’écrit », coordonnés par Jérôme Lamy et Johann Petitjean, forment un gros dossier qui rend compte de la diversité des pistes ouvertes aujourd’hui dans ce champ d’étude en profond renouvellement. On comprend bien pourquoi. Le dossier desCahiers d’histoirepermet de saisir les étapes et les pistes de ce renouvellement, explicité dans une riche introduction et abordé dans chacun des articles dont les auteur·trices disent leur place singulière dans le flux des recherches passées et en cours. Les articles mettent aussi concrètement en œuvre l’analyse de la grande diversité des formes et des finalités de l’écrit, des « commandes » des élites municipales lyonnaises à travers leur « chancellerie » présentées par Gautier Mingous aux initiatives éditoriales qui donnent naissances aux journaux et à leur circulation dans l’Europe du 17e siècle qu’analyse ici Claire Brétéché.

6Rassemblant des travaux en cours de jeunes chercheur·euses et des articles de spécialistes traduits pour la première fois en français pour lesCahiers, le dossier apportera du neuf à l’ensemble des lecteur·trices et, nous l’espérons, s’avérera un appui particulièrement solide pour les courageux·ses candidat·es à l’agrégation d’histoire.

  • 4 Parmi beaucoup d’autres contributions, voir le dossier qui constitue une des très rares synthèses s(...)

7L’importance de ce dossier nous a conduits à reporter la prochaine publication deChantiers que l’on retrouvera bien sûr dans le prochain numéro desCahiers d’histoire. Le numéro fait cependant place, en cohérence avec la ligne éditoriale de la revue, à la diversité des formes de transmission de l’histoire. Ceci en publiant dansMétiers.Transmettre, l’hommage de l’historien Faruk Bilici au grand spécialiste de l’empire ottoman et des relations internationales en Méditerranée que fut Jacques Thobie. Aussi en proposant, comme dans chaque numéro, le choix de lectures de films de Chloé Maurel dansUn certain regard.On retrouveraaussi les « recommandations » d’expositions, de films, de livres ancrés dans l’histoire et hantés par l’histoire de Frank Noulin et Jean-François Wagniart dans lesCahiers recommandent. Les lecteurs et lectrices pourront aussi retrouver le travail obstiné de Didier Monciaud sur les sociétés et les pouvoirs dans les États du sud de la Méditerranée. Spécialiste de l’Égypte du 20e siècle, il contribue depuis deux décennies à ouvrir lesCahiers d’histoiresur ce Sud méditerranéen si fortement partie prenante de l’histoire européenne à travers les échanges culturels, économiques de long terme, puis les situations coloniales4. Dans ce numéro, Didier Monciaud présente la recension critique d’un ensemble de contributions publiées dans la presse algérienne et française à propos du rapport fait par l’historien Benjamin Stora à la demande du président de la République française. Ce rapport, remis le 20 janvier 2021, vise à appuyer sur les analyses historiques une possible réconciliation des mémoires algérienne et française autour de la colonisation et de la guerre d’indépendance. Comme chacun·e sait, ce rapport a immédiatement suscité des réactions et réflexions, parfois très critiques, qui se sont traduites par un flux important de publications. Notre collègue permet, à travers son précieux travail de lecture et de choix dans cette importante production, de mieux comprendre les enjeux du rapport et la difficulté de faire converger les lectures sur des situations politiques et sociales passées, particulièrement conflictuelles, de quelques décennies, certes, mais dont les conséquences restent très vives. Une démarche originale et courageuse que cette publication deDébats que nous sommes très heureux·ses de pouvoir confier à nos lecteur·trices.

8La suite de notre travail s’annonce bien. Le numéro de rentrée sera centré sur un dossier interrogeant l’ambition du communisme et son rapport à la sexualité, envisagée dans sa dimension sociale de « morale sexuelle ». On retrouvera aussi dans ce numéro l’engagement au féminin autour de la passionnée et passionnante militante syndicaliste et communiste Martha Desrumaux, que présentera Pierre Outteryck. Et toutes nos rubriques habituelles.

  • 5 Une partie des interventions de ces Rencontres sont à retrouver sur la chaîne desCahiers d’histoir(...)

9Nos cartons sont bien pleins de projets et de propositions. Nos agendas sont bien remplis aussi de rendez-vous à venir, que nous vous invitons à partager. Dès à présent, nous savons que nous serons avec notre collègue Alain Ruscio, historien du colonialisme français, en débat à la fête del’Humanité le samedi 11 septembre 2021, puis que nous serons aux Rendez-vous de l’histoire de Blois, au Salon de la revue à Paris, aux Rencontres d’histoire critique à Gennevilliers les 26-27 novembre 2021. Ces Rencontres, vous le savez, nous tiennent particulièrement à cœur. Elles sont une création desCahiers d’histoirequi, grâce à l’engagement de l’Université populaire des Hauts-de-Seine, ont pu voir le jour en 2009 et se poursuivre tous les deux ans depuis5. Nous en serons donc aux 7e Rencontres d’histoire critique et nous pensons répondre à une grande nécessité en y parlant « Jeunesses », au pluriel bien évidemment. Nous comptons sur nos lecteurs et lectrices pour rendre cette revue-forum la plus vivante possible, la plus ouverte possible aux vents hurlants et doux, vifs comme apaisés du tout-monde, si l’on peut se permettre d’emprunter au poète Édouard Glissant cet horizon que nous espérons dessiné pour nous tous toutes.

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Notes

1 Frank Noulin, Jean-François Wagniart (dir.), « La Commune est vivante ! »,Cahiers d’histoire. Revue d’histoire critique , n° 149.

2 Sans revenir sur les très nombreuses publications, les spectacles, les expositions (dont une autour de l’hôtel de ville de Paris), on peut retenir comme emblématique de cette mémoire vivante la manifestation initiée pour le 27 mai 2021 par l’association des Amies et amis de la Commune de Paris 1871, association de solidarité elle-même historique, créée pour aider les anciens Communards. Cet événement a vu converger des dizaines d’associations, mouvements, syndicats, partis politiques, des milliers de personnes sur la place de la République, puis a vu « monter » en cortège vers le cimetière du Père-Lachaise et le Mur des Fédérés cette foule militante, <https://www.commune1871.org/nos-actualites/actualites/1273-communique-29-mai-2021-vive-la-commune>.

3 Mathilde Larrère, « Quand la Commune prend les murs »,Cahiers d’histoire. Revue d’histoire critique, n° 148, 2021, p. 69-92.

4 Parmi beaucoup d’autres contributions, voir le dossier qui constitue une des très rares synthèses sur le sujet, Didier Monciaud (dir.), « Histoire des gauches en Égypte 1875-1965, expériences, contributions, enjeux »,Cahiers d’histoire. Revue d’histoire critique, n° 105-106, 2008.

5 Une partie des interventions de ces Rencontres sont à retrouver sur la chaîne desCahiers d’histoire,Rencontres d’histoire critique <https://www.youtube.com/watch> et en livres. Le plus récent, Marie-Claude L’Huillier, Anne Jollet (dir.),Révolution (s), Effigi Edizioni, 2018.

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Pour citer cet article

Référence papier

AnneJollet,« Le mot de la rédaction »Cahiers d’histoire. Revue d’histoire critique, 149 | 2021, 5-9.

Référence électronique

AnneJollet,« Le mot de la rédaction »Cahiers d’histoire. Revue d’histoire critique [En ligne], 149 | 2021, mis en ligne le01 juillet 2021, consulté le03 juin 2025.URL : http://journals.openedition.org/chrhc/16174 ;DOI : https://doi.org/10.4000/chrhc.16174

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AnneJollet

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