Les principaux acteurs du conflit afghan Rapport rédigé par Mme Soukhria Haidar Présidente de l’Association de soutien aux femmes afghanes (NEGAR) Sanctions financières internationales |
| AFGHANISTAN: PAIX ET STABILITÉ DÉPENDRONT AUSSIDE L'AGRICULTURE, SELON LA FAO Le coût de la relance agricole estimé à 39 millions dedollars pour 2002 Rome/Tokyo, 21 janvier 2002 /PR 02-01f . - En Afghanistan, la paix et lastabilité économique à long terme dépendent ausside la relance du secteur agricole dont le coût est estimé, pour 2002, à 39 millionsde dollars selon l'Organisation des Nations Unies pour l'alimentation etl'agriculture (FAO). A l'occasion de la tenue aujourd'hui à Tokyo d'une conférenceinternationale de bailleurs de fonds, la FAO a souligné la nécessitéd'aider les paysans afghans à reprendre leurs activités agricoles,retourner à leurs champs et relancer la production agricole dans unpays où 85 pour cent de la population dépend du secteur primaire. Selon la FAO, 39 millions de dollars sont nécessaires pour améliorerl'accès à la nourriture dans les zones aussi bien urbainesque rurales, grâce à l'accroissement de la production, la fournitured'intrants (semences, engrais, outils...) et la création de revenusagricoles. L'appel de la FAO aux donateurs s'insère dans le cadre d'un appelplus général lancé par les Nations Unies en faveur del'Afghanistan. A court terme, la FAO réclame 18 millions de dollarspour la distribution de semences et d'engrais, la relance de l'élevageet des activités horticoles, la vaccination du bétail, la préventiondu risque criquets pèlerins, la création du service d'évaluationde la sécurité alimentaire et la coordination des opérationsagricoles d'urgence.. Selon Anne Bauer, qui dirige les opérations de la FAO en Afghanistan,la situation alimentaire demeure alarmante en zones urbaines et rurales. "Les semis d'automne ont considérablement souffert de la sécheresseet des actions militaires. A moins de les vacciner à temps, les troupeauxdes populations nomades pourraient ne pas survivre à l'hiver rigoureux,aux maladies et à la pénurie de fourrages. Les paysans déplacésont besoin de semences et d'engrais. Les familles qui sont retournéesen Afghanistan et les communautés qui les hébergent méritent une attentionparticulière pour faciliter la réintégration", a indiqué Mme Bauer. Pour les actions à moyen terme, la FAO réclame21 millions de dollars pour l'irrigation, le reboisement, la production de semences, les services vétérinaires, la lutte intégrée contre les ennemisdes plantes et la promotion de produits agricoles à haute valeur ajoutée (pourcontrebalancer la production de pavot). La FAO accordera une attention particulière aux femmes rurales, carce sont elles qui s'occupent, traditionnellement, de la disponibilité de la nourriture, des revenus du foyer, de la nutrition, des soins de santéet de l'éducation. En outre, 20 ans de guerre ont laissé undemi-million de familles sans pères. "Le point de départ, c'est l'identificationdes besoins des femmes et des ressources dont elles disposent", selon Mme Bauer. Pour inciter les paysans à abandonner la production d'opium, il fautleur faciliter l'accès au crédit, aux cultures alternatives et auxmarchés. A cet égard, il convient d'améliorer les conditions de vie desménages et des communautés rurales, a indiqué Mme Bauer. A Islamabad, la FAO a déjà mis en place une unité decoordination des opérations de secours. Après l'appel qu'elle avait lancéen août dernier, l'agence onusienne a reçu 6 millions de dollars de l'Allemagne, de l'Irlande, des Pays-Bas, de la Norvège et des Etats-Unis. L'acquisitionet la distribution de semences est actuellement en cours pour les semis de printemps. Sont également en cours des achats de fourrage pourle bétail. Le Département du développement international du Royaume Unia alloué 2,9 millions de dollars à la FAO pour un programme de secours et de développement agricole intégré en Afghanistan. En ce moment, huit fonctionnaires internationaux de la FAO sont basésà Islamabad et un neuvième, à Mazar-e-Sharif, outre une quarantainede nationaux qui travaillent dans le pays. A Kaboul, la FAO rouvrira prochainement ses bureaux situés dans leslocaux abritant le personnel des Nations Unies dans la capitale afghane. *** Pour toute information, contacter Erwin Northoff, Chargé d'informationFAO,0039-06-5705 2232/3105, e-mail: erwin.northoff@fao.org Communiqué de presse FAO: PR 91/93 10 Site Internet de la FAO : <http://www.fao.org> Aider les agriculteurs et les réfugiés à retourner dans leurs fermes et à reprendre la production vivrière est le défi qu'il faudra relever au cours des prochains mois en Afghanistan, souligne l'Organisation des Nations Unies pour l'alimentation et l'agriculture (FAO). Dans un appel à la communauté internationale, la FAO indique que 10,1 millions de dollars sont nécessaires pour la reprise immédiate de son aide d'urgence à ce pays éprouvé par la guerre: fourniture de semences, d'engrais, de fourrage et de vaccins pour le bétail. L'appel de la FAO fait partie d'un effort plus vaste des Nations Unies destinéà alerter la communauté internationale sur les besoins del'Afghanistan, où sévit une grave pénurie alimentairegénéralisée due aux effets conjugués de la sécheresse,de la crise économique et de la guerre. "Il est capitald'aider les agriculteurs et l'économie rurale à lutter contrela faim et la pauvreté en Afghanistan", déclare Madame Anne Bauer, Chef des opérations spéciales de secours et responsable du programme d'urgence de la FAO en Afghanistan. "Environ 85 pour cent des22 millions d'Afghans dépendent directement de l'agriculture. Depuisl'attentat du 11 septembre, les approvisionnements alimentaires commerciauxet l'assistance humanitaire ont été interrompus. La majoritédes ruraux luttent pour leur survie quotidienne. La demande d'intrants agricolesde base est considérable au moment où démarre la campagned'hiver." "Nous devons fairetout ce qui est en notre possible pour réussir la prochaine campagne de semis", ajoute Madame Bauer. "Dès que les fonds seront disponibles, certaines des activités de la FAO pourront être aussitôt entreprises. L'enjeu consiste à aider le secteur de l'élevage pendant les semis d'hiver et de printemps, qui démarrent dès janvier dans certaines régions." Les semis d'automne de blé, qui représentent 80 pour cent de la production céréalière totale du pays, ont fortement souffert de la sécheresse et des actions militaires. "Sans fourrage et sans vaccins, le bétail a peu de chances de survivre à l'hiver, notamment les brebis qui devraient mettre bas à la fin de l'hiver", avertit Madame Bauer. Les réseauxd'irrigation du pays sont dévastés et les services agricolesquasiment inexistants. Des milliers d'hectares de terres agricoles fertilesont été mis hors production à cause du manque d'irrigationet des millions de mines qui y ont été plantées. Lesarbres fruitiers et les forêts, autrefois source principale de devises,ont pratiquement disparu. Afin de reprendreles projets déjà financés et faire démarrerde nouvelles activités d'urgence, la FAO rouvrira bientôt sonbureau principal à Kaboul et ses bureaux régionaux dans lesautres provinces. Une grande partie des immeubles a été détruiteet pillée ces derniers mois et du matériel important a été dérobé. La FAO se joindra à une mission de l'ONU à Kaboul au cours des prochains jours pour préparer le retour de son personnel à Islamabad. Une des activités immédiates de la FAO sera la distribution de 1 500 tonnes de semences de blé pour les semis de printemps aux agriculteurs du nord du pays, avec un accent particulier sur les zones reculées. La production de blé pluvial dans les Provinces du Nord a chuté de 90 pour cent par rapport à 1998. La disponibilité de semences de qualitédans les zones pluviales et irriguées est une des principales entravesà la production de blé en Afghanistan, selon la FAO. Moyennant une disponibilité de fonds, quelque 100 000 familles agricoles victimes de la guerre et de la sécheresse recevront des semences de printemps et des engrais pour la prochaine campagne de printemps. Ces projets seront également axés sur l'irrigation et la gestion des ressources en eau. Par ailleurs,la FAO distribuera des lots de légumes de printemps à 100000 réfugiés et personnes déplacées àl'intérieur du pays, pour faciliter leur retour et leur réinstallationdans leurs bourgs et villages. Pendant plusieursannées, la FAO, le Programme alimentaire mondial (PAM) et les ONGont travaillé ensemble dans le cadre d'un programme de vivres-contre-semencesen Afghanistan qui a incité les agriculteurs à améliorerles variétés de semences en échange de farine. La FAOet le PAM ont déjà convenu de poursuivre ce programme. En outre, la FAOdistribuera dans le nord du pays 1 800 tonnes de fourrage et relancera sonprogramme de vaccination du bétail. Quelque 18 000 têtes debétail seront nourries. Plus de 50 000 agriculteurs et leurs famillesbénéficieront de ce programme. La vaccination des animauxdevrait protéger jusqu'à 70 pour cent du bétail dansles zones ciblées. Les services desanté animale, dont la vaccination, étaient auparavant dispensés par plus de 220 unités vétérinaires de terrain de laFAO, qui employaient plus de 650 vétérinaires nationaux etagents de santé animale. La FAO, avec les ONG et d'autres partenaires, envisage de réactiver et d'étendre cet important réseau. La FAO lanceraégalement une distribution d'urgence d'aliments pour animaux et unecampagne de santé animale dans d'autres zones du pays, en faveurde 100 000 éleveurs - la plupart nomades - victimes de la guerreet de la sécheresse. Un réseau d'ateliers sera créépour réparer les machines et les outils agricoles. Une unitéde surveillance de la sécurité alimentaire et un systèmed'alerte rapide seront mis en place afin de mieux cibler et évaluerles interventions internationales en matière de sécuritéalimentaire dans la région. Les activitésde la FAO bénéficient déjà des promesses decontribution des Pays-Bas, des Etats Unis et de la Norvège. *** Noter : Clipaudio, durée: 2min12sec Au cours d'une interview au Siège de la FAO, à Rome, Anne Bauer, coordinatrice des Opérations d'urgence de la FAO en Afghanistan, déclare que la priorité du moment est de préparer les paysans afghans àla saison culturale prochaine, au printemps. En Realaudio (écoute instantanée, 144 Kb) ftp://ext-ftp.fao.org/Radio/Realaudio/2001/Afghanistan-A-Bauer-fr.ram En Mp3 (qualité Broadcast, 1,000 Kb à télécharger) ftp://ext-ftp.fao.org/Radio/MP3/2001/Afghanistan-A-Bauer-fr.mp3 Modalitésd'écoute des fichiers audio Les fichiers RealAudio requièrent le logiciel RealPlayer, voir http://www.real.com. (RealPlayer 8 Basic is free). Il faut un logiciel mp3 pour écouter les fichiers mp3:Winamp, Windows Media player, Quicktime 4.0, RealplayerG2, etc...que vous pouvez obtenir gratuitement sur le Web: http://www.winamp.com;http://quicktime.com;http://www.microsoft.com/downloads/ Contactez le studio radio de la FAO pour recevoir le son en Numéris ou par téléphone: (+ 39 06 57 05 68 63 - 3749) *** Jusqu'en 1998, les Etats-Unis se sont vivement intéressés àla place de l'Afghanistan dans le grand jeu pétrolier d'Asie centrale.Car si les réserves d'hydrocarbures de ce pays sont trop faibles pourservir d'aliment aux guerres qui s'y sont déroulées, sa positiongéographique en fait une clé de l'évacuation des ressourcesd'Asie centrale. Il commande en effet l'accès aux mers chaudes, merd'Oman et océan Indien. Cette position intéresse directement le Turkménistan, qui disposede réserves gazières importantes (plus de 20 billions - 1012- de m3). Quand le Turkménistan s'est libéré, avec lachute de l'URSS, de la tutelle de Moscou, il a cherché le moyen d'acheminerson gaz vers des pays émergents aux besoins énergétiques croissants : soit à l'ouest vers la Turquie, soit au sud - Pakistan, Inde, Thaïlande, etc. Le Turkménistan ne pouvait guère compter sur la collaboration du géant russe Gazprom pour exporter le gaz vers l'Europe, cette compagnieétant peu désireuse de se créer une concurrente surson marché privilégié. Deux routes étaient possibles: à travers la Caspienne ou à travers l'Iran. Mais le champgazier de Shah Deniz, appartenant à l'Azerbaïdjan, est beaucoupplus attractif pour la Turquie, qui n'a donc pas manifesté d'intérêtpour le gaz turkmène. Restait donc la voie du sud. Un projet de gazoduc commença à être élaboré, et un tracé prit forme en 1994 sousl'égide de la compagnie argentine Bridas. Mais le président turkmène, Saparmurat Niazov, estimait queles Etats-Unis devaient mener ce projet - on ne sait si l'idée luien fut soufflée par Washington. Toujours est-il que Bridas fut éjectéedu projet au profit de la compagnie texane Unocal. Bridas allait d'ailleursporter l'affaire en justice en février 1996, pour se voir déboutéeen octobre 1998 par un tribunal du Texas. En 1995, les détails techniques commencèrent à être posés : le gazoduc transporterait, sur quelque 1 400 km,le gaz du champ turkmène de Dauletabad jusqu'à Multan, au Pakistan,d'où il serait envoyé vers le port de Karachi. Sa capacitéserait de 50 millions de m3 par jour, son coût de construction de l'ordrede 2 milliards de dollars. En octobre 1997, le consortium Centgas (CentralAsia Gas) était formé, comprenant Unocal pour 54 % des parts,une compagnie d'Arabie saoudite, Delta, pour 15 %, des compagnies japonaise,coréenne et pakistanaise et le gouvernement turkmène. En janvier 1998, un accord fut passé avec les talibans, quiavaient pris le pouvoir en 1996. A cette époque, le régimetaliban était donc vu favorablement à Washington. Mais cettecollaboration allait susciter aux Etats-Unis l'opposition de mouvements féministes, scandalisés qu'Unocal travaille avec le régime taliban. Autre facteur négatif : le prix alors bas du pétrole, et donc du gaz,diminuait l'intérêt du projet afghan. La situation pour le moinsinstable de l'Afghanistan compliquait encore ce projet très politique,que les institutions financières internationales refusaient de soutenir. Les attentats du 7 août 1998 contre les ambassades américaines à Nairobi et Dar es-Salaam allaient ruiner le gazoduc. Le 21 août, Unocal annonçait qu'elle"suspendait toutes ses activités impliquées dans le projet de gazoduc en Afghanistan". Le jour même,l'aviation américaine bombardait des cibles supposées terroristesen Afghanistan et au Soudan. Unocal allait se retirer du consortium Centgazen décembre 1998. Depuis, les talibans n'ont pas abandonné l'idée dugazoduc. En mars 2000, par exemple, il était au menu des discussionsentre les ministres des affaires étrangères pakistanais etturkmène, lors d'une rencontre à Islamabad à laquelleparticipaient des représentants de Kaboul. En janvier 2001 encore,un représentant des talibans, Haji Habib Ullah Fauzi, réitéraitl'intérêt du régime pour le gazoduc. Mais aucune grandecompagnie ne s'est manifestée sérieusement depuis le retraitd'Unocal. Le gaz turkmène attendra la paix.
La zone de la mer Caspienne a été présentée, au cours des années 1990, comme un nouveau Moyen-Orient. En fait, lepotentiel s'est avéré beaucoup plus modeste; il reste cependant,avec près de 30 milliards de barils (4,5 milliards de tonnes) de réservesprouvées, comparable à celui de la mer du Nord. La Caspienne,plus grande mer fermée du globe, recèle ainsi environ 2 % desréserves prouvées mondiales de pétrole et 4 % des réservesprouvées de gaz naturel. Les gisements sont principalement concentréssur quelques pays de l'ex-Union soviétique: Azerbaïdjan, Kazakhstan,Turkménistan. Depuis 1991, la région est au centre d'un nouveau "grandjeu" entre les Etats-Unis, la Russie et l'Iran pour le contrôle etl'acheminement des hydrocarbures de la Caspienne vers les marchéseuropéen et asiatique. Dix ans plus tard, les républiques musulmanesdes confins de la Russie, traversées par des crises d'identité, engluées dans des problèmes économiques et sociaux récurrents,n'ont toujours pas rattrapé leur niveau de vie d'avant 1991. Les tensionsgéopolitiques concernent tant la propriété des gisementsque le tracé des pipe-lines. Aucun accord définitif n'est encoreintervenu entre les pays riverains pour le partage de ces richesses. Lesincidents ne sont pas rares. Cet été, un navire de guerre iraniena contraint un bâtiment de prospection pétrolière venud'Azerbaïdjan à cesser ses forages. La Russie s'est posée en médiateur, mais Moscou a été soupçonnée de vouloir reprendre son hégémonie dans la région pourpeser sur le choix des tracés d'oléoducs. L'enclavement est au cœur de toutes les difficultés. Des multiples projets en compétition, ces dernièresannées, pour l'exportation du gaz turkmène, du pétrolekazakh ou azerbaïdjanais vers les marchés mondiaux, un seul avu le jour: l'oléoduc reliant – sur 1580 kilomètres via laRussie – le gisement de Tenguiz, au Kazakhstan (l'un des plus grands gisementsau monde, estimé à 6 milliards de barils, soit prèsde 900 millions de tonnes) jusqu'au port russe de Novorossiisk, sur la merNoire. Sa mise en exploitation, en mars 2001, permet au Kazakhstan, richeen pétrole, de doubler ses capacités d'exportation (l'oléoductransportera à plein régime 67 millions de tonnes de brut paran) et donne à la Russie, traditionnellement maîtresse des voiesd'acheminement des ressources de ses anciennes républiques "sœurs",un avantage certain. Exploité par le Consortium pour l'oléoducde la Caspienne (CPC), dont les principaux actionnaires sont la Russie (24%), le Kazakhstan (19%) et Oman (7%), l'existence de ce nouveau tube amoindrit les chances d'aboutir d'un autre projet, auquel s'opposent les Russes: celuide l'oléoduc Bakou-Ceyhan (1730 kilomètres et d'un coûtestimé à 2,5 milliards de dollars). Celui-ci est censétransporter le brut produit en Azerbaïdjan vers la Méditerranée, via la Géorgie, sa construction devant être, dans le meilleur des cas, finalisée en 2004. Il est favorisé par l'administration américaine pourdes raisons politiques (il écarte la Russie et l'Iran du jeu), mais il rencontre l'opposition des "majors" du pétrole qui le jugent coûteuxet de réalisation difficile. En fait, la meilleure voie d'exportationdes hydrocarbures d'Asie centrale reste l'Iran. Mais cette perspective estbloquée par les sanctions américaines de 1996 contre ce pays.Il est, à l'heure actuelle, trop tôt pour dire dans quelle mesurela crise en cours et le rôle que l'Iran sera appelé àjouer en Afghanistan pourront changer les choses. Grand partenaire de laRussie dans la région, l'Iran a, certes, condamné les attentatsdu 11 septembre aux Etats-Unis mais a refusé à l'aviation américainel'utilisation de son espace aérien. Les réserves du Kazakhstan sont pour l'instant bloquées. Un oléoduc de près de 3000 kilomètres est évoqué pour alimenter la Chine depuis la rencontre en juin 1998 entre le président chinois Jiang Zemin et son homologue kazakh Noursoultan Nazarbaev. Mais leprojet, très coûteux, ne s'est pas encore concrétisé. Le Turkménistan cherche lui aussi, pour son gaz, un débouché autre que la Russie, qui lui achète à moindre prix du gaz revenduensuite deux fois plus cher à la Turquie ou à l'Europe vial'Ukraine. Depuis 1999, le Turkménistan a raccordé son réseauà un gazoduc iranien mais les quantités ainsi fournies vial'Iran à la Turquie sont très faibles. Même si la Russiede Vladimir Poutine arbore une stratégie commerciale moins empreintede colonialisme que celle qui prévalait à l'époque deBoris Eltsine, s'engageant par exemple à payer le gaz turkmèneen devises, le Turkménistan continue à espérer pouvoirévacuer son gaz vers le rivage pakistanais. Mais il faut traverserl'Afghanistan… Le Turkménistan a donc besoin de la paix chez son voisin,quel qu'en soit le bénéficiaire. Riche en réserves de gaz, l'Ouzbékistan voisin, doublement enclavé (il est, avec le Lichtenstein, le seul pays au monde séparé d'un accès à la mer par au moins deux pays), verrait lui aussid'un bon œil une éventuelle pacification de l'Afghanistan. Faute depouvoir exporter, l'Ouzbékistan, qui est la plus peuplée desrépubliques d'Asie centrale, avec 24,4 millions d'habitants, transformeson gaz en engrais et en polyéthylène. Outre l'Iran à qui l'Ouzbékistan fournit du gaz liquide, un de ses principaux clients est le Kirghizstan voisin. L'arrivée dugaz ouzbek est souvent coupée, faute de paiement. Le robinet est rouvertà chaque fois que le Kirghizstan, petite république montagneuseet dépourvue de ressources, menace de ne plus fournir d'eau àl'Ouzbékistan, qui en a cruellement besoin. Ce pays, qui partage 137kilomètres de frontières avec l'Afghanistan, rêve detirer une ligne droite jusqu'à Karachi. Au total, si la guerre enAfghanistan n'a pas de motivation pétrolière, l'instaurationde la paix dans ce pays permettrait l'ouverture de l'Asie centrale sur lemonde, hors du face-à-face exclusif avec la Russie. Trois questions à Michael Klare (Le Monde, 20/10/01) 2Pourquoi les Etats-Unis se sont-ils impliqués dans l'exploitation des ressources de la mer Caspienne dans les années 1990 ? 3Comment les Etats-Unis pourraient-ils réduire leur dépendance à l'égard du Golfe ?
La production est passée à 185 tonnes en Afghanistanen 2001 contre 3 276 tonnes en 2000."3 100 tonnes qui disparaissent du marché, cela représente 75 % de la production mondiale,relève Bernard Frahi, responsable du Pnucid pour le Pakistan et l'Afghanistan. L'Afghanistan était le premier pays producteur du monde. Il ne produit plus aujourd'hui que 10 % du total, soit très loin derrière la Birmanie." Mais tout semble en passe de changer. Les agriculteurs afghans sepréparent à reprendre cette culture extrêmement rentable."Nous recevons déjà des informations sur des endroitsreculés où les fermiers ont préparé leurs champspour des semences de graines de pavot",indique M. Frahi. Les champspréparés pour recevoir les graines de pavot sont creusésà intervalles réguliers de rigoles qui permettront d'inonderles semences après quelques semaines. Une semaine avant les attentats du 11 septembre, le mollah Omaravait renouvelé,"à l'approche de la saison des semences,l'interdiction totale de la culture du pavot", prolonge M. Un signe ne trompe pas : le cours de l'opium sur le marchélocal s'est effondré."L'opium se vendait 600 dollars le kilo enaoût. Son cours est tombé à 180 dollars aprèsle 11 septembre et il s'établissait la semaine dernière à90 dollars",observe M. Frahi. Les fermiers, qui avaient gardé de l'opium des récoltes précédentes, se sont rués au marché pour vendre leur stock et obtenir de l'argent liquide, indispensable en cas d'exode. Pourles petits fermiers, cette marchandise, qui se conserve d'une année sur l'autre, est à la fois une source de crédit et d'épargne. L'éradication de la culture de l'opium dans les zones souscontrôle taliban constituait pourtant le grand succès de l'ONUobtenu par le Pnucid, grâce à trois ans de dialogue continuavec les talibans et sans grands moyens financiers. Cette quasi-élimination du pavot en Afghanistan"résulte clairement de l'application del'interdiction de la culture du pavot",note le rapport du Pnucid. Cette année, ses agents ont visité 10 030 villagesdans 160 districts ; 23 des 32 provinces d'Afghanistan sont concernées. Pour que les années d'efforts du Pnucid ne soient pas perdues,"tout programme de reconstruction devra tenir compte de la luttecontre la drogue et intégrer des plans de développement afinque les fermiers ne retournent pas au pavot",ajoute-t-il. Surveilléeavec rigueur par les talibans, l'interdiction de la culture du pavot a coûté très cher aux fermiers afghans. A présent, ceux-ci risquent d'être encore plus difficiles à convaincre. Selon Alain Labrousse, "l'opium n'a pas été lenerf du terrorisme" pour Ben Laden(Le Monde, 20/10/01) Dans cette histoire mouvementée de la drogue en Afghanistan, les talibans et leur protégé, Oussama Ben Laden, sont donc loind'incarner le "Mal"."Contrairement à ce qu'avance le premier ministrebritannique Tony Blair, la drogue n'a pas été le nerf de ceterrorisme-là", explique Alain Labrousse, chargé de missionà l'Observatoire français des drogues et toxicomanies (OFDT). De la guerre contre les Soviétiques jusqu'à la prisedu pouvoir par les talibans en 1996, la production d'opium est allée croissant en Afghanistan."Les services spéciaux pakistanais (ISI)avaient le monopole des livraisons d'armes aux moudjahidins afghans, avecdes financements assurés par l'Arabie saoudite et les Etats-Unis",rappelle M. Labrousse. Les camions d'armes revenaient d'Afghanistanchargés d'opium."L'argent du trafic servait à financerdes groupes dissidents en Inde, des islamistes actifs au Cachemire et, dansles années 1980, des sikhs au Pendjab. Mais on ne peut pas dire quela guerre d'Afghanistan a été financée par la drogue." Avec environ 2 800 tonnes d'opium produites en 1994, le pays a détrôné la Birmanie. Pourtant, les talibans n'ont tiré qu'un profit limité du trafic. Ils se sont contentés de la zakat (dîme musulmane), soit environ 10 % du prix, comme pour les autres cultures. "Rien n'indique que les talibans soient allés au-delà de ce commerce local etqu'ils se soient impliqués dans l'exportation, qui rapporte beaucoup plus", note M. Labrousse. Les prélèvements sur la drogue constitueraient"au mieux 200 millions de dollars, c'est-à-dire à peine 10%" de toutes les taxes perçues par les talibans sur le commerce légalet la contrebande. Et du côté de l'Alliance du Nord ? "Le commandant Massoud a toujours été un puritain, antidrogue et même antitabac. Il s'est opposé à des commandants locaux de l'Alliance qui, eux, notamment dans le Badakhshan -nord-est-, tiraient profit de la drogue. Selon les services de sécurité russes, le général Rachid Dostom aurait aussi participé au trafic d'opium et d'héroïne vers la Russie." Selon l'Association d'études géopolitiques des drogues (AEGD), à laquelle participe M. Labrousse, le trafic financeaussi des groupes islamistes d'Asie centrale, dont le Mouvement islamiqued'Ouzbékistan, dirigé par Djouma Namangani et basé dansle nord de l'Afghanistan.
Les taliban déclarent la "guerre sainte" aux Etats-Unis(Reuters, 18/9/2001) L'opposition veut tirer profit d'un possible changement de donne en Afghanistan(AFP, 18/9/2001) A peine sorti de la guerre froide, le système internationalest en train de basculer dans un nouvel affrontement binaire de très grande ampleur. Les États : l'utilisation du pluriel est inquiétantecar le conflit qui s'annonce comporte d'immenses risques, surtout s'il s'étend au delà de l'Afghanistan. A Washington, de hauts responsables présents et passés, tel l'ancien directeur de la CIA James Woolsey, parlent d'une éventuelle frappe massive contre l'Irak : "Si jamais il est démontréque l'Irak est impliqué dans les attentats, alors tous les instrumentsdu pouvoir d'Etat irakiens devraient être détruits - la Garderépublicaine et tout ce qui est associé à Saddam Hussein"(2). Certains évoquent aussi d'autres cibles éventuelles, commele Soudan, le Yémen ou encore la Syrie. Dans une telle hypothèse, il faudra redouter que l'extrême et légitime colère devant la barbarie du 11 septembre ne setransforme par contagion en affrontement entre l'Occident et le monde arabo-musulman,en un conflit de civilisations par définition sans fin. Cette crainte,très forte en Europe, est aussi celle de spécialistes américainsmilitaires et civils :"On ne peut simplement y aller et dévaster unpays ; […] une approche militaire [n'intégrant pas] les facteurs économiqueset politiques régionaux ne fera que perpétuer le problème",a déclaré le Général Anthony Zinni, ancien commandanten chef du Commandement Central des forces armées américaines(3). David Ignatius, directeur du International Herald Tribune, a pour sapart souligné : "Il est facile de commencer des guerres, mais trèsdifficile d'y mettre fin. C'est une règle que les terroristes auraientété sages de garder en mémoire, et c'est une règlequi devrait guider les responsables américains" (4). Prendre en compte la complexité de la situation régionale se heurte à la puissance des passions déchaînées qui poussent l'exécutif américain à se lancer indistinctement dans une réplique rapide. Cela impliquerait de déterminer lesraisons profondes et non conjoncturelles ayant conduit les Etats-Unis àce choc frontal avec l'islamisme politique sunnite, pourtant leur ancienallié de guerre froide (voir encadré). Comment les "combattantsde la liberté" d'hier (Ronald Reagan) sont-ils aujourd'hui devenusdes "ennemis de la civilisation" (George W. Bush)? Il ne suffit pas d'affirmer, comme le faisait un rapport de 1997du département de la Défense, l'existence d'une "forte corrélation entre l'action internationale des Etats-Unis et l'accroissement des attentats terroristes contre le pays. Cette forme d'action, poursuit le rapport, découlede la situation d'asymétrie militaire qui interdit aux Etats-nationsde s'attaquer ouvertement aux Etats-Unis et les pousse à recourirà des acteurs transnationaux [non-étatiques]". Aussi fondée soit-elle sur le plan technique, cette analysene rend pas compte des causes de la montée en puissance du terrorisme islamiste dans les années 90. Elle n'explique en rien la "talibanisation" progressive de la société pakistanaise, le désordre idéologiquequi s'est emparé de l'Islam, les frustrations profondes et multiplesdes sociétés arabes, et les rancœurs anti-occidentales engendréespar celles-ci. Elle ne rend pas compte non plus de l'aveuglement américaindevant les conséquences à long terme de leurs propres stratégiesrégionales, de "l'action internationale des Etats-Unis" dont parlele rapport. Comme les puissances coloniales d'hier, les Etats-Unis ont longtemps fermé les yeux sur les effets découlant de leur prégnante emprise économique et politique sur les sociétés du tiersmonde. Cet aveuglement est la source fondamentale de la "faillite de renseignement"dont on parle tant aujourd'hui. Car, dans cette affaire, le problèmetechnique imputable aux services est lui-même tributaire d'un problèmepolitique, à savoir la pensée binaire propre aux grandes puissances.Celle-ci empêche de penser l'autre, comme en témoigne l'histoirerécente dans le Golfe arabo-persique et en Asie. Si les Etats-Unis n'ont pas su prédire la révolutioniranienne de 1979, ce n'est pas parce qu'ils manquaient de renseignementsou de sociologues et autres spécialistes de la zone. Certes, le personnelde l'ambassade américaine à Téhéran comptaitpeu de spécialistes parlant le farsi. Mais les experts étaientnombreux à Washington et dans les centres spécialisésuniversitaires (qui, aux Etats-Unis, ont toujours eu des liens forts avecl'Etat). Eux maîtrisaient la langue, la civilisation et les réalitéspersanes et s'inquiétaient des évolutions. Une révolution politique et sociale ne se préparepas en quelques mois ni même en quelques années et ne peut s'expliquer par la simple action d'une minorité déterminée. Quoi qu'on en pense par ailleurs, la révolution iranienne avait des racines socio-politiques profondes : une modernisation rapide mais superficielle etdéséquilibrée, des inégalités sociales criantes et la violation systématique de droits humains élémentaires par une monarchie manquant de légitimité populaire. Auteurs du coup d'Etat de 1953 qui a porté le Shah Reza Pahlavi au pouvoir, les Etats-Unis ont pendant des années, voire des décennies, ignoré les innombrables signes de la révolution à venir: manifestations étudiantes de masse, instabilité sociale, fortmécontentement exprimé par les élites lettrées qui se sont ultérieurement ralliées à l'ayatollah Khomeyni.Le contraire aurait supposé une remise en cause de l'alliance de guerrefroide avec l'Iran du Shah Pahlavi, "gendarme du Golfe" arabo-persique. On retrouve le même aveuglément idéologiquedans l'autisme des autorités politiques et militaires pendant la guerre du Vietnam. Ils refusaient d'entendre ceux qui, au sein même de l'appareil d'Etat américain (en particulier les analystes de la CIA), affirmaient à juste raison à la fin des années soixante que les bombardementsstratégiques du Vietnam souderaient la population sud-vietnamienneau Viêt-cong. Deux administrations successives ont refusé dereconnaître ce que Franklin D. Roosevelt et l'Office of Strategic Services(le précurseur de la CIA) avaient pourtant compris : le nationalismeet le communisme s'alliaient dans la lutte indépendantiste des Viêt-minhcontre la France, puis dans celle des Viêt-cong contre un Etat sud-vietnamienautoritaire créé de toutes pièces par les Etats-Uniset perçu comme illégitime par une partie importante de la population.Que les communistes vietnamiens aient perdu la paix après avoir gagnéla guerre en 1975, ne change rien au constat. La logique binaire de guerre froide a renforcé l'insensibilité des institutions américaines insensibles aux réalités sociologiques et politique des tiers mondes. Elle les a poussés àprêter leur soutien à des régimes autoritaires ou despotiqueset à des mouvements terroristes financés par la drogue, commeles "contras" en Amérique latine. Elle a trop souvent conduit àla mise entre parenthèse des valeurs éthiques occidentaleset a autorisé des pratiques et des politiques aux antipodes des droitshumains et des principes issus des Lumières. C'était vrai auMoyen Orient comme dans le Golfe arabo-persique, ou en Amérique Latine.Et aussi en Asie orientale où les Etats-Unis ont, après l'interventionvietnamienne au Cambodge en 1979, maintenu des relations diplomatiques avecl'auteur du plus grand génocide de l'après guerre, Pol Pot.Les liaisons dangereuses des services spéciaux américains avecl'islamisme radical sunnite au cours des années 80 participaient decette logique de guerre froide. C'est pour des raisons géostratégiques et géoéconomiques que les Etats-Unis ont tout au long de la guerre froide soutenu le Pakistan contre l'Inde (quoique cette dernière ne se soit jamais vraiment alignéesur l'URSS pendant la guerre froide). L'islam ultra conservateur pakistanaiset le wahabisme saoudien semblaient un rempart sûr contre "l'athéismesoviétique". Ainsi, ce sont les mouvements islamistes les plus radicaux(le Hezb-i-islami de Gulbuddin Hekmatyar) crées par les services spéciauxpakistanais, et non les plus modérés, qui ont bénéficiéde l'aide américaine en Afghanistan. Et quand Ahmed Shah Massoud (quivient d'être assassiné) réussit à prendre Kaboulen 1992, le Pakistan créa les Talibans pour le combattre et fairede l'Afghanistan un Etat satellite. Les Etats-Unis ont laissé faire.Ils ont même tenté de se rapprocher du régime taliban. L'histoire, ancienne et complexe, des rapports entre les Etats-Unis et l'Islam ne se résume bien sûr pas à cela. Dans les années cinquante, le Président Eisenhower s'était radicalementdistancé de Londres, Paris et Tel-Aviv lors de l'affaire de Suez en1956. Dans son esprit, l'Amérique devait bâtir des liens decoopération économiques et politiques avec les pays arabesnouvellement indépendants. Sur ce point, il partageait les idéesanti-coloniales de Roosevelt. Plus tard, dans les années soixante,ses successeurs ont mis en œuvre une politique différente, soutenantdes mouvements islamiques conservateurs (les Frères Musulmans) contrele panarabisme nassérien jugées sous influence soviétique. L'ordre moyen oriental d'après 1973 s'articulait autour d'Israël, les monarchies du Golfe, le Pakistan, la Turquie, et l'Iran. Après 1979, autour des quatre premiers et l'Irak, devenu jusqu'en 1991 un allié de circonstance. Ces va et vient géopolitiques ont permis de maintenir les équilibres stratégiques et de sécuriser les approvisionnements pétroliers. Mais, souterrainement, se préparait une tempête, la montée de l'islamisme politique radical. Aujourd'hui, c'est un immense défi que de ne pas s'aveuglerà nouveau. Puisque guerre il y aura, il faudrait la mener en tenantcompte des besoins et des aspirations des peuples du monde arabo-islamique(entre autres), de peuples soumis depuis des décennies à l'arbitraire de gouvernements autoritaires. Il faudrait une démocratisation et uneouverture politique, une répartition plus équitable des ressources,une politique d'aide généreuse pour la modernisation économiqueet un règlement définitif et juste du conflit israélo-palestinien.Dans un contexte historique différent, c'est ce que les Etats-Unisont fait au plan économique en Europe de l'Ouest au lendemain de ladeuxième guerre mondiale avec les résultats que l'on sait. Ces politiques de longue portée ne résoudront évidemment pas le problème immédiat posé par les réseaux terroristes. Mais sans elles on risque un conflit sans fin. Mort du commandant Massoud, figure de proue de la résistance (Le Monde, 18/9/2001) PORTRAIT "Je suis sûr que je verrai la paix de mon vivant et que je participerai à la réhabilitation de l'Afghanistan",nous déclarait en mai 1999, le commandant Ahmed Shah Massoud, dans ce quiétait alors son fief de Taloqan, au nord-est de l'Afghanistan. Cetancien étudiant de la faculté polytechnique de Kaboul rêvaità l'époque d'utiliser ses études inachevées pourreconstruire son pays ravagé par vingt ans de guerre. Son rêve a été stoppé brutalement, non sur les champs de batailles qu'il courrait depuis vingt ans, mais par l'explosion d'une bombe cachée dans une caméra. Une fin teintée d'ironie pour cet homme trèsconscient de son image et qui savait tenir à ses différents interlocuteurs le discours qu'ils attendaient. Son profil d'aigle, sa barbe clairsemée, ses yeux perçants avaient fait le tour du monde. Toujours élégamment vêtu, son pacoul (chapeau plat enlaine) vissé sur la tête, Massoud savait jouer du charme dontil ne manquait pas. Sa jeunesse à Kaboul, ses études au lycée français de l'Istiqlal (indépendance), son origine petite bourgeoise - son pèreétait colonel dans l'armée du roi Zaher Shah - lui avait donnéune aisance avec les Occidentaux qui tranchait avec la rigidité desautres dirigeants de la résistance islamique afghane. Massoud était toutefois un très fervent musulman, qui étudiaitquotidiennement le Coran avec des mollahs et ne craignait pas de dirigerla prière pour ses soldats. Dans son fief de la vallée du Panshir,les femmes portent la burqa (la longue robe traditionnelle recouvrant toutle corps avec un filet à hauteur des yeux) et, sans le comitésuédois pour l'Afghanistan, les écoles de filles seraient inexistantes.La femme de Massoud, mère de leurs cinq enfants, respecte le purdah(réclusion) et vit dans le village d'origine de Massoud, Bazarak,au cœur de la vallée du Panshir. UN STRATÈGE HORS PAIR A l'arrivée des talibans, ces étudiants en religionqui, avec l'aide du Pakistan, bouleversent la carte afghane depuis 1994,Massoud rassemble ses hommes et quitte Kaboul, parmi les derniers, pour seréfugier dans la plaine de Shomali, à l'entrée de sonfief du Panshir. Depuis cette date, Massoud symbolisait l'opposition àun régime qui n'a cessé de gagner du terrain. Incapable devaincre militairement les talibans, la stratégie de Massoud consistaitsurtout à entretenir des fronts divers pour fixer les miliciens islamisteset les empêcher de se jeter ensemble contre ses troupes. A plusieursreprises, les chefs de l'opposition, Karim Khalili pour les chiites, AbdelRachid Dostom pour les Ouzbeks, et Ismaïl Khan, ancien chef d'Hérat, rentré récemment d'Iran, s'étaient regroupés derrièrela bannière de Massoud. Mais la méfiance caractérisantleurs relations empêchait toute véritable stratégie militaire. ADMIRATEUR DE DE GAULLE Disparition confirmée par l'opposition aux talibans Kaboul : "Les Américains échoueront comme les Soviétiques" n, les taliban et OussamaBen Laden d'avoir organisé l'attentat-suicide contre Massoud, établissantun lien entre celui-ci et les attentats antiaméricains du 11 septembre." Ce sont les mêmes réseaux qui ont commis les attentats auxEtats-Unis et contre Massoud ", insistait le docteur Abdoullah. Bien qu'islamiste lui-même, le commandant Massoud dirigeait l'Alliancedes forces du Nord, seule opposition armée structurée au régimedes taliban. Celle-ci contrôle moins de 10 % du territoire national,dont une seule des trente-deux provinces du pays, le Badakshan (nord-est).Cette mort pourrait faire renaître les divisions de la trèshétéroclite opposition afghane, largement composée d'adversairesde la veille, dont le seul trait commun est d'avoir souffert des taliban.Elle renforce les risques de déstabilisation pour la région,en particulier au Tadjikistan, qui partage une frontière de plus de1 200 kilomètres avec l'Afghanistan. Douchanbé, la capitale tadjik, on craint notamment l'arrivée d'un flot de réfugiés dans le cas où les taliban lanceraient une offensive majeure contre la poche du nord-est. Signe de cette inquiétude, des diplomates et responsables des services spéciaux de cinq pays quisoutiennent l'opposition armée aux taliban - Inde, Iran, Russie, Tadjikistanet Ouzbékistan - s'étaient réunis vendredi dans la capitaletadjik pour des consultations. Plusieurs milliers de villageois ont rendu dimanche, dans la valléedu Panchir, un dernier hommage au commandant Massoud. Dans le district deBozarak, dont ce dernier était originaire, ils étaient nombreuxsur le bord des pistes pour assister aux funérailles du " Lion duPanchir ". Son cercueil, drapé du drapeau vert, blanc et noir du gouvernementdéchu (où il avait été ministre de la Défense)était arrivé par hélicoptère depuis la provincede Takhar où il est officiellement décédé samedi. Des centaines d'hommes tentaient de s'en approcher, jetant des fleursaux cris de " Allah ou Akbar " (Dieu est grand), rapporte l'AFP. Son successeurvraisemblable, le général Fakhim, de même que le présidentdéchu Burhanuddin Rabbani, assistaient à cette cérémonieainsi qu'Ahmad, treize ans, le fils du " héros ", qui s'est engagéà reprendre le flambeau de la lutte contre les taliban. " Je veuxjuste suivre la route de mon père et obtenir l'indépendancede mon pays ", a déclaré le garçon devant une fouleen pleurs. Afghanistan: le retour de l'obscurantisme (Dossier, Le Monde) Ahmad Shah Massoud appelle à l'aide l'Europe et les Etats-Unis(Le Monde, 5/4/2001) Le chef militaire afghan Ahmad Shah Massoud, en difficultésur le plan militaire face à la milice intégriste des taliban au Parmi les grands pays occidentaux, Massoud s'est adresséen priorité au nouveau président américain, George W.Bush. Il a demandé que les Etats-Unis fassent pression sur leur alliépakistanais afin de"mettre fin à la guerre en Afghanistan",comme, a-t-il dit, ils ont fait pression sur le Pakistan pour mettre un termeau conflit du Cachemire, où existe une guérilla pro-pakistanaise.Interrogé à plusieurs reprises lors de sa conférencede presse dans la capitale française sur le fait de savoir s'il souhaitaitrecevoir une aide militaire occidentale, Ahmad Shah Massoud n'a pas répondu aux questions ou a Le commandant Massoud estime que sans l'aide du Pakistan lestalibans "ne pourraient pas tenir" (Le Monde, 5/4/01) "A Paris, je ne me sens pas étranger", sourit AhmadShah Massoud, l'ancien étudiant du lycée français deKaboul, au soir de son premier séjour en Europe. Saharienne beige, bottines de cuir noir, coiffé de son éternel pakul, le bonnet de laine roulée qu'il porte rejeté en arrière et fait partie de sa légende, leLion du Panshirrépond aux questions duMonde, tard mercredi 4 avril, dans la suite d'un grandhôtel parisien proche des Champs-Elysées. Le jeune "vieux guerrier", qui frise aujourd'hui la cinquantaine, a eu une journée chargée. Le matin, il a pris son petit déjeuner avec le ministre français des affaires étrangères, Hubert Védrine, puis a répondu aux questions des journalistes durant une longue conférence de presse fréquemment interrompue par les applaudissements de ses partisans, rencontré la communauté afghane de France sous les lambris dela vieille ambassade décatie du 16e arrondissement, s'est entretenu avec les présidents de l'Assemblée nationale et du Sénat. Pas mal pour un homme qui n'était quasiment jamais sorti d'Afghanistan et reste confiné, depuis la prise de Kaboul par ses ennemis talibans, à l'automne 1996, dans son Nord-Est natal et sa vallée du Panshir.Mais pourquoi avoir tant tardé à venir en Occident? "J'aitoujours été très occupé", répond-il avec une lueur malicieuse dans le regard. Massoud joue de son charme, élude les questions qui fâchent, assène son programme, argumente sesobsessions. "Le Pakistan et ses services secrets, l'ISI, a une influence déterminante sur les talibans; sans cette aide militaire et économique, les talibans ne pourraient pas tenir." UN "ISLAMISME MODÉRÉ" Pour le chef militaire afghan, qui cumule les fonctions de ministre de la défense et de vice-président du gouvernement de l'Etat islamique d'Afghanistan, seule instance reconnue par les Nations unies, lapolitique pakistanaise est bien la cause de tous les malheurs de son pays en guerre, endeuillé par un conflit de vingt ans qui a coûté la vie à plus d'un million de personnes. Mais qu'a-t-il à proposer, lui qui, lorsque son gouvernement était encore au pouvoir, avait parfois donné de son personnage l'image ambiguë d'un chef de guerre prestigieux flanqué trop souventd'officiers corrompus et d'alliés peu recommandables? "Je n'aijamais essayé d'accaparer le pouvoir, explique-t-il;quand lerégime post-communiste de Kaboul est tombé entre nos mains, c'est-à-dire aux mains des moudjahidins, en 1992, j'ai mis à la disposition des autres chefs tout le pouvoir possible afin d'éviter le conflit interne. Mais cela n'a pas pu être évité, finalement, et cela m'a conduit à ne devoir compter que sur mes propres forces."Il concède: "C'est vrai, je ne nie pas qu'il y avaitde la corruption parmi certains de ses hommes; mais il n'y avait pas quemon parti au pouvoir! Il y avait un grand nombre d'organisations politiqueset militaires différentes!" Sa définition de l'Etat futur d'Afghanistan–quand, un jour,les talibans auront disparu emportés par une "rébelliondu peuple" qu'il appelle de ses vœux et promet pour bientôt–est simple, claire: "Je répète que je suis un islamiste modéré, partisan d'un gouvernement modéré qui peut se dresser face àl'islamisme extrémiste. Nous sommes attachés au principe d'électionsoù hommes et femmes joueront un rôle dans le respect des droitsdes personnes. Et ce gouvernement modéré en paix avec ses voisinsse lèvera contre le terrorisme et le trafic de drogue." Plus tôt dans la journée, le commandant Massoud avaitlancé un appel aux pays occidentaux, déclarant "acceptertoute aide que l'on pourrait nous donner pour reconquérir notre pays". Mais que retire-t-il de ses échanges avec les responsables français, en particulier avec Hubert Védrine ? "J'ai demandé au ministreque la France prenne des initiatives pour œuvrer pour le retour de la paixen Afghanistan. Notamment en exerçant des pressions sur le Pakistan." Infatigable Massoud qui, en difficulté militaire sur le terrain, ne songe pas une seconde à renoncer à son combat. Mais conserve-t-il la nostalgie des années enfuies, songe-t-il parfois à l'infinie tristesse des choses ? "Je vais vous dire monsentiment, affirme-t-il en se redressant sur sa chaise alors que son visage s'éclaire d'un sourire bonhomme, lavie, que ça se passe dans la joie ou sans joie,ça se passe. Chaque homme qui, en réfléchissant surson passé, a l'impression d'avoir été utile, n'a rienà regretter. Moi, grâce à Dieu, je suis sûr duchoix que j'ai fait, du chemin que j'ai suivi, j'en ai la certitude absolue.Je n'ai pas de regrets. Oui, le temps s'enfuit, la vie passe mais qu'importequand c'est au nom de la justice…" "Une catastrophe culturelle mondiale", selon l'ancien directeurafghan de l'archéologie (AFP, 26/2/2001) ![]() Les Taliban ordonnent la destruction de toutes les statues dontles Bouddhas géants de Bamiyan(AP, 26/2/2001) Le plus grand Bouddha du monde menacé de disparition enAfghanistan (AFP, 26/2/2001) La famine en Afghanistan : une tragédie humaine majeure (Le Monde, 13/2/2001) Nettoyage ethnique en Afghanistan Ali, un Hazara, se souvient qu'il était dans le bazar deYakawlang lorsque les taliban ont attaqué la ville, le 9 janvier.Celle-ci était tombée depuis peu aux mains de 250 combattantsdu Hezb-e Wahdat, une unité de moudjahidin composée d'Hazarasalliés au commandant tadjik Ahmed Shah Massoud, en lutte contre les«étudiants en théologie». L'opposition et les taliban(qui contrôlent 90 % du pays) mènent depuis des annéesune guerre de positions incessante. Les deux camps gagnent puis reperdentdes régions, souvent au prix de lourdes pertes de part et d'autre. «Plus que dix minutes à vivre.»«L'attaque a eu lieu vers midi, raconte Ali. Le Hezb-e Wahdat, qui n'avait plusde munitions, avait évacué la ville, ne laissant que deux combattantssur place. La première vague d'assaut des taliban est arrivéeà pied, suivie de dizaines de pick-up tirant de tous côtés,y compris au lance-roquettes. Je me suis enfui dans le village de Dareli,à 2 km de là, où je me suis caché. Je me croyaisen sécurité car l'endroit n'est pas accessible en voiture.Mais des taliban sont arrivés à cheval, ont encercléle village, puis ont fouillé maison par maison. Ecartant les femmes,ils ont pris tous les hommes qu'ils trouvaient, ainsi que des enfants dontcertains n'avaient pas plus de 7 ans. J'ai moi-même étédécouvert. Comme aux autres, ils m'ont attaché les mains derrièrele dos avec des turbans dont ils se servent comme coiffe. Les femmes criaientet les taliban les repoussaient en les frappant. L'une d'elles s'est interposéepour les empêcher de prendre son mari d'une vingtaine d'années.Elle les suppliait en disant qu'ils n'étaient mariés que depuisun mois. Ils l'ont frappée, puis l'un d'eux a vidé son chargeurde Kalachnikov sur le jeune homme, en tirant des pieds à la tête.Nous nous sommes retrouvés à 70 ou 80 captifs, hommes, enfantset vieillards. Ils nous ont d'abord descendus du village, puis nous ont misdans leurs pick-up pour nous ramener à Yakawlang. Ils nous disaient:"Nous allons vous tuer... votre vie arrive à son terme, vous n'avezplus que dix minutes à vivre." A Yakawlang, on nous a regroupésavec d'autres prisonniers. Comme je parlais le pachtou(la langue desPachtouns, ethnie dont sont originaires l'immense majorité des taliban,ndlr),j'ai pu expliquer que je n'étais pas de la région,et l'un d'entre eux m'a libéré. Après, ils ont emmenéles prisonniers, qui étaient alors plus d'une centaine, sur un terrainderrière le bazar et j'ai entendu des coups de feu...» Mussah, un autre Hazara de Yakawlang, a fui dans un village pluséloigné, échappant ainsi à la rafle. Mais ilest retourné sur place pour enterrer les morts après le départdes taliban (entre-temps, le Hezb-e Wahdat avait repris la ville et la tenaitencore à la mi-février, ndlr). Son récit corrobore celui d'Ali. Il explique que les taliban, qui avaient apparemment ordre de ne tuerque les hommes, ont poursuivi leurs massacres pendant près d'une semaine,commençant le matin vers 9 heures jusqu'en fin d'après-midi.«Ils encerclaient un village, faisaient sortir les hommes,les emmenaient un peu à l'écart, les exécutaient, puispassaient à un autre village.»Il dit avoir enterrélui-même, avec des femmes et d'autres rescapés, 15 corps dansle village de Sari Osiop. Il dresse une liste non exhaustive des villages de la banlieue deYakawlang où tous les hommes présents ont ététués: Mandiak, Ghumbzi, Kushkak, Katahona, Akhundon, Bedemoushkin,Girtbeid... Toutefois, de nombreux habitants se sont enfuis dans les montagnesavec leurs familles et y étaient toujours quand il est parti, début février, assure-t-il, car la peur ne les a pas quittés. Une bonne partie de ceux-là sont morts de froid, selon Mussah. Quelque 1500 familles de Yakawlang se sont réfugiées à Panjao, à 40km de là, où il est lui-même allé avantde se rendre à Jalalabad. Il explique encore que le Hezb-e Wahdatest parvenu à reprendre Yakawlang sans combattre à la suitede ces massacres indiscriminés, en rassemblant tous les hommes encorevalides des environs, qui jusqu'alors refusaient de s'engager.«Ils ont mis des haut-parleurs sur leurs voitures, disant que désormais plus personne n'avait le choix, qu'il fallait combattre les taliban ou selaisser massacrer»,raconte Mussah. En constatant une telle mobilisation,les taliban, au nombre de quelques centaines, ont décampé sanscombattre. Haine raciste.Les villageois ont alors entrepris de compter les victimes. Au bout de quelques jours, ils sont arrivés au chiffre de 530 morts - un décompte qui inclut toutefois les réfugiés morts de froid dans les montagnes. Au moins deux employés afghans d'uneONG occidentale, ainsi qu'un chauffeur employé par l'ONU, ont égalementpéri dans ce nettoyage ethnique: toutes les victimes sont des Hazaras,des musulmans chiites d'origine mongole, traditionnellement méprisésen Afghanistan. Les taliban avaient déjà à plusieursreprises pris cette ethnie pour cible. En 1998, ils avaient tentéd'affamer le Hazarajat par un embargo sur la nourriture qui dura de nombreuxmois.«Les taliban étaient allés jusqu'à interdirela région aux organisations humanitaires»,se souvient unresponsable d'ONG en poste à Kaboul, qui met ces derniers événementssur le compte d'une«haine raciste»des taliban (pachtounset sunnites) à l'encontre des autres ethnies afghanes et des Hazaras(chiites) en particulier. Les Hazaras avaient, il est vrai, eux-mêmesmassacré froidement plus d'un millier de prisonniers de guerre talibanà Mazar-i-Sharif en 1997. La guerre civile afghane, qui a commencéaprès la chute du pouvoir communiste en 1992, prend de plus en plusl'allure d'une guerre ethnique entre un pouvoir pachtoun (seuls deux ministrestaliban sont non pachtouns) et l'opposition, presque exclusivement composéed'autres ethnies. Cette nouvelle tournure du conflit inquiète nombred'Afghans ainsi que les ONG et les experts onusiens sur place. Le pouvoir taliban, qui cherche en vain depuis 1996 à être reconnu comme légitime par la communauté internationale, déploiedepuis janvier beaucoup d'efforts pour empêcher les rares témoinsqui parviennent à traverser les lignes de front de parler de ce derniermassacre. Les sentinelles des postes de contrôle à l'entréede Kaboul demandent aux voyageurs d'où ils viennent et arrêtentceux en provenance de Yakawlang... Moscou accuse les Talibans d'abriter des camps terroristes (Reuters, 4/2/2001) A Sangin, l'opium se vend à la tonne (AFP, 8/5/2000) La récolte d'opium bat son plein en Afghanistan(AFP, 8/5/2000) L'ONU signale un risque de famine en Afghanistan et au Pakistan(Reuters, 2/5/2000) Oussama Ben Laden est mourant, selon un magazine hong-kongais(AP, 16/3/2000) Début de nouveaux pourparlers de paix entre factions afghanes(AP, 7/3/2000) Afghanistan: l'OIC organisera les pourparlers de paix(Reuters, 5/3/2000) Drogue: l'ONU préoccupé par le manque de coopération des taliban afghans(AFP, 23/2/2000) 73 ex-otages du Boeing afghan en route vers l'Afghanistan (Reuters, 14/2/2000) 10.000 dollars pour "fuir vers la liberté"(AFP, 28/1/2000) La Tchétchénie va ouvrir une ambassade en Afghanistan(AP, 21/1/2000) Moscou qualifie de ``juridiquement nulle'' la reconnaissancede la Tchétchénie par les Talibans (AP, 18/1/2000) |
Depuis leur prise de Kaboul, le 27 septembre 1996, la milice islamique des Taliban contrôle environ les 2/3 du pays. Dès leurentrée dans la capitale afghane, leur premier acte a symbolisé leur profond mépris de toutes les lois internationales : ils ont violéles locaux de l’ONU pour s’emparer de l’ancien président communisteNordjiballah qu’ils ont ensuite pendu sans jugement après l’avoirtorturé.Le travail des femmes est interdit Après 18 ans de guerre, et la mort ou l’exil demillions d’hommes, beaucoup de femmes étaient devenues soutiens defamilles et occupaient 70 % des postes dans l’administration, la santéou l’éducation. Les renvoyer à la maison signifie que les 40.000 veuves de Kaboul sont réduites à la mendicité, que l’enseignementet les soins ne peuvent plus être assurés correctement, quebeaucoup de femmes qui avaient des postes importants sont réduites à l’exil.L’enseignement est interdit aux filles Les Taliban ont fermé toutes les écoleset lycées de filles et ont interdit aux étudiantes de se rendreà l’université. A leur arrivée, il y avait 60 % de fillesà l’université de Kaboul. Toutes les familles qui en avaientles moyens ont envoyé leurs jeunes filles continuer leurs étudesen exil. Les autres se désespèrent dans leur maison et se tournentparfois vers le suicide.Il est interdit aux femmes de sortir sans un membre mâle de leur famille proche et sans une raison « valable » aux yeux des Taliban De quel droit les Taliban se permettent-ils de jugerdes raisons « valables » d’une femme et osent-ils déciderà la place des femmes ? Quelles sont les femmes qui ont toujours unmâle à leur disposition pour les accompagner ?Le port du tchadri est obligatoire Les Taliban ont décidé de ne plusvoir les femmes, qu’ils considèrent comme des invitatrices àla débauche. Comme ils ne peuvent pas les enterrer vivantes, ils lescachent sous le voile intégral du tchadri qui les recouvre de la teteaux pieds sans qu’un centimère carré de peau soit visible.La répression La répression envers les femmes est impitoyable.Les Taliban n’hésitent pas à les frapper jusqu’à lamort sous n’importe quel prétexte. Tout leur est interdit et même les fillettes sont menacées. Cette situation de dictature obscurantistes’imposant par la terreur au nom de l’Islam est unique dans le monde et dansl’histoire de l’Afghanistan. Le pays est connu depuis l’antiquitécomme un carrefour des cultures védique, grecque, boudhiste, hindouisteet finalement musulmane. Les vestiges architecturaux du passé sontnombreux, de même que toutes les expressions littéraires etartistiques. Les femmes y ont toujours tenu une place importante, qu’ellesaient été reines, mécènes, poétesses,artistes ou héroïnes épiques. Quelques uns des plus grandsphilosophes ou scientifiques mondialement connus en sont originaires, commeAvicenne. Pendant la guerre contre l’occupation soviétiquede l’Afghanistan, le Pakistan soutenait le parti fondamentaliste de la Résistance afghane, celui de Gulbudin Hekmatyar. Après le retrait de l’Armée Rouge, le Pakistan, désireux de vassaliser l’Afghanistan pour des raisonspolitiques de suprématie dans la région, et économiques d’accès aux nouveaux marchés et aux hydrocarbures d’Asie Centrale,décidait de continuer à jouer la carte Hekmatyar contre lenationaliste Massoud.La carte Hekmatyar Hekmatyar avait deux avantages aux yeuxd’Islamabad : il était l’ennemi juré du patriote Massoud etil désirait diriger seul un Afghanistan uni au Pakistan sous la formed’un « Marché commun » islamique.La carte Taleban Pour remplacer Hekmatyar, les servicessecrets pakistanais créèrent alors de toute pièce unautre mouvement extrémiste, le mouvement des Taliban. Les Talibansont des jeunes gens issus des écoles islamiques pakistanaises, principalementcomposés de Pashtouns, ethnie commune au sud de l’Afghanistan et àl’ouest du Pakistan. Leurs rangs sont grossis de chômeurs des régionsdu Pandjab ou du Sindh pakistanais et de mercenaires arabes, kurdes ou autres,tous payés 300 US $ par mois par le Gouvernement pakistanais.L’avancée des Taliban Ils sont précédésd’une habile propagande pakistanaise et saoudienne, relayée par uneminorité de collaborateurs afghans, liés à l’anciennefamille royale afghane. Ces derniers pensent revenir au pouvoir comme desdirigeants fantoches au service du Pakistan, grâce à la forcede frappe des Taliban. Sans armée présente sur le terrain,mais eux-mêmes présents dans toutes les organisations internationales,ils pensent pouvoir légitimer au niveau mondial leur future accessionau pouvoir. Cette propagande pakistano-saoudienne présente les Talibancomme des « envoyés de Dieu » venus réconciliertous les Afghans au nom du Coran, et rétablir la paix et la sécuritédans un pays ravagé par 18 ans de guerre. Elle leur fait aussi uneréputation d’honnêteté et de lutte contre la corruption.Le vrai visage des Taliban Une fois installés dans lesrégions qu’ils ont conquises, les Taliban montrent leur vrai visage.Ils sont bien une armée d’occupation et non pas de libérateurspuisqu’ils imposent par la force une série d’interdits et d’obligationsqui n’ont jamais eu cours sur le sol afghan et qu’il reçoivent toutesleurs directives d’Islamabad. Ils se comportent en ennemis vainqueurs, sefaisant craindre par leur brutalité, leur pillage des biens de gensqu’ils sont censés être venus défendre, leur racismevis-à-vis des différentes ethnies coexistant depuis toujourssur le sol afghan et leur racisme linguistique vis-à-vis du persanqui est la langue véhiculaire du pays, la langue de culture depuisdes millénaires. Contre cette langue, la seule légitime enAfghanistan, ils veulent imposer la langue d’une ethnie commune au sud del’Afghanistan et à l’ouest du Pakistan. Ils veulent ainsi couper définitivementle pays de sa culture et de tout accès à la modernité,et s’imposer en perturbant les gens qui ne se comprendront plus.La résistance aux Taliban L’avancée des Taliban avite été bloquée au nord de Kaboul. Devant leurs exactions,bombardements de villages, massacres de population, déportation deplus de 100.000 personnes, les gens se sont révoltés. Les femmesont pris les armes et, aux côtés des hommes, ont repousséles Taliban jusqu’à Kaboul. SANCTIONS FINANCIÈRES INTERNATIONALES source :http://www.finances.gouv.fr/pole_ecofin/international/sanctions/talibans.htm Règlement (CE)N° 337/2000du Conseil du 14 février 2000 concernant l’interdiction des vols etle gel des fonds et autres ressources financières décidésà l’encontre des Taliban d’Afghanistan"Ajout à l'annexeI du règlement 337/2000 du 14 février 2000, de la ADB (AgriculturalDevelopment Bank of Afghanistan") Position commune du Conseil, du 24janvier 2000, relative à l’Afghanistan - Journal officiel n° L021 du 26/01/2000 p. 0001 – 0003 |